Castiel a écrit :Cependant, s'il y a peu de syndiqués en France (par rapport à la Suède par exemple), ce n'est pas parce qu'on ne ressent pas le besoin d'adhésion, c'est parce que "l'unicité du peuple français", la France "rationnelle" et "universelle" des tenants jacobins de la Révolution, ont enraciné une culture républicaine et unique à notre pays, ce pourquoi les communautarismes - syndicaux ou non - n'ont jamais eu bonne presse dans l'Hexagone, et les multiples désillusions liées aux nouvelles technologies, à l'apparition de médias horizontaux (Internet) et à la lassitude des scandales qui ébrouent chaque pan "traditionnel" de la société, n'a pas manqué d'affaiblir les partis politiques comme les syndicats.
Comment dans ces conditions peux-tu dire que le mécontentement doit s'exprimer par le vote, alors que tu reconnais que les partis politiques sont affaiblis. Ils ne correspondent plus au peuple. La France est le pays qui a le moins confiance en ses hommes politiques (étude de 2015).
Notre système politique permet une très grande stabilité, tu l'avais souligné auparavant, mais par cela il bloque le changement. L'arrivée d'un nouveau parti est impossible en France, nous ne pouvons pas avoir un Syriza ou un Podemos, ni aucune nouvelle mouvance politique. A mon avis, c'est une des cause du mécontentement croissant : nous n'évoluons pas. Notre système était bon, il a fait ses preuves, mais les temps changent.
Comment faire confiance au vote quand on voit que notre président à été élu :
-du fait d'une très grande abstention, partiellement due au désintéressement de la politique actuelle par la population.
-l'abstention est partiellement aussi par absence de candidat qui plaise aux votants
-pour faire blocage à son concurrent. Une très grande partie des votants a seulement souhaité faire barrage au candidat sortant.
-le candidat était un candidat par défaut, il n'y avait pas vraiment de présidentiable et sans l'affaire DSK, Hollande ne serait jamais passé.
Je m'égare.
Donc, comment faire confiance aux hommes politiques pour les lois, alors que le système actuel ne les rend pas représentatifs, que les adhérents aux partis politiques sont très peu nombreux, et qu'ils utilisent de plus en plus le 49.3 pour contourner le système démocratique, et dans le même temps refuser aux syndicats leur légitimité ? Il y a là quelque chose que je ne comprends pas.
C'est d'autant plus étrange quand on voit toutes les lois sur le travail passées par la droite comme la gauche ces dernières années qui utilisaient comme argument pour empirer les conditions de travail des salariés et donner des droits aux patrons que les syndicats pouvaient s'y opposer.
Le plus énorme étant la possibilité annoncée de passer un accord au sein de l'entreprise qui prévaudrait sur le droit du travail. Donc sans contre-pouvoir efficace dans une entreprise il est possible d'ignorer les lois... Les abus potentiels sont inimaginables.
Je n'ai jamais vu une société où il y a un contre-pouvoir réel et équilibré au patronat.
Quant à l'affaiblissement des partis politiques et des syndicats, elle est surtout de leur fait : les politiques passent beaucoup d'énergie à saper leurs adversaires, qui incluent les syndicats et les partis des autres bords.
Dès lors, on se rend compte que la lutte à mort que mène la CGT contre le gouvernement est une opération de survie plus qu'une opération d'idéaux (
Article très complet du Point ici), d'où que je dise qu'une minorité cherche à imposer ses vœux à la majorité.
Qu'ils ne puissent pas abandonner ne signifie pas que l'action n'est pas motivée par des idéaux.
Je n'ai pas étudié le droit de grève en profondeur, en revanche, il me semble que ce sont les syndiqués qui votent la grève en Assemblée Générale, pas les non-syndiqués. Cela revient à dire que 7% des salariés d'une entreprise typique imposent leur décision à tous les acteurs de l'entreprise, du P. D-G au technicien de surface. J'ai vu plus démocratique, comme modèle.
Une grève peut se faire sans aucun syndiqué. Généralement, les syndicats lancent le mouvement et des salariés suivent, qu'ils soient syndiqués ou non. Mais ce n'est pas une obligation légale (à ma connaissance, et je serais fort surprise du contraire).
Cela dit, ce n'est même pas le pire selon moi. La jurisprudence impose aux grévistes de quitter leur lieu de travail. En aucune manière, ils n'ont le droit de l'occuper, d'en faire un "blocus". C'est illégal.
D'accord avec ça. Donc le problème n'est pas la grève, ce sont des gens qui bloquent une entreprise et ne respectent pas les lois.
Pour tous ceux qui se mettent en grève, il y en a d'autres qui, pour autant, entendent bien continuer à exercer leur métier, et ils ne le peuvent pas en raison de ce genre de comportements.
Parmi ceux-là, il y a ceux qui sont d'accord avec la grève mais ne la font pas par peur de se faire mal voir, parce qu'ils ne peuvent pas se le permettre financièrement, ou autres raison.
