[Vidéo] Daniel Tammet
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[Vidéo] Daniel Tammet
Juste pour signaler les vidéos d'interviews de Daniel sur France2
http://fr.youtube.com/watch?v=hKZoDHTTvmg
http://fr.youtube.com/watch?v=6NKZcQClsxE
(en deux parties)
et aussi sur France24
http://fr.youtube.com/watch?v=Uw-Jq-L9YSo
(c'est plus intéressant que celui de France2 car moins people).
http://fr.youtube.com/watch?v=hKZoDHTTvmg
http://fr.youtube.com/watch?v=6NKZcQClsxE
(en deux parties)
et aussi sur France24
http://fr.youtube.com/watch?v=Uw-Jq-L9YSo
(c'est plus intéressant que celui de France2 car moins people).
Bernard (55 ans, aspie) papa de 3 enfants (dont 2 aspies)
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Re: Daniel Tammet
3ème livre de Daniel Tammet
"L'Eternité dans une heure: la poésie des nombres" aux Editions Les Arènes
5 mn d'interview au journal de 13h de France 2 - le 18/01/2013
http://www.francetv.fr/culturebox/inter ... res-131167
Il danse avec les nombres
Marie Quenet - Le Journal du Dimanche -dimanche 13 janvier 2013
Daniel Tammet, autiste Asperger, figure parmi les "100 génies vivants". Il publie cette semaine L’Éternité dans une heure, une approche des maths qui fait rêver.
Dans son univers, les nombres apparaissent comme autant de couleurs, de formes ou de textures différentes. Le 1 est "blanc brillant", le 2 "comme le vent", le 6 "tout petit, noir, un peu triste" : "Françoise Sagan aurait pu écrire Bonjour six." Le 89 ressemble à "la neige qui tombe", le 251 à "une pomme dans un tableau de Cézanne"… Daniel Tammet est doué de synesthésie, une confusion des sens. Et il est atteint du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme de haut niveau. Son histoire, il l’a racontée il y a sept ans dans Je suis né un jour bleu, un bestseller traduit dans 24 langues, vendu à 750.000 exemplaires. Jeudi, il sort son troisième livre, L’Éternité dans une heure*, une initiation à la poésie des nombres.
Cet Anglais de 33 ans, né d’un père ouvrier et d’une mère secrétaire, figure parmi les "100 génies vivants" élus par un panel d’experts. On est loin de l’enfant "timide", "sensible", qui avait "deux mains gauches". À l’école, Daniel n’avait pas d’amis. Chez lui, il restait souvent à l’écart de ses huit frères et soeurs. Il collectionnait les marrons, les prospectus et les coccinelles. Il n’a été diagnostiqué qu’à 25 ans. Un soulagement : "Je savais que j’étais différent."
"Je ne veux pas impressionner les gens, je veux les transformer"
Le 14 mars 2004, date anniversaire de la naissance d’Einstein, sa vie bascule grâce au nombre Pi. Dans un musée d’Oxford, il récite les 22.514 premières décimales, dans l’ordre et sans erreur, en cinq heures et neuf minutes! "C’est comme un poème numérique. Chaque ligne de décimales représente un vers, 1.000 décimales une strophe", s’émerveille- t-il. "Il faut entrer dedans comme un peintre en train de créer un paysage." Première étape vers la reconnaissance.
Dans le monde de Tammet, les mots aussi sont en couleurs. Les prénoms, par exemple. Marie est "bleu foncé, presque violet", Bruno "marron, presque noir", Lucy a "une teinte bleu clair", et Suzanne "argentée"… Rien d’étonnant à ce que les langues l’aient toujours fasciné. Le jeune homme en parle une dizaine : l’anglais, le français, l’islandais – appris en quatre jours –, l’allemand, l’espéranto… À 10 ans, il s’est même inventé son propre langage, le mänti. Et a créé, plus tard, un site Internet d’apprentissage des langues pour gagner de l’argent.
