[Index Philo] Pour parler de philosophie, ici !

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freeshost
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Message par freeshost »

Cultivez la zénitude, ainsi que la Muditā, votre compersion. :mrgreen:

La méritocratie a tendance à accroître les inégalités. :o
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Voir d'abord ceci...

Puis, le dernier opus de Monsieur Phi :
Spoiler : ▮▶ : 
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Message par Tugdual »

Entre philosophie, sociologie, anthropologie, psychologie et biologie, la série de Homo Fabulus sur la morale (débutée ici)...

1. La morale, ce truc bizarre :
Spoiler : ▮▶ : 

2. Sommes nous pré-câblés pour être moraux :
Spoiler : ▮▶ : 

3. Pourquoi pas tous des bisounours :
Spoiler : ▮▶ : 

4. À quoi "sert" la morale :
Spoiler : ▮▶ : 

5. Une histoire de coûts d'opportunité :
Spoiler : ▮▶ : 

6. Les extraterrestres auront-ils une morale :
Spoiler : ▮▶ : 

Modifications :
  • 30/01/2020 : Ajout de l'épisode 6.
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Ajout de l'épisode 6 sur la morale.
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Au tour de Monsieur Phi de parler de "The Good Place" :
Spoiler : ▮▶ : 
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La philo à l'heure du coronavirus :
Spoiler : ▮▶ : 
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Être toujours du côté des « opprimé·e·s » :
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Le dernier épisode de Monsieur Phi :
Spoiler : ▮▶ : 
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Edgar Morin: «Nous devons vivre avec l'incertitude.»
Spoiler : Citation : 
Confiné dans sa maison à Montpellier, le philosophe Edgar Morin reste fidèle à sa vision globale de la société. La crise épidémique, nous dit-il, doit nous apprendre à mieux comprendre la science et à vivre avec l’incertitude. Et à retrouver une forme d’humanisme.

La pandémie du coronavirus a remis brutalement la science au centre de la société. Celle-ci va-t-elle en sortir transformée ?

Edgar Morin : Ce qui me frappe, c’est qu’une grande partie du public considérait la science comme le répertoire des vérités absolues, des affirmations irréfutables. Et tout le monde était rassuré de voir que le président s’était entouré d’un conseil scientifique. Mais que s’est-il passé ? Très rapidement, on s’est rendu compte que ces scientifiques défendaient des points de vue très différents parfois contradictoires, que ce soit sur les mesures à prendre, les nouveaux remèdes éventuels pour répondre à l’urgence, la validité de tel ou tel médicament, la durée des essais cliniques à engager… Toutes ces controverses introduisent le doute dans l’esprit des citoyens.

Vous voulez dire que le public risque de perdre confiance en la science ?

E.M. : Non, s’il comprend que les sciences vivent et progressent par la controverse. Les débats autour de la chloroquine, par exemple, ont permis de poser la question de l’alternative entre urgence ou prudence. Le monde scientifique avait déjà connu de fortes controverses au moment de l’apparition du sida, dans les années 1980. Or, ce que nous ont montré les philosophes des sciences, c’est précisément que les controverses font partie inhérente de la recherche. Celle-ci en a même besoin pour progresser.

Malheureusement, très peu de scientifiques ont lu Karl Popper, qui a établi qu’une théorie scientifique n’est telle que si elle est réfutable, Gaston Bachelard, qui a posé le problème de la complexité de la connaissance, ou encore Thomas Kuhn, qui a bien montré comment l’histoire des sciences est un processus discontinu. Trop de scientifiques ignorent l’apport de ces grands épistémologues et travaillent encore dans une optique dogmatique.

La crise actuelle sera-t-elle de nature à modifier cette vision de la science ?

