Conseils et ressources pour l'emploi

Toutes discussions concernant l'autisme et le syndrome d'Asperger, leurs définitions, les méthodes de diagnostic, l'état de la recherche, les nouveautés, etc.
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Jean
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Le rapport de Josef Schovanec : cinq axes principaux : combattre les représentations négatives de l’autisme, faciliter l’accès aux études secondaires et supérieures, adapter et réformer les stages et la formation professionnelle, faciliter l’inclusion professionnelle des personnes autistes, et faire émerger un centre national dédié à la connaissance de l’autisme et de ses spécificités.

Le communiqué du Ministère
http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/com ... uville.pdf

Le rapport :
http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rap ... ovanec.pdf

Une première analyse, par Sylvain Briant, d'ASPERtise
https://sylvain-briant.com/rapport-le-d ... .8et4mz8nd
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Le compte-rendu de la conférence de presse.

Le rapport de Josef Schovanec sur l'emploi des personnes autistes

Josef Schovanec "remettait" aujourd'hui son rapport sur l'emploi des personnes autistes à Ségolène Neuville. Un bon exemple de télétravail. Cinq axes principaux : combattre les représentations négatives de l’autisme, faciliter l’accès aux études secondaires et supérieures, adapter et réformer les stages et la formation professionnelle, faciliter l’inclusion professionnelle des personnes autistes,
conférence de pressse 16 mars.jpg
Téléconférence 16 mars 2017

Ségolène Neuville a tenu ce matin une conférence de presse pour présenter le rapport de Josef Schovanec sur l'emploi des personnes autistes.

Sa proposition a été présentée au Comité National Autisme du 21 avril 2016. Après l'acceptation de Josef, la mission a été confiée par le Président de la République à l'occasion de la Conférence Nationale du Handicap du 19 mai 2016. Ce rapport était destiné à une meilleure prise en compte des adultes autistes dans le 4ème plan.

Après une introduction d'Etienne Petitmengin du Comité Internmistériel du Handicap, Josef a présenté son rapport des antipodes, par visoconférence à partir des locaux de l'ambassade de Wellington (Nouvelle-Zélande) où il bronze actuellement. Un bel exemple de télétravail, sûrement apprécié de notre impétrant (pas de mondanités à gérer avant et après - et d'ailleurs, même à Paris, il n'y avait pas de sucreries).

Le communiqué du Ministère

Le rapport (76 pages)

Des extraits, par Sylvain Briant, d'ASPERtise

Quelques notes au hasard de l'intervention de Josef : "La vie d'adulte de qualité ne doit pas être réservée à une minorité". "Tenir compte de la diversité des profils, des personnes autistes." "La plupart des personnes autistes ne s'intéressent pas à l'informatique." "Il faut faire oeuvrer ensemble les assocations spécialisées dans l'autisme et celles oeuvrant dans le champ du handicap, surmonter la méfiance bilatérale." "Dépression, paranoïa, diverses formes de retrait du monde sont engendrées par la brutale mise à l'écart de la société." "Question des suicides et des décès bien trop prématurés". "Personnes autistes à la rue, SDF." "L'accessibilité, c'est un processus dynamique, cela implique un travail en commun". En conclusion "Albert Jacquard, de mémoire : mon objectif n'est pas de bâtir une société, mais plutôt de montrer qu'elle ne doit pas ressembler à la situation actuelle;".

Ségolène Neuville : "le rapport se lit avec plaisir, comme un livre, pas comme un rapport. Il est dense, il est à lire en entier (par exemple dans le train)."

" Il servira pour le 4ème plan :

faciliter l'inclusion
soutenir la pairaidance, en créant par exemple des GEM (groupes d'entraide mutuelle) Autisme
aménagements nécessaires pour les personnes autistes dans les entreprises. Exemple d'une entreprise visitée en Eure-et-Loir [Andros]
VAE (validation des acquis de l'expérience) pour faire reconnaître les compétences des autodidactes
développement des stages à tous les niveaux
Crér un pôle universitaire spécialisé."

La présidente du CNCPH (comité consultatif national des personnes handicapées) a mentionné à ce sujet le groupe de travail au niveau du Ministère de l'Enseignement Supérieur. (1)

Le journaliste de TSA (Travail Social Actualités) a essayé de recueillir des anecdotes sur la vie d'un autiste dans un cabinet ministériel. Josef s'est prudemment contenté dans sa réponse de parler de sa vie professionnelle antérieure.

En réponse à l'intervention de l'ARAPI au sujet de la recherche, Josef a souligné l'absence de recherches en sciences humaines, par exemple sur les violences subies ou le mal logement des personnes autistes.

Une association a souligné le fait que les services de l'Emploi ne savaient pas comment renseigner les compétences des pesonnes autistes dans le code ROME. Comme a répondu Josef, "un autiste qu'on veut mettre dans une case, il ne rentre pas dans les cases".

Ségolène Neuville en a profité pour insister sur la nécessité que tous les ministères participent à la conception du 4ème plan autisme, pour y être ensuite pleinement impliqués dans la mise en oeuvre.

La représentante de la FFP (fédération française de psychiatrie) a rebondi sur les propos de Josef concernant dépression, suicides etc... qu'il y avait une souffrance psychique, pour laquelle la qualité des soins doit être fortement améliorée.

Josef a répondu qu'il y avait une "méconnaissance bilatérale"(2) . Il a cité le travail fait par le Dr Djéa Saravane. Il insiste sur la mise en accessibilité des médecins (ne pas obliger à prendre un rendez-vous par téléphone, par exemple). Ignorance des codes de fonctionnement des personnes autistes dans un cabinet médical.

Pour Josef, la thérapie la plus puissante est un cadre de vie correct. Quand on est dépourvu de revenu, de toit, de tout ce qui constitue la dignité humaine ...

Il incite à voir au Canada quelles sont les différences de pratiques.

Isabelle Radier, du CCNAF (Comité Consultatif National des Autistes en France), aborde la question du rôle de la Médecine du Travail, dans le privé comme dans le public.

Josef répond que c'est le parcours du combattant, sur l'emploi comme sur le bridage professionnel : et pourtant l'autisme ne signifie pas incapacité professionnelle. Il faudrait envisager que cet entretien médical se fasse avec une personne ressource. Il se demande quelles seront les incidences de la loi travail. Et il avoue qu'il a toujours pu éviter les rendez-vous avec le médecin du travail ! Innocent

Ségolène Neuville indique qu'elle a demandé à Djéa Saravane un cahier des charges pour implanter un centre de soins spécialisé dans chaque région de France. Elle rappelle que les CRA doivent se préoccuper de la formation professionnelle des médecins et des MDPH. Lors de la Conférence Nationale du Handicap de 2014, 10 millions € ont été prévus pour des consultations médicales dédiées (pour tous handicaps).