Aujourd’hui, le génie est devenu "écrivain à plein temps". On le rencontre chez son éditeur parisien. Pull noir, lunettes et cheveux en brosse, il paraît plus jeune que son âge. Il s’exprime d’un ton affable, regarde par moments ailleurs, rougit parfois. Daniel Tammet le Parisien a un compagnon français avec lequel il aimerait se marier. Il vit très bien de sa plume et donne, à l’occasion, des conférences avec des intervenants aussi renommés que Bill Gates ou Al Gore.
Quand Daniel entend une date de naissance, il est capable d’indiquer instantanément le jour qui correspond. "Mais maintenant, je prends moins de plaisir à le faire", s’excuse-t-il doucement. Pas envie d’apparaître comme un animal de cirque : "Je ne veux pas impressionner les gens, je veux les transformer." On ne le verra plus donner, en quelques secondes, le résultat de 37 puissance 5 comme il le faisait naguère dans les talk-shows. Il y a quelques années, une télé américaine lui a proposé un million de dollars pour rivaliser chaque semaine avec un érudit. Il a décliné : "J’ai conscience de la fidélité des lecteurs, je ne veux pas les décevoir."
Plus question de confier, comme dans son premier livre, son "besoin presque obsessionnel d’ordre et de routine", cette habitude, par exemple, de manger 45 g de porridge, ni plus, ni moins, au petit déjeuner. Trop dangereux : "Regardez Amélie Nothomb : quand on la reçoit, on parle de son goût pour les fruits pourris, de son chapeau, mais très peu de son écriture." Lui ne veut pas être "perçu comme un ordinateur", mais tel un écrivain. Malgré sa timidité apparente, il a confiance en son talent : ne vient-il pas de recevoir les éloges de J.M. Coetzee, le Prix Nobel de littérature sud-africain?
Daniel Tammet écrit déjà des poèmes, il a un roman en cours. Et, en attendant, évoque son dernier livre. Vingt-cinq chapitres où l’on rencontre Tolstoï, fasciné par le calcul différentiel, Shakespeare découvrant le zéro, Anne Boleyn et ses onze doigts… Il y est aussi question d’extraterrestres, de flocons de neige ou du temps qui passe de plus en plus vite. Inclassable? Catherine Meyer, son éditrice, ne s’inquiète pas : "Il existe un public qui veut apprendre des choses, mais en rêvant."
"L'Eternité dans une heure: la poésie des nombres" aux Editions Les Arènes
5 mn d'interview au journal de 13h de France 2 - le 18/01/2013
http://www.francetv.fr/culturebox/inter ... res-131167
Il danse avec les nombres
Marie Quenet - Le Journal du Dimanche -dimanche 13 janvier 2013
Daniel Tammet, autiste Asperger, figure parmi les "100 génies vivants". Il publie cette semaine L’Éternité dans une heure, une approche des maths qui fait rêver.
Dans son univers, les nombres apparaissent comme autant de couleurs, de formes ou de textures différentes. Le 1 est "blanc brillant", le 2 "comme le vent", le 6 "tout petit, noir, un peu triste" : "Françoise Sagan aurait pu écrire Bonjour six." Le 89 ressemble à "la neige qui tombe", le 251 à "une pomme dans un tableau de Cézanne"… Daniel Tammet est doué de synesthésie, une confusion des sens. Et il est atteint du syndrome d’Asperger, une forme d’autisme de haut niveau. Son histoire, il l’a racontée il y a sept ans dans Je suis né un jour bleu, un bestseller traduit dans 24 langues, vendu à 750.000 exemplaires. Jeudi, il sort son troisième livre, L’Éternité dans une heure*, une initiation à la poésie des nombres.
Cet Anglais de 33 ans, né d’un père ouvrier et d’une mère secrétaire, figure parmi les "100 génies vivants" élus par un panel d’experts. On est loin de l’enfant "timide", "sensible", qui avait "deux mains gauches". À l’école, Daniel n’avait pas d’amis. Chez lui, il restait souvent à l’écart de ses huit frères et soeurs. Il collectionnait les marrons, les prospectus et les coccinelles. Il n’a été diagnostiqué qu’à 25 ans. Un soulagement : "Je savais que j’étais différent."
