Autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Toutes discussions concernant l'autisme et le syndrome d'Asperger, leurs définitions, les méthodes de diagnostic, l'état de la recherche, les nouveautés, etc.
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freeshost
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par freeshost »

Je viens de lire toute la discussion. Ma curiosité est passé par là. :)

Effectivement, on ne se diagnostique pas soi-même, qu'il s'agisse d'autisme, d'ulcère, de psoriasis ou de quoi que ce soit. Si on cherche un diagnostic, il s'agit de cherches des spécialistes dans le domaine. La démarche scientifique est de rigueur. Ajoutons qu'un diagnostic ne peut pas se faire juste par des discussions (y compris sur l'internet), même par une personne spécialisée. On peut faire des rapprochements, mais évitons les conclusions hâtives, qui peuvent avoir de mauvaises conséquences si on se trompe. Notamment, une fois qu'une personne a eu recours à l'autodiagnostic, elle peut aisément être tentée de franchir un pas en recourant à se propre automédication (se prendre des médicaments inappropriés, ou à des doses et fréquences inappropriées).

Je peux comprendre l'impatience d'avoir des réponses ou, éventuellement, la difficulté à accepter humblement que toutes les réponses ne viennent pas de "moi-même". Mais cela ne fait pas de l'autodiagnostic quelque chose de valide. On voit souvent des personnes se croire plus compétentes que le reste du monde, que les médecins, que les psychologues, que les footballeurs, etc. Pour ma part, quand je n'ai pas la réponse à une question dans une discussion, je ferme ma gueule. :mrgreen: Je ferme aussi ma gueule si une autre personne a déjà répondu à la question. Par contre, je l'ouvre pour poser des questions. :lol:

Quand on se sent appartenir à un groupe (les personnes autistes, les membres du parti socialiste, les membres du club d'échecs de Fribourg, les témoins d'un accident, les passagers d'un bus, etc.), on peut être tenté de se faire le porte-parole du groupe et croire que celui-ci est homogène, que tous les "membres" du groupe ont le même avis (les généralisations sont tentantes), les mêmes réactions, le même mode de vie. Même au sein d'un groupe, la diversité existe. C'est la réalité, et c'est tant mieux. Et même si ce que dit A sur B est vrai, A devrait se demander si c'est vraiment à lui de se donner ce rôle. Pourquoi B ne pourrait-il pas parler lui-même/elle-même ? Rajoutons autre chose : sur un autre sujet, on parlait de l'importance du "je" ; ajoutons-y ceci : le "je" est univoque, tandis que le "nous" est plus équivoque. Si je vous dis "Nous sommes fatigués d'avoir marché en ville.", vous ne savez pas de qui je parle. "nous" est un ensemble dont je suis élément, mais vous ne connaissez pas les autres éléments de cet ensemble s'il n'y a pas une introduction dans le contexte. Alors si une personne dit "Nous, les autistes, ...", ce "nous" apparaît comme une généralisation et sa phrase est très probablement fausse, étant donné qu'il y a diversité parmi les personnes autistes.

Comme nous l'avons remarqué, sur le forum, il n'y a pas que des personnes autistes. Il y en a qui ont été diagnostiquées, d'autres en attente, d'autres qui ne le sont pas, d'autres qui parlent d'autisme, d'autres qui s'intéressent au sujet (sans forcément être Asperger ou avoir des Asperger dans leurs relations actuelles), etc. Donc il vaut mieux, il me semble, ne pas se dire : C participe au forum donc C est diagnostiqué autiste.

