[Film] Crazy in love - Mozart and the Whale (Petter Næss, 2006)

[Olivier]

Maho, merci pour ta réponse, mais j'ai essayé. Il n'y a rien (ou quasi rien à jeter....)
Pour les clés j'ai aussi un stock.
-Et également un nombre invraissemblable de boites (souvent métalliques mais pas toutes...),
-dans lesquelles il ya des boites (souvent métalliques mais pas toutes...),
-dans lesquelles.... etc....
-........il y a des choses :
-qui sont évidement essentielles pour moi,
-que je ne regarde que rarement,
-que je ne sais pas souvent retrouver au moment pile, où j'en ai besoin...
-et qui me manquent d'une façon quasi-viscérale, si je me rends compte, que je m'en suis séparé lors d'un précédent rangement....
Alors je ne peux pas jeter...
MAIS depuis 15 jours à 3 Semaines, je m'efforce à remplir ma voiture (qui est une fourgonnettte...),
de ........ quelques...... sacs poubelles de choses que JE REUSSIS à JETER....

[maho]

Je suis pareille Olivier!!!
Je ne peux pas jeter!!
J'ai une soeur qui se mets en "mode vidange" de temps en temps. Elle ferme sa tete, ferme ses yeux, ferme son coeur, ferme ses souvenirs et jete!!!

Elle me dit que les souvenirs sont toujours dans sa tete quand elle la rouvre, que son coeur ne se ferme jamais et que ses yeux voit un peu plus clair.

Moi je suis plutot, je garde tout, ca peut toujours servir!!

[Luna]

...la grande histoire de ma vie..moi, mes "tours de Babel"..tout cet espace à gère...Je suis devenue allergique à la poussière à cause de cela.
Pourtant 40 m2, ce n'est pas grand.

********
Pour en revenir à "Mozart and the Whale", je ne me sens pas proche de la jeune femme, je me retrouve un peu plus dans le garçon.

[laura]

En fait le souci avec le fait de jeter c'est que je fais une confusion terrible avec les objets. Je leur prête une existence réelle, et pour moi les jeter avant c'était les condamner, les tuer en quelques sortes, ou pire les faire souffrir

Je ne sais pas d'où vient cette confusion. Probablement du fait que je compense énormément les difficultés que j'ai à comprendre les gens en m'entrainant sur les objets.

En tout cas, pour moi toute existence étant sacrée, je ne pouvais pas infliger à un objet de la casse ou la mise à la poubelle sans éprouver autant de peine que s'il s'était agis d'un bébé chat C'était tout simplement trop cruel.

Le jour ou j'ai fait le tri pour la première fois dans ma chambre, avec l'aide d'une adulte qui m'a dis de faire trois tas : "garder", "jeter" et "je ne sais pas")... j'ai été très malheureuse, et même en deuil... et j'ai du coup appris à relativiser. J'ai commencé par me dire que mettre un objet à la poubelle ce n'était pas lui faire du mal... ensuite je me suis dis qu'un objet en morceaux n'était pas forcément plus malheureux qu'un objet pas cassé (je me suis dis que ça faisait juste plusieurs objets )... je me suis dis que certains objets me parasitaient et qu'ils méritaient d'aller à la poubelle pour me laisser tranquille... je me suis dis aussi qu'un objet disparu c'était pas dramatique vu qu'il reste le souvenir de cet objet... etc. Je me suis dis qu'un objet qui était triste de ne plus être avec moi ferait d'autres expériences avec d'autres objets et d'autres personnes

ça vient doucement.

Pour ce qui est de ranger, j'ai surtout appris à faire des catégories et à laisser une surface horizontale libre pour faire transiter les objets et éviter que les choses ne s'éparpillent.


***

pour ce qui est de mozart and the whale moi je me sens très proche d'un peu tous. J'ai pas vraiment réussi à trouver de personnage qui soit moi à cent pour cent (je trouve ça dommage, j'aime bien m'identifier à quelqu'un dans les films). Mais j'ai adoré absolument tous les personnages

[bernard]

En fait le souci avec le fait de jeter c'est que je fais une confusion terrible avec les objets. Je leur prête une existence réelle, et pour moi les jeter avant c'était les condamner, les tuer en quelques sortes, ou pire les faire souffrir
Je ne sais pas d'où vient cette confusion. Probablement du fait que je compense énormément les difficultés que j'ai à comprendre les gens en m'entrainant sur les objets.

Tu as tout juste Laura dans ton raisonnement.
Je relisai ce week-end un document sur le SA et sur l'autisme.
Il y était dit que l'autiste attache plus d'importance à l'objet qu'à l'individu. Je suppose à cause de la difficulté à comprendre l'individu par des codes "invisibles".

pour ce qui est de mozart and the whale moi je me sens très proche d'un peu tous. J'ai pas vraiment réussi à trouver de personnage qui soit moi à cent pour cent (je trouve ça dommage, j'aime bien m'identifier à quelqu'un dans les films). Mais j'ai adoré absolument tous les personnages

Pour dire comme Donald, dimanche dernier j'ai eu 2 puissance 5 plus 2 puissance 4 ans !