"Je ne veux pas impressionner les gens, je veux les transformer"
Le 14 mars 2004, date anniversaire de la naissance d’Einstein, sa vie bascule grâce au nombre Pi. Dans un musée d’Oxford, il récite les 22.514 premières décimales, dans l’ordre et sans erreur, en cinq heures et neuf minutes! "C’est comme un poème numérique. Chaque ligne de décimales représente un vers, 1.000 décimales une strophe", s’émerveille- t-il. "Il faut entrer dedans comme un peintre en train de créer un paysage." Première étape vers la reconnaissance.
Dans le monde de Tammet, les mots aussi sont en couleurs. Les prénoms, par exemple. Marie est "bleu foncé, presque violet", Bruno "marron, presque noir", Lucy a "une teinte bleu clair", et Suzanne "argentée"… Rien d’étonnant à ce que les langues l’aient toujours fasciné. Le jeune homme en parle une dizaine : l’anglais, le français, l’islandais – appris en quatre jours –, l’allemand, l’espéranto… À 10 ans, il s’est même inventé son propre langage, le mänti. Et a créé, plus tard, un site Internet d’apprentissage des langues pour gagner de l’argent.
Aujourd’hui, le génie est devenu "écrivain à plein temps". On le rencontre chez son éditeur parisien. Pull noir, lunettes et cheveux en brosse, il paraît plus jeune que son âge. Il s’exprime d’un ton affable, regarde par moments ailleurs, rougit parfois. Daniel Tammet le Parisien a un compagnon français avec lequel il aimerait se marier. Il vit très bien de sa plume et donne, à l’occasion, des conférences avec des intervenants aussi renommés que Bill Gates ou Al Gore.
Quand Daniel entend une date de naissance, il est capable d’indiquer instantanément le jour qui correspond. "Mais maintenant, je prends moins de plaisir à le faire", s’excuse-t-il doucement. Pas envie d’apparaître comme un animal de cirque : "Je ne veux pas impressionner les gens, je veux les transformer." On ne le verra plus donner, en quelques secondes, le résultat de 37 puissance 5 comme il le faisait naguère dans les talk-shows. Il y a quelques années, une télé américaine lui a proposé un million de dollars pour rivaliser chaque semaine avec un érudit. Il a décliné : "J’ai conscience de la fidélité des lecteurs, je ne veux pas les décevoir."
Plus question de confier, comme dans son premier livre, son "besoin presque obsessionnel d’ordre et de routine", cette habitude, par exemple, de manger 45 g de porridge, ni plus, ni moins, au petit déjeuner. Trop dangereux : "Regardez Amélie Nothomb : quand on la reçoit, on parle de son goût pour les fruits pourris, de son chapeau, mais très peu de son écriture." Lui ne veut pas être "perçu comme un ordinateur", mais tel un écrivain. Malgré sa timidité apparente, il a confiance en son talent : ne vient-il pas de recevoir les éloges de J.M. Coetzee, le Prix Nobel de littérature sud-africain?
Daniel Tammet écrit déjà des poèmes, il a un roman en cours. Et, en attendant, évoque son dernier livre. Vingt-cinq chapitres où l’on rencontre Tolstoï, fasciné par le calcul différentiel, Shakespeare découvrant le zéro, Anne Boleyn et ses onze doigts… Il y est aussi question d’extraterrestres, de flocons de neige ou du temps qui passe de plus en plus vite. Inclassable? Catherine Meyer, son éditrice, ne s’inquiète pas : "Il existe un public qui veut apprendre des choses, mais en rêvant."
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Daniel Tammet
La vidéo des éditions des Arènes
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Daniel Tammet
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Re: Daniel Tammet
Daniel Tammet, le conteur des nombres
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 17.01.2013
Daniel Tammet, le 11 janvier 2013.