E.M. : Je ne peux pas le prédire, mais j’espère qu’elle va servir à révéler combien la science est une chose plus complexe qu’on veut bien le croire – qu’on se place d’ailleurs du côté de ceux qui l’envisagent comme un catalogue de dogmes, ou de ceux qui ne voient les scientifiques que comme autant de Diafoirus (charlatan dans la pièce Le Malade imaginaire de Molière, Ndlr) sans cesse en train de se contredire…

La science est une réalité humaine qui, comme la démocratie, repose sur les débats d’idées, bien que ses modes de vérification soient plus rigoureux. Malgré cela, les grandes théories admises tendent à se dogmatiser, et les grands innovateurs ont toujours eu du mal à faire reconnaitre leurs découvertes. L’épisode que nous vivons aujourd'hui peut donc être le bon moment pour faire prendre conscience, aux citoyens comme aux chercheurs eux-mêmes, de la nécessité de comprendre que les théories scientifiques ne sont pas absolues, comme les dogmes des religions, mais biodégradables...

La catastrophe sanitaire, ou la situation inédite de confinement que nous vivons actuellement : qu’est-ce qui est, selon vous, le plus marquant ?

E.M. : Il n’y a pas lieu d’établir une hiérarchie entre ces deux situations, puisque leur enchaînement a été chronologique et débouche sur une crise qu’on peut dire de civilisation, car elle nous oblige à changer nos comportements et change nos existences, au niveau local comme au niveau planétaire. Tout cela est un ensemble complexe. Si on veut l’envisager d’un point de vue philosophique, il faut tenter de faire la connexion entre toutes ces crises et réfléchir avant tout sur l’incertitude, qui en est la principale caractéristique.

Ce qui est très intéressant, dans la crise du coronavirus, c’est qu’on n’a encore aucune certitude sur l’origine même de ce virus, ni sur ses différentes formes, les populations auxquelles il s’attaque, ses degrés de nocivité… Mais nous traversons également une grande incertitude sur toutes les conséquences de l’épidémie dans tous les domaines, sociaux, économiques...

Mais en quoi ces incertitudes forment-elles, selon vous, le lien entre ces toutes ces crises ?

E.M. : Parce que nous devons apprendre à les accepter et à vivre avec elles, alors que notre civilisation nous a inculqué le besoin de certitudes toujours plus nombreuses sur le futur, souvent illusoires, parfois frivoles, quand on nous a décrit avec précision ce qui va nous arriver en 2025 ! L’arrivée de ce virus doit nous rappeler que l’incertitude reste un élément inexpugnable de la condition humaine. Toutes les assurances sociales auxquelles vous pouvez souscrire ne seront jamais capables de vous garantir que vous ne tomberez pas malade ou que vous serez heureux en ménage ! Nous essayons de nous entourer d’un maximum de certitudes, mais vivre, c’est naviguer dans une mer d’incertitudes, à travers des îlots et des archipels de certitudes sur lesquels on se ravitaille…

C’est votre propre règle de vie ?

E.M. : C’est plutôt le résultat de mon expérience. J’ai assisté à tant d’événements imprévus dans ma vie – de la résistance soviétique dans les années 1930 à la chute de l’URSS, pour ne parler que de deux faits historiques improbables avant leur venue – que cela fait partie de ma façon d’être. Je ne vis pas dans l’angoisse permanente, mais je m’attends à ce que surgissent des événements plus ou moins catastrophiques. Je ne dis pas que j’avais prévu l’épidémie actuelle, mais je dis par exemple depuis plusieurs années qu’avec la dégradation de notre biosphère, nous devons nous préparer à des catastrophes. Oui, cela fait partie de ma philosophie : « Attends-toi à l’inattendu. »

En outre, je me préoccupe du sort du monde après avoir compris, en lisant Heidegger en 1960, que nous vivons dans l’ère planétaire, puis en 2000 que la globalisation est un processus pouvant provoquer autant de nuisances que de bienfaits. J’observe aussi que le déchaînement incontrôlé du développement techno-économique, animé par une soif illimitée de profit et favorisé par une politique néolibérale généralisée, est devenu nocif et provoque des crises de toutes sortes… À partir de ce moment-là, je suis intellectuellement préparé à faire face à l’inattendu, à affronter les bouleversements.

