Asperger et intérêts restreints

[evolution650HBn°2]

Pour ma part - même si au vu de ce que tu disais, il semblerait qu'il s'agisse plus dans mon cas de passion que d'intérêt restreint - lorsque je suis coupée dans "ma passion", cela m'énerve, parce que souvent je le suis (coupée) pour des choses totalement sans intérêt (aller manger, aller dire bonjour à machin-truc, etc) ; quand je suis dans ma passion, le reste n'existe plus vraiment, je suis un mélange d'excitation et de concentration, hors du temps, suis dans un état de délectation à la vue de ce que je suis en train de faire et de ce qu'il me reste à faire/apprendre sur ce sujet.
Lorsqu'une telle phase se termine, le sentiment est le même que lorsque l'on finit une série que l'on a adoré, un peu de tristesse et de "pouahhh c'était vraiment bien."

[Tugdual]

Là où la passion est le moteur d'un être (donne envie d'avancer pour aller plus loin mais on peut en contrôler le régime), l'intérêt restreint en devient le pilote (c'est lui qui dicte le régime moteur).

Cette synthèse me semble très juste.

J'aimerai également vous poser deux questions : plusieurs témoignages parlent d'une grande focalisation sur l'intérêt en cours au point de ne pas supporter d'être stopper ou de ne pouvoir se concentrer sur autre chose. Pourriez vous décrire les sensations corporelles voir les sentiments qui se dégagent de cet état ?

Le bien-être qu'on ressent quand on plonge
dans un intérêt restreint outrepasse tout le reste,
et devoir s'en détacher devient un déchirement.
Souvent, seule l'accumulation de la fatigue parvient
à perturber ce bien-être au point de lâcher prise
quelques heures, le temps de dormir un peu ...

J'ajouterais aussi que je vis comme une véritable
agression d'être dérangé dans cette phase,
et j'ai beaucoup de mal, même en me raisonnant,
à ne pas réagir en conséquence. Quand ça arrive,
ça me demande de gros efforts pour rester cool ...

Est ce qu'une absence d'intérêt peut arriver (une fois arrivé au bout d'un intérêt) et que provoque t'elle ?

En ce qui me concerne, je ne le vois pas comme ça.
Il m'est arrivé de mettre en sommeil une de mes sources
d'intérêts, parce que j'étais dans une situation bloquante,
(auquel cas j'y reviens dès que possible), et même quand
je pense en avoir fait le tour, je reste néanmoins à l'affut
de toute nouveauté qui pourrait advenir ...

Je gère désormais mes intérêts restreints comme je gère
mes émotions. La plupart du temps, pour que ce soit
vivable, je freine un max, pour avancer dans les domaines
moins intéressants (boulot, courses ... etc ...), et à côté
de ça je m'octroie des périodes, par journée ou mieux
quand c'est possible par plusieurs journées, pour tel
ou tel intérêt, et là, je lâche totalement les freins ...

[Tempus Fugit]

J'aimerai également vous poser deux questions : plusieurs témoignages parlent d'une grande focalisation sur l'intérêt en cours au point de ne pas supporter d'être stopper ou de ne pouvoir se concentrer sur autre chose. Pourriez vous décrire les sensations corporelles voir les sentiments qui se dégagent de cet état ?

je rejoins Tugdual dans ce qu'il dit . et je rajouterais que si je dois me forcer a faire quelque chose d'autre. j'ai la nausée pendant que je le fais, ca c'est pour la sensation physique. j'ai comparé ça un jour a un état de manque.

Est ce qu'une absence d'intérêt peut arriver (une fois arrivé au bout d'un intérêt) et que provoque t'elle ?

Non, ca n'arrive pas. par ce qu'il y a toujours pleins de possibilités a explorer. un exemple. j'ai appris un jours en cours de math qu'une théorie mathématique communément admise n'est pas juste dans l'absolue. mais les gens ont pas envie de s'amuser a la tester dans toutes ses possibilités. tout simplement par ce que ca pendrait trop de temps. Donc tout ce petit monde se réuni, et décident que dorénavant, 1+1=2 . et si quelqu'un est pas d'accord, il s'en fichent.
donc pour moi un intérêt aura toujours un intérêt au vue de l'infinité de possibilités qu'il peut ouvrir.

[Tonks]

Oh ça me fait plaisir de voir que je partage ou ai partagé quelques intérêts restreints avec certain-n-es ici
comme la musique gothique et alternative (si on parle bien de la même chose car je m’aperçois que pas mal de monde colle des définitions différentes sous cette étiquette), à une période il fallait absolument que je connaisse chacun des groupe dont un-e membre avait fait parti ect...Puis presque d'un coup quand j'avais beaucoup "mangé" de tout cet univers, ça ne me parlait plus, aujourd'hui il ne doit rester plus qu'un seul de ces groupe que j'écoute.

