Complexe de supériorité et Autisme?

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Curiouser
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Re: Complexe de supériorité et Autisme?

Message par Curiouser »

SuleSpeck a écrit : dimanche 6 février 2022 à 20:31 Je suis maintenant plus mêlée que jamais, la confusion entre TSA et HP étant grande. Je me prends même à me demander l'utilité de distinguer ces 2 choses!
J'ai peut-être mal compris cette phrase, mais, à mon sens, il y a une grande utilité à distinguer les TSA du HPI (ou HQI).

De manière générale - et forcément schématique, sans entrer dans les nuances de chaque profil personnel et individuel :
  • TSA : très grande probabilité de générer des difficultés et de la fatigabilité importantes, dans les sphères sociale, relationnelle, sensorielle (chaque personne autiste a un profil qui lui est spécifique, mais il y a forcément un retentissement dans certains domaines du quotidien et dans le cadre de la vie en société, même si certains aménagements voire choix de vie - quand c'est possible - peuvent aider à dépasser cela).

    Edit : C'est d'ailleurs ce qui est explicité dans deux critères diagnostiques des TSA dans le DSM-V (source : article sur la dyade autistique, Comprendre l'autisme) :
    C. Les symptômes doivent être présents dès les étapes précoces du développement (mais ils ne sont pas nécessairement pleinement manifestes avant que les demandes sociales n’excèdent les capacités limitées de la personne, ou ils peuvent être masqués plus tard dans la vie par des stratégies apprises).

    D. Les symptômes occasionnent un retentissement cliniquement significatif en termes de fonctionnement actuel, social, scolaire (professionnels ou dans d’autres domaines importants).

  • HPI / HQI : des études tendent à prouver que les personnes avec HQI ont de meilleures chances statistiques d'accéder à un meilleur niveau de vie. Bien entendu, cela ne signifie pas que toutes les personnes HQI seront forcément heureuses toute leur vie, mais cela signifie simplement que ce n'est pas un trouble.
    Dès lors, donc, qu'il y a des difficultés importantes et persistantes chez la personne HQI, il faut chercher la cause ailleurs, soit dans des troubles neurodéveloppementaux (TSA, TDA(H), etc.), soit dans d'autres troubles (syndrome de stress post-traumatique, troubles de la personnalité, etc. etc.).

    Edit : voir notamment à ce propos l'article de Ramus cité par Tugdual, La pseudoscience des surdoués. Un extrait de la conclusion qui résume bien les choses, à mon sens :
    Spoiler : 
    De nombreux mythes sur la précocité sont colportés, dont le trait commun est de faire des « surdoués » des victimes et de la précocité une pathologie. Ces légendes noires de la précocité intellectuelle sont diffusées par beaucoup de personnes de bonne foi qui côtoient des surdoués ayant de véritables difficultés. Il ne s’agit pas en effet de prétendre que la précocité immunise contre les problèmes : il existe des surdoués dépressifs, anxieux ou perdant pied à l’école. Lorsqu’une personne est surdouée et souffre d’une difficulté psychologique, il est important de lui venir en aide, mais il ne faut pourtant pas en déduire que la précocité est nécessairement la cause de ses difficultés.

Un trouble anxio-dépressif, par exemple, pourra être soigné (par les thérapies cognitivo-comportementales - TCC - par exemple), et il y a de bonnes chances que la personne qui en souffre puisse ainsi gagner en confort de vie. Les TSA, a contrario, ne se soignent pas (on peut cependant traiter les comorbidités souvent fréquentes, notamment tout ce qui concerne l'anxiété et les troubles dépressifs), mais il faut demeurer conscient que les personnes TSA auront toujours, dans la majeure partie des cas, certaines difficultés (que l'on peut atténuer avec certains aménagements, certes, mais tout n'est pas aménageable, hélas).

C'est mon point de vue, cela étant. Pour ma part, je vois bien quels impacts produit mon TSA sur mon quotidien ; dans certains cas, cela constitue de vrais handicaps (notamment au niveau de la fatigabilité), dans d'autres cas, avec un environnement plus adapté à mes besoins et mes spécificités, c'est un peu plus facile à vivre... Mais, quoi qu'il en soit, il y a un réel impact sur mon quotidien, et il me semble très important, justement, de savoir faire la part des choses entre les différentes causes possibles des difficultés de chacun.
Diagnostiquée TSA en janvier 2021. Conjoint diagnostiqué TSA en octobre 2020.

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Tugdual
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Re: Complexe de supériorité et Autisme?

Message par Tugdual »

J'ai regroupé ici les liens et une conférence de Ramus sur le sujet.
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
Hector74
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Re: Complexe de supériorité et Autisme?