[jakesbian]

pour nicolas, il y a un peu de çà: je pense que un objet est un souvenir d'une journée passée.

je ne sais pas, jean, si tu l'as remarqué, envoyant avec lui ses gobelets, canettes ou autres; régulièrement il y en a plein sa chambre... mais j'arrive à le persuader qu'avec un gobelet, une petite bouteille plastique et un exemplaire "collector " de chaque canette parce qu'elles sont jolies... çà suffit .

[Murielle]

De ce que j'ai connu de toi, Béa....c'est clair que je te voyais bien plus comme Donald mais un peu plus "à l'aise" pour parler avec les gens.

Merci au voisin de Bernard qui a l'ADSL.!

Contente de te revoir parmis nous.!

J'espère d'ailleurs que tes soucis de connections seront bientôt résolus.!C'est fou cette histoire.!

Pour ce qui est de jeter, je ne suis pas aspie (ou en tous cas je m'ignore.! ) mais j'ai le même problème que vous.Sauf si vraiment la chose est cassée ou irrécupérable.

Il nous a fallu plusieurs déménagements pour que j'apprenne et surtout que j'accepte de jeter des chose à priori inutiles.Disons que je me dis souvent "ça peut servir" ou c'est juste un problème sentimental du genre "ça appartenait à ma grand-mère"...
Une de mes amies me sidérait lorsqu'elle me racontait qu'après un déménagement, elle avait gardé un carton dans sa cave qui n'avait pas été ouvert depuis 1 an et qu'elle l'avait jeté direct sans même regarder dedans.!!!
JAmais je n'aurai pu faire un truc pareil et elle de me dire: "si je ne m'en suis pas servi durant un an, je ne m'en servirais sans doute jamais.!Alors, à quoi bon?"
Elle a probablement raison, mais dur, dur

[Olivier]

Pour la plupart des objets que je stocke, je suis capable de dire d'ou il vient, à qui il a appartenu, comment je me le suis procuré et quelle était son utilité. Il a une histoire, ce n'est plus un objet banal.
Si en plus il a appartenu à quelqu'un de proche, il devient alors inévitablement précieux.et je ne peux plus m'en séparer sauf le donner à quelqu'un également de proche, mais ils sont si rares...

[Luna]

En fait le souci avec le fait de jeter c'est que je fais une confusion terrible avec les objets. Je leur prête une existence réelle, et pour moi les jeter avant c'était les condamner, les tuer en quelques sortes, ou pire les faire souffrir

Voilà, c'est ça....

j'essaie de me raisonner maintenant...dur, dur.

[Mars]

Pour en rajouter sur ce sujet, je suis certaine que Lila a mis plus de 10 ans (largement) avant de distinguer ce qui différenciait l'homme de la chose et de l'animal. Cependant elle ne semble pas s'attacher aux objets.

[bernard]

Pour en rajouter sur ce sujet, je suis certaine que Lila a mis plus de 10 ans (largement) avant de distinguer ce qui différenciait l'homme de la chose et de l'animal.

Samedi dernier, Lucie était dans le box de sa ponette et essayait de lui passer un produit lustrant sur ses poils roux. Pour cela, elle utilise un produit dans un flacon avec un système de pompe à main (type flacon aspergeur pour les vitres) et met du produit sur un gant spécial chevaux. Chaque fois qu'elle produit une giclée sur son gant à partir du pistolet du flacon, la ponette s'agite dans tous les sens et tourne sur elle-même comme si elle était en danger. Elle présente l'arrière-train comme pour botter.
J'ai expliqué à Lucie que sa ponette, c'est pas un humain. Elle comprend les choses différemment et pense surement que ce geste et le bruit associé est un danger pour elle. Je lui ai donc dit qu'elle devrait gicler du produit sur le gant hors du box puis entrer dans le box avec le gant et faire le geste d'acceptation du gant par la ponette pour la rassurer.
Mais la réponse de Lucie m'a fait apparaitre 2 reflexions :
- elle ne fait pas la différence entre l'animal et l'humain
- elle a le problème de la théorie de l'esprit.
Sur le second point, elle m'a dit texto "elle sait bien que c'est pas un danger puisque je sais que c'est pas dangereux".
Or cette théorie de l'esprit dit que les aspies ont de la difficulté à se mettre dans la tête de l'autre avec les idées de l'autre (et pas les leurs). Après discussion entre nous, elle a fini par accepter ma proposition de faire fonctionner le pistolet hors du box mais je vois bien que c'est pour me faire plaisir et pas parce qu'elle a compris le risque.
De retour à la maison, j'en ai parlé discrètement à mon épouse en évoquant le risque d'être blessée par un mouvement brusque du cheval effrayé dans le box exigu. Ma femme a donc redit à ma fille les recommandations de faire le geste hors du box. Mais ma fille a répondu que c'est parce que j'avais dit cela que ma femme le répétait. Bien qu'elle lui ait dit "non, c'est pour ta sécurité", ma fille a bien montré qu'elle n'était pas dupe.
Je verrai ce mercredi soir au poney-club si l'erreur est encore commise ou si elle a assimilé le message et compris pourquoi elle devait changer son comportement.

