[Conseil] Bric-à-brac psy

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Djinpa
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Re: bric-à-brac psy

Message par Djinpa »

Jean a écrit :Extrait d'un cours à l'Institut de formation des psychomotriciens de Rouen, établissement public ouvert l'an dernier.
booooofffff... :(

c'est de la psychomot' basée sur ce genre de discours qui est proposée aux adultes avec trouble de latéralisation/dyspraxie?
et dire qu'il y a des étudiants qui doivent étudier ca comme cours...
peut-être Aspie, en attente d'un premier rdv demandé au CRA.
premier rdv le 04/07, demande de bilans ergo/neuro en cours
Premier diag Asperger posé par un neurologue expert juillet 2016, communiqué en décembre
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Jean
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Re: bric-à-brac psy

Message par Jean »

Un commentaire :

Un pédopsychiatre de CMPP a fait un mauvais rêve : "Sur la grille il y a trois panneaux de chantier où il est écrit « interdit aux juifs », « interdit aux chiens », « interdit au packing »…" L'occasion d'insulter les associations de parents d'autistes, puis de hurler à la censure par les technocrates de l'ARS, au totalitarisme.

Sur cette base, il s'est cru autorisé à décrire les associations de parents d’autistes comme étant d'extrême-droite, représentants des lobbys « fortunés », de mettre dans le même sac les films antisémites des nazis et « Le Mur ». Il a parlé de pensée totalitaire, de régime nazi, de dictatures militaires, de lobotomie et de camps.

Les confrères ne seront pas épargnés : « (pédo)psychiatres techno-numérisés, neuro-pédiatres évangélisateurs ou neuropsychologues asser(vis)mentés (…) apprentis-sorciers obscurantistes »

Critiquer la culpabilisation des mères reviendrait à critiquer la « juiverie internationale ».

C'est incroyable ! Vous pouvez encore consulter ce délire dans les archives du Web.

https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/ ... no-pasaran
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Jean
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Re: bric-à-brac psy

Message par Jean »

La principale thèse centrale de Cyrulnik

Image
Conformément à la tradition freudienne, la plupart de ses explications renvoient au passé, à ceci près qu’il use et abuse du concept mis à la mode par John Bowlby : l’attachement. Ainsi “Dieu est une figure d’attachement” (p.96). Notre attachement à Dieu dépend du type d’attachement dont nous avons bénéficié dans l’enfance. Il y a, dit Cyrulnik, “transfert d’attachement”. Ceux qui ont bénéficié d’un bon attachement sont ouverts à d’autres croyances que celles de leur milieu d’origine. Ceux qui ont eu un développement difficile ont besoin de certitudes et sont fermés à toute autre croyance. La radicalisation des islamistes est due à un mode d’attachement particulier. Le rapport à la femme est une question d’attachement : « La vue du corps d’une femme déclenche chez l’homme qui a acquis un attachement sécure : ”La simple présence d’une femme est un moment de bonheur”. Mais s’il a acquis un attachement insécure, il risque de juger : “Cette femme déclenche en moi un désir qui m’angoisse. Si, par malheur, je me laisse aller à l’immanence sexuelle, cette femme me mènera à la souffrance éternelle” » (p.164). L’autisme : idem. “Il n'y a pas d'autisme initial, comme le soutenaient les psychanalystes, mais au contraire il y a une perception privilégiée de signaux émis par sa figure d'attachement dans une relation intersubjective” (p.233). Le plaisir de retrouver un objet utile ? Une affaire d’“attachement” : “Il suffit de constater le bonheur qu’on éprouve en retrouvant les clés de sa voiture qu’on cherchait depuis une demi-heure. Quel plaisir donne ce rebond d’attachement” (p.203).

Boris Cyrulnik, “demi-analyste”, publie la “Psychothérapie de Dieu”


12 oct. 2017 Par Jacques Van Rillaer

https://blogs.mediapart.fr/jacques-van- ... ie-de-dieu?
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Jean
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Re: bric-à-brac psy

Message par Jean »

Article d'Elisabeth Roudinesco : "Plusieurs auteurs français contemporains, parmi lesquels Geneviève Haag, Pierre Delion et Henri Rey-Flaud, ont pris le risque de déchiffrer la pensée de ces enfants qui, à la manière de Jorge Luis Borges, lancent un défi à toute forme de rationalité.

Telle est aussi la visée du livre de Martin Joubert. Pédopsychiatre et membre de la Société psychanalytique de Paris (SPP), l’auteur raconte ici la vie inversée ou illogique de plusieurs enfants incapables d’entrer dans l’univers de la raison commune : Laurent, Jérémie, Hector et quelques autres encore
."
http://www.lemonde.fr/livres/article/20 ... _3260.html

Je ne peux m'empêcher de penser aux propos de Charles Melman, sur l'autiste comme Golem ou ordinateur.

