Lorient ville - 28 janvier 2013 - Le Télégramme
Autisme. Des parents viennent se faire entendre
Une conférence autour de l'autisme, programmée au foyer Courbet, a suscité la polémique, samedi après-midi. Des associations de parents ont manifesté devant l'établissement.
Cris et hygiaphone, provocation ressentie par les uns, stupeur par les autres. La conférence autour de l'autisme organisée samedi après-midi, entre autres par l'Association de la cause freudienne, n'a pas fait l'unanimité. Mais il y avait beaucoup de monde dans la salle comble du foyer Courbet.
Le suivi psy défendu par les uns
Jean-Claude Maleval, psychanalyste enseignant à Rennes; Armelle Guivarc'h, psychiatre à Lorient, et quelques autres psychothérapeutes ont défendu leur point de vue sur la nécessité de l'intervention psychanalytique dans l'encadrement de l'autisme. «Nous défendons l'orientation lacanienne à appliquer au sujet autiste. Il faut une thérapie pour chaque autiste, qui a sa propre singularité et non une méthode applicable pour tous», explique Maryvonne Michel, responsable de l'Association de la cause freudienne.
«Le même discours qu'il y a 38 ans !»
Dehors, les parents grondent. «Nous sommes scandalisés! En 2011, l'autisme a été reconnu comme n'étant pas une maladie, mais un handicap cognitif! Ils maltraitent nos enfants dans leurs centres de thérapie. De plus, leurs termes sont inadaptés: "patients", "traitements". Nos enfants ne sont pas des malades», exprime Jean-Pierre Mahé, président de l'association Autisme, écoute et partage. «J'ai une fille autiste de 40ans. Malgré les évolutions scientifiques, j'entends aujourd'hui le même discours qu'il y a 38 ans! Ils n'évoluent pas, sont dans le sanitaire, nous sommes dans l'éducatif». «La polémique a explosé en 2012 lorsque l'autisme est devenu cause nationale en France», raconte Maryvonne Michel, de l'Association pour la cause freudienne. Des élus et des parents ont voulu interdire l'intervention de la psychanalyse dans la prise en charge de l'autisme en promouvant des méthodes comportementales cognitives.
Une lecture différente
La Haute autorité de santé nationale (Has) a publié ses conclusions. Chaque camp en a une lecture différente. «Les recommandations mentionnent que l'absence des données sur leur efficacité ne permet pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle», explique Jean-Pierre Mahé. «La Has ne recommande pas ni n'interdit la psychanalyse», rétorque Maryvonne Michel. L'association Je Ted à l'école de Lanester, Autisme France et Autisme écoute et partage sont au moins d'accord avec les psychanalystes sur un point: «Chaque cas doit être abordé individuellement». «Mais, souligne M. Mahé, les parents doivent être coordinateurs du projet de vie de leur enfant autiste et associés à toute démarche concernant la prise en charge de chaque enfant. C'est l'ensemble des autistes qui doit être pris en compte, de l'enfance à la population vieillissante. Il faut mettre en place un plan et un schéma de l'autisme cohérent, avec une réflexion poussée par tranche d'âge et individualisée». Il semblerait qu'il y ait encore du chemin à faire pour trouver un dialogue constructif, entre les tenants des deux formes de pensées, l'essentiel à atteindre étant l'amélioration de vie des autistes et de leurs familles.
Sophie Robic