Je ne me rappelle plus de la question de l'AFP, sinon que, d'après mes notes, Josef a parlé des entretiens d'embauche qui ne permettent pas de connaître les compétences réelles des personnes autistes.

J'ai abordé la question des GEM, en rappelant que des GEM refusent l'adhésion de personnes autistes et qu'une ARS [Rhône-Alpes-Auvergne] a reusé un GEM Autisme [à Grenoble]. Ainsi que la question du permis de conduire, important en province notamment, des ESAT qui emploient peu de personnes autistes parce que l'évaluation les considére comme peu adaptés au travail de groupe (sic), et la nécessité, tant pour les étudiants que pour les adultes dans l'emploi, de SAVS (services d'accompagnement à la vie sociale) pour leur permettre de gérer leur vie quotidienne.

Sur les GEM, Josef a dit que c'était un rêve, qu'il avait déjà essayé timidement il y a 10 ans d'en obtenir auprès de la DASS de l'époque. Dans son rapport, il aborde la question du permis , des ESAT.

Patrick Gohet, représentant du Défenseur des Droits, a rappelé que le handicap était la deuxième source de discrimination. Il a indiqué qu'il y avait de plus en plus de plaintes liées à l'autisme, et a invité Josef à venir informer les équipes du Défenseur des Droits.

Josef, toujours prêt (a-t-il été scout ?), a accepté, se réservant quand même le temps de finir sa résidence en Nouvelle-Zélande. Il souligne que souvent les situations de non-droit, les injustices ne sont pas soulevées, et qu'il faut "amener le micro, la parole".

Josef nous livre enfin un scoop : "puisque personne ne me l'a demandé, il est 22h16 à Wellington".Cool

Ségolène Neuville indique qu'une conférence scientifique internationale s'est tenue la veille au Ministère, par visioconférence, et qu'elle sera suivie d'une nouvelle conférence, le 3 avril, pour préparer le 4ème plan autisme, sur le thème de la recherche et de l'inclusion. Josef allie, selon elle, recherche/expertise avec la représentation des personnes autistes elles-mêmes.

A noter d'ailleurs que malgré la politesse de Josef (3), qui proposait de temps en temps à la ministre de répondre, celle-ci lui a systématiquement donné la parole en premier.

Sur le sujet du rapport de Josef, voir aussi l'article du Figaro.

Sur la conférence de presse,l'article de France Soir.

(1) Voir la conférence de Patrick Chambres aux Aspies Days
(2) bel euphémisme pour dire une méfiance justifiée des personnes autistes devant l'incompétence de la psychiatre adulte. Voir pp.51-53 de l'enquête sur les besoins des adultes autistes.
(3) Combien de fois ne commence-t-il pas une réponse par : "Je vous remercie d'avoir posé cette quesion"

https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... s-autistes
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Le projet d'Alan (horticulture) continue :
http://forum.asperansa.org/viewtopic.ph ... 72#p345872
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Autistes : quels métiers pour améliorer leur insertion professionnelle ?
Helene Gully Le 16/03 à

Parmi ces propositions, Joseph Schovanec suggère une dizaine de secteurs et métiers dans lesquels les autistes pourraient plus facilement s'insérer et s'épanouir. - Shutterstock
Dans un rapport remis au gouvernement ce jeudi, Josef Schovanec dresse une liste d'axes professionnels dans lesquels les personnes atteintes d'autisme sont susceptibles de s'épanouir et de s'insérer.


Pour une meilleure insertion des personnes autistes sur le marché de l'emploi, Josef Schovanec a un plan. Mandaté en mai dernier par l'exécutif pour inspirer le 4e plan autisme, ce jeune docteur en philosophie vient de remettre son rapport. Premier constat : "la non-valorisation de l'apport passé et actuel des personnes autistes à l'économie", déplore-t-il. Dans ce document de 76 pages, l'auteur lui-même atteint d'une forme d'autisme - le syndrome d'Asperger - décline alors une série de propositions concrètes pour en finir avec l'exclusion systématique de ces personnes.

Parmi ces propositions, des suggestions de métiers (une dizaine au total) dans lesquels les autistes pourraient plus facilement s'insérer et s'épanouir. Même si l'auteur insiste sur l'importance de ne pas restreindre les voies d'accès au public concerné. "Il ne s'agit aucunement de limiter les possibles" mais plutôt de dégager provisoirement "des axes professionnels", spécifie-t-il. Car dans l'Hexagone, le chantier de l'emploi des personnes autistes n'en est qu'à ses "premiers balbutiements".

Postes clés dans l'armée

L'exemple peut surprendre. Pourtant, "l'inclusion professionnelle des personnes autistes en Israël s'est faite, du moins dans les premiers temps, de par le rôle pionnier de l'armée israélienne", signale Josef Schovanec. Dans l'une de ses unités d'élite du renseignement, la "Unit 9900", Tsahal recrute et forme de jeunes autistes à des postes stratégiques. Leur mission : analyser une multitude de données cartographiques et photos aériennes pour transmettre ces informations aux soldats en amont des missions, raconte le journal time of israel .

Si les recrues autistes excellent et sont réputées pour ce type de tâches, c'est grâce à leur très grande capacité de concentration. Et leur prodigieuse attention aux détails. "Les personnes autistes (...) compensent leur difficulté à passer des détails à une vue d'ensemble par une excellente mémoire, une extrême attention aux détails et une pensée photographique", enchérit Chantal Lheureux Davidse, maître de conférences à l'université Paris-Diderot auprès du Monde.

Aussi, l'armée possède "une longue expérience" dans la gestion de publics "non-standards", décrit le jeune auteur. Ce qui peut donner aux cadres de ce secteur un savoir-faire précieux. D'autant plus que selon Josef Schovanec, qui se défend "de vouloir spéculer", une multitude de responsables de l'armée ou des forces de l'ordre sont parents d'enfants autistes et sont donc plus rôdés aux interactions parfois difficiles.

L'informatique


Les aptitudes cognitives uniques de certains autistes, très prisées par l'armée, le sont aussi par le secteur de l'informatique et de la haute technologie. Des professionnels du milieu louent particulièrement les facultés des personnes autistes à analyser rapidement de très grosses masses de données.

