Aller vers les autres

[Idée]

Je me demandais si d’autres éprouvent des difficultés à aller vers les autres (prendre contact / maintenir le contact) ?

Et si vous avez des idées simples pour développer quelques capacités en ce domaine ?

Je n’ai pas le réflexe d’aller vers les autres. Je veux dire, ça ne vient pas naturellement.

En situation sociale, mon pli naturel est de me trouver un petit coin tranquille, en périphérie et d’observer (j’adore observer et faire des liens, des recoupements entre les différentes informations qui me parviennent).

Pour aller vers les autres, je dois y penser et faire un effort. Je dois me pousser.

À ces difficultés de base se sont rajoutées quelques expériences éprouvantes qui ont fini par créer des blocages et m’ont amenée à vivre beaucoup d’isolement. Isolement dont je cherche à sortir (suffisamment pour répondre aux besoins que j’ai). Depuis un moment, je travaille en ce sens, j’expérimente à la mesure de ce que je peux.

Je me demandais si certaines personnes parmi vous avaient trouvé des petits moyens, des facilitateurs à ce sujet ?

[Lupine]

Ça m’intéresses bien aussi...

[Lilas]

Pour ma part, aller vers les autres ne me pose pas vraiment de difficulté.

Le vrai problème c'est qu'une fois devant eux, ils attendent en plus que je leur fasse la conversation !
Et pour ça, je veux bien aussi la recette miracle...

[Tugdual]

Je me demandais si d’autres éprouvent des difficultés à aller vers les autres (prendre contact / maintenir le contact) ?

Et si vous avez des idées simples pour développer quelques capacités en ce domaine ?

Les questions qui tuent ...

Ça dépend du contexte : boulot, amical ... ?

Dans un contexte associatif, la thématique
(si elle correspond à un intérêt particulier)
aide naturellement à la prise de contact,
tout comme aux discussions (techniques).
Et la régularité des réunions (mensuelles,
par exemple), aide de son côté à maintenir
des relations avec les autres personnes.
L'inconvénient, c'est qu'il peut y avoir
un peu trop de monde à ces réunions ...

En dehors d'une telle thématique, à la fois
précise et technique, je suis également démuni ...

[freeshost]

S'il y a un sujet de discussion, pas de problème pour ma part. C'est peut-être d'ailleurs entre autres pour ça que j'aime les forums de discussion : on y attache plus d'importance au sujet de discussion qu'à l'autre. C'est d'autant plus vrai, me semble-t-il, quand il s'agit d'avoir une démarche scientifique. Dans une discussion "de comptoir", on peut remarquer - surtout si on s'est intéressé un peu à la psychologie sociale - divers biais dont les personnes n'ont pas forcément conscience.

S'il n'y a pas de discussion précise, je prends un journal pour parler des nouvelles... d'une certaine manière, je me "rabaisse" à leur niveau.

Si je n'ai pas le journal, je vais parler de la pluie et du beau temps. Bon, j'essaie parfois de m'intéresser aux autres, mais je ne veux pas faire intrusion dans leur vie privée ni m'imposer. Souvent, quand je précise mon opinion, je m'empresse de rajouter que "ce n'est qu'une opinion parmi tant d'autres". J'ai l'impression (fausse ?) que les personnes ne remettent pas assez en question, recherchent quelque chose d'absolu ou de définitif.

En plus, mes prises de position éthiques (et scientifiques) ne m'encouragent pas à aller vers "la normalité", ou à attacher de l'importance à la relation au détriment de la réalité et de la liberté.

Mais le fait d'être passionné ou intéressé par beaucoup de choses (mais pas tout) m'aide quand même à diversifier les sujets de conversation.

[Idée]

Ça dépend du contexte : boulot, amical ... ?

Un peu dans tous les contextes. Je vais tenter de donner d’autres éléments.

En fait, le message que j’ai posté sur le forum est la version succincte d’un message plus long. Je pense que les autres choses que j’ai écrites dans le message original peuvent aider à contextualiser. Étant donné que je ne souhaite pas donner trop de détails aux moteurs de recherche, j’ai pensé à un compromis et le rends visible ici : http://ideemage.wordpress.com/2013/07/1 ... es-autres/ (mot de passe = Asperansa).