Je ne suis pas sûr que FaceBook soit la meilleure plate-forme pour parler d'autisme. Bon, je n'y suis plus. FaceBook a peut-être évolué entre-temps. Mais ne comptez pas sur moi pour y retourner. :mrgreen: Mise à part la critique de l'usage des données sur FaceBook, on peut ajouter le manque d'"intimité" (pas sûr que ce soit le mot le plus approprié) : sur un forum, il y a des personnes qui sont attachés à l'usage du forum, il y a un sous-ensemble de la population. Sur FaceBook, il n'y a aucune thématique propre. On est à la fois membre d'un groupe, membre d'un autre groupe, membre de ce groupe-ci, membre de ce groupe-là. On est tout à la fois, si bien qu'aucun groupe n'apparaît comme pertinent, car noyé dans la masse. Bon, je ne vais pas prolonger mon anti-FaceBookisme ici. :P Mais FaceBook est un lieu qui incite à donner trop d'importance à l'image, à la vitrine. Pour que l'image soit claire, on préfère dit OUI (je suis autiste) que PEUT-ÊTRE (je suis autiste). Le PEUT-ÊTRE est moins vendeur. Remember : Facebook is a matter of money. It is free but your datas are the product. Après, je ne vais pas interdire les membres de ma famille, les personnes sourdes, les personnes autistes, etc., d'aller vagabonder sur FaceBook. Pour ma part, je préfère être inscrit sur plusieurs forums différents. Tenez ! si je parle d'équations sur FaceBook, mon message va intéresser une petite partie des membres, mais lasser l'autre bien grande partie. Si je parle d'équations sur un forum de mathématique, une part bien moindre des membres de ce forum seront lassés par mon message.

Revenons sur la diversité : il y a de la diversité parmi les personnes autistes diagnostiquées. Certaines ont besoin de médicaments, d'autres pas. Certaines ont réussi à s'adapter à certaines situations, d'autres pas (encore). Certaines ont des allergies, d'autres pas. ETC. Donc, il n'y a ni vrai autiste ni faux autiste. L'usage est inapproprié. "vrai" et "faux" seraient plus appropriés ainsi : un faux autiste est un comédien, une personne qui se fait passer pour une personne autiste ; un vrai autiste ne fait pas semblant d'être autiste ; sans oublier que, dans la réalité, beaucoup de personnes ne savent pas si elles le sont ou non donc on ne peut pas encore dire si elles sont de vraies autistes ou de fausses autistes. Au sein d'un groupe, je ne pense pas qu'il soit nécessaire de s'afficher une étiquette. En plus, en plus du risque d'occulter la diversité au sein du groupe, on risque de créer - sans le vouloir - une nouvelle norme intra-groupe. Ce n'est pas parce D est Asperger qui n'a pas le droit d'être capable de M et d'être incapable de N. Ce n'est pas parce que je vis en Suisse que je dois porter une montre ou faire du ski - je ne porte pas de montre, je ne fais pas de ski :) . Mais je constate et comprends que beaucoup de personnes aiment voir des corrélations là où il n'y en a pas. "C'est tellement plus simple (pour nos représentations)." Quant à ma signature et à mon avatar, je ne les utilise pas pour parler d'autisme, mais de liberté.

Qu'est-ce qui pousse certaines personnes à se prétendre autistes ? Il y a au moins deux possibilités :

- elles croient qu'elles sont autistes, via leur autodiagnostic ; elles ne se doutent pas de l'invalidité de leur démarche ; l'effet Barnum/Forer (pages 29-34, mais lisez aussi les autres articles) est tentant (surtout dans les questionnaires "Êtes-vous plutôt ... ou plutôt ... ?" ainsi que dans les horoscopes)
- elles se font volontairement passer pour autistes (mensonge, donc) ; elles pensent que c'est bien de tout de suite l'affirmer avant un diagnostic ;
- ... (autres possibilités non exclues)

Une fois qu'on est diagnostiqué T, on peut se dire : "Je n'étais pas sûr. Maintenant, j'en suis sûr. Et il y a d'autres personnes qui sont sûres que je suis T." [T est une variable, que vous pouvez remplacer par "autiste", "Asperger", etc.] Rappelons que le diagnostic n'est pas obligatoire. C'est à chaque personne de décider si elle veut faire des démarches ou ne pas en faire. Et il y a même des personnes Asperger qui ne sont pas diagnostiqué et qui arrivent à mener leur vie bon train.