D'ailleurs, de grandes entreprises informatiques ont systématisé l'embauche de personnes autistes, révèle une enquête de l'université de Harvard, parue en janvier 2016. A commencer par SAP dont la filiale indienne a lancé en 2013 un programme pour que progressivement 1 % de ses effectifs soit composé d'autistes. Cette initiative a immédiatement séduit les autres filiales du groupe en Allemagne, aux Etats-Unis, au Brésil, au Canada, en République tchèque et en Irlande. Un enthousiasme contagieux puisque Microsoft, Deloitte, Oracle, Nokia, ou encore Cisco ont pris la même direction.

Au micro de France culture, Stéphanie Nennstiel, directrice de l'intégration et de la diversité à SAP, a tenu à démentir certains préjugés selon lesquels l'embauche de personnes autistes serait seulement motivée par un aspect social. "On emploie des gens autistes pour les mêmes raisons qu'on emploie des personnes qualifiées. On veut attirer les meilleurs talents dans notre industrie, et il y a une pénurie de talents pour remplir ces postes. Nous voulons exploiter une réserve de talents qui ne sont pas exploités", a-t-elle indiqué.

Si la France reste très en retard dans l'intégration des personnes autistes au marché de l'emploi, quelques tentatives embryonnaires veulent néanmoins inverser la tendance. La société de services informatiques Auticonsult par exemple propose à ses clients des consultants autistes porteurs du syndrome d'Asperger. Parmi leurs clients, EDF dont le directeur de l'une des unités de la branche recherche et développement, Arnaud Ulian, n'a cessé de vanter les qualités de sa jeune recrue auprès d'Europe 1. "Il développe deux fois plus vite que les personnes que nous avons employées jusqu'aujourd'hui, même nos ingénieurs. En deux semaines, il a optimisé le code pour diviser les temps de calcul par dix", s'est-il réjoui il y a quelques mois.

Cependant, l'auteur du rapport stipule qu'il "ne faudrait pas pour autant conclure que les métiers de l'informatique seraient une solution universelle à la question de l'emploi pour les personnes autistes" puisque première (et suffisante) raison : "les personnes autistes réellement intéressées par l'informatique sont minoritaires".

Traduction et rédaction

Ce domaine présente "des avantages majeurs pour des personnes autistes", poursuit Josef Schovanec. La relative autonomie de l'employé, tout d'abord, grâce à "la souplesse des horaires" et des lieux de travail. Puis "la possibilité de travailler seul", un critère à prendre en compte étant donné les difficultés d'intéractions sociales auxquelles sont souvent confrontées les personnes autistes. De même pour la hiérarchie, qui est souvent "restreinte" et moins compliquée à gérer dans ce secteur.

Côté employeur, là aussi, le sens du détail et la tolérance zéro face aux erreurs des personnes autistes sont des atouts inestimables. Ce que Josef Schovanec n'hésite pas à rappeler dans son rapport, insistant sur "l'exigence de fiabilité en terme de fautes d'orthographe ou de sens". L'occasion pour le docteur en philosophie de citer en guise d'exemple une personne dont Kamran Nazeer fait le portrait dans "Send in the Idiots" et qui, malgré son décalage avec le monde social est un ghostwriter "de haut niveau pour des responsables politiques américains".

Contact avec la nature

"On le sait depuis longtemps, nombre de personnes autistes présentent une aptitude ou une propension à établir des contacts privilégiés avec certains animaux tels que les chevaux, les chats et chiens, les insectes, etc", note l'auteur. Il remarque d'ailleurs "le grand succès" du zoo de Pont-Scorff à Lorient dont les employés sont pour la plupart atteints d'autisme. Malheureusement, ce type d'entreprises est encore très minoritaire dans l'Hexagone. Raison pour laquelle Josef Shovanec plaide pour la spécialisation de certains centres équestres ou exploitations horticoles afin "de favoriser les vocations" ou plutôt, se corrige-t-il, "de concrétiser des rêves".

Ces exemples de secteurs et de professions ne sont que la moitié d'une liste que Josef Schovanec développe sur une dizaine de pages. Selon lui, les autres domaines particulièrement adaptés à l'insertion des personnes autistes sont ceux de l'art et de l'artisanat, de la mécanique, de la restauration mais aussi les métiers liés au secteur de... l'autisme.

https://www.lesechos.fr/politique-socie ... 072928.php
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Message par Alone3545 »

Veto, informaticien sont de bon métiers pour autiste tout comme chauffeur de poids lourd ou grutier ou archéologue. :)

Responsable HSE c'est en gros ceux qui gèrent les accidents de travail, font les règles de sécurité , des formations devant des salaries, rédigé des rapports, des fiches de postes, font des CHSCT, écoutent et comprennent les gens. Ils doivent faire preuve de communication,d'autorité, de créativité, de gestion des imprévus.voilà :roll: il y en avait un dans ma boîte.
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Message par Jean »

Un bon compte-rendu du rapport et de la conférence de presse :
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/a ... ers_111344
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Message par Jean »

Compte-rendu des Actualités Sociales Hebdomadaires
17 03 24 Article ASH sur le rapport de Josef Schovannec.pdf
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Autistes. La galère de l'emploi
Publié le 01 avril 2017 à 00h00

Monique Kéromnès

Obtenir un diplôme, passer des entretiens d'embauche, la vie avec les collègues... Autant d'étapes de la vie semées d'embûches pour Florian, Cyril et Vincent, trois Morlaisiens autistes Asperger. La journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, demain, sera l'occasion, pour eux, de raconter leur parcours face à un monde du travail qui ne les attend pas.

1. Des jeunes formés et diplômés.

« Mon diplôme, c'est une vraie récompense ! ». Florian Lhenry, autiste Asperger âgé de 29 ans, a obtenu son BTS horticulture en 2012. « J'ai réussi à l'avoir en deux ans, malgré la fatigue, car ça demande beaucoup de concentration. Mais j'ai tenu bon ! ». À 26 ans, Cyril Prigent a aussi un beau parcours scolaire : après son Bac S, au lycée de Suscinio, il s'est lancé dans un DUT qu'il pourra faire en trois ans au lieu de deux : « J'étais plus serein. Les études, sans auxiliaire de vie scolaire (AVS), c'est dur ! Je prenais tout en note ! ». Le jeune homme enchaînera avec une licence BOP (Biologie des organismes et des populations) à l'UBO. Vincent Corvez, lui, est titulaire du CFG (Certificat de formation générale), obtenu en Segpa, au collège du Château. « Mon truc, c'est le français ! Mais, sans AVS, le collège classique, c'était trop compliqué ».

