L'empathie

[stef_asper]

Bonsoir,

@ Syberia :

Je crois que si j'étais seul avec mon père je n'oublierais pas de lui donner son traitement et ses repas, mais je serais incapable de le réconforter (je ne sais pas comment faire).

Tu sais, je crois que ton papa te connait bien et qu'il t'aime comme tu es

Ca me fait surgir un tres vieux souvenir. J'avais 12 ans et mon grand pere maternel est décédé d'une crise cardiaque. Avec mes parents nous étions en vacances dans un camping quand le propriétaire du camping est venu nous avertir à 11 heures du soir. J’étais couché mais je dormais pas. A la nouvelle mon père s'est mis à dire tres fort : "quoi ! quoi !" puis pendant plusieurs minutes mes deux parents se sont mis à parler tres fort et à s'agiter je me souviens meme plus ce qu'ils disaient. Moi j'etais tout calme dans mon lit. Je ressentais rien. J'avais peur de paraitre pas normal d'etre calme. En plus j'avais entendu mon pere dire un jour que chez lui dans le centre de l'Italie les gens pleurent beaucoup quand il y a un décès. Alors je me suis forcé à pleurer sans etre triste pour avoir l'air normal.

Puis mes parents m'ont vu, mais en fait ils avaient l'air intrigués.

Quelques années plus tard un jour ma mere m'a dit que lors du deces de mon grand pere la facon dont ca avait été annoncé avait été pour moi un choc émotionnel.

En fait je crois que c'est leur agitation à eux qui m'avait complément bloqué par rapport à mes émotions à moi. Chez moi pour qu'il y ait émotion il aurait fallu qu'il y ait silence, recueillement mais pas agitation.

[Magus]

Je trouve ça injuste quand certains sites disent que nous ne sommes pas doué d'empathie et la manière dont ces sites ont de le dire c'est un peu comme si nous, les aspies, nous ne ressentions rien.

Je trouve au contraire que je ressens les choses puissance 10 par rapport à quelqu'un d'autre (si il est possible de comparer une telle chose). J'ai beaucoup d'émotions même si je ne le montre pas.

Juste je ne ressens pas les mêmes choses au même moment et ça dépend que quelles choses.

>entendre les infos à la tv ça ne me fait plus rien, d'ailleurs je vis bien mieux sans la tv;
>par contre, voir quelqu'un que j'aime bien pleurer me rend un peu triste et j'ai envie de consoler la personne bien que j'en sois incapable (il faut être doué pour trouver les bons mots ce qui n'est pas mon cas);
>penser à une chose triste me fait ressentir de la tristesse ou de la colère;
>j'ai déjà versé une larme devant un film;
>mais écouter les gens se plaindre ou gémir pour des bêtises à mon travail ou entendre que le beau frère du cousin du collègue s'est cassé le bras m'ennuie au plus haut point, dans cette situation je ne peux pas me mettre à leur place!

donc oui, ça dépend de la situation.

Après quand j'étais enfant et adolescent j'étais hypersensible, pas de mur ni de masque pour me défendre, chaque attaque me blessait.Mais tout ce que j'ai subi dans ma vie m'a rendu plus dur, moins émotif, plus méfiant, les évènements extérieurs me laissent de marbre tant qu'ils ne me touchent pas directement.Extérieurement, les gens pensent que je suis triste et monotone. Ils n'ont aucune idée que ça tourne en réalité à cent à l'heure dans ma tête.

Mais reprenons la base, d'après mon dictionnaire>
Empathie:"faculté à s'identifier à quelqu'un, de ressentir ce qu'il ressent"

Non, effectivement je n'arrive pas à "m'identifier aux autres" puisque je suis moi-même. De "ressentir ce qu'il ressent", il faudrait que je sois dans la même situation.
Mais dans le langage courant, ne pas avoir d'empathie, c'est d'être "sans cœur" et là, c'est exactement l'inverse de moi qui suis plutôt plus altruiste que la plupart des NT qui m'entourent.

[newvie492]

Oui, ca m'arrive d'avoir de l'empathie, surtout depuis ces derniers temps, depuis que j'ai fait ma réhabilitation social.

[Marie_la_douce]

@Newvie:

Je suis curieuse: quelle réhabilitation sociale? ce genre de chose m'intéresse, avoir des outils pour fonctionner en société...

[chawacee]

Je ne sais plus si j'ai déjà répondu...

Mon p'tit garçon a de l'empathie (à mon sens), j'ai lu le mot "porosité" à un moment, c'est ça.
Je l'appelle "mon petit thermomètre émotionnel".