Dans un contexte associatif, la thématique
(si elle correspond à un intérêt particulier)
aide naturellement à la prise de contact,
tout comme aux discussions (techniques).
Et la régularité des réunions (mensuelles,
par exemple), aide de son côté à maintenir
des relations avec les autres personnes.
L'inconvénient, c'est qu'il peut y avoir
un peu trop de monde à ces réunions ...

Je comprends ce que tu veux dire.
Sans être tout à fait le même contexte, cela ressemble à ce que j’ai vécu à l’université. C’est, par ailleurs, ce type d’éléments que je travaille à mettre en place dans ma vie.

Depuis l’automne dernier, je fais des essais afin d’articuler ma vie sociale autour de sujets/activités qui m’intéressent. Pour ce faire, j’ai participé à quelques cours, ateliers près de chez moi (je demeure dans la même région depuis plus de 15 ans et ne connais presque personne). Je me sens toujours aussi mal à l’aise et maladroite, mais je fais et cela m’aide à trouver un peu plus d’équilibre. L’idée de regarder pour quelque chose de type associatif est une bonne idée.

Cet été je me suis fixée comme objectif social de me rendre à quelques reprises à des conférences données par des artistes. J’ai visité un superbe site où j’ai pu voir des créateurs travailler en pleine nature. J’ai même discuté avec deux d’entre eux. Pour le moment ces contacts se résument à des croisées brèves. Malgré tout cela représente une avancée pour moi. Une intervenante que je vois pour m’aider dans la sphère sociale et professionnelle me disait qu’en faisant ces petites rencontres, cela peut éventuellement mener ailleurs (je n’avais pas vu cela ainsi).

En ce qui concerne le contexte personnel, amical, j’éprouve des difficultés à initier des contacts. J’ai besoin de beaucoup de temps. J’ai du mal aussi à maintenir le contact. Par exemple, je ne pense pas à téléphoner, etc. J’ai quelques amis avec qui j’ai des contacts à quelques reprises dans l’année et je n’ai pas de mérite pour ce qui est du maintien de nos relations (ce sont eux qui me relancent).

J’espère que tout ceci ajoute un peu de contexte. Je pourrai donner d’autres détails éventuellement.

[Idée]

S'il y a un sujet de discussion, pas de problème pour ma part.

Mon problème se situe avant même qu'il y ait une discussion, dans le fait même "d'aller vers les autres" (un manque d'impulsion ou de naturel...)

C'est peut-être d'ailleurs entre autres pour ça que j'aime les forums de discussion : on y attache plus d'importance au sujet de discussion qu'à l'autre.

Ce que j'aime des forums de discussion est que le média est écrit et qu'on peut lire plusieurs fois et prendre notre temps pour répondre. Je me suis toujours sentie plus à l'aise dans la communication écrite qu'orale. (On peut aussi lire, je lis beaucoup, sans prendre part aux discussions ou se faire pousser à).

Dans une discussion "de comptoir", on peut remarquer - surtout si on s'est intéressé un peu à la psychologie sociale - divers biais dont les personnes n'ont pas forcément conscience.

J'éprouve peu d'intérêt et de plaisir pour les discussions de type comptoir. Ça m'a pris du temps à comprendre à quoi ça servait (adolescente je trouvais cela inutile). Aujourd'hui je sais et je peux faire usage de, mais je dois dire que ça a tendance à me pomper mon énergie...

Merci Lou Morgan, Lilas, Tugdual et freeshot pour vos réponses.

[Tugdual]

Depuis l’automne dernier, je fais des essais afin d’articuler ma vie sociale autour de sujets/activités qui m’intéressent.

Ceci ne peut être que positif ...

Une chose qui permet aussi
de tisser des liens est l'entraide.
J'ai ainsi donné pas mal de coups
de mains, pour des déménagements,
des terrasses, des clôtures ... etc ...
Ce contexte est intéressant, car on est
plus dans l'action que la discussion ...

