[Doc] Le Mur ou la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme (Sophie Robert)

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Benoit
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par Benoit »

manu a écrit : Un jour il faudra qu'on m'explique pourquoi un psy qui dit asperger a toujours et définitivement raison même si c'est l e dixième consulté alors qu'un psy qui dit psychose a nécessairement tord si un autre a dit autre chose après.
Qu'on le veuille on non, le passé (cf. le témoignage de Soraan) fait que terme même de "psychose" renvoie à des angoisses "maîtrisées" par la contrainte physique et/ou médicamenteuse, dans un cadre d'enfermement (HP), tandis qu'Asperger ne recouvre rien du tout (sinon "l'inconnu" ou "ces autistes qui finalement ne sont pas bien méchants et parfois si doués") sinon des potentialités bonnes ou mauvaises.

Ca n'empêche pas également d'accompagner un diagnostic d'Asperger ou d'AHN de troubles, par exemples de "phobie sociale". Mais psychose a pour moi un sens "définitif" et "isolant".
Personnellement je préfère dans l'absolu avoir une "phobie sociale" avec laquelle je peux vivre et que je peux "combattre" plutôt que des "épisodes psychotiques" au cours desquels on (inconnu, anxiogène encore) m'enfermera et/ou me donnera une petite pillule bleue.
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Jean
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par Jean »

Je suis d'accord avec Manu : l'HP avec les neuroleptiques n'a rien de psychanalytique. L'abus de neuroleptiques, il y en a plein aux USA avec l’utilisation du DSM-IV.

En ce qui concerne l'interprétation, c'est de la psychologie de comptoir ou de salle de garde.

Un psy qui dit psychose pour un enfant, çà veut dire quoi ?
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annemarie
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par annemarie »

La psychose, pour un enfant et pour un adulte, ça signifie un trou noir, des évènements ne sont pas refoulés comme dans la névrose(selon freud), mais ont disparu dans un trou noir, empêchant une vision claire de la réalité .
Tous les psychotiques ne sont pas enfermés, tous n'ont pas de traitement à vie, tous ne sont pas des fous.

Je ne me souviens pas des exemples, mais la validité de certaines théories psychanalytiques a été démontrée par la neuro-biologie, ont en a trouvé les traces physiques dans le cerveau. Après, il y a toujours les dérives, les interprétations sauvages, etc.

Ensuite, il y a les études de Tutsin, spécialiste de l'autisme, qui a trouvé "le trou noir de la psychée chez les névrosés", c'est à dire un îlot psychotique au sein du psychisme. Ce qui tendrait à signifier qu'il y a des autismes "partiels" je suppose que l'hospitalisme en fait partie.

Honnêtement, peut-on affirmer que parmi tous les gens diagnostiqués autistes aujourd'hui certains ne relèvent pas de cette dernière catégorie?

Mis à part les cas chez lesquels on ne retrouve aucune rupture pré ou post natale, ceux chez qui un gène a été identifié clairement (et encore) pour savoir à quoi on a affaire, il faudrait être devin, d'autant plus que la rupture n'est pas forcément physique, il suffit qu'un évènement soit vécu comme rupture par l'enfant né ou à venir.

Un "truc", pour réussir à peu près à faire le tri des enfants atteints d'hospitalisme de ceux atteints d'autisme lorsque qu'on adopte un enfant des pays de l'est sorti d'orphelinat, était simplement de voir avec le temps si leur comportement s'améliorait une fois mis dans des conditions normales, partant du constat que l'autisme était incurable.

Il ne faut pas oublier que sur ce forum il est rarement question d'enfants autistes de kanner mutiques et totalement hermétiques aux interactions.
Il est la plupart du temps question de personnes ayant des problèmes importants, certes, mais capables d'interagir, au moins par écrit, d'exprimer verbalement en tout cas.

Pour moi, la gravité d'un autisme très profond et d'une psychose grave sont équivalentes, et je ne comprends pas en quoi un diagnostique d'autisme est plus enviable.