Comme quoi, la carte n'est pas le territoire, le résumé n'est pas le livre, la signature n'est pas le membre. :wink:

Nous ne sommes pas tous autistes comme nous ne sommes pas tous psychologues. Un(e) psychologue est une personne ayant suivi une certaine formation. Ce n'est pas parce que j'étudie de la psychologie (sociale) que je suis psychologue (social).

Bon, je vous rappelle : je ne suis pas encore diagnostiqué Asperger. Alors ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Peut-être ne suis-je pas Asperger. :lol: Quoi qu'il en soit, une fois les résultats obtenus, je continuerai mes activités (forums, sciences, musique, mathématique, librisme, etc.).

Au fait, une personne peut-elle se faire diagnostiquer "neurotypique" puis suivre une thérapie adaptée ? :lol:

Quoi qu'il en soit, j'utilise rarement le mot "handicap" car il est relatif à l'"aménagement du territoire". Ce qui est handicap dans un contexte peut devenir atout dans un autre contexte. Ce qui est atout dans un contexte peut devenir handicap dans un autre contexte. Une personne sourde au milieu de dix personnes entendantes qui parlent oralement. Une personne entendant au milieu de dix personnes sourdes qui communiquent avec la langue des signes. [Rappelons que sourd n'implique pas muet, loin de là. Une personne sourde n'a juste pas forcément appris à prononcer des mots car elle n'a pas l'oreille pour vérifier la justesse de ses mouvements créateurs du son vocal. Comme au violon, mes doigts de la main gauche et ma main droite s'adaptent au son que j'entends.] Imaginez une personne neurotypique au milieu de dix personnes Asperger. :lol:
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Pupuce
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Pupuce »

...............
Modifié en dernier par Pupuce le lundi 20 novembre 2017 à 16:02, modifié 1 fois.
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freeshost
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par freeshost »

Merci. Bon, je n'en attendais pas tant. :mrgreen:
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Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
laurent
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par laurent »

Cela fait presque un an que je lis sur le syndrome d'asperger, pas seulement ici, et il arrive un moment dans mes itinérances, ou l'idée de me faire diagnostiquer m’effleure avec encore plus d'insistance que la fois précédente.
Le, ou plutôt, les problèmes qui se posent invariablement et dans l'ordre, sont de premièrement, trouver tout d'abord un médecin capable de ne pas sourire (avec au coin des lèvres une interrogation muette sur ce que veut ce trublion ), quand j'avance timidement la question d'une différence à diagnostiquer chez moi qui ne relève pas de l'appendicite ou du mal de dos ; deuxièmement de ne pas avoir une réponse évasive du style «  vous me semblez normal, vous parlez, vous avez travaillé, vous ne vous balancez pas d’avant en arrière sur votre chaise (face à elle, of course) » et le tout débité sur le ton de la plaisanterie.

Dans ma tête, j'avais terminé l'exposé de mon médecin généraliste attitré(e) en imprimant une dernière phrase du style : «  et prenez donc une aspirine suivie d'une nuit de sommeil et tout sera rentré dans l'ordre demain. »

Merci docteur, je vous dois ?

Quand bien même mon médecin serai t plus éclairé sur la question, ce n'est pas pour autant de lui (elle) que dépends la suite du processus, mais quid de la suite précisément ?
Je lis sur ce forum qu'une consultation pour diagnostic peut être effectuée auprès d'un CRA et moi qui réside à Nantes, je ne sais pas à qui je dois m'adresser, dans quelle ville on peut trouver cette structure : au gré de mes lectures, i l m'a semblé comprendre qu'il en existe un à Lorient, qui n'est pas la porte à coté ( je laisse provisoirement tomber la rédaction de ce post pour aller fouiner sur le forum, voir si je ne trouve pas mon bonheur...)

