similitudes et diagnostics différents

Discussions portant plutôt sur le point de vue des parents d'enfants autistes ou Asperger, par exemple : j'ai un problème avec mon enfant, que puis-je faire ?
Liane
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par Liane »

No souci, no souci Jonquille !! :D

Dans le style des "à priori" débiles ( mais ce n'est pas du tout contre toi !!) il y le fait que beaucoup de gens ont pensé qu'on "imaginait" ou "exagérait" les difficultés de notre fils du fait de notre métier. Qu'on en demandait trop ou alors au contraire "qu'on était bien placés pour le soigner".

Et pour te faire rire aussi sache que moi je suis bien obligée d'embrasser des profs puisqu'il y en a plein ma famille !!! :mryellow: :mryellow: Dont le fameux frère qui m'a aidée alors que je le croyais barricadé dans se principes d'éducation...

et Arrrggg ! Je venais d’écrire un texte à Jean sur le fait que j 'ai refait un petit tour sur le biblio médicale de langue française ( Cismef) au sujet des T.E.D.

Effrayant de vacuité !

J'ai fait une fausse manip. Le texte a disparu...Mes commentaires pour une autre fois...

Bonne soirée et bon dimanche à tous et à toutes !
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misflo
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par misflo »

Un peu en retard, bonjour Liane !

Ce que tu décris de ton fils, des termes employés par les pros, font penser qu'il est possible que ton fiston ait un TED.
Mon fils a eu lui aussi les terme dysharmonie et psychose évolutive (je crois, j'ai eu pas mal de suggestions farfelues, y compris celles me concernant)
Au final, il a eu un diagnostique de syndrome d'Asperger au bout de 6 mois d'observation et de tests.
Certains arrivent à beaucoup masquer leurs problèmes et particularités, et il est difficile de voir sur un temps court leurs problèmes réels.

Comme tu le dis, si la prise en charge est bonne, que ton fils évolue bien, le diagnostic n'est pas urgent.
Il lui faut peut être aussi le temps d'assimiler cette possibilité.


C'est vrai que tous ces tests finissent par être "barbants" pour eux à force.

Mon fils a aussi TOCs et phobies, apparus en même temps qu'une cyclothymie (bipolarité) conséquences d'une maltraitance scolaire ayant entrainée dépression et TS. (fiston avait 6 ans à l'époque)

(il y a des études en cours, car certains spécialistes se sont rendus compte qu'il y avait souvent des bipo associées au SA, en plus de l'anxiété)

Tout au départ, plus que ses particularités, ce qui m'a le plus interpellée, inquiété, c'est l'anxiété massive de mon fils.
Avant tous les diags, c'est ce qui s'imposait en premier lieux.
A cette époque, je n'ai trouvé aucune aide pour lui, il fallait qu'il fasse avec, pourtant c'était une anxiété sévère qui l’empêchait de vivre et d'apprendre normalement.

Après le diag de SA, quand j'ai redemandé à ce qu'on aide mon fils pour son anxiété, on m'a répondu : ah, mais c'est normal, il est Asperger...
De même pour tous des problèmes Dys, son TDAH...
Sous prétexte qu'il était autiste, ben on le laissait dans sa mouise.

J'ai moi aussi arrêté de travailler, recherché des pros ouverts et formés pour aider fiston. (mais toujours pas d'aide pour l'anxiété)

Il a fallu que fiston bascule dans la cyclothymie pour que le psychiatre lui donne un cocktail qui limite aussi cette anxiété massive.

J'ai découvert mon fils à partir de là. Il pouvait exprimer sa personnalité, vivre tout simplement...

On bataille toujours plus ou moins contre les TOCS ou phobies, malheureusement, une fois que ça démarre, surtout les TOCs, ça a tendance à réapparaitre de manière discrète et perverse :mryellow:
Comme toi, dans notre famille, il y a un terrain à ce genre de problème (ce qui rend difficile parfois la prise en charge des TOCs de fiston, on ne peut décemment pas lui demander ce qu'on ne peut faire nous).

