Recherches sur l'autisme

Toutes discussions concernant l'autisme et le syndrome d'Asperger, leurs définitions, les méthodes de diagnostic, l'état de la recherche, les nouveautés, etc.
cosima
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par cosima »

Jean si tu es abonné, tu peux nous faire une copie de l'article? Je n'y ai pas accès et ça me parait bien intéressant.
Neuro pas du tout typique, diagnostiquée hqi, ne souhaite pas faire de diagnostic SA
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Jean
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par Jean »

Désolé, je ne suis pas abonné. Si je peux, je récupère cet article et les deux autres.
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Cailla
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par Cailla »


Niveaux de 25-hydroxyvitamine D chez les enfants chinois avec des troubles du spectre autistique
http://autisme-info.blogspot.be/2013/12 ... ls-in.html

Ces résultats indiquent que des niveaux inférieurs de 25-hydroxyvitamin D, 25 (OH) D, peuvent être associés indépendamment à la gravité des TSA chez les patients chinois et les faibles niveaux de sérum 25 (OH) D sérique pourraient être considérés comme un facteur de risque indépendant pour les TSA.
Cailla
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par Cailla »

Réduction de l'interaction interhémisphérique chez les personnes non-autistes avec des traits autistiques normaux mais de haut niveau
http://autisme-info.blogspot.be/2013/12 ... on-in.html
Compte tenu de la récente conceptualisation de l'autisme comme un continuum , nous avons cherché à déterminer si les personnes ayant des niveaux normaux , mais de hauts nivaux dec traits apparenté ) l'autisme (QA) présentent également une interaction hémisphérique réduite. // Ce résultat de l'interaction interhémisphérique perturbée converge avec une conceptualisation dimensionnelle des TSA , ce qui suggère que les anomalies structurelles des TSA s'étendent à des personnes non - autistes avec des niveaux élevés de traits autistiques
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Tugdual
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par Tugdual »

Intéressant cet article.

À suivre ...
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Betta splendens
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par Betta splendens »

en effet, il apporte des arguments en faveur de la neurodiversité et pose aussi des problème pour pouvoir identifier la limite du spectre autistique.

je vais essayer de le lire(l'article originale) pour me faire une meilleur idée.

autre étude intéressante qui fait le lien entre prédisposition génétique et facteur de l'environnement:
http://pourquoi-docteur.nouvelobs.com/A ... -4531.html

et le papier originale
http://europepmc.org/abstract/MED/24240654
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Jean
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par Jean »

Autisme : des vers et des bains chauds pour réduire les symptômes
Le 13 décembre 2013 à 18h00 - par Emilie Cailleau

Des thérapies à base de vers ou un bon bain chaud. Ces deux remèdes peu conventionnels pourraient aider à diminuer les symptômes de ce trouble du développement, suggèrent une nouvelle étude.

Il n’existe à ce jour aucun traitement pour soigner l’autisme. Les chercheurs préconisent au mieux une prise en charge adaptée et précoce pour réduire les symptômes de ce trouble envahissant du développement (TED). L’objectif est d’aider l’enfant à mieux vivre au quotidien et à interagir avec son environnement.

Réduire les symptômes, c’est ce sur quoi travaillent de nombreux chercheurs qui rivalisent d’imagination. Alors qu’une récente étude a révélé le potentiel des bactéries intestinales pour prévenir l’apparition de ce TED, deux expériences déroutantes ouvrent de nouvelles pistes.

La première a consisté à tester l’impact d’un bain chaud sur les symptômes de l’autisme. 10 enfants autistes ont été placés dans un bain chauffé à une température de 39 degrés pendant 30 minutes. Cette eau chaude a eu pour effet d’améliorer la capacité à communiquer des enfants et à diminuer leurs comportements répétitifs. En revanche, quand l’eau était moins chaude (2 degrés en moins) elle n’avait pas d’impact sur les petits participants.