Comment compterait-on si l'on avait non pas dix doigts mais onze, comme Anne Boleyn, la deuxième femme d'Henri VIII d'Angleterre, selon la légende ? Pourquoi Platon proposait-il de limiter sa cité idéale à exactement 5 040 foyers ? Elaborer un modèle prédictif du comportement de sa mère peut-il permettre de mieux la comprendre ? Voilà le genre de questions rafraîchissantes que pose l'écrivain britannique Daniel Tammet dans son dernier livre, L'Eternité dans une heure, qui paraissait cette semaine (traduction française aux éditions Les Arènes, 300 p., 19,80 euros). En 25 courts chapitres, ce bel objet met les mathématiques au coeur de l'histoire, de la littérature, du quotidien. De la vie, en somme.
"Je ne voulais pas être dans la non-fiction telle qu'on l'imagine, avec seulement des faits statistiques, des explications, explique Daniel Tammet dans un français impeccable teinté d'un léger accent. Les histoires sont vraies, mais je les ai écrites presque comme des nouvelles, avec de la poésie, des couleurs, des textures, des émotions." Dans un bureau de sa maison d'édition, en plein Saint-Germain-des-Prés, le jeune homme à l'allure d'étudiant se raconte sans compter son temps, en buvant thé sur thé. Un rituel tout britannique que ses cinq dernières années de vie passées en France n'ont pas écorné.
De ce garçon singulier, élu l'"un des 100 génies vivants" par un panel d'experts en 2007, beaucoup a déjà été dit. Y compris par lui-même et plutôt joliment dans ses deux précédents ouvrages - Je suis né un jour bleu (Editions 84, 2009), son autobiographie, et Embrasser le ciel immense (J'ai lu, 2011), vendus à un million d'exemplaires et traduits en 24 langues.
Aîné d'une famille nombreuse et modeste, Daniel Tammet est né le 31 janvier 1979 à Londres. Il est autiste de haut niveau - atteint d'un syndrome d'Asperger, dont le diagnostic a été porté alors qu'il avait 25 ans -, mais aussi synesthète, une forme de chevauchement des sens qui lui permet de visualiser de façon singulière les mots et tous les nombres jusqu'à 10 000, chacun se caractérisant par sa forme, sa couleur, son caractère. Le 4, nombre favori et en quelque sorte avatar de Daniel Tammet, lui apparaît timide et calme, le 37, grumeleux comme du porridge...
LITTÉRATURE MATHÉMATIQUE
Ses capacités de calcul et de mémorisation sont hors du commun. Il parle une douzaine de langues dont l'islandais, appris en moins d'une semaine lors d'une expérience diffusée dans un documentaire. En 2004, il a battu le record d'Europe de récitation des décimales du nombre pi : 22 514 énumérées sans faute en cinq heures et neuf minutes, après trois mois d'entraînement.
Dans ses écrits comme dans sa conversation, les mathématiques sont omniprésentes, mais elles semblent étonnamment concrètes, humaines presque. "Enfant, les nombres m'ont rassuré, c'était une amitié, confirme-t-il d'une voix douce, avec des mains qui virevoltent. Aujourd'hui, ils me passionnent et me stimulent, mais j'ai un regard d'écrivain, un peu plus détaché." Le génie britannique ne se voit d'ailleurs pas comme mathématicien, d'autant qu'il ne maîtrise pas l'algèbre. "Je suis davantage dans la littérature mathématique que dans les maths, plus Perec que Poincaré", résume-t-il.
Sa fascination de longue date pour le nombre pi reste intacte. Mais avec bientôt dix ans de recul sur sa performance des 22 514 décimales récitées en public, dans une salle du Musée de l'histoire des sciences d'Oxford, celui qui fut surnommé l'"homme-ordinateur" se dit plus impressionné par les émotions des spectateurs que par le défi technique qu'il a relevé.