Mon autre enfant Asperger (20 ans cette année) a aussi certains TOCs.
Son parcours est à peu près classique, et son diagnostique reste confidentiel car peu visible. Enfin, cela dépend des conditions :roll:

Bon courage, la route est longue mais quand on trouve les bonnes personnes, on chemine plus facilement et plus légèrement !

Bon dimanche !
Maman de 4 enfants atypiques, dont 2 ont un diagnostique de Syndrome d'Asperger.
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maho
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par maho »

Mars a écrit :Je voulais dire que nous avions tous adopté le vouvoiement
Ah non Mars...... :naugty: :lol:
maho a écrit : j'ajouterais juste que ton fils est en pleine adolescence (qui peut durer longtemps chez les Autistes).
J'ai deja du mal a vouvoyer en general, donc ici, c'est "tu" d'office :lol:
Mais c'est vrai souvent on aime bien garder les distances avec le corps medical :mryellow:
Liane, je sens que tu apprends vite comment mieux aider ton fils, mais comme dit bien Misflo, le chemin est long, mais tellement plus agreable quand on se sens en bonne compagnie :wink:
Suzanne, la vieille qui blatere, maman de Loic 29 ans
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Mars
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par Mars »

Sorry Sue :wink:
Atypique sans être aspie. Maman de 2 jeunes filles dont une aspie.
Liane
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par Liane »

Et oui j'ai un côté "schtroumph à lunettes"! :geek:

Mais je sens qu'à vos cotés à tous et à toutes je vais rapidement faire des progrès dans la détente ! C'est très agréable de cheminer en bonne compagnie, je suis bien d'accord.

En même temps c'est instructifs de voir l'image que je renvoie, je comprends mieux certaines réactions finalement...

Mais on reste bien dans le registre de la plaisanterie quand il s'agit de se tenir à distance du corps médical ?
Parce que sinon ça fait peur. :shock: :shock:
Ça voudrait dire que nous ne tenons pas du tout notre rôle.

Merci Misflo pour ton témoignage en effet bien similaire à notre histoire. Combien de cas de ce genre y a-il en France ? Quand je parlais des délinquants, cas sociaux etc...c'est bien parce que je sais que beaucoup de cas ne sont pas diagnostiqués...

On continuera à en reparler.
Bonne route ! :wink:
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Jonquille57
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par Jonquille57 »

Je voulais revenir sur l'image que j'ai sur le corps médical. Mais ce témoignage m'est tout à fait personnel et ne t'attaque pas du tout personnellement, on est bien d'accord ? :wink:

Tant que je n'ai pas été confronté à la maladie, hormis grippe, angine, et crise d'appendicite, je croyais les médecins tout puissants. Tu sais, un peu comme les enfants qui s'imaginent que leur institutrice sait tout sur tous les sujets ... J'avais beaucoup de respect pour eux, tout comme j'avais beaucoup de respect pour les professions libérales en général. Cela est probablement du à mon éducation ( tu sais, l'éducation où on ne parlait pas à table, où on respectait les adultes, etc, etc... ). Ma mère ne travaillait pas et mon père était ouvrier. Alors, tu penses bien que les médecins, avocats ou autre profession de ce type suscitaient toute mon admiration et mon respect.

