Personnes bienveillantes et amis plus âgés

[Loup]

Ce n'est pas directement en relation avec l'autisme, donc je préfère poser mes réflexions dans cette section.

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours cherché la compagnie de personnes plus âgées que moi.
En maternelle, je m'entendais bien avec les profs, le personnel de l'école, ou les animatrices, primaire pareil. Collège, je commençais déjà un peu à le solliciter à travers les profs ou les surveillants. Les profs au lycée (je suis restée en contact avec deux), en prépa, l'un est un ami que je vois de temps en temps, et j'en croise deux autres régulièrement puisqu'elles enseignent dans mon école également.
Aux beaux-arts, je me suis liée d'amitié avec un prof que j'ai eu en 1ère et 2ème année (plus de 60 ans) que je vois également, 1 ou 2 fois par an (il est parti de l'école pour cause de maladie), puis suis très amie avec mon prof de sculpture (50 ans). Mon autre ami le plus proche a 45 ans. Un autre a la trentaine, et j'échange quelques fois avec lui (un peu compliqué de se croiser, il habite dans le sud).
(j'ai aussi deux amies de mon âge à peu près ^^ Mais c'est plus internet-pour le moment)

Je me sens mieux avec des personnes que je considère comme bienveillantes, paternelles (puisque que ce sont des hommes). Ce sont ces personnes qui me rassurent le plus. Surtout mon prof de sculpture, la relation qu'on a marche bien, il fonctionne comme moi, et trouve toujours les mots. Et j'essaye de lui rendre la pareille. Le truc, c'est que c'est encore mon prof. Et mon autre ami n'habite pas en Bretagne. Donc, je n'ai pas vraiment de personne régulière et physique avec qui je pourrais me poser un peu. Je crois que je cherche à combler un manque affectif.
Pourtant, mon père est là, présent (même si ça a été très compliqué à des moments, et violent), pourtant que je ne ressens pas la même confiance, je ne suis pas complètement rassurée en sa présence (je pense savoir à quoi c'est dû).
Je me demande ce qui fait que je cherche autant ce genre de présence. Manque de repères? D'affection?

Quand je vois dans un récit, une série ou un film, une personne comme celles-ci, j'ai un gros vide qui se creuse.

Y a t-il d'autres personnes avec ces sensations? Cette recherche?

(je ne sais pas si je fais bien de poser ces questions, je n'ai pas encore beaucoup évoqué tout ça avec quelqu'un...)

[evolution650HBn°2]

Bonjour Loup,

C'est difficile de parler de cela car je m'auto-gêne en y repensant, car je ne comprends pas du tout le pourquoi du comment.
Toute ma vie, en effet, je regardais les femmes plus âgées et m'imaginaient qu'elles étaient ma mère (???), j'imaginais certaines scènes etc. Je ne sais pas du tout pourquoi, car ma mère a toujours été présente et exemplaire. Mystère.

[Loup]

Hum, oui, désolée si le sujet est un peu trop sensible pour certains... (et il l'est pour moi aussi, mais je me questionne...).

[evolution650HBn°2]

En tout cas, cela serait très rassurant de trouver d'autres témoignages allant dans ce sens..

[Jean]

Je pense, Loup, que c'est fréquent pour les enfants TED. Leur problème d'interactions sociales est avec les pairs. Ils en ont moins avec les plus âgés (ou même parfois les plus jeunes). Les centres d'intérêts - atypiques de l'âge - peuvent les rapprocher, ou la personne âgée (çà commence très bas, avec toi, dis donc !) est effectivement plus bienveillante (ce n'est pas une caractéristique de l'âge, car les personnes âgées sont plus intolérantes en moyenne - deviennent plus intolérantes : racisme, homophobie et tutti quanti font de bons scores dans cette tranche).

Là, je parle en général (je ne suis pas un spécialiste, seulement un ramasseur de réflexions entendues ici ou là). Il y a peut-être autre chose en ce qui te concerne : à toi de chercher

[Loup]

Je pense, Loup, que c'est fréquent pour les enfants TED. Leur problème d'interactions sociales est avec les pairs. Ils en ont moins avec les plus âgés (ou même parfois les plus jeunes). Les centres d'intérêts - atypiques de l'âge - peuvent les rapprocher, ou la personne âgée (çà commence très bas, avec toi, dis donc !) est effectivement plus bienveillante (ce n'est pas une caractéristique de l'âge, car les personnes âgées sont plus intolérantes en moyenne - deviennent plus intolérantes : racisme, homophobie et tutti quanti font de bons scores dans cette tranche).

Oui, j'aime bien faire les choses à fond...
Les enfants hpi sont aussi concernés par ce genre de relation, du fait des intérêts, et des réflexions qui ne sont pas de leur âge. J'imagine que ça doit aussi jouer chez moi.