Que seules les premières décimales de pi soient enseignées dans les écoles, sans amener les élèves à réfléchir sur les rythmes et les motifs de ce nombre admirable, lui paraît presque incongru. Illogique en tout cas, "comme si l'on apprenait seulement trois ou quatre mots de Molière", sourit-il. Participer à une réflexion sur l'enseignement des mathématiques pour les rendre plus vivantes et plus ludiques l'amuserait. Tout comme la proposition, si elle se présentait, de monter sur scène pour déclamer quelques centaines de décimales de pi, en une sorte de poème numérique. "Je ne vois pas pourquoi les nombres n'auraient pas autant de place dans un théâtre que dans un bureau de comptable ou un lycée", justifie-t-il.
Pour l'heure, il glisse de plus en plus vers la fiction, avec l'écriture d'un roman et la publication de ses propres poèmes. Et il traduit en français ceux du poète australien Les Murray, également atteint d'un syndrome d'Asperger. Pas de recherche communautaire pour autant chez Daniel Tammet. A la différence d'un Josef Schovanec, autiste de haut niveau devenu ambassadeur des autistes, il ne se sent ni la capacité ni l'envie d'être un porte-parole. Mal à l'aise et frustré, dit-il, par des débats (autour de la psychanalyse par exemple) où la complexité et les nuances sont esquivées au profit des émotions. Peut-être aussi ne veut-il plus être vu seulement comme un autiste, si savant soit-il, lui qui a mis tant d'années à sortir de son enfermement intérieur. Longtemps, il a prêté son cerveau à la science, ce qui lui a, au passage, permis de mieux se connaître ; il préfère désormais passer le relais...
Tammet l'écrivain pense bientôt demander la nationalité française, envisage un mariage avec son compagnon français. Protestant, il comprend les réticences des catholiques face au mariage homosexuel. "Mais l'important, estime-t-il, est que chacun trouve sa place dans l'égalité des droits et des responsabilités". A la question : "Modéliser le comportement de sa mère permet-il de la comprendre ?", qu'il a explorée dans l'enfance, il a finalement répondu "non". Mais c'est ainsi qu'il a réalisé combien il tenait à elle. "Pourquoi y aurais-je mis autant d'efforts et de temps si ce n'est parce que je l'aimais ?"
Sandrine Cabut
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 17.01.2013
Daniel Tammet, le 11 janvier 2013.
Comment compterait-on si l'on avait non pas dix doigts mais onze, comme Anne Boleyn, la deuxième femme d'Henri VIII d'Angleterre, selon la légende ? Pourquoi Platon proposait-il de limiter sa cité idéale à exactement 5 040 foyers ? Elaborer un modèle prédictif du comportement de sa mère peut-il permettre de mieux la comprendre ? Voilà le genre de questions rafraîchissantes que pose l'écrivain britannique Daniel Tammet dans son dernier livre, L'Eternité dans une heure, qui paraissait cette semaine (traduction française aux éditions Les Arènes, 300 p., 19,80 euros). En 25 courts chapitres, ce bel objet met les mathématiques au coeur de l'histoire, de la littérature, du quotidien. De la vie, en somme.
"Je ne voulais pas être dans la non-fiction telle qu'on l'imagine, avec seulement des faits statistiques, des explications, explique Daniel Tammet dans un français impeccable teinté d'un léger accent. Les histoires sont vraies, mais je les ai écrites presque comme des nouvelles, avec de la poésie, des couleurs, des textures, des émotions." Dans un bureau de sa maison d'édition, en plein Saint-Germain-des-Prés, le jeune homme à l'allure d'étudiant se raconte sans compter son temps, en buvant thé sur thé. Un rituel tout britannique que ses cinq dernières années de vie passées en France n'ont pas écorné.
De ce garçon singulier, élu l'"un des 100 génies vivants" par un panel d'experts en 2007, beaucoup a déjà été dit. Y compris par lui-même et plutôt joliment dans ses deux précédents ouvrages - Je suis né un jour bleu (Editions 84, 2009), son autobiographie, et Embrasser le ciel immense (J'ai lu, 2011), vendus à un million d'exemplaires et traduits en 24 langues.