Un extrait du livre :

« C'est d'ailleurs pour cela qu'il est beaucoup plus confortable de s'occuper d'enfants psychotiques que d'enfants autistes, car avec les premiers, qui ont accès à des formes d'identification, et à un langage qui s'en fait plus ou moins le support, on peut se bercer de l'illusion de les comprendre et d'être compris par eux : illusion aussi, que le langage nous permettrait de nous comprendre, parce que nous parlerions le m^me, c'est-à-dire le langage de l'expérience affectée du vécu humain. Or, avec les autistes nous ne pouvons plus faire fonctionner cette illusion. Toujours, ils nous renvoient au non-sens et à l'inanité de nos propos. On est, avec eux, à côté de la plaque, toujours. Le désinvestissement de la relation nous guette et l'épuisement de notre vitalité psychique, éprouvée par cette incommunicabilité radicale, nous expose au découragement et au vide de la pensée.

C'est une des clés de la possibilité d'un traitement pour eux que la capacité des soignants à supporter le non-sens, à tolérer de se trouver perdus sans chercher à se raccrocher aux branches du premier arbre théorique venu, à supporter leur propre perplexité et leur désarroi, le temps qu'il faudra.
»

p.20 « A quoi pensent les autistes » Martin Joubert
https://flipbook.cantook.net/?d=%2F%2Fw ... =&r=&f=pdf
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Tugdual
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Re: [Livre] Bric-à-brac psy

Message par Tugdual »

Jean a écrit :Boris Cyrulnik, “demi-analyste”, publie la “Psychothérapie de Dieu”
La conclusion du même auteur, sur Pseudo-Sciences :
Jacques Van Rillaer a écrit :Boris Cyrulnik écrit joliment, c’est un merveilleux conteur.
Sa rigueur, hélas, est toute « freudienne ».
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Jean
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Re: bric-à-brac psy

Message par Jean »

Jean a écrit : jeudi 5 mai 2016 à 19:02 Dictionnaire de l'académie française
http://dictionnaire.academie-medecine.fr/?q=autisme
autisme n.m.
Version précédente : viewtopic.php?f=9&t=786&p=292289&hilit= ... ie#p292289
Version 2018 : http://dictionnaire.academie-medecine.f ... ?q=autisme

autisme n.m.

autism

L'autisme et les troubles apparentés constituent un ensemble de syndromes actuellement regroupés dans les classifications internationales des maladies sous les termes «troubles envahissants du développement» (CIM 10) et plus récemment « troubles du spectre de l’autisme » (DSM 5), caractérisés par des fonctionnements particuliers qui altèrent dès les premières années de vie, avant 3 ans, la socialisation, la communication et l'adaptation.
Dans le domaine de la socialisation et de la communication, l'enfant semble seul dans son monde et pourrait faire penser qu'il est sourd. Il réagit avec les personnes comme si elles étaient des objets. Son contact oculaire est atypique. Sa mimique est pauvre. Le partage émotionnel lui est difficile. Il ne parle pas, ou, si son langage existe, il ne s'inscrit pas dans un échange, un dialogue avec autrui.
En ce qui concerne les facultés d’adaptation : le moindre changement dans son environnement peut provoquer chez lui angoisse et agressivité ; l'enfant est attaché à «l'immuabilité». Le répertoire de ses activités est réduit, répétitif. Il est parfois animé de mouvements stéréotypés, battements, rotations ou balancements d'une partie ou de l'ensemble du corps. Des réactions témoignant d’hyper ou hypo-réactivité sensorielle sont également très caractéristiques
Tous ces traits persistent à l'âge adulte. La variabilité de l'expression clinique résulte non seulement du degré d'autisme mais aussi de son association à d'autres troubles (retard mental, troubles moteurs, sensoriels et perceptifs, épilepsie...).
La prévalence de ce syndrome est l’objet de discussion ; le chiffre désormais admis est de 1 pour 150 avec classiquement 4 garçons pour une fille.
L'identification des signes précoces est un enjeu majeur de santé publique. Les symptômes peuvent être discrets ou méconnus. Vers trois ans, le tableau d'autisme peut être confirmé, défini par les altérations qualitatives du comportement qui constituent les critères de diagnostic des classifications internationales. La CIM10 doit être obligatoirement appliquée en France selon les recommandations de la Haute autorité de santé. Le diagnostic est clinique. Il n'existe aucun marqueur biologique validé à ce jour.
L’autisme touchant différents domaine du développement, il est essentiel de favoriser une prise en charge globale qui aura pour objectif l'acquisition de compétences sociales, du langage ou de moyens alternatifs de communication, d'autonomie…
Chaque individu avec autisme a son propre profil qui peut varier au cours de sa vie. Aucun protocole standard n'existe, toutefois plusieurs principes fondamentaux guident les stratégies éducatives, rééducatives, les pratiques de soins et d'intégration sociale :
- précocité de l'intervention,
- accessibilité des services éducatifs et de soins,
- diversité des méthodes et moyens mis en œuvre,
- évaluation des besoins tout au long de la vie,
- l'implication de la famille partenaire et continuité du suivi garanti par un dossier personnalisé régulièrement mis à jour.
Le Comité consultatif national d’éthique a souligné, en 2007, la nécessité d’appuyer les pratiques sur un socle de connaissances issues de la recherche.


