misty a écrit : ↑lundi 28 janvier 2019 à 12:45
lulamae a écrit :
Ici j'ai du mal à comprendre de quoi il est question, ne connaissant pas les dispositifs d'accompagnement.
C'est bien le problème, et tu n'es pas la seule. Pour (essayer de) résumer:
- ces dispositifs relèvent de l'agefiph ou structure apparentée,
=> cet (ces) organisme(s) concernent tous types de handicap,
=> il y a dorénavant des intervenants spécialisés
handicap psychique, ce qui recoupe tous les troubles mentaux, IMC, séquelles de traumatismes crâniens, maladies neuro-dégénératives etc...
=> les TSA, jusque là "classés" avec les troubles mentaux, sont désormais (grâce à la pression exercée par les travailleurs sociaux) dans une catégorie à part nommée
troubles coginitifs (c'est le cas dans la structure dont je dépends mais à priori c'est en voie de généralisation un peu partout),
=> même avec cette catégorie à part, il n'en reste pas moins que le TSA fait partie des handicaps psychiques, notamment parce que concrètement les besoins qui y sont liés recoupent les besoins liés aux autres troubles.
Unafam a écrit :Spécificité du handicap psychique
Définition : Le handicap psychique est caractérisé par un déficit relationnel, des difficultés de concentration, une grande variabilité dans la possibilité d'utilisation des capacités alors que la personne garde des facultés intellectuelles normales.
en détail:
Spécificité du handicap psychique
Ce que ça donne dans la vie réelle de pour de vrai, c'est que quand des "Aspinets" familiers depuis des mois voire des années de la "jérémiade chorale en milieu web-pseudo-autistique fermé" se voient tout d'un coup confrontés au contexte du handicap psychique (et se frottent à des porteurs de pathologies extrêmement invalidantes et aussi à des autistes bien moins "fonctionnels" qu'eux), ils descendent de quelques marches sur l'échelle de la jérémiade.
Il y a des intervenants qui, repérant le souci d'autocentrisme rapidement, vont pousser la personne à assister à des ateliers en groupe (plus pour lui faire prendre conscience de l'environnement qu'autre chose), et d'autres qui au bout de 3 comme ça n'en peuvent plus et tout le monde trinquera derrière.
Malgré l'aspect "conscience professionnelle", je peux comprendre les gens qui perdent patience car ce sont avant tout des humains. Et moi-même quand j'entends la manière dont certains diagnostiqués ou en cours de diag (sous certaines conditions, on peut accéder à ces dispositifs en étant en cours de diag) évoquent leur "autisme de haut niveau" ou leur "différence qui n'est pas un handicap mais leur donne des compétences exceptionnelles (par rapport à qui, à quoi?)", j'ai beaucoup de mal à ne pas leur taper dessus. Je suis tout à fait sérieuse et sincère là-dessus.
Heureusement, les intervenants gèrent mieux leurs pulsions d'agressivité que moi, mais émotionnellement ils doivent être très impactés aussi.
Ce qu'on ne peut pas mesurer quand on est dans des débats théoriques sur l'aspect sociologique de l'autisme sans connaître le terrain concret, c'est qu'une bonne partie des revendications "à thème sociologisant" liées à l'autisme et uniquement à l'autisme passent vraiment pour de l'élitisme, ou pour une sorte de "bourgeoisie du handicap psychique". Tous ces discours à la "oui mais nous c'est pas pareil blablabla..." sont à la fois absurdes (comment savoir que "c'est pas pareil" sans rien savoir des autres handicaps psychiques?) et méprisants.
C'est sans doute lié à un vécu perso et aussi à mon caractère, mais autant je n'ai aucun problème à dire (si on me pose la question) que j'ai un trouble mental (factuellement c'est vrai, le TSA étant dans le DSM), autant j'ai vraiment honte de dire que je suis diagnostiquée autiste. Et ce à cause de cette "bourgeoisie du handicap psychique" qui est à la fois très palpable et très insupportable quand on est immergé dans l'aspect concret du handicap psychique
en général.
C'est difficile de ne pas être en colère quand des personnes disent à notre place "nous on est pas pareils", alors que sur le terrain et concernant les aspects concrets, aucun handicapé psychique n'échappe aux difficultés sociales, liées à l'hygiène de vie/organisation, émotionnelles, et encore moins à la stigmatisation. De fait, d'un point de vue sociologique SI, ON EST PAREILS.
La seule chose qui diffère dans l'autisme ce sont les enjeux de prise en charge précoce (comme pour tous les troubles développementaux), et ça, ça n'a rien à voir avec la popote qui revient sans arrêt.