L'équipe de l’Albert Einstein College of Medicine à New York veut maintenant comprendre ce phénomène. Il est possible que l’eau chauffée à 39 degrés active un gène qui affaiblit le système immunitaire en surchauffe.

Les vers calmeraient le système immunitaire

La deuxième expérience, encore plus bizarre, s’est concentrée sur le pouvoir "apaisant" de certains vers sur l’autisme. Ces parasites infectent habituellement les cochons et ne sont pas dangereux pour l’homme. 10 adultes ont accepté d’avaler les œufs de ces vers une fois toutes les deux semaines pendant six semaines. A la fin de l’expérience, les volontaires avaient moins de comportements répétitifs. Le Dr Eric Hollander, auteur de l’étude, suppose que les vers pourraient calmer le système immunitaire hyperactif des personnes autistes.

Difficile de prouver cette hypothèse à l’heure actuelle. "Il faut clairement élargir les recherches", notamment sur les formes les plus sévères d’autisme, recommande le chercheur à Livescience.
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par Betta splendens »

c'est intéressant et ça rejoint un peu mon ressenti sur le packing: si ça a peut marcher pour certain enfant c'est pas le fait d'être envahie par le froid qui les calmes mais plutôt le fait d'être "serrée dans quelque chose"(réference a Temple Grandin) et le fait de renplacer le froid par de la chaleur serait non seulement plus efficace mais en plus beaucoup plus humain. Pas la peine d'être autiste pour comprendre ça,il faut vraiment être masochiste pour aimer ça!

D’ailleurs perso j'ai tendance a rechercher la chaleur pour m'apaisser , ça marche pour les maus de ventre mais aussi pour mes cout de fatigues/stress.

Par contre le lien autisme système immunitaire, j'ai déja lut des truc la dessus mais il faudrais que je creuse d'avantage, il y a déjà des liens sur le forum?(piste intéressante car dans ma famille on a quand même un jolie terrain génétique pour les maladies auto-immun, en plus du terrain génétique TSA)




Par contre pour la deuxième expérience.......pouha :shock: , faut pas compté sur moi
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par Jean »

voile de chine a écrit :Par contre le lien autisme système immunitaire, j'ai déja lut des truc la dessus mais il faudrais que je creuse d'avantage, il y a déjà des liens sur le forum?(piste intéressante car dans ma famille on a quand même un jolie terrain génétique pour les maladies auto-immun, en plus du terrain génétique TSA)
22 références sur le forum en recherchant "immune". J'ai répondu à un questionnaire sur le sujet dans le cadre d’une recherche. Je ne sais pas s'il y a eu une publication.
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par Astragale »

voile de chine a écrit :Par contre le lien autisme système immunitaire, j'ai déja lut des truc la dessus mais il faudrais que je creuse d'avantage, il y a déjà des liens sur le forum?(piste intéressante car dans ma famille on a quand même un jolie terrain génétique pour les maladies auto-immun, en plus du terrain génétique TSA)
Je suis intéressée aussi car c'est également le cas dans ma famille : maladies auto-immunes + autisme.
Aspie HPI

Mon blog de photo
http://isolde-h.wixsite.com/photographie
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par Jean »

Sur le site Image
http://fondation-autisme.org/autism-spe ... -lautisme/
Autism Speaks : Le top 10 des découvertes scientifiques 2013 dans l’autisme
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par Jean »

Nature Neuroscience publie les découvertes déterminantes des travaux sur l’autisme menés par l’Academia Sinica
Mardi 28 janvier 2014

La prestigieuse revue scientifique Nature Neuroscience vient de publier un articles sur les recherches menées par l’Institut de biologie moléculaire de l’Academia Sinica sous la direction du professeur Hsueh Yi-ping [薛一蘋]. Ces dernières établissent, au bout de neuf ans de travaux, une relation entre l’autisme et un développement neuronal défectueux.