[Lila]

Pour en rajouter sur ce sujet, je suis certaine que Lila a mis plus de 10 ans (largement) avant de distinguer ce qui différenciait l'homme de la chose et de l'animal. Cependant elle ne semble pas s'attacher aux objets.

Je me permets un droit de réponse ; même si cette remarque est également inscrite sur le témoignage sur le site depuis longtemps, elle m'a toujours un peu titillée.
Je viens d'interroger ma mère sur ce point (moi debout elle assise dans son lit, ça devait être un peu inquisiteur je crois, d'autant que j'ai été un peu brusque dans mes questions. )
"Qu'est-ce qui te faisait penser ça ?" (je sais bien que j'ai "zappé" plein de choses qui sautaient aux yeux des autres pendant mon enfance)
"Et bien, tu ne parlais pas vraiment aux gens, mais tu parlais à ton hamster ou à ton dinosaure en plastique." (Vi, vers 12 (!!) ans, j'avais un dino de l'époque "Jurassic Park" qui me servait plus ou moins de doudou.)

Perso, je ne sais pas quoi penser de l'interprétation "met les choses / animaux / personnes sur le même plan", je ne suis pas sûre de la manière dont je pensais à l'époque. J'ai certes toujours eu un certain goût pour l'anthropomorphisme (merci Walt Disney ^_^), mais de là à ne faire aucune différence...
Pour moi, cette interprétation est justement ça : une interprétation, faite par un oeil extérieur (qui plus est non averti en matière d'autisme à l'époque) (sans vouloir t'offenser chère génitrice ; ton noenoeil est souvent très pertinent ).
Mon interprétation à moi : c'est quand même vachement plus simple de "parler" à "quelqu'un" qui ne te répond pas, quand on a des problèmes de communication (ça c'est un truc dont je me souviens : ma difficulté à apprendre quand prendre la parole par ex.) Pis un hamster c'est tout mignon et on peut le caresser, un "interlocuteur" vachement plus intéressant en somme.
Un peu cynique comme interprétation, mais comme je sais que j'avais beaucoup de mal à m'intéresser au "blabla", ça pourrait être une des raisons.
[/mode droit de réponse off]

Sinon, pour revenir au sujet, je trouve moi aussi très dur de jeter, genre "ça pourrait reservir" ou "c'est un souvenir ou une partie d'une collection" effectivement. Le jour où je devrais désherber mes livres au boulot je vais en baver.

[jakesbian]

bien dit, lila, .

çà ammène à une réflexion: on dit souvent que l'autiste a du mal à analyser les expressions et sentiments d'autrui...
... je me dis "pas si sûr qu'on le pense"...
... puis, il nous est souvent difficile, à nous NT, de décripter la pensée de l'autiste... sinon, prendre un autiste en charge serait beaucoup plus simple que ce n'est réellement...

... alors, je pense qu'on a des cours à prendre, nous aussi NT.

[Luna]

J'ai toujours fait la conversaition aux animaux, même à ceux qui ne vivent pas chez moi. Si je vois un chat dans la rue, je ne pense qu'à ça, je traverse (en essayant de faire attention, je ne vois "que le chat" et rien d'autres) et mon but est d'aller lui parler et de lui faire une caresse.
Oui, je me suis aperçue qu'en grandissant, ce n'était "pas considéré comme correct" de faire la conversation aux animaux mais je m'en fiche, ça ne fait de mal à personne et puis je sais rester discrète.

J'ai été à Disneyland hier avec mon neveu, j'en suis revenue les neurones complètement décalqués avec la musique et le monde (va me falloir 2 jours pour m'en remettre, je suis déconnectée ce matin, MAIS J'ADORE les parcs d'attraction). Pendant la parade, je me suis mise à rigoler intérieurement parce que je m'étais aperçue que pendant un moment, je donnai vie aux personnages déguisés qui passaient : ce n'était pas des comédiens maiis réellement des souris , des ours, des singes d'1m60 à 80. J'avais beau le savoir, une partie de moi avait décidé que c'était reellement des personnages de dessins animés en chair et en os.

[bernard]

Quand je suis rentré la première fois avec Luna au café Asperger de Paris, elle s'est précipité sur un beau chat vivant qui tronait sur le comptoir. J'ai cru qu'elle le connaissait quand elle l'a immédiatement pris dans ses bras.
Anecdote, anecdote ...