Là, je parle en général (je ne suis pas un spécialiste, seulement un ramasseur de réflexions entendues ici ou là). Il y a peut-être autre chose en ce qui te concerne : à toi de chercher

Bien sûr, je ne vous demande pas de trouver les réponses à ma place. Mais des témoignages, ou des échanges peuvent parfois accélérer les choses au niveau de la réflexion. Je tente le coup...
Je vais noter ça pour ma prochaine séance avec la psy.

[Rose]

J'ai pratiquement toujours fréquenté des personnes plus âgées. Quand j'écris plus âgées, ce sont des personnes qui quand j'avais 20 ans en avaient 40 ou 50 et plus.
Loup, je pense que c'est normal que ce soit différent avec ton père, il est "partie prenante" dans ta vie, donc vos échanges ne sont pas neutres. Ce que tu trouves peut-être avec ces personnes c'est justement ce qu'en psy on appelle "la neutralité bienveillante". C'est un lien totalement libre, une relation sans "passé", sans "affectif" , libre donc.
La fréquentation de ses pairs (même âge, même centres d'intérêts) va faire plus ressortir les différences, et le décalage. Pour moi, avec le recul de l'âge, je me suis rendu compte que fréquenter ces personnes plus âgées représentaient moins de "risques", car elles étaient plus "ouvertes" à ma différence.
Elles avaient ce regard bienveillant et sans jugement qui m'a permis d'avancer dans la vie. Elle m'ont donné confiance en moi en me poussant gentiment vers le monde. Pourtant, avec le recul, je me dis que ce n'était pas gagné...

[Tugdual]

Je n'ai pas l'impression de rechercher des échanges
avec des personnes plus agées, mais je dois quand
même constater que j'ai plus d'affinités avec elles.
Je pense que c'est principalement en raison des centres
d'intérêts, mais aussi des réflexions souvent plus profondes.

Le deux personnes avec lesquelles je me sens proches
sont une de mes tantes, et un voisin (pas juste à côté),
qui ont tous deux l'âge de mes parents. Il y a aussi,
tout de même, deux voisines (un peu atypiques)
dans mes âges avec lesquelles je m'entends bien ...

Par contre, la moindre notion de hiérarchie me perturbe
beaucoup, et créé un gouffre en ce qui me concerne.
Je n'ai ainsi jamais réussi à échanger d'égal à égal
avec mes profs, quand bien même je les appréciais.

Elles avaient ce regard bienveillant et sans jugement qui m'a permis d'avancer dans la vie.

Je pense aussi que c'est cet aspect que je recherche
dans une relation, et que je ne trouve le plus souvent
qu'avec des personnes plus agées ou atypiques ...

[Loup]

Loup, je pense que c'est normal que ce soit différent avec ton père, il est "partie prenante" dans ta vie, donc vos échanges ne sont pas neutres. Ce que tu trouves peut-être avec ces personnes c'est justement ce qu'en psy on appelle "la neutralité bienveillante". C'est un lien totalement libre, une relation sans "passé", sans "affectif" , libre donc.

Je ne connaissais pas ça...
Pourtant la relation finit par se construire, donc on finit par avoir un vécu en commun. Ce que je trouve bizarre, c'est de rechercher une relation semblable à laquelle j'aurais pu avoir avec mon père, c'est à dire un accompagnement affectif (avec mon père, nos relations se portent mieux sur le point de discussions artistiques, ou sur quelques sujets... Mais je n'arrive pas à réellement me confier, peut-être à cause de son analyse constante et développée des choses, ou parce qu'il a du mal à imaginer ce que je pouvais ressentir à des moments...).

Elles avaient ce regard bienveillant et sans jugement qui m'a permis d'avancer dans la vie. Elle m'ont donné confiance en moi en me poussant gentiment vers le monde. Pourtant, avec le recul, je me dis que ce n'était pas gagné...

Et tu as gardé contact avec ces personnes?
Je me doute que je cherche des repères stables pour avancer, ou tenir... J'espère juste que ça ne va pas durer toute ma vie, c'est embêtant d'être parfois trop dépendant de quelqu'un comme ça. On a l'impression que sans lui, ça n'ira pas.

Je n'ai pas l'impression de rechercher des échanges
avec des personnes plus agées, mais je dois quand
même constater que j'ai plus d'affinités avec elles.
Je pense que c'est principalement en raison des centres
d'intérêts, mais aussi des réflexions souvent plus profondes.

Ça a été souvent ça aussi (et encore aujourd'hui). C'est une recherche en tout cas.

