Madu a écrit :Si je connaissais plus de de Loner et de Bidouille (sic !)...
car mon enfant ne saurait pas nous dire si on ne se comportait pas bien avec lui ...

oh c'est gentil ça !
Je comprends totalement tes réticences dans la mesure où, comme tu le dis, ton enfant ne saurait verbaliser son vécu. Après, il y'a aussi des signes qui sautent aux yeux de façon quasi instinctive chez les parents, comme des comportements-reactions inhabituelles..qui peuvent mettre la puce à l'oreille.
Après, ça dépend aussi du degré de handicap. Par exemple, là où je travaille les enfants posent aisément des mots sur ce qu'ils vivent et la communication peut se faire.
D'ailleurs, certains enfants ne racontent rien à leurs parents et finalement font comme beaucoup d'enfants (en école classique).
Concernant le travail d'éducateur, il faut aussi se dire que ce n'est pas non plus faire voeu de gentillesse en permanence. Nous recadrons les enfants (lorsqu'ils ne respectent pas les règles, les autres etc...), autant que nous leur donnons de l'affection. Les limites et l'affectif sont incontournables pour avancer et s'intégrer à minima, avoir confiance en soi et en ses potentiels. Après, sans doute que pour des enfants handicapés, on essaye de redoubler de valorisation qu'on le ferait peut etre pour des enfants "normaux". L'idée etant d'offrir le plus possible l'occasion de vivre des expériences positive et de réussite. Et ce afin de rendre plus aisé le travail sur ce qui pose soucis.
Un éducateur en institution endosse des fonctions parentales...Ce n'est pas dans la suppléance des parents, ni de l'ingérence, mais de la complémentarité tout simplement.
Il arrive souvent que des parents nous voient " hausser le ton" sur leur enfant. Parfois ils nous soutiennent face à l'enfant, parfois non . Ce qui compte c'est d'être en permancence en lien avec les différents acteurs gravitant autour de l'enfant et qu'il soit mis en mesure de mettre du sens et de sentir une cohérence entre sa vie familial et sa vie institutionnelle.
Concernant la violence, il est interdit évidemment de lever la main sur un enfant (ça c'est pas un secret et c'est tellement évident que je devrais même pas le préciser) et d'ailleurs les enfants le savent bien et en jouent parfois...
Il arrive même que des enfants accusent un professionnel de l'avoir tapé pour se venger d'une punition par exemple....Et finalement ça s'avère faux.
il arrive aussi que certains enfants vivent comme une violence un geste qui a priori ne l'etait pas. Tout dépend de la représentation du réel de ce dernier. Il est difficile même de l'aider à faire le tri entre une réalité objective et son ressenti subjectif.
Et si il arrivait, parcequ'on est humain, qu'on déborde de trop, nous serions tenu d'avertir les parents et d'assumer les conséquences si ils décidaient de se retourner contre nous.
Je précise cela parcequ'il est vrai que le travail est parfois difficile et l'emotion peut monter. Et bien qu'animé par un professionnalisme à toute épreuve, il arrive aussi parfois qu'on puisse être injuste...J’aime à penser que tant qu'on sait qu'il y'a des risques, il n y'a pas de danger... Bien heureusement il y'a des garde-fous comme l'équipe, la pluridisciplinarité ainsi que des instances de reflexions et analyses comme les supervisions par exemple (espace donnant le champ libre à l'expression du vécu du professionnel), des référentiels de bonne pratiques qui sont mis à jour, un cadre juridique évolutif ( lois de 1975-2002-2007-2009 etc...).
Enfin, petite précision importante sur l'évolution des pathologies.
Dans un IME, on retrouve de moins en moins l'image classique du gentil trisomique (c'est une facon de parler, j'espère ne froisser personne en disant cela) mais davantage de problématiques importantes.(troubles de la personnalités, du comportement)..Il s'opère depuis quelques années un glissement important et les IME se retrouvent avec des enfants aux comportements difficilement compréhensibles. Certains sont violents, se mettent en danger et les autres aussi et mettent à mal les pratiques....
Certains professionnels se retrouvent impuissants...Et parfois, oui l'épuisement peut amener des dérives professionnels (si je le niais, je serais malhonnête). Sans forcément virer dans des trucs immondes comme dans le reportage, il y'a une nécessité d'accompagner aussi les professionnels pour qu'ils ajustent leur postures en adéquation avec les besoins des enfants.
Beaucoup de structures donnent tous les moyens possibles pour faire en sorte que l'institution s'adapte aux évolutions, d'autres non...
Voilà, je me dis qu'au delà de montrer la maltraitance, le reportage aurait pu aussi mettre l'accent sur la souffrance de certains professionnels qui sans pour autant qu'elle s'exprime par des mauvais traitements, existe aussi.
De mon côté, je reconnais avoir de la chance d'évoluer dans un climat serein...Avec certains parents, le contact est plus compliqué c'est sur mais pour la majorité, la confiance est bien là. Et nombre d'enfants et de parents repassent nous voir quelques années après et gardent le contact. Donc rassures toi Madu, il y'a des établissements où les enfants sont heureux et grandissent bien avec toutes réponses éducatives et thérapeutiques qu'ils ont besoin.