L. Kanner, pédopsychiatre américain d’origine allemande (1943) ; H. Asperger, pédopsychiatre autrichien (1938 et 1944)

Étym. gr. autos : soi-même

Syn. troubles envahissants du développement, troubles du spectre de l’autisme

→ autisme (modèles physiopathologiques)

[H3]

Édit. 2018
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Ixy
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Re: [Livre] Bric-à-brac psy

Message par Ixy »

Bon. C'est quand même mieux.
Je n'ai pas de diagnostic /!\
Ce que tu as la force d'être, tu as aussi le droit de l'être - Max Stirner
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Re: [Conseil] Bric-à-brac psy

Message par Jean »

Le texte de Françoise Dolto publié par le Canard Enchaîné
https://blog.francetvinfo.fr/lesbaobabs ... /1412.html
Dolto Canard Enchaïné.jpg
Dolto Canard Enchaïné.jpg
Vous n’avez pas les permissions nécessaires pour voir les fichiers joints à ce message.
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Re: [Conseil] Bric-à-brac psy

Message par Jean »

De Franck Ramus :

Connaissez-vous Françoise Dolto?
http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/ps ... ise-dolto/

Quelles leçons tirer de l’affaire Dolto?
http://www.scilogs.fr/ramus-meninges/qu ... ire-dolto/
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Re: [Conseil] Bric-à-brac psy

Message par Jean »

lemonde.fr
Abus sexuels : Françoise Dolto, à l’épreuve du doute
La célèbre psychanalyste d’enfants n’a jamais défendu la pédophilie. En revanche, certains de ses propos posent question : a-t-elle pu défendre les châtiments corporels et nier la réalité des viols incestueux ?

Par Catherine Vincent Publié aujourd’hui à 02h57, mis à jour à 15h20

A l’automne 1979, la revue féministe Choisir la cause des femmes, présidée par Gisèle Halimi, publiait, dans le cadre d’un dossier sur la maltraitance intitulé « Les enfants en morceaux », un entretien avec la psychanalyste Françoise Dolto, dont Le Canard enchaîné du 8 janvier a reproduit de larges extraits.

Elle y tient des propos pour le moins choquants. A une question sur les femmes violentées, elle répond ainsi : « C’est le mari qui doit être aidé et non la femme battue. » On lui demande s’il y a bien des cas de viol de petites filles dans les familles. « Il n’y a pas de viol du tout. Elles sont consentantes. » Elle précise : « Dans l’inceste père-fille, la fille adore son père et est très contente de pouvoir narguer sa mère ! » Et ainsi de suite.

Comment comprendre les propos publiés dans Choisir la cause des femmes, dont l’une des enquêtrices, Béatrice Jade, souligne à juste titre, dans le commentaire critique annexé au dossier, qu’il « révèle une insensibilité et une dureté certaines à l’égard de l’enfant » ?

Comment la célèbre psychanalyste d’enfants, celle qui, dans le sillage de Melanie Klein et d’Anna Freud, a si bien su mettre son génie de l’écoute au service des enfants en souffrance, a-t-elle pu défendre les châtiments corporels et nier la réalité des viols incestueux ?

A l’heure où « l’affaire Matzneff » secoue le monde de l’édition et au-delà (le sujet était récemment à la « une » de l’édition internationale du New York Times), c’est peu de dire que ces déclarations interpellent.

L’intuition clinique

On peut bien sûr supposer que la pédopsychanalyste n’a pas relu cet entretien avant parution : devenue populaire grâce à son émission quotidienne sur France Inter, « Lorsque l’enfant paraît » (1976-1978), elle était connue pour son franc-parler, comme pour la confiance qu’elle accordait à ses interlocuteurs. On peut préciser que Le Canard n’a pas reproduit ses propos dans leur intégralité.

Interrogée dans l’article originel sur le traumatisme qu’entraîne pour une petite fille l’acte incestueux, Dolto répond par exemple : « Evidemment qu’il y a traumatisme ! Nous ne vivons pas dans une société où ces choses sont permises » – preuve qu’elle prend en compte les conséquences néfastes de l’inceste. On peut, enfin, rappeler que, dans le couple amical qu’elle formait avec Jacques Lacan, avec lequel elle fonda l’Ecole freudienne de Paris en 1964, c’est à lui que revenait la théorie ; elle avait pour elle la clinique, ce qui ne garantissait pas toujours la rigueur de sa pensée.

