Les troubles du langage.

[Rudy]

Madame question est de retour.

"Le langage s’inscrit dans la communication. Il est associé à la communication non verbale : regard, mimique, gestualité. Le langage comprend
plusieurs domaines:
- la phonologie (les sons)
- le lexique (le vocabulaire)
- la syntaxe (la grammaire)
- la pragmatique (le sens général du discours).

Son exploration comporte deux versants:
- réceptif (compréhension)
- expressif (production).

Dans le langage écrit doivent être explorés la lecture et ses mécanismes, la transcription dans différents aspects (orthographique, lexical et grammatical) et le graphisme. Les troubles de l’évolution du langage peuvent être isolés ou associés. Les troubles isolés de l’évolution du langage peuvent avoir une origine fonctionnelle : retards simples de parole et de langage ou retards d’acquisition de la lecture. Plus rarement, les troubles isolés peuvent être structurels et spécifiques, touchant le langage oral (dysphasie) ou le langage écrit (dyslexie et dysorthographie). Les troubles de l’évolution du langage peuvent également être associés ou secondaires à une déficience intellectuelle, une surdité, une paralysie des organes phonatoires, une atteinte cérébrale, des troubles de la communication (notamment des troubles envahissants du développement) ou des carences psychoaffectives. Par ailleurs, des difficultés socio-éducatives peuvent entraîner ou majorer des troubles du développement du langage"

Source: http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/evolut ... atique.pdf

Je pense aussi à la dysphasie qui s'apparente à quelques difficultés que peuvent rencontrer les personnes autistes:

l’enfant s’exprime peu verbalement avant l’âge de 5 ans*
l’enfant est plus intéressé par la sonorité des mots que par leur sens*
l’enfant pose continuellement des questions sans tenir compte des réponses qui
lui sont données*
l’enfant ne comprend pas les signaux liés à l’expression faciale*
l’enfant a une compréhension littérale, il saisit donc difficilement les métaphores ou les blagues*
l’inattention de l’enfant est fréquente* [...]

En effet, l’enfant dysphasique, tout comme l’enfant autiste, se trouve dans un monde où la communication semble impossible, et risque fort de se désintéresser de ce qui lui est proposé, pour se replier graduellement sur lui-même, en adoptant des conduites autosensorielles ressemblant étrangement à des stéréotypies et ainsi limiter ses champs d’investigation.

Source: http://www.autisme-france.fr/offres/fil ... 042_10.pdf

Tout d'abord: J'ai vu que beaucoup de personnes ici étaient diagnostiquées aspies ou envisageaient un diagnostic en ce sens. Est-ce que cela veut dire que vous n'avez pas eu de retard de langage, ou qu'asperger et autisme de haut niveau tendent à être confondus pour vous?

Ensuite: Pour ceux qui ont eu un retard de langage, est-ce que le langage oral présente encore quelques difficultés pour vous? Pour quelle raison?
Et pour ceux qui n'ont pas eu de retard de langage, avez vous développé des difficultés dans le langage oral? Savez vous pour quelle raison?
Est-ce qu'il existe parmi vous des personnes qui ont un dys relié à la sphère du langage, oral plus particulièrement? Comment cela s'exprime-t-il?