Selon l’article publié en anglais, le facteur de transcription TBR1 (T-box brain 1) régule le développement du cerveau, et des mutations de nature perturbante sur le gène de codage du TBR1 ont été régulièrement identifiées chez les patients dont le diagnostic établit des troubles du spectre autistique. Selon les recherches du professeur Hsueh Yi-ping, le TBR1 pourrait contrôler un groupe de gènes responsables de l’autisme, et c’est une perte de protéines spécifiques qui provoque une rupture de la connexion entre les deux moitiés du complexe amygdalien ainsi qu’au sein des circuits neuronaux.

Les scientifiques savaient que ce facteur de transcription était déterminant dans le développement du cortex cérébral et du complexe amygdalien, mais c’est seulement depuis deux ans que l’on soupçonnait le TBR1 d’être à l’origine de l’autisme.

Grâce à cette découverte, les patients pourront subir un examen par imagerie par résonance magnétique qui permettra de vérifier les anormalités. L’équipe du professeur a également établi qu’un traitement à base de cyclo-serine D pouvait remédier aux défauts des circuits neuronaux et offrait une possibilité de traitement de l’autisme chez la souris.

C’est la première fois qu’une relation est scientifiquement établie entre l’autisme et les circuits neuronaux.
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Message par Tugdual »

Jean a écrit :Grâce à cette découverte, les patients pourront subir un examen par imagerie par résonance magnétique qui permettra de vérifier les anormalités.
Ce serait révolutionnaire, ça ...
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Jean
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par Jean »

Un neurone des « intuitions sociales » ?

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 27.01.2014 | Angela Sirigu
Neuroscientifique, directrice de recherche Centre de neuroscience cognitive (CNRS-université Lyon-I).


Lorsqu'on parle du cerveau humain, la plupart des gens pensent aux grandes facultés, intelligence, raisonnement, conscience, puis à la taille de l'organe et à la matière qui le compose : les neurones. Chacun sait ce qu'est un neurone, et d'ailleurs la question qui revient toujours est : combien y en a-t-il dans notre cerveau ? Il est moins fréquent de se voir poser la question de la variété des types de neurones qui peuplent notre encéphale. Si motoneurone ou neurone sensoriel vous sont des termes familiers, connaissez-vous les cellules granulaires, pyramidales, étoilées, en panier ou fourchées ? Si toutes disposent d'un noyau, d'un axone (qui transmet l'influx nerveux) et de dendrites (qui le reçoivent d'autres neurones), il existe une grande diversité de formes qui sont liées à la localisation des neurones, à la nature de leurs interactions, à leur vitesse de conduction et, in fine, à leur fonction.

Des chercheurs se passionnent actuellement pour une cellule appelée le « neurone de von Economo » (NVE), du nom du célèbre anatomiste autrichien (1876-1931) qui fut le premier à le décrire. Sa particularité ? Un corps cellulaire fusiforme de grande taille, un axone très long qui lui permet de communiquer rapidement avec des régions cérébrales distantes et un arbre dendritique unique et touffu pour capter les signaux issus de différentes couches corticales. Les NVE sont très rares dans le règne animal et leur nombre augmente avec l'hominisation. Peu nombreux à la naissance, ils émergent vers le huitième mois et deviennent opérationnels vers l'âge de 3 ans.

Si leur forme fascine les anatomistes, leur présence singulière chez l'homme et quelques grands mammifères ne permet guère d'en étudier la fonction in vivo, ce qui vaut au NVE d'être un objet de moult conjectures ! Pour certains, l'apparition des NVE au cours de l'évolution accompagne celle de comportements sociaux complexes et de capacités cognitives et affectives spécialisées. John Allman, neuroscientifique à Caltech (Etats-Unis), va jusqu'à soutenir que l'activité de ces neurones est à la base des « intuitions sociales ». Cette hypothèse n'est pas totalement gratuite, car les deux régions cérébrales qui contiennent la majorité des NVE, l'insula et le cortex cingulaire, sont impliquées dans l'intégration des informations sur l'état interne du corps (sensations viscérales, réponses végétatives, émotions, etc.).