Mais cela ne suffit pas. Le viol étant juridiquement un crime depuis au moins deux siècles, les propos reproduits par l’hebdomadaire satirique paraissent incompréhensibles. Et inacceptables. Ils incitent à remettre l’inceste et la pédophilie dans le contexte de l’époque. Et dans celui, si particulier, de la psychanalyse.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Claude Halmos : « Les propos tenus par Françoise Dolto témoignent d’une difficulté à concevoir la perversion »

Au nom de la liberté

En 1979, l’enfant est désormais considéré comme un sujet à part entière, et Dolto en est la première responsable. « Je préconisais l’abandon de la médecine que j’appelais vétérinaire, telle que je la voyais pratiquer quand il s’agit d’enfants. Je préconisais l’abandon du dressage au cours du premier âge, en lui substituant le respect dû à un être humain réceptif du langage, sensible », écrit-elle dans La Cause des enfants (Robert Laffont, 1985).

Mais l’enfant, pour autant, n’était pas protégé comme il l’est aujourd’hui. Il l’était d’autant moins vis-à-vis des abus sexuels que les années 1970 et 1980 étaient marquées par une tolérance inédite vis-à-vis de la pédophilie. Voire par sa valorisation.

Au-delà de la complaisance que dénonce Vanessa Springora dans son livre autobiographique, Le Consentement (Grasset, 216 p., 18 euros), c’est un véritable combat pro-pédophile qui était ainsi mené, au nom de la liberté, dans certains milieux artistiques et littéraires, comme dans ceux des sciences sociales et philosophiques. Il faudra attendre les années 1990, et l’explosion de l’affaire Marc Dutroux dans la Belgique voisine, pour que la France découvre le visage monstrueux de la pédophilie.

Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Louis Aragon, Roland Barthes, Catherine Millet, André Glucksmann, Jack Lang, Bernard Kouchner, Gabriel Matzneff, Guy Hocquenghem et bien d’autres : dans Le Monde du 26 janvier 1977, soixante-neuf intellectuels français signent ainsi une tribune destinée à défendre trois hommes en détention préventive depuis trois ans, accusés d’attentat à la pudeur contre des enfants de 13 ans et 14 ans. « Trois ans de prison pour des caresses et des baisers, cela suffit ! Une si longue détention préventive pour instruire une simple affaire de “mœurs”, où les enfants n’ont pas été victimes de la moindre violence (…), nous paraît déjà scandaleuse », s’indignent-ils en demandant la relaxe. Le journal Libération, qui publie la même pétition le lendemain, va alors beaucoup plus loin encore, et offre dans les années 1970 de nombreuses pages à la défense des pédophiles.

Lien avec la question homosexuelle


A l’époque, celle-ci est en effet étroitement liée à la question homosexuelle, dont le journal de Serge July, avant l’apparition de Gay Pied en 1979, constitue l’un des principaux canaux d’expression. Dans L’Enfant interdit. Comment la pédophilie est devenue scandaleuse (Armand Colin, 2013), le sociologue Pierre Verdrager rappelle combien étaient nombreux « ceux qui ont alors défendu l’idée que la pédophilie “était comme” l’homosexualité ou en constituait un cas spécifique ».

Ceux qui militaient pour la dépénalisation de l’homosexualité (obtenue en 1982) faisaient donc en partie cause commune avec le courant pro-pédophile.

Dans l’émission « Dialogues » diffusée sur France Culture en avril 1978, le philosophe Michel Foucault défend ainsi l’idée qu’interdire la pédophilie pourrait progressivement glisser vers l’interdiction de l’homosexualité.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Catherine Dolto : « Le “parler vrai” de Françoise Dolto dérangeait »

Dans le contexte de révolution sexuelle des années 1970, la question du pouvoir de l’enfant sur lui-même est au cœur du combat pour la pédophilie. L’idée sous-jacente est que les enfants ont autant le pouvoir de dire oui que les adultes dans le cadre d’une relation sexuelle. La question du consentement est donc centrale.

« Aller supposer que, du moment qu’il est un enfant, on ne peut pas expliquer ce qu’il en est, que du moment qu’il est un enfant, il ne peut pas être consentant, il y a là deux abus qui sont intolérables, inacceptables », poursuit Michel Foucault sur France Culture. C’est là qu’intervient la psychanalyse, et sa théorie de la sexualité infantile.
La figure tutélaire de Freud

Dans les années 1970, son influence est beaucoup plus puissante qu’aujourd’hui. Et les défenseurs de la pédophilie sont nombreux à se placer sous la figure tutélaire de Freud.