Quand Mysterio est né, il est né prématurément, et très vite, je me suis inquiétée pour différentes raisons : il ne réclamait jamais à manger, bien que de petit poids, ne pouvait pas téter, par la suite, ne suivait pas du regard, ne souriait pas, etc, etc.... La liste n'a cessé de s'agrandir au fils des mois et années. J'ai, dans un premier temps, mis beaucoup d'espoir dans le corps médical pour me donner des réponses aux questions que je me posais. J'ai toujours été très franche, j'ai toujours voulu écouter les conseils que l'on me donnaient... Mais la plupart du temps, on ( les médecins ) me disaient qu'il fallait que j'attende, que les choses allaient s'arranger, que je me faisais trop de soucis, que je devrais avoir un autre enfant pour dédramatiser, que mon angoisse atteignait Mysterio, etc, etc.... Bref, à chaque fois que je sortais du cabinet d'un médecin, je sortais dépitée. Une kyné m'a même dit, quand Mysterio n'avait que quelques mois et que j'étais au CAMPS, que si Mysterio ferait des progrès dans l'avenir, ce serait par amour pour moi, car elle voyait bien que nous avions un lien fusionnel tous les deux, que si c'était elle qui le manipulait, il se raidissait tellement qu'elle avait peur de lui faire mal. Merci Madame.

L'ophtalmo que nous consultions ( il y avait une suspicion de cécité les premiers mois ), me disait tout le temps que je devais le stimuler, que je ne devais jamais le laisser seul, car dès qu'il ne sentait plus ma présence, mon fils paniquait.

Et moi, je ne voulais pas de ces responsabilités là. Je voulais juste être sa mère, ni sa kyné, ni son infirmière. Je ne voulais pas qu'il évolue seulement grâce à moi. C'était trop lourd. Et peu à peu, j'ai douté de la compétence des médecins. Ils descendaient du piédestal sur lequel je les avais mis.

Le pédiatre qui suivait Mysterio à ces moments-là m'a dit plusieurs fois qu'heureusement que je m'étais arrêté de travailler, car sinon, mon fils n'aurait pas autant progresser...

Puis, les années passant, j'ai très vite eu l'impression que ces médecins ne comprenaient pas ce que j'essayais d'expliquer. En effet, Mysterio, vu de l'extérieur, était un enfant comme les autres. Son seul problème ( au vu des médecins ) était qu'il avait besoin de psychomotricité, car il était très maladroit. Mais la maladresse n'est pas une maladie. On me disait de le laisser faire ses lacets ( oui, oui, j'en ris maintenant quand je lis tous les problèmes qu'ont tous les parents d'enfants autistes à leur faire faire leurs lacets ! ), on me disait d'arrêter de le couver. Bin oui, après m'avoir dit de le stimuler, après m'avoir dit que si il progresserait, ce serait grâce à ma présence, on me disait de le lâcher. OK. je n'y voyais pas d'inconvénient, bien au contraire. Sauf que... Pour le reste, ce n'était qu'imagination de ma part....

Sauf que, quand je le laissais dans une halte garderie avant la rentrée de maternelle pour qu'il s'habitue peu à peu à mon absence, les personnes de la halte garderie m'appelaient bien vite pour que je vienne le rechercher, car mon filston n'arrêtait pas de pleurer et refusait de jouer avec les autres. Sauf que quand il a eu 8 ans et qu'il a déclaré un diabète inulino-indépendant, l’institutrice, malgré toutes les consignes que je lui avais laissés, n'arrêtait pas de m'appeler car elle avait la trouille des hypos, sauf que quand j'ai voulu inscrire Mystrio dans le centre aéré de mon village, on n'en a pas voulu à cause de son diabète, sauf que dès qu'il y avait une sortie scolaire, on m'appelait à la rescousse pour accompagner Mysterio, sauf que, à l'entrée au collège, quand les choses ont commencé à se compliquer pour lui, on n'arrêtait pas de m'appeler, sauf que quand on l'a déscolarisé, on m'a dit de le garder à la maison, sauf que, etc, etc, la liste est longue. Bref, on m'a toujours sollicité pour que je reprenne Mysterio à la maison.

Ensuite, les médecins, m'ont tous dit : " Mais Madame, il faut vraiment couper le cordon ombilical ! ". Bien sûr, bien sûr, mais comment ? Bin, ça, débrouillez-vous. Mettez-le en vacances dans la famille. Oui, mais dans la famille, personne n'en voulait.