2. L'entretien d'embauche ? « Le stress ! ».
« L'entretien d'embauche. Je suis stressé à chaque fois. Pour moi, avec les gens, ça passe ou ça ne passe pas », confie Florian. Certains entretiens ont abouti mais ils n'ont jamais dépassé les trois mois de contrat ou de stage (éducateur spécialisé en horticulture dans un Esat, conseiller en magasin chez Triskalia, employé chez des pépiniéristes...). Cyril, qui n'a fait que des stages (pépinière, laboratoire ou pharmacie), parle des entretiens comme d'« une expérience sympathique mais jamais concluante... ». « Moi, j'ai eu la chance de ne pas avoir à en passer, avoue Vincent. J'ai fait un stage à l'Esat, près de Brest, dans lequel je travaille et ils m'ont gardé. Je suis en CDI depuis octobre 2015 », explique le jeune Morlaisien, le seul des trois à vivre seul en appartement.

3. Dire ou ne pas dire que l'on est autiste ?

« Moi, je ne le dis surtout pas. Sinon, c'est la fin. Mais les recruteurs vont quand même sur internet. Quand ils l'apprennent, certains ne disent rien. D'autres sont plus francs et avouent préférer payer des amendes plutôt que d'embaucher un handicapé », raconte Florian. « Je n'ai jamais eu ce genre de remarque, tempère Cyril. Mais c'est vrai que je cible mes candidatures vers des entreprises qui travaillent avec des autistes ».

4. Pas les mêmes armes face au monde du travail.
Lors de leurs diverses expériences, Cyril et Florian disent avoir, tous les deux, « eu de bonnes relations avec leurs collègues ». « Ils ont accepté sans problème mon handicap », raconte Cyril qui doit faire avec certaines limites : « J'ai un parlé très haché, je ne peux pas répondre au téléphone et j'ai du mal à reconnaître les gens. Oui, c'est vrai, dans un premier temps, un poste où il n'y a pas trop de contacts me conviendrait mieux ». Le jeune homme souhaiterait travailler comme chercheur dans un laboratoire mais il est handicapé par sa dyspraxie (manque de précision dans les gestes minutieux). Il vise, actuellement, un emploi dans une bibliothèque et rêve, un jour, d'un poste à la Station biologique de Roscoff. Florian, quant à lui, n'a aucun problème pour assurer une journée de travail classique et revoit encore aujourd'hui certains de ses anciens collègues. « C'est vrai que ça se passe bien en général. J'ai même été chef d'équipe lors d'un stage ! ». Quant à Vincent, il semble avoir trouvé sa place : « Au début, on me disait que je ne faisais pas bien certaines choses mais ça va mieux. Je discute avec deux ou trois collègues ».

5. La galère du chômage.
En période de chômage, pas d'autre choix que de faire appel à Pôle emploi et son association dédiée aux personnes handicapées : Cap emploi. En parallèle, Cyril envoie des candidatures spontanées et en profite pour « acquérir les clés de l'indépendance » : il espère obtenir son permis de conduire. Florian, lui, n'a plus de nouvelles de l'agence pour l'emploi depuis deux ans : « C'est un dialogue de sourd. Je pense que ça les arrange de ne pas nous voir... On m'a même accusé de présenter de faux diplômes ! Le dernier courrier date de 2015. Ils me conseillaient de refaire une formation, de revoir mon CV et de travailler les entretiens. Et puis, plus rien... ». Alors, le jeune homme se débrouille et a opté, sur conseils d'anciens collègues, pour du travail dans les jardins, en chèque emploi-service. « L'une de mes employeurs m'a dit qu'elle n'en revenait pas d'avoir un jardinier avec Bac + 2 », lâche-t-il, amer.

Le Télégramme http://www.letelegramme.fr/finistere/mo ... 457957.php
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Message par Jean »

L'article de la revue de l'UNAPEI au sujet du rapport de Josef
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Message par Jean »

Reportage AFP sur le chalet de Pont-Scorff

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Message par Jean »

Miser sur les autistes pour performer
Sous-employés, les autistes Asperger sont maintenant une main-d’œuvre recherchée par des employeurs

Georges Huard
Photo BENoît Philie
Image
Georges Huard est autiste Asperger. Il travaille depuis 20 ans comme technicien informatique à l'UQAM dans le département des sciences de la Terre et de l'atmosphère. On le voit ici sur le toit du pavillon Président-Kennedy, avec différents instruments de mesure.

Samedi, 15 avril 2017


Relégués aux files de chômage à cause de leurs comportements étranges, les autistes sont de plus en plus recherchés par des entreprises qui espèrent tirer profit de ces employés souvent plus performants que les autres.

Des compagnies comme Microsoft et SAP ont décidé de renforcer leurs équipes de programmeurs et de développeurs web avec des Asperger et des autistes de haut niveau parce qu’ils ont un grand «souci du détail» et sont plus «ponctuels, rigoureux, créatifs et sérieux» que leurs collègues «normaux», note-t-on.

«Ils pensent out-of-the-box. Ils essaient de trouver la solution la plus efficace à un problème et ils arrivent souvent avec des idées complètement originales», explique l’homme d’affaires et fondateur de l’entreprise web ASPertise, Frédéric Vezon.

Image
Photo Ben Pelosse
Frédéric Vezon
Président d’ASPertise

Tabous

L’autisme est en hausse fulgurante partout en Occident, mais demeure relativement mal connu, déplore la directrice de la Fédération québécoise de l’autisme, Jo-Ann Lauzon.

«Il reste encore beaucoup de tabous et de préjugés dans la société», dit-elle.

Un point de vue que partage Georges Huard, autiste Asperger à l’emploi de l’UQAM depuis 20 ans.

Il soutient avoir vu évoluer les mentalités depuis son diagnostic en 1995, mais il reste du travail à faire, selon lui.

M. Vezon estime qu’il est temps de permettre à ces gens d’aller au bout de leur potentiel, d’où l’idée d’ASPertise. «On vise la performance, avec des Asperger», dit-il.

Mais leurs atouts viennent avec des conditions. Ils ont du mal à s’adapter au changement et ont besoin de consignes claires et d’un environnement de travail particulier pour pouvoir performer.