Pour s’en tenir à la France, comment jugez-vous la gestion de l’épidémie par les pouvoirs publics ?

E.M. : Je regrette que certains besoins aient été niés, comme celui du port du masque, uniquement pour… masquer le fait qu’il n’y en avait pas ! On a dit aussi : les tests ne servent à rien, uniquement pour camoufler le fait qu’on n’en avait pas non plus. Il serait humain de reconnaître que des erreurs ont été commises et qu’on va les corriger. La responsabilité passe par la reconnaissance de ses erreurs. Cela dit, j’ai observé que, dès son premier discours de crise, le président Macron n’a pas parlé que des entreprises, il a parlé des salariés et des travailleurs. C’est un premier changement ! Espérons qu’il finisse par se libérer du monde financier : il a même évoqué la possibilité de changer le modèle de développement…

Allons-nous alors vers un changement économique ?

E.M. : Notre système fondé sur la compétitivité et la rentabilité a souvent de graves conséquences sur les conditions de travail. La pratique massive du télétravail qu’entraîne le confinement peut contribuer à changer le fonctionnement des entreprises encore trop hiérarchiques ou autoritaires. La crise actuelle peut accélérer aussi le retour à la production locale et l’abandon de toute cette industrie du jetable, en redonnant du même coup du travail aux artisans et au commerce de proximité. Dans cette période où les syndicats sont très affaiblis, ce sont toutes ces actions collectives qui peuvent peser pour améliorer les conditions de travail.

Sommes-nous en train de vivre un changement politique, où les rapports entre l’individu et le collectif se transforment ?

E.M. : L’intérêt individuel dominait tout, et voilà que les solidarités se réveillent. Regardez le monde hospitalier : ce secteur était dans un état de dissensions et de mécontentements profonds, mais, devant l’afflux de malades, il fait preuve d’une solidarité extraordinaire. Même confinée, la population l’a bien compris en applaudissant, le soir, tous ces gens qui se dévouent et travaillent pour elle. C’est incontestablement un moment de progrès, en tout cas au niveau national.

Malheureusement, on ne peut pas parler d’un réveil de la solidarité humaine ou planétaire. Pourtant nous étions déjà, êtres humains de tous les pays, confrontés aux mêmes problèmes face à la dégradation de l’environnement ou au cynisme économique. Alors qu’aujourd'hui, du Nigeria à Nouvelle-Zélande, nous nous retrouvons tous confinés, nous devrions prendre conscience que nos destins sont liés, que nous le voulions ou non. Ce serait le moment de rafraîchir notre humanisme, car tant que nous ne verrons pas l’humanité comme une communauté de destin, nous ne pourrons pas pousser les gouvernements à agir dans un sens novateur.

Que peut nous apprendre le philosophe que vous êtes pour passer ces longues périodes de confinement ?

E.M. : C’est vrai que pour beaucoup d’entre nous qui vivons une grande partie de notre vie hors de chez nous, ce brusque confinement peut représenter une gêne terrible. Je pense que ça peut être l’occasion de réfléchir, de se demander ce qui, dans notre vie, relève du frivole ou de l’inutile. Je ne dis pas que la sagesse, c’est de rester toute sa vie dans sa chambre, mais ne serait-ce que sur notre mode de consommation ou d’alimentation, c’est peut-être le moment de se défaire de toute cette culture industrielle dont on connaît les vices, le moment de s’en désintoxiquer. C’est aussi l’occasion de prendre durablement conscience de ces vérités humaines que nous connaissons tous, mais qui sont refoulées dans notre subconscient : que l’amour, l’amitié, la communion, la solidarité sont ce qui font la qualité de la vie.
Il n'y a pas de narrateur omniscient (Dieu, la main invisible, la justice). On peut se demander si tous ces romans avec narrateurs omniscient ne contribuent pas à l'entretien de l'illusion de la focalisation zéro. :mrgreen: Parler à la première personne du singulier permet de montrer la subjectivité de ses propres ressentis, de ses propres représentations. Après tout, ce que je sais, c'est que je ne sais rien. :mrgreen: [Citation à faire lire et comprendre aux personnes sujettes à l'une des deux faces - vous voyez de laquelle je veux parler :mrgreen: - de l'effet Dunning-Kruger. :lol: ]