Effectivement, j'ai eu la souris heureuse, puisque en 5 minutes je viens de découvrir le fil de Tugdual au sujet du Centre Ressources Autisme des Pays de la Loire.
Merci Tugdual.

Apparemment c'est assez récent et pas vraiment mis en exergue, en effet.

Par ailleurs, j'ai quelques questions qui me tournent en boucle dans les neurones : partant du principe que peu de structures existent, qu'il semble y avoir beaucoup d'aspergers en liberté (mon dieu : que fait la police ?!) qui s'ignorent ( je parle là surtout des aspergers adultes), que l'information passe mal niveau institutions/pouvoirs publics, ou, à tout le moins n'est pas exposée comme elle le devrait, faut il vraiment monopoliser ; dans mon cas de retraité disposant d'un revenu régulier/à l'abri de l'incertitude matérielle ; le peu de ressources existantes, peut être au détriment de personnes plus jeunes et moins outillées pour faire face au monde en général et celui du travail en particulier, précaires financièrement, etc ?

En d'autres termes, dois je faire fi des détresses personnelles d'autres personnes, présentes ou non sur ce forum ou sur d'autres, juste pour savoir, quand je suis à mi pente de l'autre versant de ma vie, qui je suis, quelle est ma véritable identité ?

Honnêtement, au fond de moi, une partie répond présent et est curieuse de connaître la « réponse » à la question et l'autre partie, plutôt désabusée, a tendance à me dire : laisse tomber, on s'en fout et de toute façon, cela ne changera rien de ta vie passée, présente et à venir.

Dans l'absolu, dans une « société idéale », je ne devrais pas, nous ne devrions pas, nous poser ces questions, parce que les différences seraient traitées avec plus d'empathie et les moyens suivraient le fil des discours lénifiants (bon, je redescend sur terre, avec décrochement brutal et vrille infernale).

J'ai lu, en partie, le fil de discussion relatif sur ce « sujet chaud » et j'en comprend l'idée, même si parfois certaines affirmations peuvent être/sembler blessantes.

Comme indiqué plus haut je ne suis pas diagnostiqué et je me tâte encore sur la pertinence de le faire (il est possible qu'au final je franchisse le pas), tout en lançant mes lignes ici, pour développer un peu plus avant, si le cœur vous en dit.

Juste une dernière précision : il est possible que mon parcours professionnel heurte certaines personnes, comme il est possible que non, cela ne compte pas : l'expérience me fait envisager cela, car c'est une profession souvent décriée, mal perçue à tout points de vues, serai je tenté de dire.
De plus, il est possible, cela n'arrive pas qu'aux autres, que quelqu'un ait dans sa famille, voire lui même, ait eu maille à partir avec l'institution, dont, je le précise, je ne fais plus partie, mais qui m'a permis de me sortir de la précarité.
Je reste ouvert au dialogue, sans parti pris et il est possible que je sois juste parano.
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par familhbras »

Nous avions eu des doutes sur l'autisme pour notre fiston lorsqu'il était tout petit. L'équipe du CHU qui le suivait à cette époque ainsi que celle du CMPP nous avaient dit "rentrez chez vous, tout va bien" alors on a fait avec pendant 11 ans... Puis les mêmes équipes ont conclu de concert, 10 ans plus tard, "votre fils est AS"... :bravo: Nous avions des doutes, nous avons eu le temps de lire plein de choses sur le sujet et nous avions nous même conclu au SA mais le diagnostique officiel nous a vraiment permis d'aller de l'avant. C'est plus simple aussi pour notre fils maintenant qui signale volontiers, lorsqu'il se met dans une situation délicate, "je ne comprends pas pourquoi vous dites/vous faites ça parce que je suis Asperger".
Le diagnostic facilite les choses. C'est une sorte de clef...