« Les théories psychanalytiques ont été sollicitées par les acteurs de l’époque pour mettre en évidence le fait que l’enfant était sexuellement actif, résume Pierre Verdrager. S’opposer à cet argument, c’était être hostile à la science. C’était aussi la preuve que l’on “résistait” à cette réalité, au sens psychanalytique du terme. »

En affirmant que les enfants avaient pour premier objet de désir des adultes, la théorie freudienne offrait un cadre d’analyse inespéré aux défenseurs de la pédophilie. Certains psychiatres et psychanalystes les soutenaient d’ailleurs ouvertement – on retrouve la signature de cinq ou six d’entre eux dans la pétition de janvier 1977. Mais pas celle de Françoise Dolto.

Bien au contraire : la même année, elle condamna clairement la pédophilie, en déclarant que « l’initiation sexuelle des adolescents et des enfants par un adulte (…) est toujours un traumatisme psychologique profond » (citation tirée de La Justice en procès, de Jean Bérard. Presses de Sciences Po, 2013).

Elle signa en revanche en mai 1977, avec quatre-vingts autres intellectuels, une « Lettre ouverte à la commission de révision du code pénal » qui posait une question de fond : à quel âge des enfants ou des adolescents peuvent-ils être considérés comme capables de donner librement leur consentement à une relation sexuelle ? De nombreux signataires de cette lettre ayant également signé la pétition pro-pédophile de janvier, Françoise Dolto est depuis lors régulièrement accusée, à tort, d’avoir fait l’apologie de la pédophilie.

Un malentendu

La question n’en demeure pas moins : comment la célèbre psychanalyste a-t-elle pu nier la souffrance des enfants comme elle semble le faire dans les propos rapportés par Le Canard enchaîné ? « Dolto, certes, était une femme de son temps. Mais, même à cette époque, on savait déjà que les abus sexuels sur les enfants, cela fait énormément de mal ! », s’étonne Marie Rose Moro. Directrice de la Maison des adolescents de l’hôpital Cochin, à Paris, la pédopsychiatre avance une hypothèse : « Quand on voit combien l’inceste et la pédophilie perdurent dans notre société, on se dit qu’il y a une difficulté véritablement anthropologique à hiérarchiser les priorités, à voir la situation du côté des enfants. Ce n’est jamais totalement acquis, et même Dolto s’y est peut-être laissé prendre. »

Dernière piste : par leur formation même, les psychanalystes auraient une propension à ignorer la réalité du traumatisme de l’inceste. La faute en reviendrait à Freud, et à l’abandon de sa « théorie de la séduction », ou neurotica.

Formulée en 1896, celle-ci postule que les femmes qu’il reçoit en consultation ont été dans leur enfance victimes de « séduction » – autrement dit d’abus sexuel – de la part d’un adulte. Mais, un an plus tard, il change de point de vue. « Je ne crois plus à ma neurotica ! », écrit-il à son ami Wilhelm Fliess. Ces abus, affirme-t-il désormais, ne sont que le fruit de l’imagination de ses patientes, des fantasmes traduisant un désir inconscient. A l’acte réel, Freud substitue un fantasme d’inceste, le complexe d’Œdipe.

De là viendrait, pour partie, le malentendu qui persiste entre certains psychanalystes et les victimes d’inceste qui viennent les consulter. C’est du moins l’hypothèse de Jenyu Peng, docteure en psychopathologie fondamentale et psychanalyse (université Paris-Diderot), qui a fait de ce thème l’objet de sa thèse après avoir constaté, lors d’une enquête de terrain, combien leur rencontre pouvait être difficile, voire infructueuse. Elle évoque à ce propos « un grand malentendu », qui « relève à la fois de la théorisation psychanalytique et de la nature même du traumatisme de l’inceste ». Un malentendu qui était peut-être aussi à l’œuvre dans la pensée de Françoise Dolto.

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Catherine Dolto : « Le “parler vrai” de Françoise Dolto dérangeait »

Tribune : Catherine Dolto
Présidente de l’association Archives et Documentation Françoise Dolto

La médecin psychothérapeute dénonce, dans une tribune au « Monde », la récupération des déclarations faites, il y a quarante ans, par sa mère dans « Choisir la cause des femmes ». Des propos dont la psychanalyste elle-même avait écrit qu’ils « trahissaient sa pensée ».


Tribune. Il y a vingt ans, on attaquait Françoise Dolto en prétendant qu’elle avait soutenu des pédophiles condamnés. Il est prouvé que c’était faux. Plus tard, on lui a reproché d’avoir promu l’enfant roi tout-puissant. Elisabeth Brami et Patrick Delaroche, dans Dolto, l’art d’être parents (Albin Michel, 2014), ont démontré que c’était encore faux.

