Pour ma part, j’y vois des points positifs et des points qui me questionnent.
Mon analyse ne peut être que sommaire puisque je n’ai pas lu le livre et qu’il ne sort qu’en mars prochain. Mes impressions se basent donc sur les éléments suivants : la vidéo de présentation et le résumé du livre.
Parmi les points positifs, je trouve intéressant que l’auteure fasse mention de l’hyperacuité sensorielle (qui se rapporte à « The intense world theory » (référence :
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3010743/)). C’est quelque chose qui me parle vraiment beaucoup. Je me demande, par ailleurs, si cet aspect n’est pas quelque chose de central dans la présentation autistique (et qui devrait peut-être être pris davantage en considération que ça ne l’a été jusqu’à présent).
Je trouve aussi très intéressant ce qu’elle dit à propos du retrait derrière une barrière attentionnelle. Cela me parle également beaucoup et me fait penser à plusieurs documents et témoignages lus ou visionnés se rapportant au syndrome d’asperger.
Je trouve également intéressant que soit soulignée l’intériorité des personnes autistes (qui n’est souvent pas prise en compte comme elle le devrait), la difficulté par rapport aux codes de communication sociale, le rapport à la solitude (le besoin de solitude et le sentiment de parfois s’y sentir emprisonné), la mention de stratégies mimétiques pour se fondre parmi les autres.
Ce qu’elle nomme « l’équation insoluble » en lien avec « la peur des gens », a également attiré mon attention. Selon l'auteure, tous les êtres humains doivent, à tous moments, résoudre cette équation (déterminer si les personnes croisées ou côtoyées sont des prédateurs ou des sauveurs – selon sa description). Personnellement, je trouve un peu fort les termes « prédateur » et « sauveur », mais ce que je comprends, c’est la difficulté pour la personne autiste, à déterminer si les personnes rencontrées sont davantage des « amis », des alliés, des personnes favorables ou non dangereuses VS une personne qui nous veut du mal, qui profite de soi, etc. Toujours selon elle, les personnes autistes oscillent, n’arrivent pas à résoudre cette équation et cela fait qu’ils ne peuvent pas se civiliser. Le concept de base me parle (lorsque je rencontre quelqu'un, je me demande souvent : à qui j'ai affaire ?). C’est une problématique que je rencontre, j’ai beaucoup de mal à déterminer les intentions d’autrui, de comprendre où la personne en face de moi se situe, ce qu’elle me veut, etc. Par contre, je trouve la conclusion de cette personne un peu forte, voire exagérée. Je conçois qu’une personne aspie puisse avoir du mal dans ce champ, mais de là à dire qu’ils ne peuvent pas se civiliser… Cette difficulté complexifie certainement les choses, mais ne les rend pas impossibles. Les personnes aspies m’apparaissent, par ailleurs, souvent plus civilisées que bien des personnes dites neurotypiques.
Par rapport au résumé du livre, il est dit que « Des pistes pour la psychothérapie des personnalités autistiques qui visent à renforcer leurs spécificités psychiques plutôt qu’à les transformer sont ici évoquées. » J’espère avoir la chance un jour de lire ce chapitre. J’ai conscience que les personnes autistes n’ont pas forcément besoin de psychothérapie (en tous les cas pas pour « soigner leur autisme »). Par contre, comme tout un chacun, il arrive aux personnes autistes d’avoir à composer avec des difficultés autres (difficultés familiales, maladie, trouble anxieux, dépression, événement de vie difficile…) et qu’une psychothérapie soit entamée. Les thérapies conventionnelles ne semblent pas être très adaptées aux personnes qui ont des composantes autistiques. Alors cet aspect pique ma curiosité. (Sachant aussi qu’une des raisons qui a fait penser à mon psychologue qu’il pouvait exister des traits autistiques chez moi a été le fait que je réagissais mal aux approches qui normalement aident les personnes qui rencontrent des difficultés semblables aux miennes). Ce qui est évoqué ici, rejoint ce que j'ai déjà lu par ailleurs de certains spécialistes (qui soulignent que l'accent devrait être mettre mis sur les forces plutôt que sur les déficits). Peut-être que de telles approches peuvent éviter de rencontrer des impasses en psychothérapie ? (donc éviter des souffrances supplémentaires et offrir une aide plus efficace).
Pour les points un peu plus négatifs ou en tous les cas questionnants :
Je me demande quel est le rapport qui a été développé dans sa réflexion par rapport à la psychanalyse qui a été évoquée ?
Je me demande pourquoi s’être faite la porte-parole des aspies et ne pas avoir donné (au moins en partie) la parole aux aspies eux-mêmes? La vision de l'autisme me semble passer un peu trop souvent par le filtre du "spécialiste".
Si je trouve intéressant qu’un livre se rapportant
aux adultes soit écrit (et qu’il le soit de surcroit par une auteure francophone), je me demande pourquoi le livre est classé dans la collection « La vie de l’enfant » des éditions Éres ? Et apparaisse sous le thème « Enfance & Parentalité » ?
Bref, dans ses propos ainsi que dans la présentation du livre, je trouve des choses intéressantes et d’autres questionnantes.
P.-S. désolée si mon message est un peu brouillon, je n'ai pas le temps pour le peaufiner à mon goût, mais je souhaitais quand même partager mes réflexions.