On a vécu la même chose avec notre fils précoce dys... Le terme permet de fixer les choses et de s'insérer dans une logique de contournement des difficultés.

Mais en parlant d'auto-diagnostic, je trouve qu'il y a beaucoup de similitudes entre Asperger et précoce (au niveau des angoisses, de la propension à s'auto-dévaloriser, à douter de soi, à avoir besoin de stabilité, à avoir du mal dans ses relations aux autres, sans parler des passions qui sont extrêmes ainsi que des révoltes ou sentiments d'injustice qui sont exacerbés), et je ne me risquerais pas à pratiquer un auto-diagnostic : le suivi médical et psy nous a permis de faire le point sur le fonctionnement de nos deux fistons (et en l'occurrence, sur le fonctionnement des deux parents que nous sommes mon mari et moi... Ce n'est pas moi qui le dit, mais notre médecin et le psy que nous consultons pour le suivi de nos enfants, même si nous avions des présomptions au départ).
Au final, SA et précocité mais ce n'est pas la même chose. Seul le diagnostic peut faire la part des choses. Et l'accompagnement doit être donc différent.
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Jean »

@ laurent : ne t'inquiète pas pour ta vie dans l'administration pénitentiaire. Les modérateurs n'ont reçu aucune demande de bannissement pour toi :lol:

En plus, il y en a qui aiment beaucoup la Corrèze (voir la Maison d'Hestia). :D

Ne t'en fais pas sur le fait que tu prendrais la place de quelqu'un d'autre pour un diagnostic : de toute façon, tu ne seras pas prioritaire, cela prendra du temps. L’essentiel, c'est si çà peut te faire du bien, en t'aidant à mieux te comprendre.
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Jean
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Jean »

familhbras a écrit :Nous avions eu des doutes sur l'autisme pour notre fiston lorsqu'il était tout petit. L'équipe du CHU qui le suivait à cette époque ainsi que celle du CMPP nous avaient dit "rentrez chez vous, tout va bien" alors on a fait avec pendant 11 ans... Puis les mêmes équipes ont conclu de concert, 10 ans plus tard, "votre fils est AS"... :bravo:
Il y a une réelle progression dans la prise de conscience des professionnels.

Fin 2005, le CMPP où avait été soignée ma fille disait n'avoir jamais rencontré d'enfants autistes, Asperger compris. Lila avait été suivie 15 ans auparavant (et le diagnostic en 2004, à 21 ans). On nous avait seulement dit qu'elle n'était sans doute pas psychotique, parce que l'école l'acceptait encore. Depuis 2005, je sais que le CMPP n'ignore plus le SA et sait se poser la question.
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chawacee
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par chawacee »

Honnêtement, au fond de moi, une partie répond présent et est curieuse de connaître la « réponse » à la question et l'autre partie, plutôt désabusée, a tendance à me dire : laisse tomber, on s'en fout et de toute façon, cela ne changera rien de ta vie passée, présente et à venir.
Laurent, je pense que concrètement, toutes les personnes en questionnement à ce sujet passent par cette interrogation, d'où la diversité des réponses à ce questionnement très personnel. J'en suis là aussi, cette face désabusée.. Quand bien même j'aurais un diagnostique me concernant, cela pourrait-il changer ma vie ? L'améliorer ? Est ce que s'interroger me bouffe l'existence ? Actuellement, non. Je suis dans une certaine "urgence", pour mes enfants, ma vie en général, et un bien-être en recherche plus générale, que je tente d'améliorer avec un suivi plutôt versé dans le psychologique.

