Tugdual a écrit :Mais pour basculer dans l'incel, et donc être concerné, il faut en venir
à éprouver (au minimum) du ressentiment pour les hommes et les
femmes épanouis dans leurs relations sentimentales et sexuelles.
J'ai un peu étudié la question (parce que c'est une tendance qui me fait peur, surtout en contexte autiste mais pas que) et je crois que c'est bien pire que ça. Non seulement il y a ce dont tu parles, et qui est décuplé par l'idée que les gens épanouis affectivement et sexuellement sont ceux qui placardent leur bonheur+intimité en 4m sur 3 et sur 15 réseaux sociaux différents; mais il y a aussi une grosse composante narcissique. Et une grande lâcheté (pardon, mais je ne trouve pas d'autre terme).
Ce sont des gens qui considèrent par défaut que les personnes qui les attirent vont forcément les rejeter. Ces dernières années j'ai été pas mal en situations de groupes d'hommes célibataires où j'ai pu échanger, écouter et observer. Aucun autiste ni approchant dans le lot, parce qu'il faudrait aussi faire rentrer dans les caboches qu'il y a énormément d'hommes célibataires non-autistes. Ce qui revient le plus c'est le discours genre "ce style de fille ne me voit même pas".
1/ Il n'y a aucun "style de fille" et il faut arrêter de projeter ce qu'on pense être vrai de 10 personnes sur 50 autres.
2/ Renoncer à essayer d'interagir avec quelqu'un qu'on trouve attirant c'est la garantie de ne pas subir de blessure d'ego, mais c'est aussi la garantie de ne jamais rien vivre avec.
3/ Je trouve très facile de s'envelopper dans la possibilité du rejet pour justifier un gros manque de courage. Le côté "communautaire" amplifie ça parce que ce sont des logiques de "perdant-perdant". C'est de l'auto-apitoiement de groupe en permanence, au sujet de murs que les personnes ont eux-mêmes bâtis parce que c'était plus simple que de prendre des risques.
La tentation du mur je crois que peu y sont passé au travers, surtout parmi les autistes chez qui c'est encore plus un réflexe que chez le reste de la population (à mon avis). On peut même avoir des murs autour de soi sans se rendre compte qu'ils sont là, et encore moins qu'on les a mis là nous-mêmes.
Alors c'est vrai que les relations affectives c'est très difficile, très violent, souvent ça donne envie de mourir. Mais pour moi ce n'est pas une raison, et si on choisit de renoncer et de se draper dans ce narcissisme lâche ambiance "tout sauf le rejet", la moindre des choses c'est de ne pas faire porter le chapeau à la personne en face.
Désolée si ce n'est pas sympa, mais à un moment il faut assumer, aussi.
Je ne comprends rien non plus à ces histoires de choix et de subir ou pas, parce qu'il n'est pas question ici de choisir une tente pour camper. Tu as 8 modèles en 6 coloris différents et basta. Là il est question d'avoir un être humain autre que soi dans l'équation: les possibilités sont infinies, et les déclinaisons de sentiments et d'émotions sont infinies aussi.
"Incapacité d'être en couple" et autres formulations approchantes, ça n'a aucun sens pour moi. Quand je te lis PetitNuage, je trouve tout contradictoire: tu parles de trouver quelqu'un qui "donnerait du sens à ta vie" (le genre de formulation que je trouve hyper-étouffante, déjà), et en même temps tu dis préférer rester seule... Je pense que faire le tri et réfléchir à ce que tu veux ou pas serait déjà plus urgent que de te questionner sur la possibilité d'imputer tes difficultés dans ce domaine à un éventuel autisme.
Ensuite, pour ce qui est du contact physique et cie, le sentiment amoureux implique qu'on parle de quelqu'un pour qui tu ressens un truc très fort, quelqu'un avec qui tu sens une connexion, et quelqu'un qui te bouleverse complètement. Ca n'arrive pas tous les 4 matins, et je ne vois pas le rapport avec les "prétendants" et autres termes employés.
Et en plus il y a plein de façons différentes d'être en couple, parce qu'il y a plein de gens différents. Les barrières je les vois surtout dans ton état d'esprit face à cette question. D'un côté tu parles de subir, et d'un autre tu ne sembles pas savoir ce que tu veux (normal puisque ça ne dépend pas que de toi).
Ce sujet revient sans arrêt, preuve que c'est vraiment un problème qui est là et bien là mais il faut faire attention à la façon dont on envisage ces difficultés là (aussi). Je n'ai pas pu m'empêcher d'intervenir parce que j'en ai assez de lire les mêmes jérémiades sans arrêt, et aussi que je trouve que le "prétexte autistique" est utilisé à tort et à travers. Je ne nie pas les difficultés rencontrées par les personnes autistes sur ce point (je serais mal placée vu le lot que j'ai eu et ai), et voudrais éviter de donner des leçons, simplement cette manie de tomber dans la facilité m'exaspère.
Il faut bien se souvenir aussi que plein de gens lisent le forum sans participer et qu'on ne peut pas savoir comment ils intègrent ce qui est exprimé. Alors moi aussi, je trouve que le danger de tomber ou faire tomber des gens dans l'"incel" est là et bien là. Et que ces jérémiades chorales n'apportent vraiment rien à personne, surtout pas aux gens concernés.