« 28 écoles l’ont refusé »
Sud-Ouest - Publié le 16/07/2014 par Justine Fontaine
Des mères d’enfants autistes ont créé une association et se mobilisent pour les scolariser dans de bonnes conditions.
« 28 écoles l’ont refusé »
Milan (8 ans) et Gabriel (5 ans et demi) sont scolarisés avec des enfants de leur âge.
© PHOTO PHOTO J.-J. SENTUCQ
Christelle Bukvic est mère d'un petit garçon autiste de 8 ans, Milan. À 3 ans passés, Milan ne parle pas. Il ne dort pas la nuit. « Les médecins m'ont dit que tout allait bien, qu'il fallait attendre. » Christelle travaillait comme assistante juridique. « Quand je me suis endormie en voiture et que j'ai fini dans un champ au milieu des vaches, j'ai démissionné. »
Quand on lui annonce que son fils est autiste, on l'envoie vers les hôpitaux de jour, on la « culpabilise » en tant que mère. Milan est mis en observation, on lui prescrit des somnifères. « En miettes », elle finit par contacter une association où se rencontrent et parlent des mères d'enfants autistes, qui veulent que leurs enfants soient accompagnés selon les méthodes comportementales (et non psychiatriques).
28 refus
« Sur la plaine de Nay, j'ai dû demander à 28 écoles avant d'en trouver une qui accepte d'accueillir mon fils. Il y a une loi, qui date de 2005, qui oblige les écoles à scolariser les enfants autistes, mais en tant que parents, mettre son enfant dans une école qui n'en veut pas au départ, nous n'en avions pas envie », raconte Christelle.
Il y a deux ans, les mères créent l'association Ted et Tsa vont à l'école, pour pouvoir effectivement envoyer leurs enfants à l'école, comme les autres. Mais trouver un établissement qui accepte les enfants autistes n'est souvent que le début de la bataille pour les parents.
Aujourd'hui en France, un enfant autiste ne peut pas être scolarisé sans être accompagné d'un Auxiliaire de vie scolaire (AVS), et les démarches durent parfois des mois avant d'aboutir. « Du coup, les enfants sont scolarisés, mais parfois seulement trois heures dans la journée, voire moins », explique la vice-présidente de l'association, Maguy Laban qui déplore également que les AVS soient trop peu nombreux, ou non formés.
« Il s'est mis à parler »
Face à ces galères administratives, les mères de l'association décident de frapper aux portes de l'administration. Elles finissent par obtenir de l'Inspection académique que les familles puissent embaucher les AVS en dehors du temps scolaire, et assurer ainsi une continuité et une cohérence à l'accompagnement des enfants.
Enfin, elles embauchent une psychologue et une orthophoniste formée aux problématiques de l'autisme.
Résultat : « Cela a permis d'augmenter le temps de présence des enfants à l'école à minimum 15 heures par semaine [sur 24] » expliquent Maguy et Christelle. Et « à 7 ans, mon fils s'est mis à parler. Il met deux mots à la suite maintenant », raconte cette dernière.
Continuer avec le même encadrement coûte 7 000 euros par an et par enfant. Pour cela, l'association appelle aux dons et organise des actions de sensibilisation. Pour que leurs enfants, et les autres autistes puissent continuer à être scolarisés en milieu ordinaire dans de bonnes conditions : aujourd'hui, 20 % des enfants autistes vont à l'école, mais seuls 10 % d'entre eux atteignent le collège, alors qu'ils ont généralement le même niveau scolaire que les enfants de leur âge.
Justine Fontaine
L'association sera présente aujourd'hui de 16 h à 19 h place du Marché, à Nay pour accueillir Gwen Le Ny, qui traverse les Pyrénées en courant pour l'autisme. Informations au 05 59 80 19 79 ou sur l'adresse mail
ted.et.tsa@orange.fr