Les représentations sont faites pour évoluer, quitte à impliquer un effort cognitif constant d'adaptation à la réalité. Rechercher une représentation définitive, n'est-ce pas l'aveu d'une avarice cognitive qui peut nous mener facilement au déni (étape du processus de deuil, pour autant qu'on n'y reste pas bloqué) ?
Modifié en dernier par freeshost le samedi 18 avril 2020 à 20:47, modifié 1 fois.
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Message par Tugdual »

Sur The Conversation :
Extrait :
Les stoïciens ont quatre vertus cardinales que l’on peut mettre en perspective avec le contexte.
  • La première est la sagesse, c’est savoir accueillir ce qui se passe avec calme et sérénité. Ne pas chercher un coupable et ne pas céder à la panique.
  • La deuxième dimension est la justice, c’est savoir interagir avec les autres, éduquer, montrer l’exemple, respecter les consignes.
  • Le troisième axe est la modération. Il s’agit de ne pas céder à la panique de l’achat, contrôler ses impulsions, modérer ses plaisirs, ne pas chercher à partir, à acheter ce qui n’est pas nécessaire.
  • La quatrième dimension est le courage de prendre des décisions qui ne sont pas plaisantes, décider ce qui est bon pour le bien commun.

Modifications :
  • 15/09/2020 : Suppression d'une balise incongrue.
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Re: [Index] Philosophie : Pour parler de philosophie, ici !

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Et si nous parlions d'André Comte-Sponville.

«Laissez-nous mourir comme nous voulons!»
Spoiler : Citation : 
C’est une opinion qui contraste dans la symphonie actuelle autour du coronavirus et du confinement. André Comte-Sponville, philosophe français, déplore qu’on sacrifie les jeunes au détriment des personnes âgées, la liberté sur l’autel de la santé. Et il interroge notre rapport à la mort.

Auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont Petit Traité des grandes vertus (Seuil), ou Traité du désespoir et de la béatitude (PUF), le philosophe français jette un pavé dans la mare.

Le Temps: Pour la première fois dans l’Histoire, l’humanité se donne pour mission de sauver tout le monde. Une bonne nouvelle?

André Comte-Sponville: Je suis partagé. A première vue, c’est une réaction sympathique. Mais c’est aussi un projet parfaitement absurde. Si l’espérance de vie a crû considérablement, et c’est tant mieux, le taux individuel de mortalité, lui, n’a pas bougé depuis 200 000 ans. Il est toujours de un sur un, donc de 100%! Bref, j’ai deux nouvelles à vous annoncer, une bonne et une mauvaise. La mauvaise, c’est que nous allons tous mourir. La bonne, c’est que l’énorme majorité d’entre nous mourra d’autre chose que du Covid-19!

A 68 ans, vous devriez pourtant vous réjouir du principe de précaution!

Moi qui suis un anxieux, je n’ai pas peur de mourir de ce virus. Ça m’effraie beaucoup moins que la maladie d’Alzheimer! Et si je le contracte, j’ai encore 95% de chances d’en réchapper. Pourquoi aurais-je peur? Ce qui m’inquiète, ce n’est pas ma santé, c’est le sort des jeunes. Avec la récession économique qui découle du confinement, ce sont les jeunes qui vont payer le plus lourd tribut, que ce soit sous forme de chômage ou d’endettement. Sacrifier les jeunes à la santé des vieux, c’est une aberration. Cela me donne envie de pleurer.

Vous serez accusé de vouloir condamner des vies pour sauver l’économie!