Carapa a écrit :Je ne vois pas en quoi c'est un non-sens absolu, les deux critères principaux étant 1) les intérêts restreints, et 2) les troubles des interactions sociales, qui a priori peuvent avoir beaucoup d'autres raisons qu'un problème de compréhension verbale.
Si on est dans la vulgarisation et l'interprétation ouverte oui, si on est dans une définition cadrée non. Pour commencer, le DSM ne parle pas de
trouble des interactions sociales (qui avec un terme si ouvert concerne à peu près l'ensemble du DSM), mais de
Déficits persistants dans la communication sociale et les interactions sociales dans de multiples contextes.
Il faut considérer déjà que les définitions du DSM sont faites par des pros pour des pros, et que derrière un même terme il peut y avoir des concepts différents selon qu'on est spécialiste ou profane (il y a en plus les approximations de traductions, l'anglais étant de base bien plus nuancé et relatif que le français).
Derrière le terme "communication sociale", il y a une notion importante qui est celle de "pragmatique du langage"; d'ailleurs une bonne partie des tests standardisés porte sur cette "pragmatique du langage" (implicites, second degré...). Quelqu'un qui a des compétences suffisantes pour scorer à ces tests ne peut pas rencontrer les critères diagnostiques de l'autisme, et donc même si par ailleurs il présente d'autres "symptomes" il sera écarté du diagnostic, c'est mathématique (question de seuils).
Il y a d'ailleurs un trouble nommé Trouble pragmatique du langage (ou Syndrome sémantique pragmatique) qui a été détaché de l'autisme à la suite de pressions de spécialistes, dont Mottron. A l'origine il servait à ne pas poser un diagnostic d'autisme chez un non-déficient intellectuel, autrement dit il recoupe totalement et sans ambigüité le TSA SDI; et dorénavant il ne peut être posé que si le TSA est formellement exclu.
Dans la plupart des ouvrages, il est précisé que (en particulier concernant l'autisme infantile) si des caractéristiques isolées peuvent apparaître chez absolument tous les enfants, un profil qui rentre dans les critères diagnostiques c'est un profil qui
accumule un nombre important de caractéristiques et surtout qui les présente de façon figée. C'est une nuance capitale.
Autre chose au sujet de la compréhension verbale qui est automatiquement associé (plus ou moins consciemment) chez les pros et pas du tout chez les non-pros, c'est tout l'aspect sensoriel. Le défaut de filtrage de la voix humaine est à lui seul une donnée importante (difficile de s'étonner qu'un enfant/adulte qui ne réagit pas à son prénom et/ou ne se rend pas compte qu'on lui parle aie des difficultés de compréhension verbale). Et si les aspects sensoriels ne font pas partie du diagnostic (malgré des volontés explicites), c'est visiblement avant tout parce qu'elles constituent un implicite évident dans le tableau clinique existant. Ce point se retrouve quasiment dans toute la littérature dispo sur le sujet.
De manière générale, l'autisme est tellement complexe que sans une étude approfondie d'ouvrages de spécialistes il est illusoire de penser pouvoir y piger quoi que ce soit. Je sais bien que c'est une littérature dense et que picorer ça et là des infos sur le net est plus accessible, mais c'est aussi la mobilisation importante des capacités cognitives qui permet la compréhension de notions ou nuances, donc on ne peut pas attendre le même résultat suite à un effort de lecture important ou à 5 minutes de picorage sur le net. Bien sûr, ce n'est pas simple de se concentrer et de focaliser son attention (moi-même soit j'y arrive à fond soit c'est complètement insurmontable, je n'ai pas de médiane), je suis consciente aussi des problématiques liées aux TDA, dépression ou même fatigue importante, mais bon il n'en reste pas moins qu'y voir plus clair implique énormément de facteurs.
Je ne dis pas ça que pour toi Carapa, mais il est impossible d'avancer sans étudier sérieusement une littérature complexe, sur un sujet lui même extrêmement complexe et aux ressorts finalement assez méconnus.
J'espère que mon absence de réponse à d'éventuelles nouvelles requêtes d'explications ne sera pas vécu comme du snobisme ou autre (sinon tant pis), mais là comme je le disais je sature complètement. J'ai voulu ré-essayer un coup (avec les illusions liées à la nouvelle année, peut-être...) et en fait ça confirme ce que je savais.
Si vraiment quelqu'un a une question très concrète et indispensable pour lui il peut me l'envoyer par mp, en s'attendant à un délai proche de l'incertitude quantique ça devrait pouvoir se faire.