Pour ma part, j'ai eu un retard de langage où je n'ai pas prononcé de mots avant l'âge de 2 ans/2 ans et demi. J'ai du mal avec les implicites, les jeux de mots, l'ironie, l'abstrait... Aujourd'hui, j'ai un vocabulaire assez riche, une façon de m'exprimer correcte. Pour autant, lors d'un test de fluence lexicale, où je devais dire tous les mots que je connaissais en deux minutes liés à une lettre, j'ai eu beaucoup de difficulté à en trouver à l'oral (environ 10), comme si j'avais des blocages, alors que je n'ai eu aucune difficulté à l'écrit (35). J'ai remarqué depuis quelques années maintenant (inhibition intellectuelle mise de côté) que je n'ai effectivement aucune difficulté d'expression à l'écrit, mais beaucoup plus à l'oral (blocage, pensées "vides", mise en tout automatique, ou encore bégaiement, difficulté à sortir et trouver les mots, buter sur leur prononciation...). C'est vrai en particulier lorsque je dois parler de moi ou faire part d'une réflexion personnelle, alors que c'est moins le cas lorsque je parle de quelque chose que je connais où mon langage est plus "contrôlé", moins "hésitant" (mes intérêts). Pourtant, pareillement à l'écrit, je n'ai plus ces difficultés à parler de moi ou faire part d'une réflexion, tout est fluide. Ce qui fait que je passe pour quelqu'un de beaucoup plus intelligente à l'écrit qu'à l'oral, où je peux parfois passer pour une vraie attardée .

Ainsi, je rajoute : Avez vous cette dualité entre l'oral et l'écrit? Est-ce plus facile pour vous de vous exprimer à l'écrit, ou bien à l'oral?

[Cryptobiose]

Message supprimé

[astrone]

xxxxxxxx

[Cryptobiose]

Message supprimé

[Mr.Spleen]

Les bugs, ça me parle bien aussi. Des fois j'ai l'impression que mon cerveau prends un genre d'impasse

Tu sens que tu as un truc important à dire (un détail en fait) dans la phrase que tu es en train de structurer avec toute la galère du monde et puis ... et puis en fait non.

[rebecca]

Moi j ai parlé en avance et n ài aucun problème de langage, au contraire
sauf que je suis décalée car hpi, donc j'ai un langage trés décalé par rapport a mon apparence, depuis mes 4 ans je parle comme une vieille personne et suis très grave et sérieuse, toujours.
et résonne trop vite par rapport aux gens.leur lenteur m ennui terriblement.
par contre je rigole comme une petite fille vu que je suis autistes et mes manières sont plutot spontanées et enfantines.sinon je comprend hiper bien les métaphores, comme plein d autistes
car on a une pensée visuelle, mais pas du tout l ironie ou le sarcasme.
par contre parler me fatigue énormément, juste sortir un son de ma voix me fatigue.soit je suis muette, facile car je suis souvent seule, soit je parle 3 heures sans m arrêter et après suis épuisée.
L autre choses:en situation affective, mon cerveau beugue et je devient aphasique, muette, c est orrible a vivre et ca peut durer plusieurs heures.mes brasrse paralysent aussi.
et autre chose:j ai des problèmes avec mes 5 sens mais l ouie est mon problème numero 1 car les gens communiquent en parlant et je ne supporte que 10 pour cent des voix des gens
.j ai des problèmes soit avec leur voix, ou leur ton, leur rapidité d espression, leur accent, leur intonations etc
je m esprime enormememnt mieux par ecrit , car a l oral les gens s ennervent toujours car je n ai pas les mimiques faciales appropriés, je ne sourie pas etc..
et suis troo franche , mais par contre je n arrive pas du tout a écrire, je suis dispraxique, donc avec les ordi, ca va, sauf que l écran me fatigue.

[Rudy]

Je n'ai aucune idée de ce qui est normal ou pas dans cette sphère. Ma sœur a en revanche parlé carrément tard, à 4 ans je crois, et à l'époque un médecin a dit à ma mère que c'était « parce que je parlais tout le temps, donc elle ne pouvait pas en placer une ». Mouais, sympa

Ça me rappelle "Le cerveau d'Hugo" où les médecins expliquent aux parents que, si leur enfant ne parle pas, c'est parce qu'ils ne le stimulent pas assez et que, grosso modo, c'est de leur faute.

Bref, donc visiblement j'aimais bien parlé petite (selon ma mère surtout pour poser des questions, un de mes surnoms était Madame Quoiquoi – aussi parce que disais « quoi ? » tout le temps :/ ), mais après je me suis carrément tue.

Il me semble que cela fait partie des troubles du langage ce mutisme soudain après avoir développé correctement son langage, non?