Ces régions ont donc été naturellement associées à la conscience de soi, et Hugo Critchley (université du Sussex) propose que les NVE puissent constituer le substrat anatomique de cette fonction. De plus, la partie antérieure de l'insula est active lorsque nous ressentons, par exemple, de la douleur, que celle-ci soit d'origine physique (la piqûre d'une abeille) ou psychique (le rejet d'un être aimé), et elle jouerait aussi un rôle dans la reconnaissance de l'état affectif d'autrui et le sentiment d'empathie. Comprendre le rôle de ces neurones pourrait donc être important pour certains handicaps comme l'autisme, où des anomalies au niveau des NVE ont été décrites, ainsi que pour certaines maladies dégénératives dans lesquelles prédominent les troubles sociaux et affectifs.

Enfin, sur une note plus légère, on peut, sans trop s'avancer, faire l'hypothèse que l'engouement collectif pour les histoires sentimentales des autres s'explique par l'effet excitateur de leur récit sur nos NVE ! Finalement, ce n'est peut-être pas si mal que ces neurones ne soient pas nombreux dans notre cortex !
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Jean
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Re: Recherches sur l'autisme

Message par Jean »

Sylvie Chokron, la vision remodelée

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 27.01.2014 | Pascale Santi
Image
Sylvie Chokron.

Viens me voir, je veux des yeux qui regardent. » D’une voix douce, Sylvie Chokron s’adresse à Emilie, 4 ans. A la suite d’une lésion dans la région occipitale du cortex, liée à un accident opératoire, la petite fille souffre de cécité corticale, une perte de perception visuelle. Ses yeux ne sont pas atteints, il ne s’agit pas de troubles ophtalmologiques, mais de la conséquence d’une atteinte cérébrale. Lors de cette consultation à l’Unité fonctionnelle vision et cognition à la Fondation ophtalmologique Adolphe de Rothschild, à Paris, Sylvie Chokron, qui dirige l’unité, prend son temps, propose une lumière dans l’obscurité, des objets très contrastés, en noir et banc. Un vrai dialogue s’instaure avec l’enfant. Une heure plus tard, Emilie la « regarde les yeux dans les yeux ». « Super ! », s’exclame la neuropsychologue. Elle a créé, en 1993, la première consultation spécialisée dans le diagnostic et la prise en charge des troubles visuels après une lésion neurologique.

Aujourd’hui, une centaine de patients, du bébé à l’âge adulte, y sont reçus chaque semaine, mais la liste d’attente est longue. Cette unité, qui compte une dizaine de cliniciens et chercheurs, mêle recherche et clinique. Pour Sylvie Chokron, l’un ne va pas sans l’autre. Elle vient d’ailleurs de prendre la responsabilité de l’équipe perception, action et développement cognitif du laboratoire de psychologie de la perception (CNRS, université Paris-Descartes).

« SÉVÈRES TROUBLES DE L’APPRENTISSAGE »

« On voit des situations dramatiques, des enfants arrivent à l’âge de 10 ans avec de sévères troubles de l’apprentissage », constate-t-elle. De nombreuses études montrent en effet que ces atteintes neurovisuelles peuvent avoir des conséquences sur le développement de l’enfant, au niveau cognitif, comportemental, et dans ses acquisitions scolaires.

A 8 ans, Nicolas, né en 2000, ne savait pas lire. « J’avais constaté un comportement anormal, il était maladroit, mais les médecins me prenaient tous pour une dingue, raconte sa mère, Luz. Un ergothérapeute m’a dit un jour : “Il ne suit pas du regard, il a un problème visuel”. » Lors de la première consultation avec Sylvie Chokron, celle-ci lui dit : « Tu vas apprendre à lire et à écrire. » Aujourd’hui, il est en classe de cinquième, avec seulement une année de retard. C’est grâce à des séances d’entraînement plusieurs fois par jour que le réapprentissage de la fonction visuelle a pu fonctionner. Ce sont le plus souvent d’autres régions cérébrales que celles qui ont été lésées qui sont activées.