A tort! La médecine coûte cher. Elle a donc besoin d’une économie prospère. Quand allons-nous sortir du confinement? Il faut bien sûr tenir compte des données médicales, mais aussi des données économiques, sociales, politiques, humaines! Augmenter les dépenses de santé? Très bien! Mais comment, si l’économie s’effondre? Croire que l’argent coulera à flots est une illusion. Ce sont nos enfants qui paieront la dette, pour une maladie dont il faut rappeler que l’âge moyen des décès qu’elle entraîne est de 81 ans. Traditionnellement, les parents se sacrifiaient pour leurs enfants. Nous sommes en train de faire l’inverse! Moralement, je ne trouve pas ça satisfaisant!

La surcharge des hôpitaux n’était-elle pas une raison suffisante pour confiner?

C’est en effet sa principale justification, et la principale raison qui fait que je n’y suis pas opposé. Mais dès que les hôpitaux retrouvent de la marge de manœuvre, il faut faire cesser, ou en tout cas alléger, le confinement. Et je crains qu’en France, où l’on se soucie de plus en plus de santé et de moins en moins de liberté (la France est quand même l’un des rares pays où le mot «libéral» soit si souvent une injure), cela se fasse plus tard que dans la plupart des pays comparables. Vais-je devoir m’installer en Suisse pour pouvoir vivre libre?

Déplorez-vous le retour en grâce des scientifiques?

Je déplore le pan-médicalisme, cette idéologie qui attribue tout le pouvoir à la médecine. Une civilisation est en train de naître, qui fait de la santé la valeur suprême. Voyez cette boutade de Voltaire: «J’ai décidé d’être heureux, parce que c’est bon pour la santé.» Auparavant, la santé était un moyen pour atteindre le bonheur. Aujourd’hui, on en fait la fin suprême, dont le bonheur ne serait qu’un moyen! Conséquemment, on délègue à la médecine la gestion non seulement de nos maladies, ce qui est normal, mais de nos vies et de nos sociétés. Dieu est mort, vive l’assurance maladie! Pendant ce temps, les politiciens évitent les sujets qui fâchent, donc ne font plus de politique, et ne s’occupent plus que de la santé ou de la sécurité de leurs concitoyens. Quand on confie la démocratie aux experts, elle se meurt.

Notre réaction à l’épidémie vient-elle du fait que la mort fait obstacle à notre sentiment contemporain de toute-puissance?

La mort est aujourd’hui vécue comme un échec. Il faut relire Montaigne, lui qui a connu des épidémies de peste bien plus graves que le coronavirus et qui écrit dans les Essais: «Le but de notre carrière, c’est la mort… Si elle nous effraie, comment est-il possible d’aller un pas en avant sans fièvre? Le remède du vulgaire, c’est de n’y penser pas. […] Mais aussi, quand elle arrive ou à eux ou à leur femme, enfants et amis, les surprenant soudain et à découvert, quels tourments, quels cris, quelle rage et quel désespoir les accable!» Nous en sommes là! On redécouvre qu’on est mortel. Alors que si on y pensait davantage, on vivrait plus intensément. Arrêtons de rêver de toute-puissance et de bonheur constant. La finitude, l’échec et les obstacles font partie de la condition humaine. Tant que nous n’aurons pas accepté la mort, nous serons affolés à chaque épidémie. Et pourquoi tant de compassion geignarde autour du Covid-19, et pas pour la guerre en Syrie, la tragédie des migrants ou les neuf millions d’humains (dont trois millions d’enfants) qui meurent de malnutrition? C’est moralement et psychologiquement insupportable.

Est-ce l’incertitude qui engendre cette terreur collective?

L’incertitude est notre destin, depuis toujours. Le combat entre l’humanité et les microbes ne date pas d’hier, et cette maladie n’est pas la fin du monde. Dans les temps anciens, c’était encore pire! Ces dernières semaines, je n’ai heureusement entendu personne qui dise que le Covid-19 est un châtiment divin, ni qui compte sur la prière pour vaincre le virus! C’est un progrès! Moins de superstition, plus de rationalité!