Aîné d'une famille nombreuse et modeste, Daniel Tammet est né le 31 janvier 1979 à Londres. Il est autiste de haut niveau - atteint d'un syndrome d'Asperger, dont le diagnostic a été porté alors qu'il avait 25 ans -, mais aussi synesthète, une forme de chevauchement des sens qui lui permet de visualiser de façon singulière les mots et tous les nombres jusqu'à 10 000, chacun se caractérisant par sa forme, sa couleur, son caractère. Le 4, nombre favori et en quelque sorte avatar de Daniel Tammet, lui apparaît timide et calme, le 37, grumeleux comme du porridge...
LITTÉRATURE MATHÉMATIQUE
Ses capacités de calcul et de mémorisation sont hors du commun. Il parle une douzaine de langues dont l'islandais, appris en moins d'une semaine lors d'une expérience diffusée dans un documentaire. En 2004, il a battu le record d'Europe de récitation des décimales du nombre pi : 22 514 énumérées sans faute en cinq heures et neuf minutes, après trois mois d'entraînement.
Dans ses écrits comme dans sa conversation, les mathématiques sont omniprésentes, mais elles semblent étonnamment concrètes, humaines presque. "Enfant, les nombres m'ont rassuré, c'était une amitié, confirme-t-il d'une voix douce, avec des mains qui virevoltent. Aujourd'hui, ils me passionnent et me stimulent, mais j'ai un regard d'écrivain, un peu plus détaché." Le génie britannique ne se voit d'ailleurs pas comme mathématicien, d'autant qu'il ne maîtrise pas l'algèbre. "Je suis davantage dans la littérature mathématique que dans les maths, plus Perec que Poincaré", résume-t-il.
Sa fascination de longue date pour le nombre pi reste intacte. Mais avec bientôt dix ans de recul sur sa performance des 22 514 décimales récitées en public, dans une salle du Musée de l'histoire des sciences d'Oxford, celui qui fut surnommé l'"homme-ordinateur" se dit plus impressionné par les émotions des spectateurs que par le défi technique qu'il a relevé.
Que seules les premières décimales de pi soient enseignées dans les écoles, sans amener les élèves à réfléchir sur les rythmes et les motifs de ce nombre admirable, lui paraît presque incongru. Illogique en tout cas, "comme si l'on apprenait seulement trois ou quatre mots de Molière", sourit-il. Participer à une réflexion sur l'enseignement des mathématiques pour les rendre plus vivantes et plus ludiques l'amuserait. Tout comme la proposition, si elle se présentait, de monter sur scène pour déclamer quelques centaines de décimales de pi, en une sorte de poème numérique. "Je ne vois pas pourquoi les nombres n'auraient pas autant de place dans un théâtre que dans un bureau de comptable ou un lycée", justifie-t-il.
Pour l'heure, il glisse de plus en plus vers la fiction, avec l'écriture d'un roman et la publication de ses propres poèmes. Et il traduit en français ceux du poète australien Les Murray, également atteint d'un syndrome d'Asperger. Pas de recherche communautaire pour autant chez Daniel Tammet. A la différence d'un Josef Schovanec, autiste de haut niveau devenu ambassadeur des autistes, il ne se sent ni la capacité ni l'envie d'être un porte-parole. Mal à l'aise et frustré, dit-il, par des débats (autour de la psychanalyse par exemple) où la complexité et les nuances sont esquivées au profit des émotions. Peut-être aussi ne veut-il plus être vu seulement comme un autiste, si savant soit-il, lui qui a mis tant d'années à sortir de son enfermement intérieur. Longtemps, il a prêté son cerveau à la science, ce qui lui a, au passage, permis de mieux se connaître ; il préfère désormais passer le relais...