UN TEST STANDARD DE COGNITION VISUELLE

On estime qu’entre 3 % et 4 % des enfants pourraient présenter ce type de troubles, souvent sous-estimés. La Direction générale de la santé (DGS) a donc proposé, en 2006, à Sylvie Chokron de mettre en place un test standard de cognition visuelle pouvant être proposé à tous les enfants en grande section de maternelle. Finalisé en 2010, il est en est train d’être diffusé à grande échelle. « On travaille aussi sur des tests de dépistage pour les enfants de moins de 4 ans, y compris les bébés, notamment ceux nés dans un contexte à risques (grande prématurité, anoxie néonatale), explique Sylvie Chokron. Ces batteries visent à dépister au plus vite des troubles de la fonction visuelle afin d’en limiter les conséquences possiblement délétères sur les interactions sociales et la cognition. Nous sommes en train d’étalonner ce test, qui devrait être prêt dans dix-huit mois. »

Outre l’implication du ministère de la santé, l’ensemble de ces recherches sont soutenues par les fondations caritatives Rothschild, JED-Belgique, Orange et la Fondation de France. Sylvie Chokron mène aussi, avec Tiziana Zalla, de l’Ecole normale supérieure à Paris, et la psychiatre Marion Leboyer des recherches pour caractériser les troubles visuels chez les patients atteints d’autisme ou du syndrome d’Asperger.

LA CONSULTATION DURE ENVIRON DEUX HEURES

« Sylvie Chokron contribue au rayonnement de la Fondation ophtalmologique Adolphe de Rothschild, souligne Firoz Ladak, directeur général des fondations Edmond de Rothschild. Non seulement par la qualité de ses travaux, mais aussi parce qu’elle est profondément humaine. » La consultation dure environ deux heures. La clinicienne fait preuve d’une réelle empathie avec les enfants, disent les parents qui viennent consulter. « C’est un beau cadeau que tu me fais », dit-elle à Charles, 10 ans et demi, lorsqu’il dit : « J’ai vu ! » pour la première fois. Atteint de cécité corticale à la suite d’un traumatisme crânien, Charles a été diagnostiqué non-voyant à l’âge de 4 mois.

Passionnée, Sylvie Chokron a d’abord été orthophoniste à la Pitié-Salpêtrière (Paris) pour des personnes ayant eu une lésion cérébrale. Elle a suivi en parallèle un cursus en psychologie. Elle passe une thèse de neurosciences de la vision, avec le professeur Michel Imbert, chercheur. D’emblée, elle a voulu faire de la clinique. Maître de conférences puis chercheuse CNRS à Chambéry et à Grenoble, elle a saisi une opportunité de consultation à la Fondation Rothschild pour rejoindre à Paris son mari, Gérard Helft, professeur de cardiologie à la Pitié-Salpêtrière. C’est en 2005 qu’elle décide de créer une vraie équipe de recherche à la fondation.

AUTEUR OU COAUTEUR D’UNE CENTAINE D’ARTICLES

Grande travailleuse, Sylvie Chokron est discrète sur sa vie privée, et se demande pourquoi on a pensé à elle pour faire un portrait. Auteur ou coauteur d’une centaine d’articles, sa réussite n’est pas sans susciter des jalousies. Elle n’est pourtant pas carriériste et essaie de consacrer du temps à ses deux filles âgées, de 11 ans et 17 ans. « Elle s’octroie des week-ends dans sa maison de campagne, avec des amis alentour, pour s’extraire de la vie citadine », dit son amie Florence Sultan, directrice générale des éditions Calmann-Lévy, sa « voisine de campagne ». « Sylvie a une excellente perception de l’être humain, estime Nathalie Florentin, orthophoniste, amie depuis la classe de quatrième. Audacieuse, elle n’hésite pas à prendre des chemins de traverse pour arriver à ses fins et ne laisse pas les choses de côté. »
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