En tout cas j'ai vu plusieurs grèves où c'était le cas. Donc il ne faut pas croire que tous les non-grévistes sont contre la grève, ni qu'ils sont contre les revendications.
au XIXème siècle, quand les syndicats avaient véritablement un sens, quand il y avait une légitimité à se battre pour un salaire décent, des conditions de travail correctes.
Je crois que tu es totalement déconnecté des réalités du travail. De certains, en tout cas.
J'ai vu passer une fiche de paie à 980€ pour un informaticien à temps plein. Est-ce un salaire décent ?
J'ai entendu pendant des années les conditions de travail à l'usine, à l'hôpital, dans des structures publiques et d'autres privées... J'ai suivi le déroulement d'un plan social vu par un membre d'une instance représentative. J'ai eu des emplois que je considère privilégiés (par rapport à la majorité), et pourtant les injustices sont nombreuses, les conditions de travail inacceptables. Je ne travaille pas à la mine au XIXème, mais c'est un faux argument, ce n'est pas parce qu'il y a eu pire que c'est normal.
Castiel a écrit :Dans le cas d'espèce, il n'y a pas que la CGT qui a dû voter la grève, mais tous les syndicats, et des salariés non-syndiqués ont dû s'y joindre également.
Non, regarde :
http://abonnes.lemonde.fr/politique/art ... 23448.html. Hormis la CGT, tu peux trouver FO ou SUD.
Hormis dans l'aviation où il y a eu grève générale de tous les syndicats (pour des revendications éloignées de la Loi Travail), ce ne sont que ces trois syndicats qui ont appelé à la grève. La CFDT s'y oppose même vigoureusement.
Je ne vois pas en quoi ta réponse contredit son message.
"que" ces trois ? Il n'y a pas énormément de syndicats, surtout un peu conséquents. CGT, FO et SUD, ça fait beaucoup. Même si je ne connais pas leur représentativité dans ce milieu, qui peut varier énormément d'une domaine à l'autre ou d'une entreprise à l'autre.
Au passage, sur l'article :
"Si l’on préfère miser sur l’extrême gauche en lui accordant une place surdimensionnée à un moment où par ailleurs le FN prospère, ce sera la porte ouverte à l’hystérisation, la fragmentation et la radicalisation de notre société."
Bouh, la malhonnêteté intellectuelle, le langage manipulateur. Jouer sur la peur du FN, la peur de l'extrême gauche, qualifier d'ailleurs d'extrême gauche ce qui n'en est pas (ou pas uniquement), nier les revendications pour parler de place surdimensionnée, et la conclusion absurde qui ramène à un faux-choix... Si on soutien le mouvement on mène la société à sa perte, rien que ça.
Je ne comprends toujours pas pourquoi le fait d'accorder de la place à l'extrême gauche renforcerait l'extrême droite.
Oui, au XIXème, au XXème aussi, au XXIème, j'imagine. Cela dit, le gros du combat a déjà été gagné. C'est aussi à cause/grâce à (de) cela que le socialisme syndical s'est transformé en socialisme politique (l'exemple de l'Allemagne, à ce titre, est parlant), parce que le gros du combat avait été gagné. Du point de vue de la France, que reste-t-il à changer hormis le maintien des fondamentaux (congés payés, journée de 8h etc) ?
Ca tombe bien, c'est de ça qu'il s'agit : maintenir les fondamentaux.
Sinon : avoir un salaire décent pour tous, avoir son mot à dire sur ses conditions de travail, faire reconnaitre la pénibilité, avoir un départ à la retraite à un âge décent, avoir un vrai accès à la formation (continue ou non), ne pas pouvoir être licencié pendant que les dirigeants se prennent une énorme prime, ne pas vivre en dessous du seuil de pauvreté, avoir de vrais contre-pouvoirs dans les sociétés, faire reconnaitre toutes les maladies professionnelles (le burn out par exemple), éviter que le seul critère soit la rentabilité pour satisfaire les actionnaires, revoir les notions de prêt de main d’œuvre... (en vrac et sans trop y réfléchir, je suppose qu'il y aurait beaucoup plus à dire, et à développer)
Pour savoir si les conditions de travail sont acceptables, je propose en premier qu'on demande à ceux qui sont concernés, et pas aux hommes politiques.
Surtout les emplois non qualifiés, ceux dont la pénibilité sont élevés, et les salaires inférieurs à la médiane.
Je ne suis pas dans ce cas là, mais pour connaitre quasi par cœur ma convention collective, les lois et jurisprudences sur les licenciements, et autres informations administratives, je trouve qu'il reste beaucoup à faire.
On nous rabat les oreilles de la grandeur de la France, de la chance qu'on a, mais je trouve que ça empêche seulement de voir ce qu'on n'a pas.
C'est comme pour la couverture sociale, que soi-disant le monde nous envie, alors qu'elle se détériore d'année en année et que la plupart des pays environnants tiennent le même discours.
Diagnostiquée Autiste Asperger et TDA.
Mère de 3 enfants : fils Aîné TDAH et TSA atypique, cadet TSA de type Asperger, benjamin TDAH.