Ce que la neuro diversité défend, c'est d'avoir le droit de vivre en étant soi-même.
Un célèbre défenseur de cette idée , qui demandait qu'on ne lui enlève pas sa maladie, parce que sans elle il n'était plus lui, qui en connaissait plus long sur sa pathologie que ses médecins, était Antonin Artaud; il était schizophrène.
Modifié en dernier par annemarie le jeudi 8 décembre 2011 à 9:06, modifié 1 fois.
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Soraan
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par Soraan »

Ce n'est pas l'autisme en lui-même qui est plus enviable, je pense, mais la façon dont il est envisagé autant par les pro que par la société comparativement à la psychose.

Si c'est le "trou noir" qui symbolise la psychose, je crois comprendre d'où tout cela venait. Je leur disais souvent qu'il m'arrivait de ne garder qu'uniquement des souvenirs de ce qui se passait dans ma tête mais rien de ce que j'avais pu voir, ou plutôt j'étais incapable de "séparer" les souvenirs pour les "placer" correctement en face de ma pensée, principalement du fait d'une très mauvaise conscience spatio-temporelle. Une forme d'absence durant laquelle je n'ai pas directement conscience de ce que je vois même si je l'enregistre et donc l'identification du lien pensée/vision n'est pas faisable... Ct surtt quand je voulais cacher mon angoisse. Ca marche vachement n'empêche, petite je disais que je "m'enfermais dans ma tête". Je l'ai fait pdt 3 ans de collège entiers où je ne relâchais la pression qu'à la maison mais du coup les souvenirs de la journée d'école étaient "unifiés", pas discernables, me souvenais que des pensées et de quelques détails qui m'avaient frappée (images/sons/odeurs/textures).

Vous pensez que ce genre de chose peut sembler psychotique ?
annemarie
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par annemarie »

Soraan a écrit :Vous pensez que ce genre de chose peut sembler psychotique ?
Aucune idée, je ne suis pas psy et je ne pense pas que même un psy puisse répondre comme ça aussi rapidement par internet.
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Soraan
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par Soraan »

Je voulais dire : est-ce que ça correspond à ce qui est entendu par trou noir d'après vos sources :mryellow:
Je demanderai aux psys de l'hosto que je vois le 20, et si possible ce qu'ils pensent du diag que j'ai maintenant.
Ca risque de swinguer vu leur refus d'envisager cette idée dès le premier RDV.
Je crois que je vais tirer la langue aux infirmiers 8)
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manu
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par manu »

Jean a écrit :Un psy qui dit psychose pour un enfant, çà veut dire quoi ?
Ça veut dire dans son monde interne et dissocié du monde extérieur commun.

Si c'est un diagnostique officiel selon les critère français (du CFTMEA), ça veut dire tel psy a identifié a tel moment cet état de dissociation.
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Murielle
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par Murielle »

Pour répondre à Benoît entre AHN et SA, ce qu'on m'en a dit : c'est l'apparition précoce du langage qui ferait la différence.
Un enfant SA parle de bonne heure et bien, un enfant AHN va mettre plus de temps pour parler.A priori passé un certain âge, vers l'adolescence, les deux se rejoignent...!
Ceci dit, je crois savoir que tous les spécialistes ne sont pas toujours d'accord.... :crazy:
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Murielle
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par Murielle »

Encore un article intéressant:
Point de vue d'Eric Fombonne (pour ceux qui ne le connaissent pas lire ici
on peut lire un entretien avec le docteur Eric Fombonne, directeur du Programme clinique et de recherche sur l'autisme à l'hôpital pour enfants de Montréal dans lequel la psychanalyse est gravement mise en cause:
Dr E. F. : Les premiers symptômes apparaissent en général dans la deuxième année de la vie. Au Québec, on fait le diagnostic largement avant 3 ans ; aux États-Unis un peu plus tard. Le problème en France est que certains enfants ne sont pas diagnostiqués du tout ou traînent avec de faux diagnostics qui empêchent la mise en place d’actions éducatives précoces.
Pourquoi un tel retard ?
Dr E. F. : La psychiatrie de l’enfant est dominée en France par un courant de pensée : la psychanalyse. Les pédopsychiatres mènent souvent leurs entretiens avec des approches un peu naïves : ils en reviennent toujours aux affects, aux relations supposées perturbées avec les parents, notamment avec la mère. Et ils ne posent pas les bonnes questions. La psychiatrie française a créé dans les années 1980 sa classification des troubles mentaux de l’enfant, qu’absolûment personne n’utilise en dehors des frontières de l’Hexagone.L’autisme y figure, avec une définition extrêmement étroite qui concerne les cas les plus sévères. Les autres catégories diagnostiques parlent de « disharmonie » psychotique, névrotique ou « déficitaire ». Si bien que beaucoup d’enfants autistes ne sont pas reconnus en tant que tels, mais diagnostiqués dans ce fouillis des disharmonies qui reflètent des concepts psychanalytiques dépassés et sont systématiquement associés à des prises en charge basées sur des psychothérapies inadaptées.
On sait donc aujourd’hui que le comportement des parents n’est pas du tout en cause ?
Dr E. F. : Cela fait très longtemps que cette responsabilité des parents est évacuée de la littérature scientifique internationale. De nombreuses études ont été faites dans ce domaine : elles ont montré que les parents d’enfants autistes étaient tout aussi compétents que les autres. Il n’y a donc plus de place pour cette théorie environnementale naïve sur le rôle des « mauvais » parents. C’est complètement absurde et obsolète.
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par annemarie »