Je pense être capable de vivre en me questionnant, et en adaptant naturellement les choses à MON fonctionnement. J'ai cette chance de vivre à la fois isolée dans une maison au milieu des champs MAIS avec un accès libre à plusieurs personnes susceptibles d'avoir envie de me voir à tout moment, tout en acceptant un silence long de plusieurs semaines, et tout ça sans s'en formaliser. Donc.. pas de diag'. Quand je serais plus "libre", que j'aurais réellement du temps à moi, peut-être y reviendrais-je. En attendant, cette interrogation n'est qu'un caillou sur mon chemin, et pour autant pas un mur, je peux le contourner, voir le virer de ma chaussure et avancer en le laissant derrière moi pour l'instant..
Maman d'un enfant TED diagnostiqué au CRA de Reims.
Je ne suis pas très typique, sans avoir pourtant creusé la question d'une façon ou d'une autre.
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par laurent »

@Jean
Merci de ta réponse.
Ouf, je respire...^^

@chawacee

Oui, je comprends la métaphore du caillou, mais également le fait que tu es prise par tes occupations familiales et que cela permet sans doute de masquer, ou envoyer balader le questionnement quand il s'invite dans ton espace, sans y avoir été convié.

Je ne dirais pas que j'y pense tout les jours en me rasant, hein, mais au vu du trajet court de 35 minutes en train, pour aller à Angers et de la possibilité de voyager en première sans me ruiner, pour éviter la foule et les sièges trop près les uns des autres, je pense que je vais approfondir la question, d'ici la fin de l'année.

Je ne vais pas regretter la pression du monde du travail ( loin de moi cette sombre pensée), mais il faut reconnaître que cela m’obligeait à mobiliser toutes mes ressources pour y faire face, sans me laisser trop de temps pour un questionnement plus approfondi.
J'avais trop à faire pour contenir le monde extérieur hors de portée, ne serait ce que de quelques millimètres, de la surface de mon enveloppe protectrice.
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freeshost
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par freeshost »

laurent a écrit :Le, ou plutôt, les problèmes qui se posent invariablement et dans l'ordre, sont de premièrement, trouver tout d'abord un médecin capable de ne pas sourire (avec au coin des lèvres une interrogation muette sur ce que veut ce trublion ), quand j'avance timidement la question d'une différence à diagnostiquer chez moi qui ne relève pas de l'appendicite ou du mal de dos ; deuxièmement de ne pas avoir une réponse évasive du style « vous me semblez normal, vous parlez, vous avez travaillé, vous ne vous balancez pas d’avant en arrière sur votre chaise (face à elle, of course) » et le tout débité sur le ton de la plaisanterie.
Ben, ce n'est pas aisé pour un médecin de tout de suite être sûr que tu es Asperger ou de tout de suite être sûr que tu ne l'es pas, surtout s'il ne connaît pas beaucoup les personnes Asperger et n'en a pas beaucoup vu. Que je me dis.
laurent a écrit :Je lis sur ce forum qu'une consultation pour diagnostic peut être effectuée auprès d'un CRA et moi qui réside à Nantes, je ne sais pas à qui je dois m'adresser, dans quelle ville on peut trouver cette structure : au gré de mes lectures, i l m'a semblé comprendre qu'il en existe un à Lorient, qui n'est pas la porte à coté ( je laisse provisoirement tomber la rédaction de ce post pour aller fouiner sur le forum, voir si je ne trouve pas mon bonheur...)
On pourrait demander à Jean (ou à toute autre personne qui gère le contenu du site) de mettre ici (ou sur toute page appropriée) de mettre une liste des CRA en France avec toutes les indications (ou tout au moins le lien vers le site).
laurent a écrit :dans mon cas de retraité disposant d'un revenu régulier/à l'abri de l'incertitude matérielle ; le peu de ressources existantes, peut être au détriment de personnes plus jeunes et moins outillées pour faire face au monde en général et celui du travail en particulier, précaires financièrement, etc ?
Heyn ? nous sommes ensemble. Nous ne sommes pas concurrents, comme voudraient le faire croire les personnes qui aiment diviser pour mieux régner. Les artistes se gênent tandis les intermédiaires se précipitent pour une bouchée d'euro. Humiles laborant ubi potentes dissident. [Les humbles triment pendant que les puissants se disputent (la part du marché... heu... du gâteau).] Asperger, unissez-vous ! mais ne devenez pas communistes. :lol:
laurent a écrit :Honnêtement, au fond de moi, une partie répond présent et est curieuse de connaître la « réponse » à la question et l'autre partie, plutôt désabusée, a tendance à me dire : laisse tomber, on s'en fout et de toute façon, cela ne changera rien de ta vie passée, présente et à venir.
Pour ma part, j'essaie d'éviter le fatalisme. That's what they want to believe. Fatalisme industriel ? Fatalisme déresponsabilisant ? Fatalisme pour le statu quo ? Et puis, ça ne colle pas. On ne peut pas prédire l'avenir. C'est à celui qui affirme une impossibilité de la démontrer (charge de la preuve). "Ils ne savaient pas que c'était impossible. Ils l'ont fait." [A l'impossible, nul n'est tenu.]
laurent a écrit :Dans l'absolu, dans une « société idéale », je ne devrais pas, nous ne devrions pas, nous poser ces questions, parce que les différences seraient traitées avec plus d'empathie et les moyens suivraient le fil des discours lénifiants (bon, je redescend sur terre, avec décrochement brutal et vrille infernale).
Je vois plutôt le contraire : une société où nous ne nous posons pas de questions est une société de moutons. La laine des moutons, c'est nous qui la tondaine. C'est entre autres le questionnement qui va nous permettre d'apprendre, de découvrir. Là, c'est "Just use. Don't hack." (Contente-toi d'utiliser. Ne bricole pas.)
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Tugdual »