Tammet l'écrivain pense bientôt demander la nationalité française, envisage un mariage avec son compagnon français. Protestant, il comprend les réticences des catholiques face au mariage homosexuel. "Mais l'important, estime-t-il, est que chacun trouve sa place dans l'égalité des droits et des responsabilités". A la question : "Modéliser le comportement de sa mère permet-il de la comprendre ?", qu'il a explorée dans l'enfance, il a finalement répondu "non". Mais c'est ainsi qu'il a réalisé combien il tenait à elle. "Pourquoi y aurais-je mis autant d'efforts et de temps si ce n'est parce que je l'aimais ?"
Sandrine Cabut
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans
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Re: Daniel Tammet
Très impressionnant, en effet ! Ce type est vraiment fascinant Mais je pense qu'il est utile de rappeler que ce ne sont pas tous les Asperger qui ont une synesthésie aussi extrême. Mais je pense aussi que vous le savez déjà, de toute façon...
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Re: Daniel Tammet
En effet, il était utile de le rappeler...!!!
Beaucoup de gens n'étant pas concernés imaginent les autistes soit "mutiques" ou soit "Savants"....il faut qu'ils sachent qu'il y a une grande majorité qui ne sont pas dans ces critères.!
Beaucoup de gens n'étant pas concernés imaginent les autistes soit "mutiques" ou soit "Savants"....il faut qu'ils sachent qu'il y a une grande majorité qui ne sont pas dans ces critères.!
Murielle,
Maman de Pauline 21 ans,Léo (asperger) 17 ans et demi .
Savoir profiter du moment présent ,
Savoir vivre pleinement chaque instant et ne pas uniquement penser aux jours à venir, voilà un défi à relever maintenant.
Maman de Pauline 21 ans,Léo (asperger) 17 ans et demi .
Savoir profiter du moment présent ,
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Re: Daniel Tammet
http://www.espace-sciences.org/festival ... es-nombres
Daniel Tammet est à Rennes le 9 octobre à 18h30, je n'ai pas vu l'info ici encore, mais j'ai peut-être mal regardé. Toujours est-il que... certains d'entre vous comptent-ils y aller ? C'est gratuit en plus
Daniel Tammet est à Rennes le 9 octobre à 18h30, je n'ai pas vu l'info ici encore, mais j'ai peut-être mal regardé. Toujours est-il que... certains d'entre vous comptent-ils y aller ? C'est gratuit en plus
Compagnon NPTT (neuro-pas-très-typique) d'aspicot -> HPI confirmé
Et Annihilator assumé :p
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Re: Daniel Tammet
Comme pour Josef Schovanec,
je n'ai vraiment pas le temps ...
je n'ai vraiment pas le temps ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Daniel Tammet
Nous y sommes donc allé avec mon copain. C'était intéressant, surtout basé sur ses bouquins. Mais perso je regrette principalement la présence d'abrutis dans la salle.... Questions du public TOTALEMENT inintéressantes (entre la fille qui lui demande si il pourrait, si elle lui donne une date de naissance, de dire comment il la voit (couleurs, émotions, formes etc)...........Bienvenue à la foire aux puces savantes quoi.., celle, aspie et biologiste, qui balance que son rêve c'est d'être célèbre parce qu'elle connait les raisons de l'autisme (intox au mercure + dérèglement du foie... ok...) et ceux qui demande si, en fin de compte, on n'est pas un peu tous autistes....... =___=
Même la personne qui menait l'interview m'était insupportable. Elle était limite au bord des larmes tellement elle le trouvait fooooormidable et elle n'a pas hésité à lui dire (ce qui a fait murmurer la salle) : "ha mais désormais vous avez des vraies émotions alors ?" ...... ok.....
Tammet a toujours extrêmement bien répondu, avec humour et une bienveillance à toute épreuve (là je m'incline devant tant de calme et oui, cette bienveillance incroyable envers des gens à ce point... cons...) même si il était peut-être blasé, frustré et déçu intérieurement...
Beaucoup aimé sa petite parenthèse militantiste LGBT et quand il a dit avec beaucoup de poésie qu'il n'y avait aucune norme naturelle, mais qu'elles étaient toutes culturelles.
Apparemment il cite pas mal de cultures du monde dans son dernier livre.
