[SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Toutes discussions concernant l'autisme et le syndrome d'Asperger, leurs définitions, les méthodes de diagnostic, l'état de la recherche, les nouveautés, etc.
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lulamae
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Re: [SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Message par lulamae »

Clovis a écrit : mardi 18 juin 2019 à 17:47 Pour moi la difficulté reste largement de percevoir comment je dois prendre une quelconque remarque qui n'est pas explicitement présentée comme positive ou négative... Et peut être encore plus d'évaluer à quel point elle est négative. Difficile du coup de savoir comment réagir et/ou agir... En règle général il semble que ma capacité à saisir les nuances dans les échanges sociaux soit limitée.

Ceci étant je sais bien que plaquer mes questionnements personnels sur ce débat n'a guère de sens.
Bah tu sais, même le débat vient au départ d'un site qui dénonce les aspergers comme des sortes de psychopathes qui font souffrir leurs conjoints, donc ça a déjà quelque peu dévié. :mryellow:
J'essayais de comprendre comment des psychiatres peuvent faire erreur entre autisme et narcissisme, et délivrer un diagnostic d'autisme à quelqu'un qui pourrait être narcissique (ou l'inverse, peut-être ?). Il doit forcément y avoir des possibilités de chevauchement entre les deux.
Pour ma part, c'était ma réflexion. :)

Pour revenir à ta question, il faudrait qu'il y ait une formulation assez neutre avec jugement implicite pour que ça ne soit pas perceptible, non ?

En tout cas, quand mon entourage me formule des reproches, je les trouve très explicites. Sauf que j'ai un problème d'interprétation qui fait que parfois moi je comprends un reproche, là où on me dit qu'il n'y en a pas.
Du coup, maintenant, je ne sais plus quoi croire, et je n'ai plus envie de parler aux gens, en dehors du minimum. Parce que j'en ai assez qu'on me fasse toujours porter le chapeau de l'incompréhension ou du malentendu.

Je crois aussi qu'à force de savoir qu'on ne comprend pas les échanges sociaux, on finit par chercher là où il n'y a rien à chercher. Ce qui ne fait pas qu'on perçoit mieux les vrais implicites pour autant. C'est un peu perdant/perdant cette histoire...
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misty
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Re: [SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Message par misty »

lulamae a écrit :Eh bien oui, mais c'est ça justement : trouver que le "reproche" ou la critique n'est pas vrai - il est rare que les gens qui te font des reproches argumentent, d'ailleurs.
Ce n'est pas une question d'argumenter, parce que je parle de choses factuelles. Ce que je veux dire, c'est que je n'aime pas quand quelqu'un ment ouvertement, ou me prête avec conviction des intentions qui ne sont pas les miennes (sur des bases vagues ou en fonction de préjugés, le plus souvent). C'est valable dans l'autre sens aussi: si j'ai indiscutablement raté un truc je ne supporte pas qu'on me dise que je l'ai réussi, ou qu'on me trouve des excuses pour justifier/minimiser cet échec.
Le but c'est de coller le plus possible à la réalité, pas de me préserver moi.
Je ne vois pas le rapport avec la présence ou l'absence d'arguments.

J'espère ne pas déclencher un tollé, mais est-ce que ça ne pourrait être présent en revanche plus avec le HQI - je ne dis pas être associé à, mais pouvoir s'expliquer par (si c'est présent dans l'autisme) ?
Toi, tu parles de l'autisme avec/sans déficience intellectuelle, et je sais que dans le DSM-V on parle simplement de "sans déficience intellectuelle", mais avec HQI validé ?
Je parle de tableaux cliniques en général, sur des bases de connaissances et d'expériences profanes. Je ne suis pas professionnelle, et je n'ai pas le bagage théorique et concret d'un professionnel. Du coup, ça reste du théorique et surtout pas du cas par cas.

