Pour moi le fonctionnement de ce genre de cognition se rapproche du délire. Il ne peux néanmoins être qualifié comme tel car ces croyances sont massivement partagées dans la population (une idée délirante se définit comme une croyance tenace qui dénote de celles usuellement partagées dans le cercle culturel au quel appartient le sujet: si un paysan d'Afrique profonde crois aux sorciers il n'est pas délirant; si moi je me met à y croire en revanche...).
Mais sa fonction est la même: le délire protège le sujet de ce qui dépasse trop largement ses capacités de compréhension, de gestion. Le sujet va alors créer une histoire dans la quelle ces éléments coercitifs vont pouvoir s'articuler d'une façon qui lui paraîtra plus cohérente, sensée, claire.Spoiler :
Imaginez une personne qui n'aurait absolument aucune notion d'astronomie (genre vraiment nada), quelle sera sa réaction face à une éclipse? Il pensera probablement qu'une chose (un monstre, un dieu) est venu voler le soleil (explication). Il ne songera pas un instant à la lune, car il ne l'a pas vu. Et vu qu'il est naturellement auto centré, il pensera que cette chose à volé le soleil pour le punir (sens).Spoiler :
Cette interprétation (qui n'en est qu'une parmi tant d'autre), dépendra du niveau de connaissance et d'expérience du sujet (quel est la cause de disparition d'objet déjà expérimenté par le sujet: on l'a pris; il est parti; on l'a caché; on l'a mangé).
Tout cela amène une hypothèse intéressante: l'être humain serait un être de croyance. La croyance primerait sur la connaissance. Ainsi l'on trouvera souvent des gens pour donner leur interprétation des évènements en négligeant l'emploi du conditionnel, mais peux diront simplement: "je ne sais pas". Ne pas savoir semble être une issue terrible.
C'est ce qui se passe avec l'épidémie : face à cette chose impalpable, des milliers de gens s'accrochent à tout éléments, même factice, qui leur permettrait de leur donner l'illusion de comprendre. Et cela, dans le but assez clair de se rassurer. Ils pourraient même défendre leurs croyances face à l'évidence, comme si leur sentiment de sécurité dépendait de cette illusion de sens.
La question qui reste sans réponse dans tout ça: pourquoi ce lien si fort entre sentiment de comprendre, et sentiment de sécurité?
D'où viens cette angoisse de ne pas savoir?