Par contre, la moindre notion de hiérarchie me perturbe
beaucoup, et créé un gouffre en ce qui me concerne.
Je n'ai ainsi jamais réussi à échanger d'égal à égal
avec mes profs, quand bien même je les appréciais.

C'est quelque chose qui ne m'a pas posé de difficultés, je les considère comme quelqu'un ayant un savoir à partager, j'en ai certains aussi, c'est donc pour moi une relation, un échange égal. Je n'ai, par exemple, aucun mal à les tutoyer ou à leur faire la bise -si nécessaire (contrairement à beaucoup de mes collègues au début du cursus). Je pense avoir certaines barrières sociales en moins, ce qui fait que la hiérarchie dans un endroit où je travaille ou étudie n'en est pas une, je peux échanger librement. Ce qui fait que les profs m'ont souvent apprécié. Ça ne m'empêche absolument pas de les respecter, au contraire.

[Nath62]

On m'a inculqué (sévèrement, donc je pense que ça a été dur à entrer dans ma petite tête) la hiérarchie et le respect de l'ainé, il m'est difficile de passer outre ces faits et avec les relations inertnet, ça mène chez moi à des incohérences internes (je tutoie sur le net, puis parfois dans la vie, des personnes que jen'aurais jamais tutoyé selon mon éducation).

Passé ce fait, je ne me suis jamais autant sentie à l'aise que parmi les jeunes adultes (une vingtaine d'années) du village alors que j'avais 9-11 ans, avec mes responsable hirarchiques, avec des vieux amis de la famille. La barrière "équivalence d'âge" ne s'ouvre que face à une personne (je m'en suis rendue compte après coup pour certaines, après m'être rendue compte que j'étais atypique) atypique. Sinon, je ne sais quoi leur dire, quoi faire avec.

Enfant, c'était simple, seuls les adultes avaient la capacité de comprendre ce que je leur racontais (les intéresser, sans doute moins parfois), le lien étant moins fort, peut être aussi qu'il y avait moins d'antagonisme et de prise de pouvoir de leur part que de la part des pairs)
Après, ça a toujours été, plus d'atômes crochus avec le splus âgés.

Mais avec l'âge (le grand ), je me lie aussi avec des plus jeunes (mini 10 de moins qu emoi), sans doute que mon expérience me met à part et que les relations sont autres que si avec mes pairs. Ma meilleure amie a 10 ans de plus que moi, ma seconde (dans le temps d'arrivée dans ma vie), 10 ans de moisn que moi.

La relation avec des personnes d'un sexe différent est différente, du moins désormais que je suis classée "pas à caser", même si avec des hommes de mon âge, ça reste moins intéressant qu'avec les plus âgés ou plus jeunes, c'est moins difficile quand même.

[Rose]

@ Loup. De loin en loin un appel téléphonique, mais les liens se sont distendus avec les obligations familiales, la vie... Certaines personnes sont décédées; (et bien oui je ne suis plus toute jeune et eux ont vieilli aussi...)
Je dois dire que je ne suis pas une championne au jeu: savoir garder ses amis. Je suis très négligente, ne répond pas souvent aux cartes de voeux. Mais je peux revoir une personne 20 ans après et parler avec elle exactement comme si nous nous étions vues la veille.
C'est juste une relation à un moment donné, dans un contexte donné. Mais ces personnes m'ont vraiment beaucoup apporté, ont été de vrais modèles à un moment où il était nécessaire que j'arrive à m'adapter au monde. Je voulais faire partie du monde. Avec ces personnes plus âgées, j'ai compris ce que pouvaient être des points de vues divergents, sans pour autant qu'un point de vue soit plus "respectable" qu'un autre, que chacun de nous fait partie du monde. Je crois que c'est par mimétisme que j'ai progressé dans ma vie sociétale (?), grâce à elles.
Et non, jamais je ne suis devenue "dépendante" d'aucune. Mais j'appréciais de me voir considérée comme une personne, unique, responsable, sans à-priori ni jugement. Juste moi.

[Maria Rilke]

Je ne trouve pas ta question inutile, bien au contraire,

j'ai moi-même ce "problème", les vieux sont les seuls qui savent me mettre à l'aise. Il y a souvent une forme de douceur, passé 60, 70..
J'attribue cela notamment au fait de n'avoir presque pas eu de GMère ou GP.

Mais des intérêts intellectuels et une apparente fragilité peut en être la cause aussi, et le fait que les vieux nous apprécient. Ils veulent mettre un voile de douceur sur nos sensibilités.

De 13 à 18ans environ je me souciais de ne fréquenter que des adultes. C'était plus simple. Il y avait le lycée mais c'était secondaire, je n'accordais pas ma confiance.

Aujourd'hui c'est mélangé, et je souffre des nouvelles relations qui sont de mon âge.

