Autisme : la belle leçon d'espoir d'Erwan
Ouest-France - Nantes - 9 avril 2009
Erwan Le Moigne : « Je suis d'autant plus fier, aujourd'hui, d'avoir un master 2 que j'ai été diagnostiqué débile mental profond en 1978 parce que j'étais autiste ! »
Bien qu'étant autiste, une maladie dont il ne guérira pas, Erwan, 36 ans, est titulaire d'un master 2. Il témoigne pour redonner un peu d'espérance à des familles à bout de forces.
Dans un café, quelques personnes sont assises autour d'une table. Elles sont adhérentes à l'association Ouest autisme 44. C'est la journée nationale de cette maladie.
Nicole (1) se présente timidement. Recroquevillée sur sa douleur. Elle a perdu tout espoir. Son petit-fils, Grégoire, qui a 10 ans, est autiste. Toute la famille est à bout de forces : « On veut enlever son petit frère à ses parents à cause des crises de violence de Grégoire. Ma fille et son mari sont au bord du gouffre. Ils veulent garder leurs deux enfants. On ne sait plus quoi faire. Personne ne les aide. Ils n'en peuvent plus. Mon mari et moi non plus. C'est trop dur ! »
Chemin long et douloureux
Des larmes apparaissent dans les yeux de Nicole. Sans bruit, Erwan Le Moigne s'assied près d'elle : « Je suis autiste. J'ai commencé à parler à 5 ans. Aujourd'hui, j'en ai 36, et je suis titulaire d'un master 2 en droit et administration des collectivités territoriales. J'ai eu 11,41 à ma soutenance de thèse. Je travaille actuellement sur l'accessibilité aux transports en commun des personnes à mobilité réduite ou en situation de handicap. Comme votre petit-fils, je suis passé par tous les stades d'isolement et de violence de cette maladie. » Sur son visage, la douleur de Nicole fait place à ce qui ressemble à de l'espoir.
Mais, pour en arriver là, le chemin d'Erwan, autiste de haut niveau, a été long et douloureux : « Mes parents se sont battus pour que je sois scolarisé normalement. Il y a eu des périodes difficiles où je n'étais qu'un souffre-douleur. Il y en a eu d'autres plus faciles parce que les instituteurs, puis les professeurs, s'impliquaient davantage. » Et d'échecs en réussites, il obtient un bac B en 1992.
Son entrée en faculté, à Rennes, se passe mal. Jusqu'à aboutir à des menaces de mort. Changement d'université. Quimper, d'abord, puis, après le divorce de ses parents, ce sera Nantes. Et sa prise en charge par Handisup, spécialisée dans le soutien d'étudiants handicapés : « Grâce à cette association, j'ai bénéficié d'un tutorat pédagogique financé par la fondation France Télécom. » Titulaire d'un Deug, puis d'un master 1, il soutient sa thèse de Master 2, avec succès, en septembre 2007.
Erwan consacre la majeure partie de ses loisirs à des associations liées à l'autisme, comme Autisme Ouest 44 ou Les volontaires de l'autisme du mécénat Orange : « C'est un engagement nécessaire pour moi qui ai la capacité à parler de cette maladie. » Et une belle leçon d'espoir pour Nicole et toutes les familles concernées par l'autisme.
Chantal BOUTRY.
Association Autisme Ouest 44. Courriel : autismeouest44@live.fr ou tél. 06 28 05 33 07.
(1) Les prénoms de cette famille ont été changés.
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