Des échecs


L’ingénieur informatique de 33 ans et autiste Asperger Nicolas Vicenzo a perdu 6 emplois en 5 ans.

«J’ai l’impression qu’il y a un mur dans la structure des entreprises qui me bloque et qui ne me permet pas d’aller au bout de mon potentiel», déplore-t-il, soulignant que les entreprises n’ont pas de réelle volonté d’accommoder les autistes au Québec.

Même histoire pour Mathieu Dubois qui, malgré un parcours académique sans faille et une capacité d’apprentissage exceptionnelle, collectionne les entretiens d’embauche depuis deux ans.

Car l’entrevue est une véritable barrière pour les autistes, soutient M. Vezon.

«L’Asperger qui vient en entrevue, c’est comme un carré dans un rond. Ça ne passe pas. Il a des tics nerveux, il reste bloqué sur des détails. Et il ne sait pas se vendre. Il sous-estime ses talents et croit que tout le monde sait faire la même chose que lui, alors qu’en réalité c’est un génie», explique-t-il.

Qu’est-ce que l’autisme ?


L’autisme est un trouble du développement neurologique qui se caractérise par des difficultés importantes dans les interactions sociales et les comportements. Ses causes sont encore mal connues. Le terme «trouble du spectre de l’autisme» (TSA) est utilisé pour désigner­­ l’ensemble des degrés d’autisme­­, incluant le syndrome d’Asperger­­. Le nombre et le type de symptômes, leur gravité et le moment de leur apparition varient d’une personne à l’autre. Ce n’est pas une maladie, mais bien une manière d’être.

Syndrome d’Asperger et autisme de haut niveau

On qualifie le syndrome d'Asperger (SA) de «handicap invisible». Les personnes Asperger ont souvent une intelligence­­ normale et une grande curiosité­­ intellectuelle, ce qui leur permet­­ de s'adapter à la vie sociale, mais au prix de grands efforts. Le SA ressemble beaucoup à l’autisme de haut niveau. Il est d’ailleurs souvent difficile de trancher entre les deux. L’une des différences notables est l’absence d’un retard dans l’apprentissage du langage chez l’Asperger. Selon le neurobio­logiste Bruno Wicker, ces autistes sont sous-employés dans les pays occi­dentaux. «Ils ont des difficultés d'adaptation, ont des salaires plus bas que leurs homologues et sont beaucoup moins susceptibles d'être employés que d’autres catégories de candidats handicapés», dit le chercheur.

Qu’est-ce qu’un neurotypique ?

Expression utilisée dans la communauté autistique pour qualifier les gens qui ne sont pas atteints par des troubles du spectre de l’autisme.
Une entreprise recrute des Asperger au Québec

Une entreprise informatique qui recrute exclusivement des Asperger espère ouvrir à Montréal un bureau conçu sur mesure pour ces personnes, dont l’intégration dans un milieu de travail «normal» est souvent un défi.

«Il y a des compagnies qui embauchent des autistes par charité, par devoir social, mais nous, on vise la performance, explique Frédéric Vezon, cofondateur d’ASPertise, une boîte de développement web. La majorité des Asperger ont une intelligence égale, sinon supérieure à celle des gens normaux.»

Mais l’environnement professionnel est crucial pour leur permettre de performer au travail, estime-t-il.

Lumières tamisées, aires de repos, horaires personnalisés, consignes claires, service de navette de la maison au bureau pour éviter le transport en commun, ASPertise est prêt à tout pour accommoder ses employés. L’entreprise dit offrir des salaires compétitifs, les mêmes que les autres compagnies dans le domaine des technologies, sans toutefois souhaiter dévoiler les chiffres exacts.

Le projet, lancé en France, compte une dizaine d’employés en Europe et commence maintenant à recruter au Québec. Les patrons recherchent des autistes de haut niveau et des Asperger pour bâtir une entreprise concurrentielle dans le secteur du développement web, du traitement de données et de la cybersécurité.

Besoins particuliers

«Les besoins sont différents d’une personne à l’autre. Certains ne supportent pas le bruit, d’autres les lumières trop fortes. Il y en a qui ne tolèrent pas le travail d’équipe. On doit s’attarder aux besoins spécifiques de chaque employé», explique le cofondateur et neurobiologiste spécialisé dans le syndrome d’Asperger, Bruno Wicker.

Contrairement aux autres employés, l’autiste évitera les discussions autour de la machine à café le matin. Pour lui, les interactions sociales sont un défi quotidien qu’il n’arrive à surmonter qu’au prix d’énormes efforts. Sans compter qu’il est souvent «bizarre», direct et qu’il a horreur des imprévus et des consignes floues.

«On demande aux autistes de s’adapter aux entreprises, alors que leur condition en soi ne le leur permet pas. C’est une grave erreur, lance M. Vezon. Ça devrait plutôt être le contraire.»
Ailleurs dans le monde

Il existe actuellement une quarantaine d’entreprises dans le monde qui embauchent des autistes pour leurs compétences particulières, notamment en Europe et aux États-Unis.

Un projet-pilote


En 2015, le géant informatique américain Microsoft a embauché une dizaine d’autistes à temps plein dans le cadre d’un projet-pilote à son siège social de Redmond, dans l’État de Washington. «Les personnes autistes apportent des forces dont nous avons besoin chez Microsoft­­», avait alors expliqué la vice-présidente Mary Ellen Smith.

1 % des effectifs

L’entreprise européenne SAP a annoncé en 2013 son intention de recruter des autistes pour ses services de recherche et développement. Cent dix-sept d’entre eux travaillent actuellement pour la compagnie à travers le monde, dont 11 au Canada et un dans les bureaux de Montréal. Le spécialiste du logiciel d’entreprise vise l’embauche d’environ 650 autistes d’ici 2020, soit 1 % des effectifs.

Recruteur

L’entreprise danoise Specialisterne se spécialise dans le recrutement de personnes autistes pour les entreprises. De nombreux bureaux ont ouvert dans le monde ces dernières années, dont un au Québec. «On espère trouver du travail à 25 000 personnes au Canada», assure Pam Drekopoulos, vice-présidente aux opérations pour l’Est du Canada. En deux ans, une soixantaine d’autistes ont été placés dans des entreprises aussi­­ diverses que SAP et la Banque CIBC dans les provinces canadiennes.

Chef de file

L’Allemande Auticon est l’une des plus grandes entreprises d’Asperger dans le monde. Depuis 2011, elle embauche presque exclusivement des personnes autistes pour occuper des postes de consultant en informatique. Environ 120 employés travaillent dans les différents bureaux de l’entreprise situés en Allemagne, mais aussi à Paris et à Londres.

