À Grenoble, le restaurant Atypik favorise l’intégration de jeunes autistes
Une dizaine de jeunes autistes travaillent dans ce restaurant associatif fréquenté par une clientèle de quartier.
20/12/13 - La Croix
Clément embauche chaque jour à 11 h 20. « Pour les “Asperger” comme moi, il est important d’être précis », insiste le jeune homme, aujourd’hui âgé de 20 ans, qui vit depuis sa naissance avec cette forme d’autisme. À peine arrivé , il finit de dresser les tables avec Louis et Loric puis tous trois servent ensemble la clientèle, venue du quartier, aidés par trois mères bénévoles. Clément ne quittera pas son service avant 14 heures. Une « routine » précieuse pour mieux « équilibrer (son) emploi du temps », dit-il. « Ce qui nous fait le plus peur, c’est de ne pas entreprendre… »
Et encore, Clément multiplie les activités, contrairement à beaucoup de ses camarades, également atteints de troubles du développement neurologique. C’est pour cela que Françoise Ayzac, mère d’un garçon de 17 ans, avait créé en 2010 la Compagnie des TED (pour « troubles envahissants du développement »). Une association « nomade » organisant des activités en milieu ordinaire pour une vingtaine de jeunes autistes grenoblois souffrant du manque de lien social.
« Nous étions hébergés un jour par une MJC, le lendemain à la bibliothèque », raconte cette traductrice. Jusqu’à sa rencontre avec Audrey Tavel, une éducatrice issue d’une famille de restaurateurs. « J’ai proposé d’organiser des ateliers de cuisine dans le restaurant de ma mère », raconte celle-ci.
Le restaurant est plein depuis son ouverture
Quelques mois plus tard, la petite équipe décide de voler de ses propres ailes. Ce sera un restaurant associatif, avec un coin bibliothèque, fortement soutenu par les collectivités et par la Fondation Orange. Installé au cœur de Grenoble, l’Atypik ne désemplit plus depuis son ouverture, début octobre. « Nous faisons jusqu’à 30 couverts au déjeuner », souligne Françoise Ayzac.
Et ce « sans solliciter les réseaux handicap ». « Beaucoup de clients viennent pour être en contact avec ces jeunes gens authentiques », rajoute Audrey Tavel.
Certains des jeunes autistes fréquentant l’Atypik envisagent de valider leurs acquis, dans le cadre d’une formation continue. « L’Atypik est un sas, résume Audrey Tavel. Certains, très inhibés, ont juste besoin de sortir de chez eux. D’autres se rendent compte ici qu’ils sont capables de beaucoup plus qu’ils ne l’imaginaient. »
Bénévent TOSSERI (à Lyon)