Maintenant, Le Canard enchaîné du 8 janvier 2020 accuse Françoise Dolto d’être pro-pédophile et publie sur une demi-page une interview donnée, voilà quarante ans, à un journal féministe dirigé par Gisèle Halimi, Choisir la cause de femmes n° 44. Aucune réaction à l’époque. A la mort de Françoise Dolto, cette revue n’était pas dans ses archives. Mais on y a trouvé le commentaire publié à la suite de l’interview par son auteure, Béatrice Jade, qui résume, en s’en indignant, les propos qu’elle a retranscrits. A son tour, Françoise Dolto s’indigne à sa lecture, tout comme ceux qui découvrent aujourd’hui les extraits de l’entretien reproduits par Le Canard enchaîné. Elle l’a annoté en rouge de sa main : « Je n’ai jamais vu cet article fait après interview sans nuances qui trahit ma pensée. »
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Abus sexuels : Françoise Dolto, à l’épreuve du doute

Oui, sa pensée a été trahie.

Manifestement, elle n’a pas eu l’occasion de relire le texte de l’interview et n’a reçu que ce commentaire, bien après publication. De même n’a-t-elle pas pu relire le livre d’entretiens publié par Andrée Ruffo, L’Enfant, le juge et la psychanalyste (Gallimard, 1999), dont on lui reproche aussi le contenu : il a été édité après son décès, surven­u en 1988.

« Pour ceux qui veulent lui nuire, il est facile de déformer sa pensée et d’en faire une lecture révoltante, caricaturale »

Qu’elle ait découvert cette « interview » a posteriori n’est pas étonnant. Françoise Dolto respectait la liberté d’autrui à un point qui l’a souvent desservie. Elle n’était pas prudente vis-à-vis d’elle-même. Elle ne cherchait pas à contrôler l’usage fait de sa parole. Des conversations privées ont été enregistrées puis publié­es comme des entretiens professionnels, sans sa relecture, voire sans son accord. Elle prêtait toujours à ses in­­terlocuteurs l’intelligence de comprendre ce qu’elle leur disait et l’honnêteté de ne pas travestir ses propos.

Ces traits de caractère, qu’elle a gardés jusqu’à sa mort, l’ont exposée à bien des déconvenues. Pour ceux qui veulent lui nuire, il est facile de déformer sa pensée et d’en faire une lecture révoltante, caricaturale. Au moment où la stigmatisation de la pédophilie, à la faveur du livre de Vanessa Springora, Le Consentement, bat son plein de façon amplement justifiée, exhumer ces propos qui heurtent la sensibilité morale, et cela sans que Françoise Dolto puisse y répondre, relève de cette volonté de nuire. S’attaquer à l’une des figures les plus populaires de la psychanalyse française rejoint les offensives persistantes de ceux qui voudraient éradiquer la psychanalyse à tout prix.

Françoise Dolto a toujours été très claire sur le respect des lois concernant les relations sexuelles avec les mineurs. Oui, elle est de ceux qui, en 1977, ont demandé que la majorité sexuelle passe de 18 à 15 ans (et non « d’assouplir le code pénal sur les détournements de mineurs », comme l’écrit Le Canard enchaîné). Quoi de choquant ? En 1980, le Parlement a d’ailleurs changé la loi en ce sens, et personne ne dit que l’article L. 227-27 du code pénal soit pro-pédophile.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Claude Halmos : « Les propos tenus par Françoise Dolto témoignent d’une difficulté à concevoir la perversion »

Elle était tout aussi claire sur l’interdit de l’inceste – un chapitre de son livre La Cause des enfants (Robert Laffont, 1985) s’intitule d’ailleurs : « Aux parents qui ne veulent pas être pédophiles ». Cet interdit revient constamment dans ses textes et émissions de radio. Elle dit et répète que les enfants doivent en être informés très tôt et très clairement pour pouvoir se protéger des avances des adultes, que ceux-ci appartiennent à la famille ou non. Comme tous les psychanalystes, elle connaît en effet le désir inconscient des enfants, qui les piège et les rend « pié­geables ». Ils sont ensuite enfermés dans une culpabilité destructrice, comme le décrit bien Vanessa Springora dans Le Consentemen­t.

C’est donc au niveau de l’inconscient que Françoise Dolto se situe quand elle parle de relations sexuelles entre enfants et adultes, qu’elle juge inacceptables. Quand elle dit qu’une femme ou un enfant peut éprouver une forme de plaisir – interdit, donc refoulé, donc culpabilisant – au moment de l’agression, elle ne dit pas que cela l’autorise, ni que cela amenuise ses conséquences destructrices. On peut à la fois penser et dire cela et condamner férocement toute agression pédophile. C’est cette approche complexe d’une réalité qui l’est aussi qu’il est si difficile d’entendre aujourd’hui, car elle n’est pas binaire.
Connaissance éclairée

Le « parler vrai » de Françoise Dolto dérangeait, mais elle a fait avancer les idées. Son message est qu’il faut donner à l’enfant sa place de sujet et le respecter comme tel, si petit soit-il, en toutes circonstances. En disant que les enfants ont à tout âge des désirs sexuels, elle n’a jamais voulu dire que ces désirs illicites devaient être satisfaits, surtout par des adultes prédateurs.

