Je vois que tu es monté en gamme au niveau des sources d'information, donc même si tu ne poses toujours aucune question (pour quelqu'un qui cherche des réponses...) mais te contente d'affirmer, je vais te faire une rapide explication de texte.
Tu as mis certaines parties en rouge d'un texte fort bien connu par les gens d'ici. Me contenter des explications de ce texte, et à fortiori de ce qui est en rouge, je ne peux pas. Pourquoi? Parce que dans une relation il y a toujours 2 personnes, et que là est mis l'accent
uniquement sur l'autisme de l'autiste; ce qui pour moi en fait un ensemble de théories à passer à la moulinette de la réalité du couple.
Me demander de croire qu'on peut imputer les difficultés voire l'échec d'une relation de couple seulement au trouble que présente 1 des 2 partenaires, c'est comme les sécheresses/épidémies déclenchées par des bonnes femmes qui préparaient des tisanes de fenouil dans des cabanes en bois.
Statistiquement, il y a des chances pour que le non-autiste présente un trouble quelconque aussi, genre dépression, et je peux te filer des rayonnages entiers de littérature sur l'éclate que c'est de vivre en couple avec un dépressif.
Ca a un côté pratique parce que la dépression pourra être imputée à l'autisme du partenaire (comme dans le texte) alors qu'elle est bien antérieure au couple (ah oui mais ça c'est peut-être parce que notre chère astrologue avait anticipé la rencontre avec l'autiste...
).
Le manque d’aptitudes sociales et de conversation peut faire en sorte qu’il soit perçu comme un « étranger silencieux », dont les aptitudes sociales seront libérées et transformées par une partenaire experte de l’empathie et de la socialisation. On peut assister à un fort sentiment maternel pour les aptitudes sociales limitées de la personne, le conjoint croyant que sa confusion dans les situations sociales et son manque de confiance sont dus à son enfance, et qu’ils peuvent s’améliorer avec le temps. L’amour change tout.
Ce passage n'est pas en rouge, or pour moi il exprime au moins 80% du problème. Le conjoint non-autiste est attiré par des choses bien précises (très bien expliquées), mais pense qu'il va pouvoir agir sur ce qui ne lui plaît pas, "arrondir les angles" et façonner la personne autiste afin de la rendre plus conforme à son souhait. Dès lors, les dés sont pipés: c'est foutu.
Je ne sais pas ce qu'il en est des autres mais en tant que personne autiste je considère l'autre comme un ensemble, et si j'adore le pantalon mais déteste la coupe de cheveux, soit je m'accommode de ce que je souhaiterais autre à cause de l'intérêt que j'ai pour le reste, soit je n'y vais pas. Je ne vais pas faire du harcèlement jusqu'à la porte du salon de coiffure.
Sa femme a ajouté ses propres remarques sur les mots et gestes peu fréquents de son mari pour exprimer les sentiments amoureux :
Peut-être vas-tu trouver ça monstrueux mais je ne comprends pas pourquoi il faudrait exprimer quoi que ce soit, et surtout avec les "outils langagiers" disponibles. Pour moi, "je t'aime" ça ne veut rien dire: utiliser le même terme pour la glace à la framboise, ses enfants, la SF et le partenaire amoureux est complètement absurde. Il n'y a que les suédois que je trouve "justes" sur ce point, même si les allemands trient un peu également.
Au delà de ces considérations linguistiques, il y a le fait qu'être en couple me rend extrêmement vulnérable et qu'à moins de ressentir des choses intenses je ne me lance pas. En contexte social, je parle tellement peu que j'entends tout et j'ai observé qu'il semble assez "normal" pour des non-autistes de se mettre/rester en couple pour pouvoir habiter un endroit plus chouette qu'on ne pourrait pas payer seul, parce qu'on veut des enfants (quelque soit l'individu, bref du "remplissage de poussette"
fill in the blanks), parce qu'on ne veut pas rester seul (soit que c'est trop la honte soit qu'on se sent vide)... Tout ça pour moi c'est juste inconcevable.
Je pense qu'associer systématiquement couple et sentiments rend moindre ce besoin d'exprimer lesdits sentiments puisqu'être ou rester en couple devient une preuve d'amour en soi. C'est la personne et pas une autre, c'est en général très clair pour les 2 (puisque le côté valorisant "j'ai apprivoisé un(e) sauvage" fait partie de ce qui pousse les non-autistes vers les autistes), donc je ne vois pas pourquoi il faudrait en remettre 10 couches par jour.
C'est pareil pour tout ce qui est romantisme and co. Ce n'est pas du tout mon truc et je n'y peux rien, hélas c'est une chose plus facilement pardonnée aux hommes qu'aux femmes. Tout ce qui est "contexte romantique" me fait fuir parce que je m'y sens extrêmement mal à l'aise, je trouve tout surfait et faux. Ca me fait juste penser à la pub
Crunch de quand on était petits, et j'ai toujours l'impression que le décor va se casser la figure.
Les bouquins qui racontent des histoires d'amour avec des descriptions interminables d'émotions dévorantes m'ennuient à mourir, et les films romantiques je tiens 20 minutes maxi. Les seuls qui pour moi sont assez justes concernant le sentiment amoureux et le couple c'est
La science des rêves et
Away we go, et peu de personnes les considèrent comme des films d'amour. Moi si, parce que je suis touchée par
l'authenticité qui s'en dégage.
Est-ce que ça fait de moi un monstre? Certains diront oui, certains diront non. Je suis justement passionnée par les monstres et leur symbolique, et je sais que le monstre est avant tout un archétype, une construction sociale. La monstruosité est plus souvent à chercher dans le regard de celui qui observe que chez l'individu observé. C'est un fait.