laurent a écrit :[...] mais au vu du trajet court de 35 minutes en train, pour aller à Angers [...]
Je ne sais pas si tu l'as remarqué, mais
il y a une antenne à Saint-Herblain ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par weirda »

Bonjour Laurent,

Je comprends bien tes questionnements.
Je crois qu'il est en effet assez délicat d'en parler à un médecin 'au hasard'.
En revanche tu peux trouver des professionnels très compétents sur le sujet.
Je te suggère de contacter éventuellement Julie, une amie asperger de Nantes également, via son blog, sur lequel elle parle d'ailleurs de son diagnostic:
http://emoiemoietmoi.over-blog.com/tag/Diagnostic/
J'espère que tu trouveras les réponses à tes questionnements :)
Asperger diagnostiquée à 30 ans... (pré-diag en 2013 - diag officiel en 2014)

Depuis, a réalisé une licence de psychologie, un master de neuropsychologie et neurosciences et une thèse sur l'autisme.
laurent
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par laurent »

@freeshost
Merci de ton décorticage dont je ne suis pas sur, toutefois, d'avoir entièrement saisi toutes les nuances.
Mais bon, tout mon texte n'appelait pas forcément réponse.

@Tugdual
Merci et en effet, je ne sais pas pourquoi, mais j'étais persuadé qu'il n'y avait rien de tel à Nantes : peut être par ce que je n'envisage vraiment sérieusement un diagnostic, que depuis peu de jours ?
Comme en tout ce que je fais, j'ai tendance à énormément creuser, partout ou je peux faire des trous, et comme indiqué précédemment, une année est passée en recherches, en doutes, en déni, puis en interrogations nouvelles, puis de nouveau retour au début du cycle, mais j’imagine que beaucoup ont du passer par là...