Après, tout ce que je peux dire c'est que personnellement je ne suis pas fan de cette manie d'aller taper dans le HQI (ou pseudo-HQI) dès qu'il y a des éléments qui ne collent pas. Ce n'est pas un diagnostic, il n'y a rien de prouvé, question tableau clinique c'est le flou total et surtout ça manque d'ouverture dans les possibilités envisagées. Par exemple, on entend souvent que le HQI pourrait améliorer les performances sociales, alors que l'inverse est complètement possible aussi (je n'ai jamais vu ça nulle part).
Si un HQI était corrélé à une optimisation de la configuration de base (ce qui semble être le cas hors autisme), il pourrait tout aussi bien accentuer les dispositions neurologiques particulières à l'autisme que le contraire. Et au lieu d'avoir de meilleures compétences sociales, la personne pourrait présenter une hyper-focalisation et une hyper-perception telles que ça impacterait négativement la symptomatologie relationnelle.

Bref, tout est possible et le contraire aussi, donc pour répondre à ta question je n'en sais rien. Je suppose que tu peux trouver des spécialistes pour te dire oui et d'autres pour te dire non, étant donné l'immaturité scientifique à la fois de la question du QI (et plus largement de l'intelligence) et de l'autisme.

Ce qui compte c'est le concret, les manifestations concrètes et la pertinence d'un tableau clinique dans un cas donné. C'est du ressort des professionnels, et là encore les éléments contre sont aussi voire plus intéressants que les éléments pour, quelle que soit la forme que ça prenne.
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Siobhan
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Re: [SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Message par Siobhan »

Des fois, j'ai un peu de mal à comprendre la différence entre ce que sont actuellement, dans les manières dont elles ils semblent décrites notamment dans le DSM V, les troubles de la personnalité d'un côté, et ce qu'on pourrait appeler (catégories qui n'existent pas, j'improvise) des troubles de la moralité de l'autre.

Des fois j'ai l'impression que les catégories "troubles de la personnalité" du DSM V ont été conçues comme des moyens judiciaires secondaires pour permettre au psychiatres de capturer des hypothétiques criminels que la justice n'aurait hypothétiquement pas pu appréhender...



Si ce genre d'état d'esprit existe chez des professionnels, j'appellerais bien ça de la "psychiatrie Batmanesque". Pour moi c'est de la médecine qui se prend pour une instance judiciaire, et je trouve que c'est une dérive, et qui plus est une dérive extrèmement grave.

Pour illustration : je ne sais pas si les alors "dingues" allemands ont commencé à être méthodiquement éliminés avant ou après les juifs allemands de l'époque, mais ils ont aussi été méthodiquement éliminés.

Autre illustration de ce que je considère comme un type de médecine prédatrice (ma "psychiatrie Batmanesque") : le mantra "Sus aux dingues", qui me semble un leitmotiv plus que courant dans le genre littéraire et télévisuel policier (Je hais les polars, à de très rares exceptions près.).
Modifié en dernier par Siobhan le mercredi 19 juin 2019 à 22:12, modifié 1 fois.
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Zebra3
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Re: [SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Message par Zebra3 »

Merci pour le déplacement, étonnamment une recherche de « heartless » n’avait rien retourné, peut-être y avait-il un paramètre d’ancienneté que j’ai zappé dans la recherche.

Vu ce qui est dit j’en « conclue » que le problème principal semble surtout être une question de largeur du spectre.

Car ce qui est dit dans l’échange entre Misty et Lulamae correspond quand même beaucoup au comportement de mon père, qui selon les moments, l’humeur, prend parfois pour une critique une simple remarque, alors que dans d’autres cas il acceptera du sarcasme ou de l’ironie.
Par ailleurs le comportement de la nana que j’ai plusieurs fois évoquée par le passé correspond exactement à cette description de « déni et arrogance » car malgré le peu d’interactions qu’il y a eu entre elle et moi j’ai pour chaque phrase de cette description un exemple dans son comportement, dans ses tournures, qui correspond.