Vraiment? Vous oubliez les théories du complot!

C’est vrai! La superstition recule. Le taux de bêtise, hélas, demeure constant.

Quelle valeur à vos yeux surpasse la santé?

La santé n’est pas une valeur, c’est un bien: quelque chose d’enviable, pas quelque chose d’admirable! Les plus grandes valeurs, tout le monde les connaît: la justice, l’amour, la générosité, le courage, la liberté… Je ne suis pas prêt à sacrifier ma liberté sur l’autel de la santé! Nous ne pouvons accepter l’assignation à résidence – ce qu’est en réalité le confinement – que si elle est de courte durée. Je crains que l’ordre sanitaire ne remplace «l’ordre moral», comme on disait du temps du maccarthysme. Je redoute qu’on s’enfonce dans le «sanitairement correct», comme nous l’avons fait dans le politiquement correct. J’aime beaucoup les médecins, mais je ne vais pas me soumettre aux diktats médicaux. Va-t-on continuer à confiner indéfiniment les plus âgés, soi-disant pour les protéger? De quel droit prétendent-ils m’enfermer chez moi? J’ai plus peur de la servitude que de la mort. Depuis quinze jours, j’en viens à regretter de ne pas être Suédois: je serais moins privé de ma liberté de mouvement!

Même si c’est au prix de la vie?

Mais laissez-nous mourir comme nous voulons! Alzheimer ou le cancer font beaucoup plus de victimes que le coronavirus; s’en soucie-t-on? On pleure les décès dans les établissements médicosociaux, mais faut-il rappeler qu’en général, on y va pour mourir? Pardon de ne pas être sanitairement correct! Je ne supporte plus ce flot de bons sentiments, cette effusion compassionnelle des médias, ces médailles de l’héroïsme décernées aux uns ou aux autres. L’être humain est partagé entre égoïsme et altruisme, et c’est normal. Ne comptons pas sur les bons sentiments pour tenir lieu de politique.

Est-il illusoire de penser que cette crise changera la société?

Ceux qui croient qu’elle ne changera rien se trompent. Ceux qui croient qu’elle changera tout se trompent aussi. Cette pandémie pose toutes sortes de problèmes, mais n’en résout aucun. L’économie gardera ses contraintes et ses exigences. Peut-être allons-nous revaloriser les salaires de certains métiers d’utilité sociale? Tant mieux! Mais des footballeurs continueront à gagner des millions, ce qui a peu de chances d’arriver aux infirmières.
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Re: [Index] Philosophie : Pour parler de philosophie, ici !

Message par freeshost »

Et si nous philosophions sur la mort et la vie, à la vie à la mort. Car c'est une question de vie ou de mort. :mrgreen:

Une «rupture dans la façon dont les gens meurent»
Spoiler : Citation : 
La sociologue Eva Illouz estime que le virus a détruit les structures symboliques de la mort et provoqué un retour en force de l'Etat social. Elle réclame une «éthique de la responsabilité».

La pandémie de Covid-19 a «détruit» les rites de la mort et appelle à une «éthique de la responsabilité» à l'heure où les gouvernements planchent sur la plus grande opération de déconfinement de l'Histoire, estime la sociologue Eva Illouz dans un entretien à l'AFP.

Considérée comme l'une des intellectuelles les plus influentes du temps présent en Occident, l'universitaire franco-israélienne, connue pour ses ouvrages «Sentiments du capitalisme» (Seuil) et «Happycratie» (Premier Parallèle) ou «The End of love» (Oxford University Press), regarde attentivement les convulsions d'un monde en pleine tempête du coronavirus.

Si certains voient un retour en force de l'Etat social, Eva Illouz voit aussi dans cette crise une «rupture dans la façon dont les gens meurent», explique-t-elle dans un entretien à Jérusalem où elle partage son temps avec Paris.

