Le Printemps arrive

[camille-madeleine]

Je me souviens que déjà quand j'avais 8-9 ans je détestais le printemps, l'arrivée des "beaux jours", le moment où il fallait enlever le manteau qui me cachait. Je me souviens de mentir lorsqu'il s'agissait de faire des rédactions sur le printemps et les sentiments qu'il devait forcément inspirer. J'étais petite alors je n'osais pas écrire que je détestais le chant des oiseaux et les jours qui rallongent. J'aime les longues nuits, voir le jour se lever et les branches des arbres . De plus, je me sens mieux chez moi que dehors. Alors dès que la période des fêtes est passée, une sensation de malaise s'installe, je sais, je sens que l'arrivée du printemps est inexorable, ce n'est pas une véritable angoisse mais cela m'empoisonne et me paralyse. Bien sûr je me raisonne en pensant à ceux qui subissent les inondations, ceux qui ne peuvent pas se payer le chauffage, etc

Cependant je suis en décalage complet avec le "discours ambiant". Suis-je si bizarre ?
Merci à celles et ceux qui prendront la peine de répondre.

[Anahata]

En fait je suis pareille. Ce que j'aime c'est la joie ressentie. Mais ce que je n'aime pas c'est ce qu'en fait le monde autour de moi.

Depuis quelque temps je me sens déjà au printemps. Le soleil, j'ai moins froid, c'est comme si la terre voulait me consoler de la période monstrueuse des fêtes et je l'accueille vraiment comme un soulagement.
Mais le problème c'est ce que le monde en fait. (Soleil : vacances à Ibiza, prendre ses vacances dans le monde de l'entreprise auquel je ne colle pas pour le moment, qui dit soleil, dit vacances, statuts sociaux, ceux qui partent et ceux qui partent pas, le dégoût lié cela, etc etc, société de consommation qui a totalement exploité le soleil etc etc)

Finalement tout est compliqué si on regarde autour de soi. Maintenant je ne regarde plus à part pour voir la nature ou si un bruit m'inquiète.

[freeshost]

C'est le réchauffement climatique.

Pour ma part, je n'ai pas adopté et ne veux pas adopter l'assertion selon laquelle la pluie est du mauvais temps, précipitations qui pourtant hydratent nos terres, nos nappes phréatiques.

Certes, je suis d'accord que les chaussures mouillées, parfois terreuses, boueuses, peuvent brunir le sol. Mais il est possible d'utiliser le paillasson, d'enlever ses chaussures à l'entrée.

Certes, la pluie est moins pratique pour prendre des photos, mais on peut obtenir d'autres ambiances, et protéger son appareil.

Toute l'année est positive. Ce n'est pas la météo qui va plomber mon moral. Je tire le positif en chaque saison. Quand il fait très froid, je peux moins solliciter le réfrigérateur (voire le congélateur), et moins de personnes sortent dans les rues. Quand il fait chaud, je peux me promener, visiter, photographier.

Les saisons vibrent dans caisses de résonance :

- Au printemps,
- L'estate,
- Toune d'automne,
- Mon pays, ce n'est pas un pays, c'est l'hiver.

[mathais86]

C’est curieux ton questionnement sur le printemps !

Lorque j’etais ado, j’ecrivais beaucoup de poèmes que je mettais en musique. Brassens est mon mentor, au collège je passais des heures a decortiquer ses textes et chercher les mots que je ne connaissait pas dans le dictionnaire.

J’avais justement écrit un teste sur le printemps.

Ce texte dénonçait le ressenti général des gens qui se plaignent tout le temps.
En gros je disais qu’il faisait moche et que c’etait normal car c’était le printemps.

Je decrivais en gros ce mécontentement général, les « Pfff il n’y a plus de saison » etc etc
Je suis du même avis que freeshot, la pluie n’est pas plus dérangeante il suffit de prendre la vie comme elle vient.

Je ne t’aide pas beaucoup si ce n’est que moi aussi a une époque, le printemps m’a « titillé » au point d’en faire une chanson. Je dirais également que j’eprouvais un sentiment de mélancolie a cette periode de l’année. Je ne sais pas pourquoi.

Bon courage a toi.

[Tugdual]

Un signe de fin du printemps :

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[Meddio]

@mathais86 et freeshost





et

L'Automne et l'écho

Je suis soumis au chef du signe de l’automne
Partant j’aime les fruits je déteste les fleurs
Je regrette chacun des baisers que je donne
Et je vis anxieux dans un concert d’odeurs

Mon automne éternel ô ma saison mentale
Les mains des amantes d’antan jonchent ton sol
Les fleurs ne laissent plus tomber aucun pétale
Les colombes le soir tentent un dernier vol

Or ma vie est debout sur un socle stylite
Vaine qui voit venir les foules que j’attends
Et vers elle souvent mon amante contrite
Vient murmurer L’amour est bleu couleur du temps

Moi je regarde les passants leurs bouches sèches
Me disent leurs désirs au soleil embrasés
Tel qui songe à l'été voudrait mûrir les pêches
Et tel pour sa laideur demande des baisers

Je regarde et j’écoute et j’entends chaque plainte
Répétée et la plaine et les monts et les bois
S’éveillent et surpris moi je cherche une empreinte
Aux sites où riait l’imiteuse des voix

Puis lorsque j’ai trouvé la place tiède encore
Où je m’étends j’imite des cris incertains
Mais las sur ma clameur toujours la voix sonore
Et qui s’enfuit s’émeut en longs éclats lointains

Et je comprends Alors O nymphe tu te moques
De ce que nous aimons les poètes et moi
Et je médite assis aux tragiques époques
Où les femmes toujours ont agi comme toi

Car Orphée amoureux fut tué par les femmes
Et Térambe invaincu rampe aux jardins d’été
Je déteste les fleurs parce qu’elles sont femmes
Et je souffre de voir partout leur nudité

Ma vie est recueillie en ma saison factice
Et je feins d’écouter la chute des fruits mûrs
Tandis qu’une araignée entre mes bras se tisse
La toile où tôt cherront les moucherons impurs.

Apollinaire

Personnellement, j'adore l'automne pour sa lumière en fin de journée et ses couleurs et pour le vin.
J'aime aussi le printemps. Je pense que je préfère les mi-saisons.


En poésie, le printemps est lié à la renaissance, à l'espoir (associé au vert), au désir et à la jeunesse - le terme "reverdie" est employé depuis environ le début de ce qu'on appelle les lettres modernes. Le printemps est aussi lié aux oiseaux - image fréquente du poète. chez les latin également, il me semble que le printemps occupe une place comparable - il était éternel pendant l'âge d'or mythique.

Mais on peut remonter bien plus loin* en poésie et en mythologie et comprendre que le printemps était directement associé à la (sur)vie car période pendant laquelle tout pousse, pendant laquelle le froid mortel s'en va, etc.

Dans la mythologie grecque* Déméter est la déesse de l'agriculture et la mère de Perséphone, déesse de la renaissance du printemps. Un jour, Hadès tombe amoureux de cette dernière et décide de l'enlever - ce qu'il fait. Déméter, furieuse et inconsolable, décide de ne plus rien permettre de pousser sur Terre pour retrouver sa fille. Tout meurt donc sur Terre (Perséphone n'y étant plus non plus, ça ne doit pas aider). S'apercevant que la Terre et les hommes périssent, Zeus décide qu'il faut faire quelque chose et obtient un compromis : Perséphone restera la moitié de l'année au Hadès (royaume des morts) et l'autre moitié sur Terre. Et c'est ce qui explique le roulement des saisons.


*Nous sommes donc autour du VIIIe siècle avant notre ère avec Hésiode qui restitue le fruit d'une longue tradition orale où ces histoires se transmettaient de génération en génération (Avec par exemple La Théogonie, Les travaux et les jours mais aussi avec les hymnes homériques dont on ignore l'auteur et qui sont ma source principale pour l'histoire de Déméter (l'"Hymne à Déméter" plus particulièrement) et qu'on date également autour du VIII siècle avant.

@Tudual : est-ce que tu peux expliquer la photo ? Je ne comprends pas bien.

[camille-madeleine]

Merci Mathais 86 d'avoir ressorti ce post, j'ai beaucoup lu de poèmes mais je n'ai jamais rien écrit, tu faisais preuve d'une grande sagesse !

Tugdual : la photo c'est pour le solstice d'été ?

Sauf pour les orages cévenols ou autres qui provoquent d'énormes dégâts, j'aime la pluie, j'aime le soleil quand il est voilé ... Dans le sud, pour faire comme tout le monde, je parle de la pluie et du beau temps avec les voisins dans le hall de l'immeuble et j'abonde dans le sens de celle qui parle pour ne pas paraitre bizarre

Après le printemps, il y a pire : l'été et c'est pour cela que le printemps m'angoisse.

[camille-madeleine]

Meddio l'automne est bien la saison que je préfère, malgré ces épisodes cévenols qui provoquent chez moi d'énormes angoisses depuis que j'habite dans le sud. Tu as mis le doigt aussi sur le véritable motif pour lequel je n'aime pas le printemps même si j'aime les paysages verts
Merci pour le poème d'Apollinaire, de quel recueil est-il extrait ?
Je connaissais Brassens !

Edit : Honte à moi je viens de ressortir Alcools

[mathais86]

L’orage de Brassens!
Une chanson que je chante régulièrement l’histoire est un peu triste a la fin!

Brassens m’emmène dans ses mondes, j’aime Brassens.
Quand je vois une émission qui parle de sa mort alors je pleure.

Je suis allé voir sa maison de Bretagne, le café a Paimpol, j’etais Boulversé.

Je suis né en 1985 il est mort en 1981 je ne l’ai jamais connu et pourtant j’ai ce lien avec lui!

[Meddio]

Oui, il est né en 21, l'année de sortie du Kid de Chaplin. J'adore également Brassens et c'est l'une des personnes qui m'a accompagné tout au long de ma vie (né en 88 donc pas vivant en même temps que lui non plus).

Je n'ai jamais été visiter de lieux où il a vécu mais j'aimerais beaucoup me rendre à Sète.

Son rapport à la mort est également très émouvant. Il y a quelques passages précis que je trouve touchants, je te donne deux exemples :

- quand il dit "Le temps madame, que nous importe" dans Le Fantôme
- quand il dit "Qui passe sa mort en vacances" la première fois dans le Supplique pour être enterré à la plage de Sète, il y a quelque chose, je ne sais pas quoi de terrible (dans le sens de fort).

Deux chansons que j'adore sur son rapport à la mort :



et surtout

Bien sûr, il y a aussi celle-là
(écoute 6:53)

également celle-là

Il y en a d'autres, bien sûr, mais je me retiens de tout mettre !

Édité :

@camille-madeleine : Dans Alcools, il existe une autre version de ce poème qui s'appelle "Signe", mais ce n'est pas la même - je l'aime moins.

Celui que j'ai cité, "L'Automne et l'écho", ne vient d'aucun recueil, mais il a été publié dans le livre Poésie Gallimard Le Guetteur mélancolique suivi de poèmes retrouvés, section "Poèmes divers (1907-1917)", (p.104).

L'automne est également une période qui me rend très mélancolique sans que je sache pourquoi. J'ai l'impression que les saisons et même la météo ont de réels impacts sur la façon dont on (=les humains) se sent.

[Tugdual]

Tugdual : la photo c'est pour le solstice d'été ?

C'est juste une bestiole, la première de l'année, photographiée jeudi soir ...

[lepton]

C'est quoi comme bestiole, une luciole ?
Je n'en ai jamais vue en vrai (à part celle des paquets de Bonux quand j'étais petit... ).

[hazufel]

Un lampyridé assurément j’adore les voir, je n’en ai pas encore vu cette année.
Luciole ou ver luisant ? Il y a de moins en moins de lucioles

En plus des symboles de la littérature attachés au printemps qu’a décrit Meddio, j’aime le vert qui s’insinue et enfle pour couvrir mon paysage de différentes nuances toujours apaisantes, j’aime écouter et regarder tous les oiseaux qui viennent dans mon jardin, jusqu’aux petits qui apprennent à voler, j’aime enfin sentir toutes les roses aux différents parfums qui éclosent et apportent de la couleur au milieu du vert.

[Tugdual]

C'est bien un ver luisant ...

[PetitNuage]

je détestais le printemps, l'arrivée des "beaux jours", le moment où il fallait enlever le manteau qui me cachait. J'aime les longues nuits, voir le jour se lever et les branches des arbres . De plus, je me sens mieux chez moi que dehors.

Bonjour Camille-Madeleine,
Je comprends ce que tu veux dire pour l'avoir ressenti il y a assez longtemps.
J'avais l'impression de "faire tâche" dans cette ambiance de renouveau, de lumière.
Cela accentuait le sentiment de différence que je ressentais face aux autres.
Je traversais alors une période de dépression et je vivais en recluse, sans ouvrir mes volets.

Mais maintenant j'apprécie cette saison, même si comme toi je préfère les silhouettes des arbres en hiver.
J'ai au contraire besoin de lumière naturelle et lorsque les jours commencent à raccourcir,
je ressens une forte frustration de ne plus pouvoir aller me ressourcer dans la nature après une journée de classe.