(Et ce qui est décrit correspondre peut-être à ce qui est appelé « rejection sensitive dysphoria » en anglais, et qui semble fréquemment associé au TDAH plutôt qu’à l’autisme)

J’ajouterais qu’on fait également la différence entre narcissique grandiose et narcissique vulnérable apparemment, et que les capacités de théorie de l’esprit ne seraient pas forcément les mêmes:
We have found a pattern in which individuals scoring high for vulnerable narcissism show deficits in theory of mind and empathy; whereas individuals scoring high for grandiose narcissism appear to perform well on tasks assessing theory of mind, emotional intelligence, and empathy.
https://www.researchgate.net/publicatio ... Narcissism bon c'est une seule étude.
Celui qui recherche l’admiration correspond peut-être au grandiose, alors que le vulnérable est moins visible, mais pète un cable à la moindre critique (ou remarque assimilée comme tel).

Sur le site en question (heartlessaspergers), les comportements reprochés à des personnes supposément autistes correspondraient plutôt au narcissique vulnérable. Avec plusieurs exemples d’une personne ayant fait le caméléon (qui est d’ailleurs une des 4 stratégies d’adaptation des autistes) qui change du tout au tout juste après le mariage, ou qui n’est abusive/violente qu’au domicile familial que la personne perçoit en quelque-sorte comme son « sanctuaire ».

La réflexion que je me fais c’est que même pour un autiste, le sentiment de différence et de rehjet peut probablement éroder l’estime de soi (à confirmer), la confiance en soi, etc. Et si c’est là dessus que se met en place la stratégie de déni et arrogance, une fois adulte vous avez une personne avec déficit cognitif de théorie de l’esprit ou autre (fonctions exécutives, alexithymie, etc), estime de soi en vrac, déni et arrogance. Et, comme le suggère Lulamae, même s’il n’y a pas forcément une recherche active d’admiration je me dis que le résultat peut grandement ressembler à du narcissisme si cet individu réagit de façon polarisée ou extrême, ou en « tantrum » à la moindre remarque.
Donc pas tant en narcissique grandiose, qu’en narcissique vulnérable, dans un mix de stratégie d’adaptation entre caméléon en publique (travail, social) et déni/arrogance en privé où l’individu se sent en sécurité.
Je fais l’hypothèse que la relation amoureuse peut être vécue de façon particulière, avec un élan amoureux peut-être mélangé avec un intérêt spécifique, une perception erronée de la relation, où les lacunes de théorie de l’esprit feraient que le « couple » ne peut être perçu autrement que comme fusionnel (défaut de perception de l’altérité de l’être aimé), mais un fusionnel déséquilibré, où le NT va être « englobé » dans le monde de l’autiste.

Ou alors il y a erreur à la base, et ce n’est pas un diag d’autisme qui correspond à cet individu, plutôt un diag de TDA/H, ou en tout cas un diag avec un ou plusieurs soucis cognitifs qui plombent perfidement mais sûrement le développement de l’individu dès la naissance.

Autre hypothèse, puisque le HPI est abordé, si on a un individu avec un développement asynchrone, on se retrouve peut-être avec un individu qui a un âge intellectuel plutôt supérieur à la norme, et à son âge biologique, mais un âge émotionnel immature. C’est visiblement ce que j’ai vécu. A 15 ans j’avais plutôt 25 ans en âge intellectuel, mais émotionnellement j’avais plutôt 10 ans. On aurait du coup quelqu’un qui pense comme un adulte mais « aime » comme un enfant, d’où par exemple la dépendance affective, le clivage dont on parle en psyk, etc. donc un profil atypique + asynchrone ça pourrait faire des chocapic dans le couple, avec de l’immaturité affective, de l’incapacité à bien percevoir l’altérité de l’être aimé, de l’instabilité, etc.
Mais bon là mon message part dans tous les sens alors je vais dormir :)
Statut : Proche d'éventuel(s) aspie(s) et/ou TDA/H. Personnellement, probable tendance TDA, doué, zébré :mryellow: éventuellement tendance aspie. Je vais peut-être faire un bilan neuropsy...
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freeshost
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Re: [SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Message par freeshost »

Quoi qu'il en soit, une personne humaniste va plus chercher à se défendre qu'à attaquer. C'est cet humanisme que nous devons développer.

Mais la société de compétition et de concurrence ne facilite pas les choses.