Soraan a écrit :Ce n'est pas l'autisme en lui-même qui est plus enviable, je pense, mais la façon dont il est envisagé autant par les pro que par la société comparativement à la psychose.
Ce que je ne comprends pas dans une telle démarche, c'est l'incompatibilité entre d'une part l'incapacité à mentir, la recherche de la vérité repérée chez les aspies tant par les pros que les aspies eux-mêmes, et la recherche d'un diagnostique à tout prix parce que plus flatteur, ou plus pratique.
Soraan a écrit :Je voulais dire : est-ce que ça correspond à ce qui est entendu par trou noir d'après vos sources :mryellow:
Malgré la reformulation, ma réponse reste la même.
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manu
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par manu »

Cité par Muriel au dessus :
Dr E. F. : Cela fait très longtemps que cette responsabilité des parents est évacuée de la littérature scientifique internationale. De nombreuses études ont été faites dans ce domaine : elles ont montré que les parents d’enfants autistes étaient tout aussi compétents que les autres. Il n’y a donc plus de place pour cette théorie environnementale naïve sur le rôle des « mauvais » parents. C’est complètement absurde et obsolète.
Il faut bien prendre acte de toutes les déclarations qui vont dans ce sens, et elle sont a peut près unanime, y compris en psy.

Le fait de s'en prendre a la psychanalyse qui globalement a malgré tout comme but théorique ultime la distinction des individus (d'arrêter de voir en l'autre ce qu'on arrive pas a intégré comme venant de soi) donne aux parents une image de refus eux même de dé-fusionner.

Moi je crains très sérieusement que ce type de conflit (ce doc, le procès, et tout le remue ménage autour) finisse par desservir les parents, amène du combustible la où l'évolution des pensée avait naturellement éteins l'incendie.
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Soraan
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par Soraan »

En effet, ce n'est que peu compatible avec l'honnêteté réputée des aspies.
Mais c'est le seul raisonnement basé sur une logique cohérente qui me semblait pouvoir parvenir à cette conclusion.
Ce n'est pas pour autant que je l'ai déjà rencontré. D'ailleurs ce n'est pas le cas, je n'ai jamais vu cette conclusion "l'autisme est + enviable que la psychose", ou du moins je ne l'ai pas repérée.

D'accord. J'ai demandé et visiblement ce n'est pas le cas. Je ferai des recherches sur ce qui est entendu par "trou noir". :D
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Murielle
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par Murielle »

Il s'en passe des choses à Lille....
Si vous voulez un aperçu : allez voir par là.!!!
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Titiana
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par Titiana »

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Pour répondre à Benoît entre AHN et SA, ce qu'on m'en a dit : c'est l'apparition précoce du langage qui ferait la différence.
Un enfant SA parle de bonne heure et bien, un enfant AHN va mettre plus de temps pour parler.A priori passé un certain âge, vers l'adolescence, les deux se rejoignent...!
Je confirme Murielle :wink:
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Re: Reportage : LE MUR, La psychanalyse à l'épreuve de l'aut

Message par Jonquille57 »

Murielle a écrit :Il s'en passe des choses à Lille....
Si vous voulez un aperçu : allez voir par là.!!!
En effet : ça bouge ! :bravo: