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“Je passais pour totalement inadapté” - Syndicalisme Hebdo | CFDT
Par Emmanuelle Pirat— Publié le 28/10/2022 à 11h00
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Christophe Morin, Christophe Morin a été diagnostiqué autiste Asperger à 50 ans.© Joseph Melin
Toute sa vie professionnelle, Christophe Morin a été perçu comme « le collègue impulsif, colérique, ingérable, souvent en marge ». Jusqu’au jour où, assistant à une conférence sur l’autisme Asperger, il se reconnaît : « C’était de moi dont on parlait. »
Cet ex-cadre supérieur chez Orange explique également qu’il a été responsable de la Mission Handicap du groupe pendant plusieurs années, tout en ne sachant pas « [qu’il était] concerné ». À 50 ans, le diagnostic est posé : autiste Asperger. Il comprend enfin sa différence. « Un cerveau ordinaire filtre les informations sensorielles non essentielles à une situation. Dans mon cas, neuro-atypique, il n’y a aucun filtre. Ni dans l’input ni dans l’output. Tous les bruits sont analysés dans le détail, même ceux qui sont inutiles. Cela se traduit par une surcharge sensorielle et émotionnelle permanente. Et le fait que je m’exprime sans filtre. Autant dire que dans le monde de l’entreprise, avec tous ses codes sociaux, je passais pour totalement inadapté. »
Le bruit, la lumière, toutes les interactions avec ses collègues sont autant de sources d’épuisement (la cantine, la machine à café sont pour lui « les pires endroits sur terre »). « Imaginez quand je travaillais en open space avec vingt personnes ! L’enfer ! Et, bien sûr, cela posait des problèmes avec la hiérarchie. Auprès des chefs, j’étais blacklisté. »
“Je suis passé de l’ombre à la lumière.”
Dans la foulée de son diagnostic, il entame une reconnaissance de travailleur handicapé. « J’ai commencé une nouvelle vie. Je suis passé de l’ombre à la lumière. Non seulement je mettais des mots pour expliquer mes différences mais la RQTH [reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé] a permis de mobiliser les aménagements qui sont prévus dans les budgets de la Mission Handicap. » Poste aménagé pour tenir compte de ses spécificités sensorielles, accès à des transports adaptés… Christophe a aussi et surtout pu bénéficier d’un coaching précieux avec réseauH*.
Celui-ci est notamment intervenu pour expliquer à l’entourage professionnel les caractéristiques de ce handicap. « Enfin, mes collègues comprenaient les situations qui me mettaient en difficulté. Et je pouvais leur dire tranquillement : je vous aime beaucoup mais je ne peux pas venir manger à la cantine avec vous. »
* Cabinet de conseil spécialisé dans l’accompagnement des entreprises en santé au travail.
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