Parlant de créer de l'emploi, on ne peut pas dire que les monopoles soient les bons élèves.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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lulamae
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Re: [SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Message par lulamae »

Il y a beaucoup de points qui m'aident dans ta réflexion, @Zebra3, comme les avertissements (je ne suis pas sûre que le terme soit juste) de @Misty me font cogiter et avancer mine de rien (lentement).
Je pense que je vais poser la question au moment du diagnostic - il me semble tout de même avoir vu passer des questions qui évaluaient l'estime de soi, la perception qu'on estime "mériter" de la part des autres. Encore une fois, s'il y a risque que les/des médecins confondent les deux, ou qu'ils se laissent abuser par un discours (mais je ne vois pas trop comment, vu la batterie d'examens + intervention de tiers) construit via les réseaux sociaux, il faudrait documenter la question.
Ou alors, ne faire passer le diagnostic que lorsqu'il a été évoqué à l'origine par un médecin, et non "recherché" par la personne ?
Mais, à la conjonction d'une époque où les médecins d'une part sont encore insuffisamment formés, et d'autre part où il n'y a pas suffisamment de moyens pour promouvoir le repérage en amont, ne serait-ce que chez les généralistes et surtout, le milieu de l'enfance (pré-scolaire et scolaire).
Et puis, on met parfois des choses sur le compte d'autres problèmes, et après, bingo ! Tu passes toute ta vie à entendre que tu t'écoutes trop. Je ne parle pas ici d'autres troubles mentaux qu'on refuserait, car "pas classe", mais dans mon cas (désolée, je n'ai que ça sous la main) la surdité.
A l'autre bout des besoins nécessaires pour le diagnostic des enfants (donc, une question politique et financière), il y a certes des personnes qui arrivent en bout d'errance diagnostique, ayant cherché toute une vie ce qui clochait chez eux, et je ne pense pas qu'à 40 ou 50 ans, seul(e) ou avec des enfants, on mène cette recherche, on s'accroche malgré les rebuffades et les difficultés concrètes (trouver un psychiatre + délais énormes dans les CRA), pour aller faire le malin sur les réseaux sociaux - si même on a des réseaux, sociaux ou… tout court (amis, proches… c'est parfois la peau de chagrin). :|
Donc j'espère qu'il y a un juste milieu tendant vers une information juste.
Modifié en dernier par lulamae le mercredi 19 juin 2019 à 10:48, modifié 2 fois.
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Re: [SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Message par lulamae »

freeshost a écrit : mercredi 19 juin 2019 à 2:14 Quoi qu'il en soit, une personne humaniste va plus chercher à se défendre qu'à attaquer. C'est cet humanisme que nous devons développer.
Si je fais le lien avec ce qu'écrivait @Zebra3 sur les gens qui pètent les plombs seulement à leur domicile (parce qu'ils se lâcheraient avec leurs proches), je dirais que cela ne se passe pas comme ça. C'est justement l'humanisme dont tu parles, @freeshost, qui peut faire qu'on veut tellement protéger ceux qu'on aime de ses propres difficultés de communication, pouvant aller jusqu'à des colères flippantes et destructrices (pour nous en tout cas), qu'on prend trop sur soi et qu'on finit par... péter les plombs d'épuisement et d'incapacité à se réguler davantage. Et si on ne le voit pas venir, parce qu'on ne connaît pas assez son fonctionnement, on n'a pas le temps, la ressource, de sortir faire un tour ou de prévenir.

Je ne pense pas que ce soit lié au fait qu'on respecte moins ses proches, mais plutôt que quand on rentre de l'extérieur, on a besoin d'un havre, de déconnecter, et si les proches ne peuvent pas respecter ça, on arrive à bout de ressources pour gérer les sollicitations. :innocent:
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Message par freeshost »