Citoyenne engagée au service de la protection des enfants, de la manière la plus concrète, grâce à sa compréhension des phénomènes inconscients, son talent a été d’utiliser cette connaissance, éclairée par de longues années de travail clinique, pour faire évoluer en profondeur la manière de comprendre les enfants, de les accueillir, de les soigner, de les éduquer. Toute son œuvre en témoigne. Prétendre qu’elle ait pu défendre les pédophiles est aussi grotesque que mensonger. Retourner son travail contre elle, comme on retourne un gant, n’est pas une bonne nouvelle pour les enfants.
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Jean
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Re: [Conseil] Bric-à-brac psy

Message par Jean »

lemonde.fr
Claude Halmos : « Les propos tenus par Françoise Dolto témoignent d’une difficulté à concevoir la perversion »

La psychanalyste, qui a travaillé avec Françoise Dolto, juge « choquantes » les paroles de celle-ci sur l’inceste datant de en 1979. Elle rappelle à quel point faire entendre la réalité et la gravité des abus sexuels sur un enfant relevait, à l’époque, du « parcours du combattant ».

Propos recueillis par Catherine Vincent Publié aujourd’hui à 09h41

Pour Claude Halmos, psychanalyste, spécialiste des enfants et de la maltraitance, les propos tenus par Françoise Dolto en 1979, et rapportés par Le Canard enchaîné dans son édition du 8 janvier, s’appuient sur une argumentation aberrante. Ils révèlent la difficulté pour les « psys », qui subsiste encore aujourd’hui chez nombre d’entre eux, d’entendre la réalité des abus sexuels subis par un enfant.

Que pensez-vous des propos tenus par Françoise Dolto en 1979, dans la revue « Choisir la cause des femmes », publiés par « Le Canard enchaîné » dans son édition du 8 janvier ?

Les propos rapportés dans cet article sont particulièrement choquants. Parce qu’ils nient aussi bien la souffrance des femmes et des enfants violentés que la gravité – toujours extrême – des conséquences qu’ont sur eux les tortures subies. Et parce qu’ils s’appuient, pour le faire, sur une argumentation aberrante.

Aucune femme ne mérite les coups qu’elle reçoit. Aucun enfant martyrisé ne l’est parce qu’il l’a voulu. Aucune fille n’est violée par son père parce qu’elle y consent. La maltraitance est un crime. Même si elle ne tue pas l’enfant, elle tue toujours son enfance et une partie de son devenir. Les femmes et les enfants violentés ne sont pas des coupables, mais des victimes.

Comment, alors, expliquer de tels propos ?

On peut évidemment, même si cela relève de la malhonnêteté intellectuelle, prétendre une nouvelle fois, pour déconsidérer encore un peu plus la psychanalyse, révéler par ce texte une face cachée (et bien sûr monstrueuse) de Françoise Dolto : on l’a déjà dite « collabo », pourquoi pas également pro-pédophile ? Mais on peut aussi, si l’on se veut plus sérieux, se demander comment cette femme, qui a fait entendre à toute une société la complexité du psychisme de l’enfant et l’intensité de ses souffrances, peut sembler, dans cet entretien, totalement sourde à cette souffrance-là.

La première raison tient, je crois, à son rapport à la communication. Françoise Dolto raisonnait à partir de son expérience clinique, toujours en mouvement. Et elle en parlait sans avoir toujours préalablement élaboré sa pensée, en estimant manifestement ses interlocuteurs « sur la même longueur d’onde » qu’elle. D’où des malentendus, inévitables.

Une partie du dialogue publié dans Choisir relève – et même à double titre – d’un de ces malentendus. Elle parle en effet de l’inconscient comme s’il s’agissait du conscient (un enfant peut inconsciemment, parce qu’il les aime, accepter de ses parents des choses dont il souffre ; cela n’a rien à voir avec les chercher consciemment). Par ailleurs, en n’expliquant pas que les émotions et la sexualité de l’enfant sont radicalement différentes de celles des adultes, elle prête à ce que le psychanalyste Sandor Ferenczi [1873-1933] nommait « la confusion des langues ». Contrairement à ce que prétendent les pédophiles, « séduire » n’a pas, dans la langue des enfants, le même sens que dans celle des adultes. Quand une petite fille fait tourner sa jupe devant un monsieur, elle n’attend en aucun cas de lui la réponse qu’il va lui donner s’il est incestueux ou pédophile, et qui la détruira.