J'abrège. Quand Mysterio a été en HP et que la première fois que nous sommes allés le voir, j'ai vu mon fils transformé en loque humaine, bavant, le regard hagard, venant vers moi en titubant et en me tendant la main, là, j'ai ressenti le premier sentiment de haine envers les médecins. Une haine profonde qui dure depuis et qui ne s'atténue pas. Je ne continuerai pas sur notre histoire, j'ai déjà trop raconté ce qui a suivi.

Je hais ces médecins qui n'ont pas su ou voulu m'écouter quand je disais que Mysterio avait un réel problème, je hais ces médecins qui ont transformé mon fils en loque humaine, qui l'ont amené à des TS. Je hais ces médecins qui lui ont donné tellement de médicaments qu'il n'était plus lui-même, ces médicaments qui lui ont provoqués des tics tellement fort qu'il n'arrivait plus à respirer et à dire une phrase entière, je hais ce médecin qui, en fin de consultation, me tapait sur l'épaule et me disait : " Courage, Madame ", alors que Mysterio commençait à être violent vis à vis de moi, je hais ce médecin qui, à chaque visite, demandait à Mysterio combien de temps il passait devant sa console de jeux vidéos alors qu'il était déscolarisé et n'avait aucune vie extérieure, je hais ce psy qui m'a dit, il n' y a pas si longtemps que ça, que si on parlait d'autisme, c'était pour faire plaisir aux parents, mais qu'au fond, il s'agissait bien de psychose, je hais ces médecins, les psys en particuliers, qui, tous, m'ont dit que mon fils passerait sa vie en HP, que de toute façon, il n'y avait rien à faire.

Je hais ces médecins qui ont détruit l'adolescence de mon fils, l'âge où tout être humain se construit.

Bref, j'arrête là. Voilà mon témoignage et des rapports que j'ai avec le corps médical. Je leur ai donné toute ma confiance et ils m'ont terriblement déçus. Je sais aussi que grâce à eux, j'ai guéri d'une longue maladie comme on l'appelle et qui m'a frappée il y a deux ans. Peut-être le résultat de tout ça.

Mais j'avoue que j'ai quand même du mal avec cette profession. Tu n'y es pour rien. Mais on ne cicatrise pas facilement quand il s'agit de notre enfant, tu le comprends très certainement.
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Rose
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par Rose »

Et bien Jonquille, quand tu te lâches!!!
Je ne vais pas en rajouter une couche, sinon Liane va s'enfuir... mais pour moi les médecins ont toujours été aux abonnés absents. Après le diagnostic comme je n'étais pas d'accord et que je refusais de mettre Jo en hôpital de jour pour enfant, il a fallu me débrouiller seule. Ce n'est pas plus mal finalement. Jo en zombie, dans son centre jusqu'à août dernier, j'ai vu aussi et je me pose des questions sur le corps médical en général. Sont-ils donc tous tellement désabusés ou désespérés ou imbus d'eux mêmes pour considérer leurs patients avec une telle condescendance? Pas tous, heureusement, mais si je n'ai aucune haine contre les médecins, j'ai souvent souhaité, leur souhaite encore, juste d'avoir ma vie, ni plus, ni moins, juste ma vie, un enfant autiste, un enfant différent, juste pour connaître l'autre coté du miroir derrière lequel ils sont réfugiés, en sécurité avec leurs certitudes, leur savoir.
Alors Liane, je voudrais que grâce à ton pouvoir (être médecin c'est un pouvoir grâce auquel tu as le droit d'être écoutée, respectée), tu aides les parents lambdas à être écoutés, respectés eux aussi.
"Ne le secouez pas, cet homme est plein de larmes." Charles Dickens.
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Jonquille57
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par Jonquille57 »

C'est vrai, je me lâche. C'est ma thérapie à moi... :mryellow: A la maison, on ne parle que très rarement de tout ça, ( par pudeur ? ) mais quand on se demande à quoi on pense, on pense toujours à la même chose....