lulamae a écrit : mercredi 19 juin 2019 à 10:40
freeshost a écrit : mercredi 19 juin 2019 à 2:14 Quoi qu'il en soit, une personne humaniste va plus chercher à se défendre qu'à attaquer. C'est cet humanisme que nous devons développer.
Si je fais le lien avec ce qu'écrivait @Zebra3 sur les gens qui pètent les plombs seulement à leur domicile (parce qu'ils se lâcheraient avec leurs proches), je dirais que cela ne se passe pas comme ça. C'est justement l'humanisme dont tu parles, @freeshost, qui peut faire qu'on veut tellement protéger ceux qu'on aime de ses propres difficultés de communication, pouvant aller jusqu'à des colères flippantes et destructrices (pour nous en tout cas), qu'on prend trop sur soi et qu'on finit par... péter les plombs d'épuisement et d'incapacité à se réguler davantage. Et si on ne le voit pas venir, parce qu'on ne connaît pas assez son fonctionnement, on n'a pas le temps, la ressource, de sortir faire un tour ou de prévenir.
Justement, l'humanisme dont je parle ne dit pas qu'il faut se taire et baisser les bras, mais informer et s'informer. Informer sur le spectre autistique, entre autres.

On peut informer sans attaquer, il me semble, avec de la communication non violente.

Se défendre, c'est :

- éviter les situations et les personnes qui nous fatiguent beaucoup,
- informer les autres personnes sur notre surfatigabilité dans certaines situations,
- informer sur les mauvaises conséquences des discriminations sociales,
- enseigner et apprendre à vivre sans bouc émissaire (sans être/groupe à discriminer).
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

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Re: [SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Message par lulamae »

freeshost a écrit : Justement, l'humanisme dont je parle ne dit pas qu'il faut se taire et baisser les bras, mais informer et s'informer. Informer sur le spectre autistique, entre autres.

On peut informer sans attaquer, il me semble, avec de la communication non violente.

Se défendre, c'est :

- éviter les situations et les personnes qui nous fatiguent beaucoup,
- informer les autres personnes sur notre surfatigabilité dans certaines situations,
- informer sur les mauvaises conséquences des discriminations sociales,
- enseigner et apprendre à vivre sans bouc émissaire (sans être/groupe à discriminer).
Je suis bien d'accord, @freeshost, et on est peut-être apte à le faire avec diagnostic, mais quand on a pris conscience de ses difficultés et qu'on attend toujours, c'est difficile.

Même les situations visant à se défendre, sans parler d'autisme, parce qu'à la limite tout un chacun devrait avoir le droit à la solitude et à l'absence de sollicitation, quand ton entourage est habitué à ce que ce soit toi la "personne ressource" et que tu es obligé(e) de porter ça sur tes épaules, le jour où tu dis non, ils ne comprennent pas.
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Message par freeshost »

Continuons d'essayer de leur expliquer, même si ce n'est pas agréable pour eux de changer leurs habitudes (être habitué à ce qu'une autre personne fasse la job à leur place).
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Re: [SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Message par lulamae »

freeshost a écrit : mercredi 19 juin 2019 à 19:55 Continuons d'essayer de leur expliquer, même si ce n'est pas agréable pour eux de changer leurs habitudes (être habitué à ce qu'une autre personne fasse la job à leur place).
Eh oui, "patience et longueur de temps font plus que force ni que rage". :wink:
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Siobhan
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Re: [SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Message par Siobhan »

freeshost a écrit : mercredi 19 juin 2019 à 2:14 Quoi qu'il en soit, une personne humaniste va plus chercher à se défendre qu'à attaquer. C'est cet humanisme que nous devons développer.
(...)
Pas d'accord (J'arrange pas mon cas moi :mrgreen: :lol: ) :

Rien de tel pour massacrer quelqu'un que de le faire depuis une bonne position défensive (cf. Clausewitz, "De la guerre").

Attaquer (métaphoriquement) implique de prendre des risques, parfois nécessaires. N'importe qui peut être une reine ou un roi de la colline sans suer des tonnes. Aller à l'encontre de choses et de gens pour changer quelque chose, de manière humaniste, c'est prendre le risque (probabilité=100%) de se prendre de l'agressivité issue du soldage de dissonances cognitives dans la figure.


edit ajout : La fiabilité qui est celle, il me semble, du concept de "disonnance cognitive" (Festinger), me semble en contradiction nette avec une éventuelle fiabilitié de soit-disant techniques pour soit disant communiquer de manière soit disant "non violente", comme si ça ne dépendait que de l'émetteur qu'un message soit "non violent".