@weirda
Merci également, pour ton lien et ta compréhension.
Je vais aller faire un peu de lecture sur ce blog.
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freeshost
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par freeshost »

N'hésite pas, si tu n'as pas saisi mes nuances freeshostiennes.
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Laura Ingalls
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Re: autodiagnostic (attention : sujet chaud)

Message par Laura Ingalls »

Suriciole a écrit :Je ne sais que penser de cette discussion, je suis un peu déçue et effrayée. Je veux croire que personne ici n'a eu l'intention de blesser qui que ce soit, mais je pense qu'on peut rapidement se sentir visé et de fait illégitime. Je n'ai pas assez de recul pour juger tout ce qui se joue dans la période pré-diagnostic, mais de ce que je lis ici, ailleurs, dans des livres ou dans mon cœur, c'est quelque chose de complexe, de déstabilisant et de très personnel. Je préfère laisser à chacun le soin de se définir lui-même..
Oui, effectivement. J'avoue m'être demandé si ça avait un rapport avec ce que j'ai pu dire dans une autre discussion dans l'espace TED, ou si c'était juste une coïncidence. On peut aussi se sentir obligé de mettre quelque chose dans la signature [EDIT]pour ne pas qu'on croit qu'on ment, par peur que vous pensiez qu'on est malhonnête si on ne le fait pas.[EDIT]

Je suis complètement d'accord qu'on ne peut pas s'autodiagnostiquer, s'auto-proclamer autiste sans que personne ne vérifie et encore moins se faire porte-parole. ça je suis bien d'accord. Je ne pourrais pas me mettre à faire de l'info, à défendre etc en disant "je suis autiste"...avant de recevoir un diag, je ne sentirais pas légitime. Maintenant, si on ne le dit pas, ou qu'on dit clairement qu'on est en cour de vérification, est-ce que c'est quand-même interdit de les défendre ou d'informer un peu sur ce qu'on a découvert? Est-ce qu'on doit nécessairement être séropositif pour dire aux gens que le sida ne s'attrape pas en faisant la bise? Est ce qu'on doit nécessairement être homo pour dénoncer ceux qui refusent de louer un appart ou d'engager des homos? Est-ce qu'on doit être une femme enceinte pour dénoncer le fait de renvoyer une employée parce qu'elle est enceinte? Est-ce qu'on doit être un enfant abusé ou une femme violée pour lutter contre la pédophilie et les abus sexuels? Est-ce qu'on doit être cancéreux pour faire un don à la ligue contre le cancer ou mettre en garde que bronzer à outrance provoque des cancers de la peau? etc......

Maintenant, comme je l'ai déjà dit dans un autre message (je me répète un peu), on ne devient pas autiste. On ne devient pas autiste le jour du diag. ça veut dire que celui qui n'a pas encore reçu un diag, mais dont ce siag se révèlera positif, n'est pas moins autiste que celui qui l'a déjà reçu. Il n'a juste pas la confirmation. C'est un peu comme les papiers d'identité, en quelques sortes. Légalement, selon le code civile "est Français l'enfant dont un parent au moins est Français". Celui qui a une carte d'identité n'est pas plus Français que celui qui n'en a pas encore. C'est juste qu'il y en a un qui n'a pas encore de preuve, mais c'est pas pour ça qu'il n'est pas encore Français.

Aussi, on m'a dit à plusieurs reprises, que le SA n'était pas une maladie mentale, ni une maladie psychique ou psychiatrique, mais que c'était une autre manière d'être. Je ne sais pas si vous êtes d'accord avec ça ou non. Peut-être que ce n'est pas du tout comparable, mais j'imagine mal une obligation à montrer un papier stipulant qu'on est homo, pour participer à la gay pride ou même juste pour avoir le droit de dire "je suis attirée par les filles" ou "je suis attirée par les mecs"...

Une autre question: par exemple, je lis par ici des gens qui disent avoir souvent l'air idiots. Bon, perso, toute ma vie, j'ai eu l'air idiote, on m'a dit qu'il fallait que je parle plus sinon on allait penser que j'étais idiote, etc...est-ce que j'ai le droit de le dire, ou est-ce que je ne peux pas tant que je suis encore en cours de vérification?
"L'autisme n'est pas contagieux et je trouve que c'est bien dommage d'ailleurs!" J. Schovanec

Diagnostiquée asperger