Mutisme sélectif

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
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Tugdual
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Re: Mutisme sélectif

Message par Tugdual »

Zebra3 a écrit : samedi 15 août 2020 à 1:56 J'ai pas de diag mais je peux poster quand même ?
Modération (Tugdual) : 
Rappel : la section "Espace TSA", comme son sous-titre le précise, est dédiée aux témoignages des personnes diagnostiquées (voir les détails ici et la synthèse ).
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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RedMacbeth
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Re: Mutisme sélectif

Message par RedMacbeth »

Tiens, je ne pensais pas avoir de mutisme, étant plutôt du genre très bavarde, mais après la journée d'aujourd'hui, je dois me rappeler que si, même si c'est très rare.

Il y a bien sûr le cas du "shutdown", où toutes mes fonctions sont HS et donc je ne peux plus parler, ni marcher, ni réagir, juste me rouler en boule et trembler, mais je ne sais pas si ça compte réellement. Je suis incapable d'articuler la moindre parole, même si je peux répondre mentalement.

Par contre, dans de très rares cas, je vais choisir de me taire ou être incapable de parler. C'est arrivé il y a trois ans, et ça a duré deux jours. J'étais dans une communauté toxique qui m'a fait beaucoup de mal et avant de sortir de ce Club, il y a eu un pic violent où soudain, je ne parlais plus. Même à mon conjoint.

Comme je suis très fragile en ce moment, il a suffit d'une violente altercation ce matin pour que je me retrouve muette durant le temps où il y avait d'autres personnes. Mais c'était une bonne chose, une mesure de protection. Je ne pouvais plus rien dire, ni trouver à dire, c'était physiquement douloureux.
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Re: Mutisme sélectif

Message par Tree »

J'ai récemment eu un épisode de mutisme au travail.
Depuis quelques jours, je souffrais du bruit dans le service, je n'en pouvais plus, la pression montait, montait. Et le lendemain matin, quasi incapacité de parler aux collègues de bureau. j'ai réussi à dire "bonjour", le visage fermé. Sinon, je répondais juste par Oui ou Non. Je n'arrivais pas à sourire, ni à parler, j'étais hyper renfermée.
Puis, au bout de 4 ou 5 heures, ça s'est atténué et la journée s'est bien terminée.
Je ne sais pas s'il s'agit de mutisme sélectif car je ne connais pas trop la définition de ce terme, en tout cas ce mutisme était clairement lié à une surcharge sensorielle et émotionnelle.

Je distingue ce type de mutisme "de crise" des moments où je suis en groupe et où tout le monde blablate sans que je n'arrive à suivre le rythme et donc à interagir. Là, les conversations vont trop vite et je n'ai rien d'intéressant à raconter. Qui plus est, les conversations banales ne m'intéressent pas donc je décroche rapidement.

Ce sont 2 types de mutisme me concernant, je ne sais pas trop comment les nommer.
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Fluxus
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Re: Mutisme sélectif

Message par Fluxus »

J'ai vu que ce sujet avait été remonté et je le trouve intéressant.

J'ai le souvenir d'avoir déjà pu faire une intervention sur un fil du forum en y abordant cette question de mutisme mais je ne suis plus sûre que le topic était consacré entièrement à ça, ça avait du venir dans une conversation...

Du coup, j'avais aussi mentionné le fait que je distinguais 2 types de situation de mutisme, comme beaucoup ici.

Mais avant ça, je dois avouer que je n'ai jamais compris ce terme "sélectif". Pour moi "sélectif", ça sous-entend que c'est quelque chose de volontaire, de choisi ou que cela dépend des personnes avec qui l'on est, comme s'il y avait une sélection qui s'opérait selon les personnes qu'on a en face.

Peut-être que ça parle à certains mais personnellement, pas complètement. Le mutisme, ça me bouffe plus qu'autre chose et c'est ce qui a fait aussi que j'ai commencé à utiliser l'écrit plus que la parole.

Me semble qu'on lui a laissé ce nom "sélectif" par le fait que le mutisme ne pouvait apparaître que dans certaines situations sociales et pas dans d'autres ou en dehors.

Me concernant, même s'il y a des différences entre deux situations, le problème a toujours été assez constant.

Je le précise parce qu'on parle de mutisme ET de TSA ici, alors que souvent, on peut penser qu'il y a soit l'un, soit l'autre mais pas les deux (parce qu'apparemment, ce fameux "mutisme" n'est pas considéré comme un trouble de la communication).
Spoiler : 
Ce serait plus à prendre comme un : Une personne TSA peut être mutique mais être mutique peut n'avoir aucun lien avec le TSA.
Bref, bref, je m'égare.

Du coup, avant, j'établissais souvent une distinction entre ces 2 types de mutisme :

-Celui qui fout mal et est incontrôlable et qui bouffe

-Celui qui est volontaire et choisi

Sauf qu'avec du recul, je me rends compte que non, il n y a jamais rien de trop volontaire, ni de choisi pour moi.

(Je dis "on" et "nous" mais je parle pour ma vision)

:arrow: Il y a les situations où l'on a envie mais c'est juste que ça ne sort pas alors que pourtant on voudrait mais c'est juste complètement bloqué et on se sent impuissant face à nous-mêmes. Là c'est très très frustrant parce que pourtant, on aimerait vraiment mais ça bloque, ça ne sort pas, y a rien, c'est le vide, le néant.

:arrow: Et il y a les situations où c'est la surcharge : Je vais parler comme les physiciens en définissant un objet qu'on appelle un "truc" (comme en analyse vectorielle et en calcul et géométrie diff pour définir une quantité de "truc"), là ce sera une surcharge de "truc".

Et il y a une surcharge de "truc" et un moment où on n'est juste plus en capacité de pouvoir dire quoi que ce soit en fait et où on n'a même pas envie de faire l'effort pour parler donc là, c'est pas volontaire, c'est juste que ça découle d'une surcharge qui induit une incapacité qui forcément induit une "involonté" mais ça me paraît être quelque chose qui doit être nuancé d'un "ne pas vouloir".


Comme j'avais mentionné ailleurs aussi, j'ai remarqué que si je suis pré-disposée à un échange verbal (oral) et que je suis consciemment dedans, je vais avoir moins de mal à maintenir l'esprit d'un "échange" mais faut qu'il y ait un timing précis là-dessus et les conditions qui vont avec et tout le reste.

Voilà voilà pour ma part.
TSA sans déficience intellectuelle et sans altération du langage + trouble anxiodépressif associé - CRA régional (2021)

Ce n'est qu'en essayant continuellement que l'on finit par réussir.
Plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. ~ Les Shadoks