Message par Hector74 »

Brettzeal a écrit : mardi 21 décembre 2021 à 14:57 Donc le problème pour moi résidait seulement dans la Logique, je n'arrivais pas à expliquer les incohérences que je décelais chez les autres.

Aujourd'hui j'ai compris d'où vient ce sentiment. J'ai compris que les gens normaux n'utilisent pas la raison de la même façon que moi. J'ai surtout compris que l'intelligence n'est pas associée aux capacités de raisonnement, mais plutôt aux capacités d'adaptation. L'intelligence des NT, celle que je ne comprenais pas, elle est biologique, pas associée à la capacité de raisonnement conscient.
Donc ce que je pensait être une "supériorité intellectuelle" n'en est pas une. Et c'est un quiproquo qui provient de la façon dont le mot intelligence est utilisé en société. En revanche, et sans aucun doute possible, j'ai une capacité de raisonnement logique très supérieure à la plupart des gens que je rencontre dans ma vie. Mais ce n'est pas preuve d'un grande intelligence, au contraire. C'est la seule façon que j'ai de concevoir le monde, et en terme d'adaptation c'est souvent mauvais. J'ai juste compensé une intelligence biologique très faible par de nombreux efforts. Et j'ai compensé l'inefficacité de mes processus inconscients en les remplaçant par des processus conscients.
Je me retrouve bien dans cette partie du message.

En revanche, j'ai été vacciné très tôt contre le sentiment de supériorité. J'ai pu en effet m'étalonner dès l'école primaire avec un véritable surdoué (qui serait étiqueté aujourd'hui HPI je suppose). Dans ma classe, il y avait lui qui planait au-dessus de tous, puis un cran en-dessous il y avait moi, puis plus bas tous les autres en gros. Par rapport à moi, qui suis selon toutes probabilités aspie, le surdoué avait des performances intellectuelles encore supérieures et surtout il n'avait pas mes manques et faiblesses (il était ainsi également bon en sport, contrairement à moi, et ne souffrait pas de problèmes de communication visibles).

Autre point très important : alors qu'enfant j'apprenais vite et sans effort, que je me sentais disposer d'un vaste potentiel intellectuel qui ne demandait qu'à être exploité, mes performances ont nettement décru à l'adolescence. (A-t-on d'ailleurs une véritable explication à ce phénomène repérable je crois chez beaucoup d'autistes ?) Notre surdoué a au contraire poursuivi sur sa trajectoire durant cette phase évolutive cruciale et, adulte, poursuit une carrière professionnelle exceptionnelle. (Pour l'anecdote, tout jeune encore il a inventé le premier serveur web au CERN, a travaillé à l'ESA, est consultant pour les questions de sécurité informatique à la Commission européenne, a fondé plusieurs sociétés technologiques prospères, est polyglotte... et bon danseur de tango.) Moi je suis juste devenu un fonctionnaire anonyme dans le secteur culturel. (Précisons que j'ai grandi dans un milieu social moins favorisé que lui, c'est aussi un facteur à prendre en compte.)

Je ne placerai cependant pas nécessairement la pensée intuitive/l'intelligence émotionnelle au-dessus du raisonnement analytique. C'est quand même grâce à ce dernier que nous avons étendu notre connaissance du monde et qu'existent toutes les machines qui nous environnent actuellement (comme celles conçues par mon ex-camarade d'école surdoué).

Le mieux pour nous serait bien sûr de pouvoir recourir de façon performante aux deux systèmes, en privilégiant tantôt l'un, tantôt l'autre selon les situations. Comme l'explique le psychologue cognitif Thierry Ripoll :
Nous disposons tous de deux modes de fonctionnement cognitif : analytique et intuitif. Le premier est lent, coûteux cognitivement et exige de grands efforts attentionnels. Il requiert de puiser dans ses ressources cognitives.

Il est récent d’un point de vue évolutif. Ça n’est pas une mode de traitement de l’information très naturel ou spontané. Il se renforce en proportion du niveau d’éducation.

Le second est rapide, demande peu d’efforts cognitifs, procède souvent par associations et s’appuie beaucoup sur notre mémoire. Il est quasiment irrépressible et donc s’impose à nous sans que nous puissions y résister. Il a une forte composante émotionnelle.
Il est clair que les neurotypiques qui m'environnent utilisent bien plus massivement que moi leur système intuitif. Et comme ils sont incomparablement plus nombreux, ils ont généralement gain de cause dans le monde social. Et rien que cela, c'est suffisant pour avoir un avantage déterminant dans la vie.
Pas encore "officiellement" diagnostiqué. Hésite encore à entreprendre cette démarche.