Je ne peux t'aider plus que ça, hélas,
car si je gère à peu près les relations
"thématiques" et l'entraide, par contre,
dès qu'on se rapproche d'un contexte
amical, je perds pied, littéralement ...

[tulipetulipe]

Entre 20 et 30 ans, j'accostais parfois n'importe qui dans la rue pour divers prétexte parce que je n'arrivais pas à comprendre ce que j'avais. Je ne comprenais pas pourquoi toutes mes tentatives de travailler finissaient dans des crises de mutisme et de fatigue. Alors, une fois reposée après quelques temps de chômage, j'éprouvais le besoin de me rassurer, je constatais que je n'avais aucune difficulté à aborder un inconnu ce qui ne correspondait pas à de la timidité, ni à de la phobie sociale. Depuis 10 ans, j'ai cessé d'aborder des inconnus.Je ne sais toujours pas maintenir une conversation, les banalités m'ennuient assez vite, souvent j'arrive pas à décrypter si j'ennuie ou j'intéresse la personne, si je dois continuer à parler ou me taire. J'ai essayé de faire partie d'un groupe de peinture dans une association, les gens étaient vite familiers, certains voulaient me faire la bise, ils se racontaient leur vie, des plaisanteries etc... et j'ai fuis, je préférais le calme de chez moi.

[Idée]

Je te remercie d'avoir partagé Tugdual. Juste ça m'aide. Simplement lire les expériences des uns et des autres. Ça apporte des idées, d'autres points de vue, me fait penser à des situations ou des choses que je n'aurais pas pensé d'emblée.

J'ai essayé de faire partie d'un groupe de peinture dans une association, les gens étaient vite familiers, certains voulaient me faire la bise, ils se racontaient leur vie, des plaisanteries etc... et j'ai fuis, je préférais le calme de chez moi.

Je peux comprendre que tu ne te sois pas sentie à l'aise. Je ne l'aurais pas été non plus. J'ai pris des petits cours de dessin et de peinture et ça s'est passé différemment. Premièrement nous n'étions pas beaucoup (4-5 personnes). Deuxièmement, il y avait peu de social comme tu le décris. En dehors de quelques minutes au début des cours (j'avais hâte qu'elles passent), nous nous penchions sur nos projets et les discussions qu'il y avait tournaient autour des techniques, des procédés, des matériaux et de nos projets. Ça m'a pris un temps d'adaptation, ensuite je me suis rendue compte que ça me faisait vraiment du bien de créer en présence d'autres personnes.
Est-ce que tu as continué à peindre ?

[tulipetulipe]

Je me suis toujours intéressée à la peinture et au dessin. J'ai même fait une terminale art plastiques par correspondance il y a longtemps. Je n'avais pas passer les examens, j'ai ensuite fait le DAEU que j'ai obtenu et j'ai tenté un DEUG, il me semble, c'était Bac + 1 en art plastiques, toujours par correspondance, mais j'ai été déçu, on me demandait de faire des collages avec des boutons ou des ficelles et de les commenter, ce n'est vraiment pas cela qui m'intéresse, j'ai abandonné.Ceci dit, régulièrement, une fois ou deux dans l'année, je me décide à faire un dessin ou un tableau, principalement à l'acrylique. Une fois achevé, je regarde le résultat. Je constate à chaque fois que ce que j'ai fait reflète ce que je suis, un personnage solitaire, souvent un peu triste, sans beaucoup d'expression au milieu d'un décor imaginaire, je n'aime pas peindre la réalité. Mon personnage observe souvent de loin des animaux ou un autre paysage. Je trouve cela triste mais quand je peins, je peins ce que je ressens, je ne suis pas capable de tricher et moi j'aimerais peindre de la joie, du bonheur, de l'espoir alors j'abandonne et je ne repeins plus rien avant des mois voir une année en espérant qu'un jour j'y arriverais.