Et quand je lis tous les témoignages ici, je me dis que ce n'est pas juste que je n'ai pas eu de chance, puisque finalement, nous avons tous plus ou moins connu les mêmes déboires avec les médecins. Il y a donc un vrai problème en ce qui concerne les études de médecine. Sept ans d'étude, ce n'est pas rien tout de même.... Alors, pourquoi cette ignorance ? Je ne sais pas.

J'ai connu un peu le même problème avec le diabète de Mysterio, en moins flagrant tout de même, mais quand même.... Une fois que mon filston s'était vidé deux stylos d'insuline ( rapide et Lantus ) dans la cuisse, qu'il a perdu connaissance et qu'il était blanc comme neige ( je n'ai jamais vu ça : même ses lèvres n'avaient plus de couleurs ! :shock: ), j'ai vite appeler le médecin généraliste qui habite à 200 m de chez moi et dès qu'il est arrivé, je lui ai tendu une piqûre de Gaviscon. Il ne l'a pas prise, il s'est contenté d'appeler les secours ( les pompiers ).

Pourquoi ?

Et quand il est entré dans l'institut où il est actuellement, il a fallu 1 an pour qu'enfin on m'écoute un peu et qu'il soit bien pris en charge pour son diabète.... Pendant un an, son hémoglobine glyquée dépassait les 9, taux qu'il n'a jamais eu en 14 ans de diabète. Le médecin qui le suivait ne voulait rien entendre.... :evil:
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Jonquille57
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par Jonquille57 »

Liane, je sais qu'à toi toute seule, tu ne représentes pas tous les médecins. Mais je pense qu'il est bien de voir un peu ce qui se passe derrière le miroir.

Pour moi aussi, j'aimerais comprendre. On vit mal avec la haine.
Liane
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par Liane »

Bonjour !

Ouf ! Je ne m’attendais pas à provoquer toutes ces réactions…ça ne me dérange pas, je ne les pas prends pas pour moi, et je pense qu’il est très sain de s’exprimer. En plus c’est très intéressant.

Je vous aurais bien répondu plus tôt mais un souci informatique m’en a empêché, finalement ça m’a permis de faire le tri dans toutes mes idées. J’en lance quelques unes en vrac et puis j’y reviendrai si besoin.

Passons sur les problèmes budgétaires et autres…

Comment ça fonctionne un médecin ? Quelques réponses simplifiées, sans oublier quand même que chaque individu dépend du système, plus ou moins malgré lui.

D’abord le choix de spécialités se fait en fin d’études sur concours. Au mieux notés le plus de choix. A une époque la psychiatrie n’était pas valorisée et le choix se faisait parfois par défaut, ce qui ne va pas dans le sens de la vocation (attention, je ne parle pas de tout le monde !). Métier dévalorisé car il était convenu il y a 25-30 ans ( début de mes études) que les patients n'étaient pas récupérables une fois certains diagnostics tombés. Depuis tous les métiers de la rééducation ont progressé ainsi que la recherche sur le cerveau.

Je viens d'un milieu simple, mais mon père avait un ami vétérinaire. Il y un peu plus de 30 ans alors que j'hésitais sur mes étude, ce monsieur, passionnant par ailleurs, m'avait dit que"orthophoniste c'est un de ces nouveaux métiers qui ne sert à rien"....On revient de loin....

Il est vrai que pris par le quotidien, nous vivons sur nos acquis. Ce n’est pas toujours facile d’apprendre des choses « hors des sentiers battus ». Comment faire la différence entre une mode et une découverte fondamentale au début ? Qui croire ? La classification française des maladies psychiatriques ou l’américaine ? J’ai cherché longtemps des renseignements sur les symptômes de mon fiston. En articles de revues médicales de langue française : rien sur les TED, c’était dans les articles de « vulgarisation » mais pas en médecine ! A moins de faire des recherches poussées qui auraient demandé beaucoup de temps. J’avais fini par me décourager er c’est votre ami Jean qui m’a indiqué les recommandations de la HAS de 2010 (haute autorité de santé).
Je suis allée à l’automne à une réunion sur l’autisme, chez moi, où j’ai vu que l’éducation nationale acceptait la méthode ABA etc…C’est encore confidentiel mais ça vient.

