J'aime beaucoup cette discussion mais elle va trop vite pour moi et j'ai un peu de mal à tout suivre. Je vais essayer de rebondir, mais je vous prie de m'excuser par avance si je suis parfois à côté de la plaque ou bien si je répète des choses déjà dites...
bézèdach44 a écrit :Le discours de Alistair est vraiment que l'autisme n'est pas un handicap car c'est uniquement et tout le temps la faute de la société non inclusive. Ce n'est pas vrai. Que l'autisme sévère n'existe pas. Que les taux à la MDPH ne devraient pas exister car cela hiérarchise les handicaps.
Cela me semble complètement tiré par les cheveux comme argument, et en plus très facilement démontable. En fait le problème est pris à l'envers. Evidemment qu'une société inclusive faciliterait la vie de nombreux autistes (mais aussi d'autres personnes. Lorsque je bossais dans le tourisme, on nous répétait sans cesse qu'il ne fallait pas considéré les aménagements "handicaps" comme une niche car ils concernent toujours plus de personnes que le public visé... une rampe handicapé c'est indispensable pour une personne en fauteuil roulant. Mais c'est aussi parfois indispensable pour un type avec une jambe dans le plâtre, une maman avec un poussette, une personne âgée..) ; MAIS même la société la plus inclusive du monde ne pourrait gommer les particularités liées à l'autisme.
Je suis présentement très très contrariée parce que le proprio devait passer faire visiter mon appartement à 10h et qu'il n'est toujours pas là, à 10h15. Je dois prendre sur moi pour rester concentrée et essayer de patienter. Je sais que je ne tarderai pas à lui envoyer un SMS lui disant que j'ai un RDV et qu'il est trop tard. Ce n'est pas vrai pour le RDV mais il est trop tard. Et je ne vois pas quels aménagements pourraient être faits pour que je n'ai pas de noeuds à l'estomac en ce moment pour 15 minutes de retard ? (à part une dictature de la ponctualité où on crucifierait les retardataires à une horloges mais ça me parait excessif

).
La deuxième partie de la phrase de ce jeune homme, Alistair, est aussi la preuve qu'il est loin de comprendre le champ du handicap. Le taux de handicap n'a rien à voir avec une hiérarchisation. Personne ne dit que c'est "plus grave" d'être en fauteuil que d'être sourd, par exemple et que c'est pour ça que en fauteuil tu auras le droit à une carte de stationnement. C'est une façon de quantifier les besoins de chacun et de donner plus à ceux qui ont moins pour "équilibrer". Donner la même chose à tous, sans tenir compte des besoins et spécificités de handicaps ce serait ridicule. Bien sûr, c'est très faillible comme système, comme chaque fois que l'on essaie de faire entrer des humains dans des petites cases mais ça a le mérite d'exister.
lulamae a écrit :En fait, ces histoires de "parler au nom des autistes", je ne comprends même pas trop, parce que, même si je pense à moi en tant qu'autiste, je ne pense jamais à l'autisme en général par rapport à moi. Ca m'intéresse de savoir comment d'autres personnes le vivent, mais un peu comme je le lirais dans un livre...
Je suis d'accord. Ces histoires de témoignages qui viennent en suite s'ériger en "modèle normatif" me dérangent énormément. Je ne pense pas que ce soit l'objectif de l'auteur, bien entendu. mais c'est souvent comme cela qu'ils sont ensuite interprétés. Et là on en revient à la question de l'auto-diagnostic (avec un sens de l'à-propos qui m'étonne moi-même

) ; beaucoup de personnes qui arrivent sur ce forum le font en disant j'ai lu/vu.écouter untel ou une.telle et je me suis reconnue dans ses propos donc je pense que je suis autiste. C'est oublié que d'une part : un témoignage est quelque chose de très subjectif, que le monde est vu par les yeux d'une seule personne et que cela soit publié n'en fait pas une vérité. D'ailleurs ces témoignages ne sont pas exhaustifs, l'auteur choisit ce qu'il veut bien montrer/dire de lui mais ce n'est pas forcément ce qui est le plus représentatif. Avoir la même vision de choses que quelqu'un ne prouve rien. C'est aussi réduire l'autisme à 3 ou 4 sortes de profils (les autistes médiatisés) et oublier qu'en réalité c'est un diversité énorme, qu'il y a autant d'autisme que d'autistes et que je peux partager de nombreux traits avec certaines personnes sans pour autant que cela signifie qu'elles soient autistes. Et enfin, il est difficile déjà pour un psychiatre spécialisés de dire tels ou tels traits, comportements sont liés à l'autisme ; ceux là sont liés à votre anxiété ; ceux là à une dépression... donc un lecteur "novice" peut difficilement s'autodiagnostique "autiste" en se référant à quelques instantannées de vie de personnes.
Herlock Martin a écrit :Lulumae et Antigone, Josef S et Julie D parlent vraiment de "vrais" et "faux" autistes ? en conférence, en vidéo, dans leurs livres ? je suis surpris et intrigué, et je ne l'avais pas relevé avant le dernier message d'Antigone...
Pour Schovanec, oui et à plusieurs reprises. L'article que Lulamae a cité est un exemple. Il est très virulent contre la vague de nouveaux diagnostics car il semble estimer qu'ils ne sont que de la complaisance. Lorsque je le lis, j'ai l'impression qu'il s'est fait une idée très précise de ce qu'est un autiste (en miroir avec lui-même) et qu'il rejette toutes les autres formes, qu'il juge moins valable.
Quant à Julie Dachez, elle n'emploie pas le terme de VRAI autiste, à ma connaissance. Mais je l'ai entendu plusieurs fois en interview et surtout lu sur son fil twitter, rejeter certains diagnostics. Elle insiste beaucoup sur le fait d'être diagnostiqué dans un CRA (comme elle même l'a été), disant à demi-mot que c'est le seul parcours "valide". je sais qu'elle a beaucoup étudié la question, elle a même rédigé une thèse de doctorat sur l'autisme (que je me suis promise de lire un jour) , elle a peut-être ses raisons d'ailleurs de se méfier de certains psychiatres libéraux, mais elle est assez catégorique dans ses jugements sur la question. Et elle se positionne elle aussi souvent en "détentrice du savoir", capable de discerner un vrai ou un faux autiste. C'est aussi une chose qui transparaît chez son amie Julia March (la fille pas sympa).
Je veux savoir comment je m'y prendrais, moi aussi, pour être heureuse. Vous dites que cest si beau, la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre." Anhouil
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