Bref, Tammet super intéressant, mais le public et l'"animatrice" , on repassera... :/
Même la personne qui menait l'interview m'était insupportable. Elle était limite au bord des larmes tellement elle le trouvait fooooormidable et elle n'a pas hésité à lui dire (ce qui a fait murmurer la salle) : "ha mais désormais vous avez des vraies émotions alors ?" ...... ok.....
Tammet a toujours extrêmement bien répondu, avec humour et une bienveillance à toute épreuve (là je m'incline devant tant de calme et oui, cette bienveillance incroyable envers des gens à ce point... cons...) même si il était peut-être blasé, frustré et déçu intérieurement...
Beaucoup aimé sa petite parenthèse militantiste LGBT et quand il a dit avec beaucoup de poésie qu'il n'y avait aucune norme naturelle, mais qu'elles étaient toutes culturelles.
Apparemment il cite pas mal de cultures du monde dans son dernier livre.
Bref, Tammet super intéressant, mais le public et l'"animatrice" , on repassera... :/
Compagnon NPTT (neuro-pas-très-typique) d'aspicot -> HPI confirmé
Et Annihilator assumé :p
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Re: Daniel Tammet
Étonnant et pas très pro, cette attitude.Mizton a écrit :Même la personne qui menait l'interview m'était insupportable. Elle était limite au bord des larmes tellement elle le trouvait fooooormidable et elle n'a pas hésité à lui dire (ce qui a fait murmurer la salle) : "ha mais désormais vous avez des vraies émotions alors ?" ...... ok.....
Ceci dit, Daniel Tammet était invité dans
le cadre du "Festival des Sciences",
et pas dans un contexte autistique,
ceci explique peut-être cela ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Daniel Tammet
Merci pour le compte-rendu. Je trouve que les conférenciers ont bien souvent bien de la patience pour répondre à des questions inintéressantes ou surtout obscures. Mais si tout le monde était clair et pertinent dans la formulation de questions, tout le monde serait conférencier. Ce qui ne veut pas dire que tout conférencier est clair et pertinent ....
En plus, çà donne envie d'avoir été dans la salle.
PS : "Aspie et biologiste" : oui, je vois de qui tu parles. Ne sois pas trop vache.
En plus, çà donne envie d'avoir été dans la salle.
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Re: Daniel Tammet
Effectivement, je me disais que ça aurait été plus intéressant si ça avait été fait dans un contexte autistique. Là il venait parler d'ailleurs davantage de ses bouquins que de sciences.
Ha je suis navré si la personne aspie biologiste est sur ce forum et si je l'ai blessé. Je n'ai personnellement pas trouvé son intervention très pertinente ni constructive (ni très à propos en fait) lors de cette conférence, c'est pour ça.
En tout cas ça m'a donné une grande envie de le revoir dans un contexte différent. Quelqu'un sait s'il a déjà rencontré Schovanec d'ailleurs ? (il en a parlé un peu)
Ha je suis navré si la personne aspie biologiste est sur ce forum et si je l'ai blessé. Je n'ai personnellement pas trouvé son intervention très pertinente ni constructive (ni très à propos en fait) lors de cette conférence, c'est pour ça.
En tout cas ça m'a donné une grande envie de le revoir dans un contexte différent. Quelqu'un sait s'il a déjà rencontré Schovanec d'ailleurs ? (il en a parlé un peu)
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Re: Daniel Tammet
Ils ne font pas une émission de radio ensemble?
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話したい誰かがいるってしあわせだ
Être Aspie, c'est soit une mauvaise herbe à éradiquer, soit une plante médicinale à qui il faut permettre de fleurir et essaimer.
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Re: Daniel Tammet
Daniel Tammet a participé à L'Asperger Café du 31 mars 2013
L'Asperger Café
Emission du 31 mars 2013 - Invité Daniel Tammet
L'Asperger Café 31 mars 2013.mp3
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L'Asperger Café
Emission du 31 mars 2013 - Invité Daniel Tammet (suite)
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L'Asperger Café, l'émission
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