Cela a été très long en effet, on ne fonctionnait pas comme d’autres pays en matière de diagnostic et d’éducation des enfants différents. Maintenant il faut se réjouir parce que ça y est, ça se met en place. Il faut continuer à se battre pour que cela se développe mais c’est mieux que rien. On a enfin à notre disposition des outils pour ne pas tomber dans des diagnostics issus de la psychanalyse, qui ne sert à rien dans ces cas.

Voilà pour qu’un médecin fonctionne il faut une bonne formation et des bons « outils », déjà, une bonne équipe avec lui et qu’il sache remettre ses habitudes en question. Ça prend du temps.

Et puis l’essentiel est le dialogue avec le patient et/ou parent. Là encore on a besoin de beaucoup de temps pour se comprendre. C’est en écoutant les patients que l’on apprend notre métier. C’est eux qui savent où ils ont mal ! Je sais certains collègues ont tendance à l’oublier, mais franchement, pas tous…

Il faudra souvent plusieurs consultations pour comprendre la demande réelle du patient, traduire la plainte en terme médicaux pour mieux soigner, savoir vers quel confrère orienter. Car le médecin n’est pas tout puissant, il n’a pas de recettes magiques. Et le malade par définition n’est pas médecin, donc il ne va pas réciter un cours de médecine ! Au médecin de s’efforcer de comprendre ! D’autant plus que l’expression du symptôme est modifiée par la douleur, physique ou morale. Quand on l’impression de ne pas avoir été « entendu » par un médecin, il ne faut pas hésiter à aller re-consulter, le même ou un collègue.

Sinon il faudrait parler de l’offre de soins spécialisés qui n’est pas la même dans toutes les régions, de la prise en charge pluri-disciplinaire, de la coordination médecine-éducation, du nombre insuffisant de médecins et infirmières scolaires, du secret médical partagé etc…

Dire aussi que les médecins sont des hommes et femmes comme tout le monde, qu'ils connaissent des douleurs personnelles. Par contre nous appartenons tous à ce monde occidental moderne où il faut être riche jeune beau et en bonne santé. La mort et le handicap ont tellement disparu de notre vision, que lorsque cela survient nous sommes complètement désemparés, au lieu d'avoir une attitude empathique et efficace.
La froideur est une façon de se protéger du chagrin, comme autrefois la superstition.

Mais je vais m’arrêter là pour aujourd’hui !

Si nous voulons avancer, si nous voulons que ça change pour nos petits et nos jeunes, nous avons tous besoin les un des autres. Il faut rester main dans la main.
Aurore71
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par Aurore71 »

Bonsoir,

Un peu d'optimisme.....mon fils a douze ans et est suivi depuis l'âge de trois ans par médicaux et para médicaux et franchement tout se passe bien au final.
Faut dire que j'ai une orthophoniste tip top qui m'a toujours bien dirigée.

Après en ce qui me concerne je travaille dans l'Education Nationale et vous savez qu'on en entend des colère après elle.

Je crois comme pour le corps médical, on s'intéresse à certains problèmes quand on est concerné. J'ai travaillé deux ans dans un CIO et bilan des opérations, je crois, je suis sûre, que je les ai beaucoup sensibilisé à la dyspraxie, puis au syndrôme d'Asperger. deux choses qu'ils connaissaient de loin mais sans plus. Résultat, je me suis fait une amie très chère dans ce service et elle a fini par monter un projet pour s'occuper spécialement du handicap, en orientant son travail sur les troubles des apprentissages, puis elle s'intéressera au TED. C'est parce que mes collègues ont connu M. qu'ils ont montré un intérêt nouveau pour ce type de profil.

On fait avancer la machine doucement. ...