Silicon Valley

La mythique vallée de la technologie située en Californie, aux États-Unis, est considérée comme un nid d’autistes. De nombreuses entreprises doivent leur succès à des personnes ayant un TSA. Selon le psychologue spécialiste du syndrome, Tony Attwood, une sommité dans le domaine, une large proportion des ingénieurs de la Silicon Valley seraient Asperger­­.

— Avec l’Agence France-Presse et Le Temps
L’autisme en chiffres

De récentes études révèlent que les diagnostics d’autisme sont en augmentation constante partout dans le monde. Les dernières données disponibles pour le Québec sont toutefois conservatrices, estime la directrice générale de la Fédération québécoise de l’autisme, Jo-Ann Lauzon.

1 sur 100 : Proportion globale de personnes autistes dans le monde
1 sur 68 : Proportion d’enfants âgés de 8 ans touchés par le trouble du spectre de l’autisme aux États-Unis
30 % : Moins de 30 % des personnes autistes ont une déficience intellectuelle
1 sur 100 : Proportion des enfants québécois chez qui on diagnostique un trouble du spectre de l'autisme

Source : Fédération québécoise de l’autisme, Employment and adults with autism spectrum disorders: Challenges and strategies for success, Dawn R. Hendrick (2010)
Six emplois perdus en cinq ans
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Photo Benoît Philie
Passionné par l’image, Nicolas Vicenzo mène aussi une carrière de photographe.

Nicolas Vicenzo cumule les pertes d’emploi depuis son entrée sur le marché du travail il y a 5 ans. Alors qu’il s’apprête à commencer un nouveau boulot, il a cette fois-ci préféré avertir ses patrons qu’il était autiste dès l’entretien d’embauche.

«Pour moi, c’est un échec après l’autre. Ça ne marche pas, dit d’emblée l’ingénieur informatique de 33 ans. Parfois, les entreprises me disent qu’ils n’ont plus de travail à me donner. Parfois, c’est l’environnement qui est inconfortable et je n’arrive plus à travailler.»

Depuis sa dernière perte d’emploi, en janvier, il a passé 15 entrevues en 3 mois. Il a reçu récemment une première réponse­­ positive et s’apprête à commencer un nouvel emploi dans une entreprise informatique où il testera les fonctionnalités de certains logiciels.

Contrairement à d’autres expériences passées, il a dit à ses nouveaux patrons qu’il était Asperger lors de l’entretien d’embauche. Il a aussi pris le temps de leur expliquer ce qu’implique sa condition.

«J’ai souvent eu peur de dévoiler que je suis autiste. Mais maintenant, je préfère qu'ils soient conscients de ce que je suis, malgré les préjugés. Parce qu’il y a encore beaucoup de tabous», dit-il.

Nicolas a reçu un diagnostic de syndrome d’Asperger quand il avait 16 ans. Il a reçu de l’assistance durant ses études collégiales et universitaires, notamment pour prendre des notes pendant ses cours. Il avait aussi plus de temps pour faire ses examens.

«Je peux travailler, mais je suis une personne qui prend son temps. Je fais les choses une fois et je les fais très bien», dit le Montréalais.

C’est d’ailleurs le nœud du problème. Dans les différents emplois qu’il a occupés, M. Vicenzo s’est souvent buté à un rythme de travail trop rapide, ce qui est un défi pour une personne Asperger.

Pertes d’emploi

Au total, il dit avoir été embauché et remercié 6 fois entre 2012 et 2017. Certaines expériences n’ont duré qu’un mois ou deux. La dernière fois, il n’a pas eu accès au chômage et a fait de petits contrats de photo pour subvenir à ses besoins.

Selon lui, la majorité des compagnies pour lesquelles il a travaillé n’ont pas la volonté de comprendre la réalité des autistes.

Il rêve de travailler dans un milieu conçu sur mesure pour les personnes comme lui qui lui permettrait d’exploiter au maximum ses compétences en informatique. «Je voudrais aussi que ma présence soit appréciée et qu’on écoute mes idées», soutient-il.

Sa plus longue expérience de travail a duré un peu moins de deux ans, dans une boîte où il faisait du contrôle de qualité sur les logiciels.

Il y a rencontré plusieurs personnes d’origines différentes et s’y plaisait beaucoup. Ses collègues étaient aussi plus compréhensifs, dit-il. Malheureusement, son poste a été supprimé en raison de compressions budgétaires.

Nicolas dit ne pas connaître les raisons exactes de chacun de ses congédiements, mais il se doute bien que son autisme y est pour quelque chose.

«Quand j’ai perdu mon dernier job, on m’a dit qu’il n’y avait plus de travail pour moi. Mais je pense qu’il y avait un motif caché», déplore-t-il.

Il se souvient d’ailleurs d’un contrat où il devait développer, seul, pendant 3 mois, le code pour tester une application web. Il a été laissé à lui-même, sans instructions claires.

«J’étais paniqué, je n’arrivais pas à penser. Ils m’ont mis dans une situation qui était hors de mon contrôle», dit-il.

Il affirme avoir besoin d’un suivi quotidien et d’une liste de tâches sans ambiguïté pour bien faire son travail.

Néanmoins, dans ce cas précis, Nicolas a pris son courage à deux mains et demandé à ses patrons de l’encadrer davantage, ce qui a amélioré le tout.

Indépendance

Malgré ses difficultés professionnelles, Nicolas a quitté la maison fami­liale à l’âge de 29 ans, il y a quatre ans, pour s’installer seul en appartement à Montréal, une fierté pour lui.

«Je suis très content de mon indépendance. Je suis en contrôle de ma propre vie, confie-t-il. J’ai des aspirations comme les autres personnes... je veux trouver une femme, fonder une famille, je veux acheter une maison et mettre de l’argent de côté pour ma retraite. Mais pour ça, j’ai besoin d’un travail.»

Passionné de photo

Passionné de photo et de culture geek depuis l’enfance, Nicolas Vicenzo mène une carrière de photographe cosplay en parallèle de son métier d’ingénieur informatique.

«J’ai commencé en 2014 et mon travail est maintenant publié dans des magazines. Je suis très fier.»

Les cosplayers (costumadiers) sont ces acteurs qui personnifient des super­héros de films d’animation, de bandes dessinées ou de jeux vidéo. Cette passion lui permet de rencontrer et de travailler avec toutes sortes de personnes, ce qui serait autrement difficile pour lui en raison de son autisme.
Ils décrochent les diplômes, mais pas les emplois
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Mathieu Dubois (à gauche) a appris qu’il était autiste Asperger il y a deux ans. Son jumeau Martin est en attente d’un diagnostic­­. Les deux frères, hautement qualifiés en informatique, ont de sérieuses lacunes communicationnelles, mais une capacité d’apprentissage hors du commun.
photo agence qmi, joël Lemay

Les jumeaux Mathieu et Martin Dubois­­ sont des nerds avec des parcours académiques à tout casser, mais ils sont aussi autistes Asperger et peinent à trouver un emploi à leur mesure.

«Le psychiatre qui m’a diagnostiqué m’a dit que j’avais une facilité d’apprentissage et une mémoire que lui-même aimerait­­ avoir. Qu’il me manquait juste le social. C’est facile à dire, mais ce n’est pas facile à faire!» dit Mathieu Dubois, avec un petit rictus.

L’homme de 39 ans dit avoir «appris­­» à parler il y a deux ans. Avant, il n’ouvrait presque jamais la bouche en public. Juste quand il le fallait absolument, mais toujours avec difficulté. Sans compter que son ton de voix est extrêmement bas et monotone, un symptôme lié à son autisme.

«Je n’ai jamais compris c’était quoi le but de parler. Mon père nous invitait à souper Martin et moi, avec ses amis, puis on ne disait rien. Je pense qu’il devait trouver ça plate», évoque-t-il.

Mathieu a reçu un diagnostic d’Asperger en juin 2015. Depuis, il est suivi par une éducatrice spécialisée qui l’aide à surmonter ses problèmes de communication et à mieux comprendre les rouages des relations sociales.

Quinzaine d’entrevues

N’empêche, Mathieu Dubois n’a pas d’emploi depuis près de deux ans et cumule les entretiens pour différents postes. Hydro-Québec, banques, universités. «J’ai dû passer une quinzaine d’entrevues­­ cette année, mais on ne me rappelle pas», relate-t-il.

Détenteur d’une maîtrise en sciences appliquées de Polytechnique et actuellement en train de terminer une seconde maîtrise en administration des affaires, il admet être de plus en plus découragé.

«Le problème, c’est vraiment à l’entrevue. Après, j’ai juste besoin de plus de temps pour m’adapter au milieu de travail­­. Je n’ai pas de besoins parti­culiers», assure-t-il.

Son frère Martin maîtrise pour sa part des domaines obscurs de la program­mation. Docteur en informatique depuis 2015, il est actuellement en attente de diagnostic. Mais tout porte à croire qu’il serait lui aussi Asperger.

Un peu plus chanceux que Mathieu, il travaille actuellement comme développeur logiciel senior pour une boîte de jeux vidéo.

«Mais j’ai eu du pushing. J’ai eu l’emploi, parce qu’on a parlé de moi», admet-il. C’est le seul boulot qu’il a réellement occupé au cours de sa vie profession­nelle. Et l’endroit lui convient, pour l’instant­­.

«Je ne parle pas, je fais mon travail. Je ne dérange personne», dit-il.

Selon lui, son salaire plutôt bas ne rend pas justice à ses qualifications.

10 % : Pourcentage d’autistes qui ont un emploi au Québec, selon les estimations de certains chercheurs. Dans cette proportion, les personnes autistes sans déficience intellectuelle ont trois fois moins la possibilité d’avoir une activité quotidienne que ceux ayant un retard intellectuel.
34 % : Taux d’emploi des adultes autistes dans les pays occidentaux, comparé à 54 % pour les adultes handicapés.
83 % : Taux d’emploi des adultes sans handicap dans les pays occidentaux.
50 % à 75 % : Taux de chômage des personnes autistes dans les pays occidentaux.

Source : Fédération québécoise de l’autisme, Employment and adults with autism spectrum disorders: Challenges and strategies for success, Dawn R. Hendrick (2010)
Difficile de trouver un emploi

On estime qu’environ 1 autiste sur 3 occupe un emploi stable dans les pays occidentaux. Au Québec, certains chercheurs disent que cette proportion baisse à 1 autiste sur 10. Même s’il n’existe aucun chiffre officiel sur la question et que la proportion varie selon les études, il n’en demeure pas moins que les personnes avec un TSA sont sous-employées partout dans le monde.

Les autistes de haut niveau et les Asperger, ceux chez qui les symptômes sont moins prononcés et visibles à prime à bord, sont d’ailleurs ceux qui travaillent le moins dans le spectre de l’autisme. Plusieurs d’entre eux n’ont tout simplement jamais reçu de diagnostic et ils sont moins ciblés par les différents organismes qui viennent en aide aux personnes avec un TSA, explique le neuroscientifique spécialisé en autisme Bruno Wicker.

Pour faciliter l’intégration des autistes au travail

Établir un horaire détaillé avec des consignes claires
Designer des personnes ressources à qui l’employé pourra se référer
Être précis, claire et concis dans les demandes à l’employé
Vérifier la compréhension des consignes et des attentes auprès de la personne
Sensibiliser les autres employés sur les particularités du nouvel employé

Mythes et réalités

Mythe : Les autistes ne peuvent faire que du travail routinier

Réalité : Ils préfèrent connaître l’ordre des tâches à l’avance, mais plusieurs aiment le travail varié.

Mythe : Les autistes n’ont pas d’aptitudes en service à la clientèle

Réalité : C’est une question de tempérament, certains font d’excellents vendeurs. Cela dépend d’où se situe la personne dans le spectre de l’autisme.

Mythe : Les autistes ne peuvent occuper en emploi stressant

Réalité : Aucun type d’emploi n’est et ne devrait être inaccessible aux autistes. Ils devraient pouvoir, comme n’importe quel neurotypique, choisir un métier qui répond à leurs attentes et à leurs compétences.

Source : Emploi Québec
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Manichéenne
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

Message par Manichéenne »

Handisup Haute-Normandie a réalisé le film "Autisme & Travail" dans le cadre du Projet SIMON.

Dans ce film, des employeurs comme des personnes avec autisme témoignent, toujours dans l'idée de rendre le monde de l'entreprise plus accessible.
Diagnostiquée Autiste Asperger et TDA.
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

Message par user3571 »

Pas de retours du microcosme de l'audit, de l'expertise comptable du commissariat aux comptes et de la comptabilité en général?

:?:
Diagnostique autiste par le CRA en mars 2009

Si vi pacem, para bellum

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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

Message par Jean »

Bienvenue... en « Autistan » avec le Fol Ensemble
Joce HUE
Publié 01/04/2017 - Paris-Normandie

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« On est des winners ! », proclament les membres du Fol Ensemble hier à Bailleul-Neuville (photos Boris Maslard)

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Les autistes ont souvent un régime alimentaire particulier

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Clavier, violons, guitare, violoncelle... Le Fol Ensemble en pleine répétition

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Le professeur Laurent Mottron, « neurotypique » psychiatre et flûtiste

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Émilien Hamel, mercredi dernier à Paris (photo Joce Hue)

En coulisses. Ni maladie, ni handicap. Si des autistes revendiquent leur originalité, ils désirent avant tout vivre dans cette société souvent un peu trop normée pour eux. Avec le « Fol Ensemble », ils vont se faire entendre leur différence aujourd’hui.

«Je suis un musicien autiste. D’abord musicien, mais quand même pas mal autiste. Cependant, je me trouve beaucoup moins amoché par la vie que la plupart de mes congénères... » C’est comme cela que se présente Émilien Hamel. Ce trentenaire, qui est originaire de Louviers, m’invite à passer un week-end « en Autistan ». Afin de changer le regard porté sur eux, l’ex-Normand a rassemblé un orchestre « pas comme les autres », composé d’autistes « de haut niveau » et « d’autistes friendly » pour lequel il compose. Ce « Fol Ensemble » était en résidence cette semaine au Grenier de la Mothe, à Bailleul-Neuville dans le Pays de Bray, où il donne un concert à 15 h cet après-midi.

Mercredi 29 mars, 11 h

Pour lui, tout est rythme, vibration, musique. Les bruits de la rue deviennent notes. Chaque demi-ton possède sa couleur et sa texture. Presque malgré lui, la partition s’écrit dans sa tête. En marchant dans le bruyant neuvième arrondissement de Paris où il vit désormais, Émilien doit porter un casque audio afin de s’isoler un peu de ce « trouble envahissant ». Doté de synesthésie, d’hyperacousie et de l’oreille absolue, porté par son « amour inconditionnel de la musique » et une famille accompagnante qui l’a « préservé des psys », le violoniste et baryton internationalement reconnu a eu un parcours musical d’excellence.

L’enfant qui ne savait pas se faire des amis a su le solfège avant de parler. Avec un seul but : le conservatoire, dont il raflera pas moins de quatre premiers prix avant d’être diplômé de Paris IV Sorbonne et de la Royal Academy of Music de Londres. « Comme 600 000 personnes en France, je suis autiste. Mais ce n’est pas mon métier ! C’est un atout, possiblement handicapant, qui colore ma vision du monde ». S’il a pu souffrir de son parcours scolaire antérieur classique, il ne regrette rien : « Plutôt que l’isolement ou des institutions, je préfère avoir été harcelé par les autres élèves et pouvoir le raconter aujourd’hui. Nous devons être dans la société, mais si nous sommes maltraités, c’est que l’information sur nous est mal traitée », fustige celui qui est aussi l’un des meilleurs spécialistes européens... Du catch !

Samedi 1er avril, 11 h


« Vous êtes dans un asile de fous... Enfin, pas plus que d’habitude ! ». Dans l’ancienne ferme typique brayonne où l’enfant faisait des stages de violons, les musiciens répètent dans une ambiance baroque, barrée, mais studieuse. Les notes des musiciens alternent avec une bande-son de planètes empruntées à la NASA, les indications du chef avec des propos pointus - voire ésotériques - sur la musique et des blagues franchement enfantines. « Beaucoup sont virtuoses, tous sont exceptionnels », explique Émilien, cependant parfois obligé de rappeler à certains de jouer leur partie. Valentin, Mireille ou Lise, qui vivent avec ce que l’on nomme maintenant TSA (« troubles du spectre de l’autisme »), possèdent des traits communs : une absence totale de filtre, de petits tics, une coordination motrice aléatoire, un sourire en coin ou l’œil fuyant.

Mais qu’ils aient choisi de parler ou de se servent de biais pour communiquer (livres d’images, montres connectées, smartphones ou tablettes), c’est avant tout une hypersensibilité et une façon de penser et de percevoir le monde différente qui les caractérisent.

Une « neuroatypie » doublée d’un rapport compliqué aux autres, surtout dans un échange verbal - et tout l’implicite que cela comporte - avec des « neurotypiques ». C’est pourquoi les réseaux sociaux ont leur préférence. « Alors que nous sommes souvent incapables de mentir, nous jouons un rôle en société, essayant de nous conformer aux attitudes attendues par nos interlocuteurs », traduit Émilien, qui rassure sans cesse ses collègues qui doutent, le sentiment de sécurité et la bienveillance étant primordiaux.

Samedi, 14 h

Coincés entre les images contradictoires de « neuneu » ou de « génie à la Rain Man », mais aussi entre le marteau culpabilisateur de la psychanalyse et l’enclume soi-disant curative des approches comportementales, la prise en charge des autistes s’avère compliquée en France. Le professeur Laurent Mottron, un psychiatre reconnu qui dirige un pôle d’excellence en autisme au Canada, est aussi le flûtiste de l’orchestre. Il a donné une conférence à Rouen vendredi dernier et participera demain à un colloque visant « à croiser les regards sur les expériences menées en France et à l’étranger ». Ce sera la première fois que la commission scientifique internationale sur l’autisme se réunit au Ministère de la Santé. Signe que les positions conformistes françaises, contre lesquelles le psychiatre français rançais aux idées plus proches de l’approche anglo-saxonne s’est exilé il y a près de trente ans, évoluent... « Même s’il y a encore du boulot ! », précise-t-il.

La feuille de route ? Faire taire « les fous qui prétendent vouloir vaincre l’autisme », éviter les écueils de la pression normative ou de la négation de la différence, encourager au « coming-out autistique », changer les mentalités, faire prendre conscience que la neurodiversité est une richesse...

Bref, « casser les murs qui nous séparent et faire des ponts avec leurs briques », comme le dit Émilien. « Parce que la tolérance, c’est bien. Mais nous, on vise l’acceptation, car nous sommes différents... Mais comme tout le monde ! »
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Re: Conseils et ressources pour l'emploi

Message par Jean »

Sur le site du Ministère :
http://social-sante.gouv.fr/grands-doss ... du-travail

Vidéo de 14 mn 29 sur l'entreprise Andros
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