Présentation :
Laurie, Marcia et Joey, le petit garçon "mécanique": trois enfants autistiques enfermés dans leur forteresse vide, figés dans leur mutisme et leur monde fantasmatique. Trois enfants parmi d'autres qui sont tenus pour incurables, avec lesquels Bruno Bettelheim et son équipe ont tentéd'entrer en communication - on verra au prix de quels efforts et de quels aléas. C'est donc moins l'histoire de cas qui nous est ici rapportée que celle d'une aventure méthodique: la recherche patiente et passionnée d'une rencontre, là où l'importance de ce que l'on appelle trop vite larégression paraît l'interdire à jamais.On trouvera, encadrant ces trois bouleversantes observations illustrées de dessins et de photographies, une analyse critique de la littérature psychiatrique sur l'autisme infantile, l'exposé des vues théoriques de l'auteur sur la constitution du "soi" et une discussion du mythe des enfants sauvages.
J'ai emprunté courant de l'été à la bibliotheque un ouvrage de Bruno Bettelheim, intitulé "la forteresse vide".
Je suis au 2/3 du livre mais je peux déjà livrer mes impressions. J'ai notamment été tres emu par la premiere etude de cas celle de la petite Laurie.
Je cite :
"Le retrait de l'enfant est alors considéré comme la consequence alors que ces sentiments [l'angoisse de l'educatrice] n'ont peut etre pas été la cause mais la consequence d'un retrait plus precose."
Explication : ce n'est pas l'attitude du parent qui crée le retrait autistique mais la reaction du parent a un retrait spontané de l'enfant. Laurie au centre de reeducation avait une educatrice et une institutrice. Elle s'est mise en retrait de son educatrice le jour ou elle a commencé à s'interesser à son institutrice. Alors l'educatrice est devenu anxieuse (elle devait quitter le centre six mois plus tard et avait peur que son travail avec Laurie ne soit pas fini). Alors Laurie s'est dit : quand je me met en retrait il y a des problemes alors je ne prends plus le risque de sortir de mon retrait ....
Si j'interprete bien l'hypothese de Mr Bettelheim.
Il y a bien quelque chose qui m'interpelle.
Au bout d'un an l'enfant a fait d'enormes progres. Contre l'avis des medecins, les parents veulent la recupérer. Je cite :
"le pere dit : j'avais accepté de vous la donner car j'etais convaincu que vous ne la garderiez pas et qu'elle etait un cas incurable. Puisqu'elle a fait de tels progres...."
"un an plus tard nous apprimes que peu apres son depart de l'ecole Laurie avait été internée dans un hopital pour enfants debiles. Je lui rendis visite et la trouvais dans un etat semblable à celui ou elle etait lorsque je l'avais vu pour la premiere fois.(...)Je lui dis que je n'avais aucun pouvoir pour la retirer de cet hopital bien que j'eusse aimé le faire. Elle retira lentement sa main.Je restais encore un long moment mais il n'y eu plus chez elle la moindre etincelle de reaction à ma presence."
Je ne sais pas pourquoi en lisant ces lignes je me suis mis à pleurer. Chose rare chez moi qui suis emotionnellement bloqué. Comme une comprehension. Celle de l'immense solitude de l'enfant à qui le seul choix que l'on a donné est celui du non etre. Celle du non sens. Celui d'avoir le courage in-sens-sé de traverser l'existence de cette façon là. Dans une solitude absolue.