Je dois faire avec une relation de couple où nous avons seulement 1 an de décalage. C'est étrange ! Mon ex compagnon avait 16 ans de différence avec moi.. je n'avais connu que des relations (longues) de ce type.

La relation au prof, je pourrai en écrire des romans..

On cherche des fars.. et un peu d'insouciance sage. Ce type de relation, amicales ou amoureuses, peuvent très bien se combiner !

[Pupuce]

......................

[Tempus Fugit]

J'ai ressenti ca aussi. au delà de l'age ce sont surtout des personnes bienveillantes qui m'attirent. et il se trouve que ce sont souvent des personnes plus âgées, mais je n'ai jamais fait le rapport avec l'age. je dois même dire que certain étaient mort lorsque je leur parlais : Freud Einstein Schopenhauer
Autour de moi il y en avait aussi, mon prof de lettre au lycée, mes oncles, mais je n'ai jamais "creusé" les échanges. je me contentais d'observer de loin. j'ai eu une étape de mutisme ado, je ne parlais plus du tout. Je ne faisais que lire et chercher les réponses a mes questions dans les livres. les humains étaient pour moi trop dangereux. et même si j'avais envie de parler avec les personnes qui m'attiraient spirituellement je n'y arrivais pas.
J'aurais adoré avoir quelqu'un qui panse mes blessures avec des paroles apaisantes. sans me demander quoi que ce soit en retour. mais j'avais conscience que ces personnes ne me devaient rien et donc je ne disais rien.
par honte. et c'est cette même honte qui me met mal a l'aise lorsque j'en parle.
Dans l'environnement ou j'ai grandi, il fallait être performant, mon collège et lycée étaient classé meilleur de France. je n'avais pas le droit a l’échec, je n'avais pas le droit de demander de l'aide sinon j'étais une ratée. Mais bien sur, comme l’excellence rime avec politiquement correct, personne ne me le disait que j'étais une ratée. mais je le voyais bien dans le regards des autres. et dire a quelqu'un : "aide moi stp, dis moi comment je dois faire" c'est un aveu d’échec que je ne pouvais pas me permette. une humiliation en somme.
Il y a aussi le fait que j'ai ma fierté, qui m’empêche de reconnaître que j'ai besoin d'aide. L’indépendance était une grande qualité que les gens autour de moi mettaient dans un autel et encensaient tout les matins.
être une personne faible qui a constamment besoin d'affection, c'est le mal absolue. alors j'ai essayé de devenir forte toute seule. Mais ca revenait a demander a un enfant de 5ans de porter des poids de musculation de 50 kg, il fini par y arriver, mais son corps est détruit. il ne grandit plus normalement. comme les bébé gymnaste qui se retrouvent avec plein de problèmes de croissances.

[Djems]

Pourtant, mon père est là, présent (même si ça a été très compliqué à des moments, et violent), pourtant que je ne ressens pas la même confiance, je ne suis pas complètement rassurée en sa présence (je pense savoir à quoi c'est dû).
Je me demande ce qui fait que je cherche autant ce genre de présence. Manque de repères? D'affection?

Je reprends ta phrase Loup parce qu'elle percute très bien avec mon ressenti.

J'ai aussi eu des problèmes avec mon père, à la fois présent et absent et qui aujourd'hui, j'en suis quasi sure, est aspie. Quand je l'appelais à l'aide, il comprenait jamais rien et quand il intervenait il foutait une pagaille pas possible en résolvant aucun problème et en créant d'autres. Résultats: je me suis très vite passée de lui même si je l'aime évidemment. Mais je le considérais un peu comme un enfant.

J'ai toujours préféré regarder les hommes plus âgés, même si aujourd'hui je suis avec un homme de mon âge (uniquement parce que c'est plus compliqué de faire une famille stable avec un homme plus âgé et la pression sociale etc) mais je me gêne pas pour profiter de leur agréable compagnie Ils sont pour moi plus réfléchis, calmes, sages et embellis par le temps (enfin y'a des exceptions aussi)

Ça ne fait que quelque temps que je me suis penchée sur la question et que j'ai compris que je cherchais l'affection que j'ai jamais reçue de mon père (il ne m'a jamais pris dans ses bras ou autre). Même si je suis accompagnée, mon homme est plutôt fragile et je me sens pas vraiment en protection avec lui. Je reste donc dans ma tête à la recherche d'un protecteur, comme je suis en plus une forte personnalité, ces hommes là ne sont pas facile à trouver.

Par contre, j'ai pas eu de relation privilégiée avec mes profs, bien quelques-uns avec qui ça collait bien mais je recherchais pas plus que ça leur attention. Je restais méfiante