C'est à dire qu'il ne va pas venir vous consoler, ou pleurer avec vous en cas de larmes (si sa soeur pleure, il nous avertit et souvent, rigole. ça énerve le papa, mais j'arrête pas de lui réexpliquer -au papa- que Noam ne sait pas comment réagir, alors il tente des trucs).
Par contre, si il y a une sensation d'angoisse, peine, très profonde, mais pas forcément dévoilée extérieurement, vous aurez beau le cacher, lui, il ne la ratera pas. Agitation, cris, collant, ou avec moi "maman n'est pas ronchon. Fait un câlin maman, allez, bisous". Il m'a d'ailleurs amenée gentiment à mieux tempérer mes émotions internes, et à comprendre ses signaux à lui. Il repère souvent avant moi même que ça ne va pas.

Et vous savez... l'atmosphère général d'un groupe, ou l'ambiance, comme vous, si c'est lourd/pesant, j'ai tendance à fuir...

Et enfin.. La question de comment on est vu des autres lorsqu'on est pas du genre à pleurer en cas de décès, drame... et bien ma famille m'avait gentiment (ironie) fait remarquer que j'avais l'air hermétique à tout sentiment plus jeune. Parce que je ne pleurais pas, et je n'avais pas de réaction à des annonces tristes.
En fait, extérieurement, je ne réagissais pas.
à l'intérieur, c'était parfois un ouragan.
Ou le grand vide juste avant la tornade.


Et quand c'était vraiment trop fort, la tornade fuyait un peu par mes yeux.

Mais pas plus. C'est vrai..

[Bubu]

Oui je pense que j'ai de l'empathie. C'est juste que je ne sais comment la montrer, l'exprimer. Car cela implique d'avoir un instinct social, être démonstratif. Or je n'ai pas ce bagage là, cette connaissance.
On pourrait me prendre pour un frigo alors que ça bouillonne sec là-haut, et que je ressens beaucoup. Mais avec les gens que je ressens comme très proches, je suis hyper-démonstratif voire exubérant.

[laboulette]

Pour ma part, j'ai de l'empathie, mais je réagis à retardement. Quand certains proches sont décédés, sur le coup, j'ai eu du mal à réaliser, et en fait, j'ai réalisé au fur et à mesure que je faisais mon deuil. Comme quelque chose de progressif, mais tout aussi douloureux.
Mais là, c'est plus une histoire de deuil que d'empathie. Mais oui, j'en ai, qui s'exprime parfois pas assez, parfois trop. Un truc un peu bizarre.
Quand mon fils était bébé, le moindre cri de bébé me déchirait, alors que c'est le propre du bébé de pleurer pour exprimer des choses. Et pourtant, vu de l'extérieur, je semblais impassible.
Lui de son côté peut être très touché par les émotions des autres. En revanche, il a du mal à intégrer réactions que peuvent susciter ses fait et gestes. Il ne calcule pas : "si je fais cela, la personne va penser ça et va réagir comme ça". Il parait que ça s'appelle la théorie de l'esprit, cette capacité à comprendre la réaction des autres à partir de l’interprétation qu'il peuvent avoir de nos faits.
L'histoire de la théorie de l'esprit a été évoqué une fois au sujet de notre fils.
Et je crois que c'est sur cette difficulté de "théorie de l'esprit" d'un côté et de cette difficulté à exprimer un ressenti que l'on a dit à tord que les aspies n'avaient pas d'empathie.
Je connais des gens qui sont capable de rire, de pleurer selon ce qui est adéquat, mais je ne suis pas sûre que cela correspond à un véritable ressenti, ni a une véritable empathie, et ce sont des véritables neurotypiques.
En gros, je crois que les neurotypiques n'ont pas le monopole de l'empathie.

[Bubu]

Je pense avoir de l'empathie, oui. Dans les rares cas où je regarde les visages , je crois ressentir leur expression. Sauf que je ne sais quoi faire avec. Je ne suis pas un monstre je crois, je peux aimer ... et détester. Mais après utiliser les codes pour que ce soit compris c'est autre chose. Il y a beaucoup de gens que j'aime et pour lesquels je souhaite du bonheur. Mais comment faire ? C'est là le problème. Bref pour moi c'est avant tout un problème de communication. Je ne me sens pas inférieur aux NT, c'est juste que je ne comprends pas leur mode de communication.

[EDIT] Oups désolé pour mon double post, j'ai une mémoire de poisson rouge et avais oublié que j'avais déjà répondu

[newvie492]

@Newvie:

Je suis curieuse: quelle réhabilitation sociale? ce genre de chose m'intéresse, avoir des outils pour fonctionner en société...

Pour comprendre le fonctionnement des gens en société, notamment en jouant sur "il se pourrait qu'il fasse cela car..." et qu'au final ce soit complètement faux.
Une très bonne réhabilitation social, faudrais maintenant que la société nous comprennent.

[Astragale]

Je suis entièrement d'accord avec vous toutes.
Mais j'ai l'impression que le mot empathie, utilisé dans le diagnostic du SA n'a pas la signification que nous lui attribuons ici. C'est peut-être un problème de traduction au départ.

On parle d'un manque d'empathie chez les SA dans le sens où l'on peut avoir du mal à comprendre l'expression et la communication d'autrui. On ne sait pas transmettre nos sentiments. Attwood dit que le vocabulaire et les compétences des SA pour exprimer et décrire les émotions et sentiments sont extrêmement réduits. Les tests d'empathie sont souvent basé sur la reconnaissance faciale mais ne pas déceler une émotion sur un visage ne signifie en aucun cas que nous n'avons pas l'émotion qui correspond au catalogue.

Les réactions brutes et directes des SA, qui visent à respecter une façon rassurante et réaliste de voir les choses et qui paraissent ne pas tenir compte de la sensibilité des autres ne sont que la conséquence d'une façon très différente d'envisager le monde. On pourrait tout aussi bien dire que les autres en question ne tiennent pas compte de la sensibilité des SA si ces derniers étaient majoritaires !

Je crois que l'hypersensibilité est bien présente et que la capacité à entrer en résonance avec la souffrance d'autrui est particulièrement forte sans pour autant que cela se voit ou qu'on puisse le montrer. Personnellement, je perçois toute souffrance brute, que ce soit chez un être humain ou chez un animal, exactement comme si c'était moi qui la vivait.
En revanche, cela ne passe pas par une expression de l'autre : quelqu'un qui pleure ne me rend pas triste. C'est finalement beaucoup plus intérieur mais c'est là, sans aucun doute.

On a bien une profonde empathie qui s'exprime peu et surtout pas de façon conventionnelle.

Qu'en pensez-vous ?

[Nath62]

Porosité, en ce qui me concene, ça me parle très très bien.

Pour ma puce, ça semble se mettre en place doucement, l'intérêt de l'autre, depuis cet été. Elle commence à sentir des manques ou se rendre compte que des situations ne sont pas normales. Par contre, juste par leurs comportement, elle remarque aussi bien quand un de nos animaux ne va pas bien alors qu'elle ne le remarque pas pour son frère ou moi et elle les plaint sincèrement, les caline, enfin, leur montre qu'elle sent leur problème.

[philippe1100]

Je sais bien que je n'ai pas d'empathie .

La logique l'emporte souvent sur les sentiments . C'est plus fort que moi la dessus .

[Nath62]

Le problème me parait complexe car oui, je ne sais pas trop me mettre à la place de l'autre, je me rends compte que ça ne va pas ou que ça va mais participe peu physiquement à ces manifestations. Ou alors, comme les autres (suis capable de pleurer comme une madeline à l'enterrement d'un inconnu si tout le monde pleur autour de moi, mais je pense que c'est assez courant)

Mais la machine intellectuelle se met en place pour décortiquer la situation, comprendre, trouver des solutions, enfin mettre une logique dans ce qui se passe. Après cette analyse, qui peut être assez courte si j'ai déjà vécu ce genre de situation (et bon, je n'ai plus 20 ans), je peux, à contre courant, avoir une réaction, peut être pas celle attendue, mais une réaction, parfois mal comprise car oui, j'ai tendance à conseiller, rassurer mais jamais au grand jamais plaindre pour plaindre. Le purement sentiments, je ne sais pas, j'intellectualise tout.

Mon frère vit une grosse dépression depuis presque 4 ans, j'ai psoposé mille et une solution pour qu'il s'en sorte, d'abord des logiques et réalisables. Je me suis démenée pour faire avancer les choses d'un point de vue administratif, accompagné à des rendez vous.... Mais lors de ces entretiens, je me suis rendu compte qu'il n'entendait que ce qui l'intéressait pour se complaire dans son malheur. J'ai tenté les approches plus violentes à la limite de lui dire "mais vas y, fous toi en l'air puisque tu le désires tant". Rien n'a fonctionné. Maintenant, s'il m'envoie des sms désespérés (au mois eu 3 sms d'adieu en un an), ça ne me touche plus parce quon est dans une impasse. Je ne suis pas insensible, mais le plaindre pour le plaindre (ce qu'il recherche), je ne sais pas faire.

[Vad]

Modération (Tugdual) : Fusion de sujets (début).


Bonsoir,

J'ai juste une question à poser, à laquelle je souhaiterai avoir vos avis s'il vous plait.

Avez vous des problèmes d'empathie ?


Modération (Tugdual) : Fusion de sujets (début).

[Benoit]

J'ai deux problèmes d'empathie.

Au sens "commun" du terme, j'en ai trop.
Au sens "technique" du terme, j'en ai pas assez.

A part ça, je ne suis pas encore schizophrène.