Enfants autistes : « Je ne trouve pas que je suis différente » - Ergué-Gabéric
La semaine de l'autisme se tient jusqu'à demain à Ergué-Gabéric. L'occasion de découvrir, de l'intérieur, la vie de certains enfants autistes.
Est-ce difficile de vivre auprès des autres ? Se sentent-ils différents ? Ils répondent à ces questions, accompagnés de leurs mamans.
Zanna, Nathalie et Noëlle Saux, de l'association Autisme Cornouaille, à l'initiative de la semaine de l'autisme à Ergué-Gabéric. Un handicap social encore peu connu du grand public."
Adrien, 10 ans, « Je vais à l'école comme les autres. Je suis seulement un petit peu différent. Les autres enfants arrivent à rester plus calmes que moi. Une auxiliaire de vie scolaire m'accompagne. C'est la maîtresse qui a expliqué à la classe que j'étais autiste et ce que ça voulait dire.« Quand un nouvel élève handicapé est arrivé à l'école, j'ai tout de suite dit que moi aussi j'étais handicapé. Moi, ça ne me dérange pas que les autres le savent. Mes copains, ça leur est égal. J'ai un peu plus de mal à l'écrit, je préfère l'oral. »
Zanna, maman d'Adrien
« Nous avons appris l'autisme d'Adrien assez tard. Il avait déjà 7 ans. Avant, on ne savait pas ce qu'il avait.
On se posait beaucoup de questions : pourquoi il n'obéit jamais ? Qu'est-ce que l'on fait mal ? Une fois que le diagnostic a été posé, au moins on savait comment travailler, les règles qu'il fallait respecter...
L'autisme est un nom qui effraie, il faut alors appréhender le handicap. Ce n'est pas toujours facile car c'est invisible. La famille ne nous croit pas, ne comprend pas. »
Gabriella (1), 13 ans
« Je suis scolarisée normalement et je ne trouve pas que je suis différente. J'ai une vraie bande de copains mais je n'ai pas envie de le leur dire. Car les autres ne comprennent pas et c'est compliqué à expliquer. Je l'ai dit une fois, mais on m'a dit que je mentais car, pour eux, les autistes ne parlent pas. Avant d'être diagnostiquée, je pleurais tous les soirs, je ne voulais pas aller à l'école. Aujourd'hui, tout va mieux. »
Marie (1), maman de Gabriella
« La cour de récré, c'est parfois le champ de foire. C'est en se faisant des amis que les autistes apprennent les relations sociales mais ils ont parfois des réactions différentes, les autres enfants ne comprennent pas toujours.
« En tant que parent, on a besoin de savoir ce qu'ils ont. Il faut tomber sur les bonnes personnes, qui osent dire le mot autiste. Après, il faut continuer sa vie, assumer ses responsabilités. Pour les frères et soeurs, aussi, ce n'est pas évident. Ils en ont marre qu'on parle tout le temps d'autisme. »
Mario, 11 ans, et Nathalie, sa maman
« Mario est né aveugle. Nous avons appris plus tard que c'était une des conséquences de l'autisme et aujourd'hui il voit correctement. Il a fallu tout lui apprendre, la motricité, la parole... Le matin, il est scolarisé normalement avec un éducateur. Il apprend seulement les mathématiques et le français. L'après-midi, il est au centre expérimental Aba. Mario aime beaucoup qu'on s'intéresse à lui, qu'on lui pose des questions... Il y a encore quelques années, je n'aurai jamais pu croire qu'il puisse parler et même compter. Il progresse énormément. »
Recueilli par Elodie RABÉ.
(1) Les prénoms ont été modifiés.