J'ai même pensé à vivre dans un couvent plus jeune (je ne suis absolument pas catholique) ; la vie bien réglée, tranquille, avec la possibilité de ne pas parler, me semblait être une bonne stratégie pour être à l'abri de la société. Mais bon, finalement ça m'a paru foireux comme plan au bout d'un moment.

J'avais pensé la même chose ! Mais moi, c'était plutôt un retrait dans un temple bouddhiste.

J'aime communiquer par écrit, mais parler à voix haute me fatigue, ce n'est pas quelque chose que je recherche spécialement, mis à part avec certaines personnes. Et encore, avec les personnes que j'aime, je souhaiterais pouvoir communiquer autrement.

Est-ce par "flemme", ou bien est-ce par manque d'intérêt?

Le problème pour moi, c'est que si on me pose une question du type : « qu'est-ce que tu penses de la politique américaine en terme d'éducation ? », je vais, en quelques secondes, voire défiler des milliers d'images dans ma tête, comme des scènes de film mais sans le son, ça va très vite, ça s'organise comme en réseau, et ça répond à la question, d 'une manière que moi je comprends.

Mais je ne peux pas traduire ça aux gens. Enfin si, je peux, mais c'est compliqué, ça prend du temps, et dès que c'est trop complexe, ou que ça engage des émotions subtiles, ça devient vraiment dur de m'exprimer verbalement.

Je ne sais pas si tu parles de cela, mais, j'ai cette pensée en "réseaux instantané". Un ensemble que je perçois qui se connecte instantanément, où je fais plus de lien que mes interlocuteurs, mais qui est difficile à retranscrire par le langage. Il me semble que, par rapport à l'écrit, le langage tient de quelque chose de "l'instantané" qui m'empêche de fixer cette pensée pour pouvoir la retranscrire à un instant T avec tout le travail que cela demande à l'oral. Souvent, lorsque je fais part d'un raisonnement à l'oral, ça m'aide de fixer ma pensée à l'aide d'un papier: Pendant que je parle à quelqu'un, je vais y inscrire des symboles, formes géométriques, flèches, lettres, lignes, abréviations, etc. pour reconstituer ces connexions et les "fixer", ce qui m'aide à garder le cap. Mais sans support, je vais parler d'une partie de mes pensées, seulement, pas de façon entière, en faisant des raccourcis, ce qui fait que les gens ont du mal à me comprendre (d'autant plus que parfois, il y a des choses qui sont évidentes pour moi qui ne le sont pas pour les autres, j'en oublie qu'ils ne sont pas dans ma tête ).

Je ne sais pas si comme dit plus haut, on peut parler de pensée en arborescence ici, en revanche, la psychologue qui m'avait évalué au test de QI m'a parlé de pensées rapides et une hyperactivité cérébrale "comme sur une autoroute". Et effectivement, si je suis TDAH, il y a des associations d'idées très riches et rapides, mais, qui me déconcentrent.

ça me parle beaucoup ça (mise à part que je ne vois pas trop ce que tu entends par pensée vide et mise en tout automatique ? je veux bien que tu précises )