«Pensez au patient sur un lit d'hôpital: qu'est-ce qu'il voit? Il n'a pas de contact avec sa famille, il n'est pas accompagné par les gens qui l'aiment, il n'a aucun contact humain dans le sens plein du terme parce que les médecins et les infirmiers sont protégés par un équipement qui ne permet souvent même pas de voir leurs yeux. C'est comme si le malade était soigné par des astronautes et perd tout contact humain pendant les jours où il voit sa mort approcher», analyse la sociologue.

«Les prêtres ou la famille ne peuvent plus se rendre au chevet des mourants et cela représente une fracture abyssale dans la façon de mourir. Ajoutez à cela le fait que la maladie effraie les patients mais qu'elle effraie aussi les médecins et le personnel soignant. D'où le caractère insoutenable de la 'mort Corona', une mort qui détruit les structures symboliques fondamentales de la mort», ajoute-t-elle.

«Pouvoir de contrainte»

Autre transformation rapide: le rapport à l'Etat. «Personnellement, je n'ai jamais senti la contrainte peser sur moi de façon aussi forte. Jamais l'Etat ne m'a semblé avoir un tel pouvoir de contrainte... On a basculé du jour au lendemain d'un Etat qui nous disait que tout dépendait de nos talents, de notre initiative et endurance, à un Etat qui se place au-dessus des volontés individuelles et qui coordonne toutes les actions des individus.»

«Il est clair aussi que encore une fois ce sera l'Etat qui va sauver le capitalisme de lui-même, comme il l'a fait à plusieurs reprises, en 1929 ou en 2008. Quand comprendrons-nous que le marché ne peut coordonner aucune crise, ne peut pas gérer les crises sociales, et que en fait il est lui-même source de grandes déchirures sociales?», s'interroge-t-elle.

La crise, souligne-t-elle, a été «mieux gérée» jusqu'à présent en Allemagne, en Nouvelle-Zélande, à Taïwan, en Islande, en Norvège, au Danemark où des femmes sont au pouvoir. «Il n'y a pas eu de dérive autoritaire» mais des mesures sanitaires vigoureuses explique-t-elle, ce qui a empêché «la dérive politique».

«Situation explosive»

Aux Etats-Unis, où le président Donald Trump a nié au début la gravité de la pandémie, des citoyens ont manifesté contre des mesures de confinement considérées selon eux comme une atteinte à leur liberté individuelle.

«Si le confinement dure trop longtemps la situation peut devenir explosive, si les gens sont privés de leur liberté et de leur revenu, je pense que ça ne va pas être tenable», soutient la sociologue.

Quand déconfiner? Comment? Pourquoi? Là encore la logique économique se heurte à des enjeux de santé publique et aussi à la responsabilité individuelle. «Pendant le confinement l'Etat assume tout ou presque mais dès que l'on va déconfiner les individus devront assumer leur responsabilité vis-à-vis d'eux-mêmes et vis-à-vis des autres. Il va vraiment y avoir (besoin) d'une nouvelle éthique de la responsabilité», analyse-t-elle.

«Il va falloir calculer des risques, il va falloir pratiquer la transparence (...) Le type de responsabilité qui est exigé dans la crise actuelle c'est que chacun doit se voir soi-même comme un danger pour les autres. C'est l'inverse de nos catégories éthiques traditionnelles.»

Pour les cols blancs en télétravail ou les plus fortunés, les mesures de distanciation sociale sont plus faciles en théorie à respecter. Mais au fur et à mesure du déconfinement, il y a le risque de «mettre les populations, surtout les classes sociales les plus défavorisées, devant des dilemmes insurmontables puisqu'on va leur demander de choisir entre leur santé et leur survie (économique)».

Et ce, avec le risque de «créer une sorte d'inégalité non seulement face à la richesse mais face à la vie et à la mort et cela va être intolérable».
La pandémie du Covid-19 en 2020, une rupture dans la façon dont les gens vivent puis meurent ?
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Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)