Je vis avec mon enseignant référent depuis 1 an, ancien maître de RASED et père d'une fille dyslexique, il n'avait jamais cotoyer au quotidien un TED. Il est plus écouté que moi au collège (ce qui m'agace...) mais le collège prend en compte le fait de notre quotidien qu'il rapporte en l'occurence sur l'organisation des devoirs.

Au moins dans ce collège, les choses progresseront, et les enseignants bougent donc ça fera tâche d'huile. Son très jeune prof de français est très intéressé, en même temps que paniqué d'ailleurs, mais ça lui fera une expérience dont je ne doute pas qu'elle lui sera profitable pour les 40 ans de carrière qu'il a devant lui.

Pour revenir au médecin, je parle beaucoup avec ma généraliste, qui me demande parfois vers qui se tourner. Elle est plus vigilante maintenant quand elle croise des enfants comme M.

Bon je concède que je suis d'un optimisme naïf mais je crois vraiment qu'on s'intéresse à ce qui nous touche.

M a dans sa classe, un enfant infirme moteur (maladie génétique) et je ne sais pas ce qu'il a exactement (je sais que la maman est dans une association) et je sais qu'elle même ignore les tenants exacts des troubles de M. En attendant, on apporte chacune dans notre monde nos petites avancées au sein du milieu médical et dans l'Education Nationale pour deux pathologies qui n'ont rien à voir et qui ne nous intéressent pas réciproquement ayant fort à faire déjà ....Ce qui est bien ce sont nos deux enfants, qui se soutiennent, jouent ensemble et avec les autres, changent peu à peu le regard de leur propre camarades qui feront peut-être de futurs enseignants et médecins sensibilisés.

Bon courage à tout le monde.
Aurore71
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par Aurore71 »

PS : je suis l'unique propriétaire des mes fautes d'orthographe et interdit à quiconque de les plagier :D
Liane
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par Liane »

Et pour ajouter un bémol à tout cela Jonquille et Rose, je vois sur ce forum "qu'on a pris un gros coup sur la patate", nous tou (te)s

Quelle sacrée épreuve tout de même !!! Bien sur que le médecin ne peut pas partager le quotidien. Il peut juste faire de son mieux....

Pour nous et fiston-Titou, la prochaine étape est de savoir ce qu'il va pouvoir faire après la 3ème. C'est vrai qu'il garde des séquelles d'une prise en charge trop tardives ..
Il a beaucoup de courage et j'espère qu'il arrivera à ce qu'il souhaitera...
Liane
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par Liane »

merci Aurore!

J'ai pas vu les fautes, j'shui myope !

oh là là, nous, on a été mal menés par certains enseignants ! Mais je m'efforce de ne pas généraliser. :mryellow:

Effectivement c'était surtout par manque de connaissance.
Je crois bien aussi que le "cas par cas" permet de bien avancer.

Bises !
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Jonquille57
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Re: similitudes et diagnostics différents

Message par Jonquille57 »

Merci beaucoup, Liane, d'avoir pris le temps de répondre. Je me doute vraiment que les médecins sont des personnes comme tout le monde, et je me suis souvent demandée si ces personnes repensaient à leurs malades, le soir, une fois rentrées chez elle. Une fois, une infirmière m'a expliquée qu'elle devait se protéger pour ne pas sombrer dans la déprime à force d'être en contact avec des cas .... compliqués. Tout ceci, je veux bien le croire et je le comprends.

Et il est vrai qu'en tant que parent, on est souvent à fleur de peau et on prend tout en pleine figure. Tout ce qui touche à nos enfants nous atteint bien plus que si il s'agissait de nous-même. Mais ceci n'explique pas tout le mal qu'ils font ou qu'ils ont fait.

Bref, j'arriverai un jour à tourner la page, je le sais.... avec le temps.

En tout cas, c'est super de dialoguer avec toi, car franchement, cela permet de voir de " l'autre côté du miroir " . Merci pour ton intervention.