A l'écrit, mes pensées retranscrivent de façon fluide ma pensée. Comme je l'ai dit plus haut, je pense que l'écrit me permet de "fixer" les pensées lorsque ça va trop vite, ce qui fait que je ne me perds pas, j'ai une trace de ma pensée sous mes yeux donc, je peux en même temps continuer à penser "au reste", et c'est la même chose lorsque j'ai le support visuel de quelqu'un qui communique avec moi (forum, lettre, mail, par exemple). A l'oral, c'est plus compliqué, parce que mes pensées vont trop rapidement, je ne peux les fixer nulle part, et je dois faire passer un message à mon interlocuteur avec tout ce que l'oral implique, et tous les stimuli qui me perturbent. Le "tout automatique", c'est lorsque je réponds sans "réelles" pensées derrière, je parle sans réellement réfléchir, il n'y a pas de pensées qui accompagnent ma parole, c'est le blanc. Ce sont souvent des phrases toutes faites que j'ai apprises par cœur, même si c'est en parfaite cohérence avec ce qu'on me demande. C'est pour ça que j'appelle ça des "pensées vides". Je le fais souvent lorsque la conversation n'a pas de réelle importance ou intérêt pour moi. A contrario, une conversation importante pour moi va me provoquer des "blocages" de la pensée, je ne peux pas me mettre en "automatique", c'est comme un blanc, un vide, alors qu'à l'écrit, je n'ai pas ce problème. Et je pense que, si j'avais par exemple passer le test de QI exclusivement à l'écrit et de façon visuelle, j'aurai eu des scores plus haut que les scores très bas dans lesquels je me trouvais dans les indices du QIV, à contrario de ceux du QIP où j'étais nettement supérieure (de 20 pts d'écart quand même) pour avoir des indices plus homogènes (mais on n'aurait peut-être pas vu mes difficultés ).

Et comme le dit rebecca:

par contre parler me fatigue énormément, juste sortir un son de ma voix me fatigue.soit je suis muette, facile car je suis souvent seule, soit je parle 3 heures sans m arrêter et après suis épuisée.

Il y a aussi une part de fatigue qui peu rendre difficile la communication.

[Cryptobiose]

Message supprimé

[Lilette]

"Parle moi, dis moi ce qu'il se passe dans ta tête" & "tu n'as pas d'humour, t'es pas drôle" ... boudiou que ça me parle ....
Le premier si je n'ai rien à dire tu peux toujours attendre, et le second ma mère me l'a encore dit il n'y a pas longtemps

[Cryptobiose]

Message supprimé

[Lilette]

Oui je pense aussi que c'est ça.
Pour moi en tous cas, je sais qu'il me faut du temps pour appréhender certaines.choses, je lis ou j'écoute qqch, Ok, puis rien ne me vient.
C'est plus tard, quand j'aurai "digéré" l'info que je trouverais qqch à dire sur le sujet, bon ça prend plus ou moins de temps des fois, mais c'est comme ça .

Puis comme dit à Morlaix, si je n'ai pas d'images en tête je n'ai rien à dire, et dans ce cas là bah rien à faire, je n'aurais rien à dire.

[astrone]

xxxxxxxx

[Manichéenne]

Avez vous cette dualité entre l'oral et l'écrit? Est-ce plus facile pour vous de vous exprimer à l'écrit, ou bien à l'oral?

Je ne sais pas du tout quand et comment j'ai parlé enfant.
Par contre, contrairement à ce que j'ai pu lire par ici, j'ai bien plus de difficultés pour exprimer une pensée construite à l'écrit qu'à l'oral. Mes écrits ont souvent un sens différent de ce que je voulais. Je n'arrive pas facilement à donner une cohérence à un texte, ou à développer une pensée sur tout un paragraphe. Il manque les liens logiques, les explications de ce qui n'est évident que pour moi, le contexte, la fluidité...
Je communique tout de même plus volontiers à l'écrit qu'à l'oral, pour éviter l'interaction.

[Lilette]

Je viens de poser la question à ma mère, j'ai parlé vers 2 ans/2 ans 1/2 mais bien, pas trop de mots déformés etc, apparemment ça se passait bien

[Idée]

C'est ce que m'a dit la psy d'ailleurs, que mon QIV aurait probablement été plus haut mais que la mémoire de travail et la pensée visuelle rendait tout ça compliqué (si j'ai bien compris, apparemment la pensée visuelle charge la mémoire de travail aussi, à cause du processus de "traduction" image>mot, c'est ce qu'elle m'a dit en tout cas, et c'est tout à fait ce que je ressens)

Ça c'est quelque chose qui m'intéresse d'en savoir plus. J'avais entamé une réflexion à ce sujet il y a plusieurs années, avant que mon psy me mette sur la piste de l'autisme.