Et puis parfois la violence est un choix respectable, ou du moins plus respectable que bien d'autres choix "non violents".

Illustration conne : Si pour produire votre nourriture, vous avez besoin de tuer les limaces qui vont très certainement tout bouffer, et qu'il n'est pas possible de faire autrement, vous allez tuer les limaces. C'est une solution violente, mais ça devrait vous permettre de ne pas crever de faim, contrairement à la solution non violente.

Autre illustration sur ce que je pense pouvoir qualifier comme la non supériorité automatique du pacifisme (= non-violence, les dictionnaires, ça existe.) sur la violence, la phrase attribué à Winston Chruchill (Qu'il l'ai réellement dite ou pas n'a pas d'importance je trouve) lorsque les pays d'Europe auraient refusés d'entrer en guerre contre l'allemagne nazie venant d'annexer un pays voisin ("Toute ressemblance avec des évènement réel et récent est purement fort... etc. etc.) :

"Vous avez choisi la honte pour éviter la guerre, vous aurez la honte, mais vous aurez aussi la guerre."
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misty
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Re: [SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Message par misty »

Siobhan a écrit :Des fois j'ai l'impression que les catégories "troubles de la personnalité" du DSM V ont été conçues comme des moyens judiciaires secondaires pour permettre au psychiatres de capturer des hypothétiques criminels que la justice n'aurait hypothétiquement pas pu appréhender...

Si ce genre d'état d'esprit existe chez des professionnels, j'appellerais bien ça de la "psychiatrie Batmanesque". Pour moi c'est de la médecine qui se prend pour une instance judiciaire, et je trouve que c'est une dérive, et qui plus est une dérive extrèmement grave.
Question de point de vue:

-Si tu te positionnes dans la théorie (comme pas mal de clients de l'antipsychiatrie primaire, dont c'est un gros levier), tu peux effectivement considérer que ce genre d'état d'esprit doit sûrement exister. Ensuite il y a un choix à faire: quelle est la proportion de professionnels concernés par cet état d'esprit? Comment savoir? Quels sont les éléments fiables pour s'y retrouver? Les sources (à part le lobby psykk, s'entend...)? Quid du risque de généralisation abusive?

-Si tu te positionnes dans du concret, c'est déjà bien différent. Mettons que tu traverses des crises suicidaires à répétition, ou que ça arrive à un de tes proches. Et/ou que cette personne te mette sans arrêt en danger, toi et tes enfants, par des comportements à risque. Que tu doives gérer seul des épisodes de délire aïgu, en présence d'enfants (ou pas, d'ailleurs). Que ton entourage commence à craindre sérieusement pour ta vie.
Est-ce que tu conserves ce point de vue théorique uniquement? Est-ce que, malgré les psychiatres qui se prennent pour Batman, tu ne vas pas être bien content de trouver quelqu'un pour t'aider et te garantir un minimum de sécurité? Ou en tout cas essayer?

C'est une question très complexe ça. Il y a la fameuse norme et cette théorie du DSM comme "gendarmerie de la norme", mais le matin où te te réveilles en face de quelqu'un qui est en gros pétage de plombs et qui délire à plein tube (ou que toi même tu te sens devenir totalement hors de contrôle), tu as d'autres préoccupations. Je te le garantis.

Pour illustration : je ne sais pas si les alors "dingues" allemands ont commencé à être méthodiquement éliminés avant ou après les juifs allemands de l'époque, mais ils ont aussi été méthodiquement éliminés.
Si ce n'est pas déjà fait, je te conseille de te renseigner sur l' Extermination douce.