[laboulette]

Tiens, moi aussi, j'ai fais un DAEU, ar je suis sortie tôt du système scolaire. J'ai enchaîné aussi du Deug, et études au CNAM. J'ai fais des rencontres, mais je n'ai pas réussi à m'y faire d'amis à long terme.

[freeshost]

Pour ce qui est d'aller vers les autres, si je n'ai pas de sujet dont parler, je n'y vais pas. Mais je n'y vois pas le problème, je pense que c'est la même chose pour lesdits neurotypiques, ou presque. Je ne vais pas "pour rien". Et je ne ressens pas de culpabilité, ou alors à peine quelques secondes, le temps d'analyser la chose.

En fait, il me semble que des personnes voient de l'incapacité sans penser qu'il peut s'agir de volonté de dire NON, diverses raisons - indépendantes d'Asperger ou non - pouvant faire que nous ne voulons pas de telle relation. Nous pouvons, je le conçois, paraître extrémistes dans nos positions (sans compromis), quand la réalité globale et à long terme nous importe plus que la réalité à court terme, quand je n'attache pas plus d'importance à l'interlocuteur/trice qu'aux personnes qui ne font pas partie de la conversation.

De ça, je me dis que les considérations éthiques peuvent entrer en conflit avec l'"idéal" d'interaction sociale, voire de conformité, d'homogénéité, surtout chez les personnes qui valorisent la diversité.

Maintenant, j'essaie de faire la différence entre "X ne m'intéresse pas" et "X me fait peur" (X étant un sujet de discussion, une problématique). Si X ne me fait pas peur mais ne m'intéresse pas, je peux tenir la conversation et le regard, certes de manière un peu "hypocrite".

[Syberia]

J'ai beaucoup de mal à prendre contact avec les gens, et ça dépend des situations. Si je dois aller dans un lieu nouveau (boulangerie, pharmacie,...) j'apprends un petit texte par coeur et je le récite mot pour mot, même si ça ne colle pas avec le discours de mon interlocuteur ; à l'université je communique toujours avec les mêmes personnes (ce sont elles qui ont pris contact avec moi) et j’entame rarement la discussion ; si un inconnu vient me demander quelque chose alors je panique et il m'arrive de m'enfuir.

[Idée]

Je fais un saut rapide car je n'ai pas beaucoup de temps. Mais je tiens à écrire cette note qui est un retour d'expérience toute fraîche en lien avec cette thématique (en espérant que ça ne soit pas trop brouillon).

Je reviens d'une conférence donnée par un artiste dans un cadre naturel. On entendait les feuilles des arbres bruisser dans le vent. C'était superbe.

Je n'étais pas très bien en début d'après midi et l'anxiété était au rendez-vous. J'ai commencé à me sentir bien au bout de 45 minutes/1 heure environ. À partir de ce moment, j'ai pu réellement profiter. Je remarque toujours l'aisance qu'ont la plupart des autres personnes à dialoguer entre elles (je ne sais vraiment pas me positionner dans une masse, même petite, de personnes). Mais même un peu à côté, j'ai vraiment pu profiter. Il faut dire que je connais quelques oeuvres de cet artiste depuis un moment et que son travail m'intéresse grandement. Je me rends compte que dans ce champ d'intérêt, j'arrive à passer outre les inconforts et désagréments pour une raison particulière : le plaisir est au rendez-vous. J'ai adoré entendre parler cet artiste. Ses propos tombaient en plein dans ce qui m'intéresse. J'ai pris des notes et j'ai gribouillé à mon aise. J'ai même osé, malgré le coeur battant et les mains tremblantes lui parler de mon rapport à son oeuvre. Bref moment, mais vraiment belle rencontre.

Je crois qu'une personne a cherché à dialoguer un peu avec moi et j'ai eu plus de mal. Il y a matière à faire mieux, mais c'est tout de même pour moi un pas en avant.

Je souhaitais partager ce petit moment avec vous.

Je pars plusieurs jours et n'ai pas le temps de répondre comme je le voudrais à certains messages qui ont été postés. Mais je tiens à dire merci à tous ceux qui ont écrit d'avoir partagé vos idées et expériences sur le sujet.