Sinon Harry Potter aussi bien sûr, je me suis lancée tard mais quel plaisir de m'y replonger actuellement (sauf que j'en suis au dernier tome, ça me rend triste).

J'ai également eu le catch, pas celui qui passe à la télé sur nos chaines, mais des fédérations indépendantes, mexicaines, japonaises, avec des périodes précises ect... (oui ça parait souvent idiot que j'en parle, je ne comprend toujours pas pourquoi mais comme j'ai beaucoup été moqué la dessus je n'en parle plus que peu (ou quand j'ai trop bu )). J'y passais des heures par jour puis à un moment c'est comme si j'avais fait le tour de ce que j'avais à apprendre et c'est parti tout seul.

Histoire d'avoir quand même un ou deux sérieux et actuels, le féminisme et l’antispécisme. Au moins avec ceux là je passe pour une pénible mais plus pour une bizarre ^^.

Comme j'ai du mal à écrire des messages longs d'un seul coup, je repasserais plus tard pour l'aspect ressenti de l’intérêt en cours ou terminant.

[Nova]

@tonks donc tu es devenue végétarienne?

[Tonks]

@Nova ça doit faire environ deux ans que je suis végétalienne (et cœliaque, soit intolérante au gluten, mais ça, c'est pas par choix^^), et les 6 mois précédents ces deux années, je n'avais gardé que quelques œufs de temps en temps. Depuis tout ce temps, j'essaye de me rapprocher le plus possible du véganisme, mais je suppose qu'il doit encore rester quelques petites choses où je me fais piéger, ou auxquelles je ne pense pas.

[Nova]

oui c'est pas évident a géré je suppose

[Frivole]

J'aimerai également vous poser deux questions : plusieurs témoignages parlent d'une grande focalisation sur l'intérêt en cours au point de ne pas supporter d'être stopper ou de ne pouvoir se concentrer sur autre chose. Pourriez vous décrire les sensations corporelles voir les sentiments qui se dégagent de cet état ? Est ce qu'une absence d'intérêt peut arriver (une fois arrivé au bout d'un intérêt) et que provoque t'elle ?

Je me suis rendue compte que lorsque je suis interrompue dans ''l'assouvissement'' de mon intérêt en cours, faire autre chose me demande plus d'énergie qu'à l'habitude: je n'arrive pas à me concentrer sur les discussions, j'ai l'impression d'être dans un monde parallèle où une distorsion existe entre les autres et moi, comme si j'avais le cerveau dans les vapes.

J'ai également constaté le phénomène suivant: si je dois mettre en veilleuse une passion dévorante du moment pour faire des travaux parce que je suis en fin de session, je deviens irritable, j'ai du mal à me concentrer et je finis par être anxieuse. Voire même, dépressive. Je vois le travail à faire comme une montagne infranchissable et mon cerveau ne semble plus réagir. Le désespoir finit par m'envahir, tôt ou tard, parce que je vois bien que je ne fonctionne pas normalement..

Le découragement, je dirais. Si un sujet ne me dit rien, il ne se passe rien. J'ai eu de gros problèmes à l'école à cause de ça. Autant je pouvais faire du zèle sur un travail ou dans un cours, autant je pouvais pleurer devant un simple compte-rendu de 4 pages pour un autre cours... Du coup, j'avais des A et des F en même temps! J'ai même boudé des examens finaux par manque d'intérêt.

Lorsqu'une passion s'éteint faute de nouveau matériel, je me sens nostalgique et je me tourne les pouces (jamais très longtemps).

Petite histoire

J'ai découvert un chanteur populaire québécois il y a quelques années, un de ces chanteurs en fin de carrière super connu qui a pondu un nombre incalculable de hit radio. Une vedette, le gros truc.

Naturellement, parce que mon intérêt musical tourne autour des Beatles depuis ma plus tendre enfance, je connais pas trop, j'accroche pas du tout, je m'en bat les ***, bref.

Et, un jour, je découvre l'artiste. Un choc musical qui ne me quittera plus jamais: j'ai compulsivement épluché toute sa discographie, j'ai écouté chaque titre, chaque album, chaque version live, je connais les paroles par coeur, je connais chaque partition de chaque instrument, tous les solos de guitare, de piano, de cuivres, toutes les passes cool de basse, bref, je suis à fond. J'en écoute du matin au soir, les soirées entre amis deviennent longues à en mourir, je ne vis que pour ça et... je ne parle que de ça. Bien sûr. Ça m'obsède.

Il faut savoir que le chanteur en question est plutôt has been.. et tout le monde a reconnu son génie il y a des années. Alors tout le monde s'en fout et je gonfle tout le monde avec ça.

Eh bien cet artiste, pour qui je me passionnais déjà depuis quelques mois, à l'époque, n'a rien trouvé de mieux à faire que de venir s'asseoir à la même table que moi dans un café de Montréal pour me piquer une petite jasette.

Je ne l'ai pas reconnu. Tout le monde connait ce mec au Québec. Je ne l'ai pas reconnu. J'écoute sa musique en boucle depuis des mois. J'ai lu chaque article, toutes les entrevues, même les vidéos youtube y ont passé. Je ne l'ai pas reconnu. On a discuté un bon 15 minutes ensemble. Au bout de 5 minutes je me suis même dit: ''tiens, c'est drôle, il a exactement la même voix que...''

Puis je l'ai dévisagé pendant les 10 minutes restantes. Je l'ai même un peu envoyé sur les roses, ben quoi? Je ne le connais ni d'Ève ni d'Adam, ce monsieur! C'est le patron du café qui m'a mise au parfum, une fois l'animal parti.

En retournant chez moi, j'ai vissé mes écouteurs sur ma tête et j'ai donné suite à ma passion tout en ayant l'impression d'avoir loupé quelque chose... Et c'est à cause de ce genre de conneries que je me dis que je suis peut-être légèrement autiste.

Voilà pour la petite histoire!

[freeshost]

Au fait, que signifie "intérêts restreints" ? et qui serait "typique" des personnes Asperger ?

Quand je lis "intérêts restreints", je comprends "nombre limité d'intérêts", et, partant, suppose que les "neurotypiques" auraient plus de sources de motivation que les personnes Asperger.

Je me pose la question car mon nombre de sources de motivation a augmenté, et je n'ai rien fait contre :

- mathématique dès le plus jeune âge,
- écouter de la musique comme Avril Lavigne, Blink 182 dès 13-14 ans,
- choisi option spécifique Latin au début du collège (puis deuxième branche où j'avais mes meilleures notes, après la mathématique),
- durant le collège, aucune passion particulière (sauf mathématique et latin), mais non plus aucun blocus psychologique,
- après le collège, recherche de "moi-même" (économie, bouh... la théorie néoclassique ; chimie, la tête ailleurs, etc.),
- début du violon en fin 2005 (avec une prof' privée),
- début de la guitare et de la flûte en 2009 (autodidacte),
- début de psychologie sociale, de sociologie, de philosophie, de linguistique, d'éthique... pour comprendre comment nous nous comportons,
- attrait pour les langues, les syntaxes différentes,
- début des questions éthiques et sociétales (manger bio ? local ? de saison ? équitable ? sans faire souffrir l'animal ? expérience sur les animaux ? modèle de société ? monnaie nécessaire ? État et institutions ? marché envahissant ? pollution ? tolérance ou racisme ? religions propagées ?)
- découverte des logiciels libres, éthique libriste, le libre partage, abattons les DRM,
- pourquoi des personnes si sereines et d'autres si angoissées par rapport à la mort ? et moi ?

Et je ne veux pas lâcher le morceau sur le moindre de ces sujets. Il n'y a qu'à voir : lors de mon dernier déménagement, l'ensemble des livres a pesé plus que le reste (sans compter tous ces pdf sur disques durs).

[zad]

des îlots de compétences (ce qui veux dire : à coté, ça déconne grave. pas de compétences autres. des manquements et des deficiences en dehors de ces "îlots".)

des obsessions (ce qui veux dire : c'est plus fort que la volonté de l'individu. ça l'empeche d'avoir une vie sociale correcte)

au delà de la passion (ce qui veux dire : qui gène l'entourage, et empeche la personne de faire autre chose. pas d'înterets pour d'autres sujets.)



c'est dans ce(s) sens là qu'il faut comprendre les intérêts restreints des autistes.

[Jean]

@had : tu ne serais pas psychiatre pour donner des informations aussi précises ?

A moins que l'autisme ne soit un des tes intérêts spécifiques (je préfère ce terme à "restreints") ?

[zad]

@jean : t'as raison, faut que j'arrêtes de lire des infos sur l'autisme
j'ai pas dit de bêtises au moins ?

[Jean]

j'ai pas dit de bêtises au moins ?

J'ai pas remarqué, mais je ne suis pas psychiatre (et si j'étais psychiatre, le nombre de conneries dites dans ma carrière serait incommensurable).

[Vad]

Dans la catégorie intérêt restreint, je peux qualifier ma passion dévorante et coûteuse pour les jeux vidéo (qui elle dure depuis un peu plus de 20 ans), mais aussi de manière moins importante et plus fluctuante, l'écriture, et mon intérêt pour diverses sciences.
J'ai déjà tenté plusieurs fois d'arrêter d'acheter des jeux vidéo et d'y consacrer énormément de temps, mais il s'avère que c'est impossible, et plus fort que moi, comme Sega.