Morceaux choisis:
Idéologie eugéniste et raciste

Les faits se déroulent dans le contexte du régime de Vichy et de la Révolution nationale, c'est-à-dire dans le cadre d'une hygiène raciale où les malades mentaux sont assimilés à des dégénérés et des nuisibles par la Fondation française pour l’étude des problèmes humains. Cette fondation est dirigée à partir de 1941 par le prix Nobel de médecine Alexis Carrel, nommé par le Maréchal Pétain. Cependant, quelles que soient les convergences idéologiques, cette surmortalité n'est pas le résultat d'une volonté délibérée et programmée, comme l'est en Allemagne l'Aktion T4 qui exterminera entre 200 000 et 350 000 « indésirables », mais d'un désintérêt des autorités conforté et entretenu par des préjugés eugénistes.

C'est ainsi que quand le Maréchal Pétain, à la fin avril 1943, consent à répondre aux alarmes de l'Académie de médecine mobilisée par les professeurs Lenoir, Charles Richet, Louis Justin-Besançon, celui-ci circonscrit le problème de la sous alimentation à un danger menaçant « l'avenir de la race ». Un certain discours diffusé par des autorités scientifiques, tel Lucien Cuénot, repris par des politiciens de nombreux pays qui y voient une forme de modernité, invoque génétique et darwinisme pour appeler à la stérilisation en vue d'« améliorer la race humaine, […] éliminer les individus tarés, malades et dégénérés, les femmes incapables d'allaiter, les idiots, les aliénés, etc. »′ .

Il est toutefois des voix au sein même de l'administration pour s'élever contre ceux qui, tel l'académicien Henri Martel, tendent à assimiler l'aliéné à un « déchet sans valeur ».

Dans les hôpitaux mêmes, une autocensure s'instaure dans un climat qui est celui de l'exclusion des « Juifs » de la médecine, fonction publique hospitalière et exercice libéral. Les certificats de décès sont spontanément rédigés d'une façon succincte qui atténue l'horreur des circonstances, par exemple en évoquant une infection sans mentionner une cachexie, ou en évoquant une cachexie tout en laissant supposer que la malnutrition est liée à la psychose.
Certains hôpitaux psychiatriques, tel celui de Clermont, sont durant la guerre peuplés de squelettes ambulants mangeant leurs doigts, leurs excréments, l'écorce des arbres, les chats errants, les pissenlits, les ordures. Une statistique faite en 1943 dans un service de femmes révèle que le poids moyen des malades décédant est de 32 kilogrammes, celui de certaines patientes, de taille normale, étant de 23.
En tant que français, on n'est pas forcément toujours très bien placés pour parler des "monstrueux allemands". Même si les chiffres sont d'une autre échelle, question moralité il y a des choses de l'ordre du pas très discutable (avec moi, en tout cas). :?
Modifié en dernier par misty le jeudi 20 juin 2019 à 13:00, modifié 1 fois.
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Re: [SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Message par misty »

Freeshost a écrit :Se défendre, c'est :

- éviter les situations et les personnes qui nous fatiguent beaucoup,
Facile à dire mais un peu moins à faire. Les personnes fatigantes ont parfois (souvent?) besoin d'aide, et personnellement j'ai du mal avec ma conscience en appliquant la politique de l'autruche dans ces cas là.

En tant qu'ancienne enfant très fatigante à cause des problèmes divers et variés qu'entraînait ma présence saugrenue dans ce monde (les témoignages sont formels), et qu'actuelle adulte très fatigante (pour les mêmes raisons + d'autres qui se sont ajoutées), je peux témoigner que le fait que la majorité des gens m'aient évitée, moi et les situations conséquentes à mon inadaptation, ne m'a pas vraiment aidée. Et aussi que si certains s'étaient fatigués un peu plus je n'en serais pas là aujourd'hui. Je pense que c'est valable pour nombre d'entre nous, donc je suis d'accord uniquement jusqu'à un certain point.
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Re: [SiteWeb] Discrimination envers les Aspies.

Message par Siobhan »

misty a écrit : jeudi 20 juin 2019 à 12:42 (...)
En tant que français, on n'est pas forcément toujours très bien placés pour parler des "monstrueux allemands".
(...)
Je peux affirmer que je n'ai jamais dénoncé de juif à la GESTAPO. :mrgreen:
Modifié en dernier par Siobhan le jeudi 20 juin 2019 à 20:47, modifié 1 fois.
homme, diagnostic TSA.