Mais cela n’explique pas tout. Ce que dit Françoise Dolto renvoie aussi aux conceptions en vigueur, au moment où elle parle, chez ceux que l’on appellerait aujourd’hui les « psys ». Faire entendre la réalité des abus sexuels subis par un enfant, et leur gravité, relevait à l’époque du parcours du combattant – la jeune psychanalyste que j’étais alors peut en témoigner. Les choses aujourd’hui ont certes beaucoup changé : on ne pense plus que les abus sexuels sont seulement des fantasmes. Néanmoins, la protection des enfants continue d’être ­hypothéquée par des obstacles, dont on entend déjà l’écho dans cet entretien.

« Dolto a démontré que l’enfant n’est pas, par rapport à l’adulte, un “sous-être”. Mais elle en déduit, à tort, qu’il a la capacité de résister à l’adulte qui le maltraite »

Que voulez-vous dire ?

Contrairement à ce qu’on pensait autrefois, l’enfant n’est pas, par rapport à l’adulte, un « sous-être », Françoise Dolto l’a amplement démontré. Mais elle en déduit, à tort, qu’il a en lui la capacité de résister à l’adulte qui le maltraite. A la question : « Que faut-il faire si un enfant nous dit : “Je suis battu” ? », elle répond ainsi : « C’est l’enfant qui trouve la solution. » Ce faisant, elle sous-estime le poids de la réalité : celle de son âge et de son statut social, qui rendent cela impossible.

Cependant, il faut le souligner, on utilise souvent aujourd’hui de la même façon, sur le terrain, le concept de résilience : on oublie qu’un enfant ne peut la déployer que si des adultes sont ­intervenus pour qu’il soit en sécurité. L’enfant qu’on laisse être la proie de parents maltraitants ne peut pas être résilient. Il est donc essentiel que les « psys » connaissent, en travaillant avec leurs parents, la réalité dans laquelle vivent leurs petits patients, et œuvrent, s’ils sont en danger, à leur protection. Ce que malheureusement ils ne font pas toujours.

Françoise Dolto, dans ce texte comme dans d’autres, témoigne par ailleurs d’une difficulté à concevoir la perversion. Un ­parent bourreau peut l’être non parce qu’il souffre, mais parce qu’il jouit des ­tortures qu’il inflige. Or, les thérapeutes ont, aujourd’hui encore, comme c’est le cas d’ailleurs de toute la société, du mal à ­l’entendre parce que cette vérité dérangeante va à l’encontre de l’image idéalisée que nous avons du parent.

Enfin, lorsque, à la question « Donc, la petite fille est toujours consentante ? », Dolto répond « Tout à fait » (…). Il n’y a pas de viol du tout », elle montre une difficulté à appréhender à la fois ce qu’est l’emprise et ce qu’est un trauma, sa gravité et celle de ses conséquences. Et cette difficulté reste aujourd’hui celle de nombreux thérapeutes, psychanalystes ou non.

La prise en charge d’une victime de trauma suppose en effet une position particulière du soignant : comme l’explique très bien le psychanalyste israélo-américain Dori Laub [1937-2018], le ­thérapeute se doit alors d’être un témoin, c’est-à-dire celui qui atteste de la réalité du trauma, resté en partie irréel pour le patient. Le témoin, c’est celui qui peut dire, en le ressentant, à quelqu’un qui lui raconte son enfance maltraitée : « Ce que vous avez vécu est épouvantable. » Or, une telle attitude est difficilement ­compatible avec la position de neutralité et de silence que l’on a longtemps ­enseignée aux psychanalystes comme étant le souverain bien.

Conclusion : bien des choses que l’on peut reprocher à Dolto dans ce texte sont toujours à l’œuvre aujourd’hui. Dans la vie d’un enfant, l’abus sexuel est un tsunami : il ravage tout sur son passage, dans sa tête comme dans son corps, et fait exploser le cours normal de son développement. Il oblige donc les thérapeutes à réinterroger les repères avec lesquels ils travaillent. Si l’on se préoccupe réellement de la cause des enfants, cela me semble être le seul combat qui vaille.
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Flower
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Re: [Conseil] Bric-à-brac psy

Message par Flower »

Je ne vois pas à quoi ça sert de ressortir une interview donnée il y a 40 ans par une personne décédée depuis 30 ans... :innocent:
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.
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Jean
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Re: [Conseil] Bric-à-brac psy

Message par Jean »

Il se trouve que c'est une personne qui a encore de l'influence.
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Tugdual
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Re: [Conseil] Bric-à-brac psy

Message par Tugdual »

Oui, elle est encore considérée comme une référence de l'enfance par beaucoup de gens...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).