Je suis la maman ( entre autre ) d'un garçon de 15 ans et demi, diagnostiqué finalement et pour l'instant stress chronique et troubles obsessionnels. Diagnostic sur lequel j'avais des doutes, bien que dans ma famille il y aie de nombreux antécédents de troubles obsessionnels.
Je ne sévis sur ce forum que depuis quelques jours et j'ai déjà la conviction intime que notre fils est TED.
Ce n'est pas un souci pour l'instant, car en ce moment , après de multiples bagarres, la prise en charge est bonne.
J'ajoute que ce diagnostic a un peine un an, donc est révisable, et que le psychiatre n'a pas connu notre fils à l'époque de ce que je vais vous raconter.
Je rêve depuis longtemps de partager notre expérience et le titre "indifférenciation réel et imaginaire" m'interpelle.
Tout d'abord je m'indigne, si j'ai bien compris un enfant a été retiré à sa mère sous prétexte de "trop de fusion". Mais c'est une horreur !!

Sinon je ne peux parler que de notre propre vécu. ( Nous sommes médecins généralistes mais les patients ne viennent pas nous parler de tout cela... Par contre le fait d’être médecin, comme je l'ai dit ailleurs, ne donne pas plus de clés pour ses proches et ne vaccine pas contre la maladie et souffrance...)
Je reviens au coeur du sujet, c'est à dire aux nombreuses farces que nous a fait notre énigmatique petit dernier, appelons-le "Titou".
Tout d'abord une affreuse psychiatre lui avait collé l'étiquette "psychose infantile" avec effectivement le critère de non distinction entre réel et imaginaire. C'est Titou lui même qui a éjecté cette néfaste personne, comme quoi ne pas connaitre les codes sociaux de politesse ça peut être très utile et bénéfique!!!

Titou n'a quasiment jamais "fait ses nuits". De 1 à 10 ans il nous a réveillé pour des cauchemars qu'il ne savait pas raconter. Maintenant il "gère": il dort mal mais ne vient pas nous réveiller...et moi aussi je suis devenue insomniaque...
Différentes choses ont marqué mes souvenirs. Titou très jeune détestait les contes. Il voulait qu'on lui lise ou offre des livres "concrets" (à 4 ans, sur les différents modèles de tracteurs, par exemple - on habite la campagne-) Un jour j'ai essayé un livre sur un ogre gentil qui mangeait des tartines et avait peur des enfants : impossible de l'ouvrir, l'image lui faisait trop peur.
Il a eu des difficultés pour apprendre à lire. Un jour j'ai remarqué que s'il ne pouvait lire un texte c'est parce qu'il contenait le mot "loup". J'ai réellement compris que pour lui le loup allait "littéralement" sortir du texte pour le dévorer s'il prononçait le mot. Impossible donc "d'apprendre la leçon ". A ces moments là,je me demandais si ce n'était pas moi qui était folle, si je n'interprétais pas.

Et je ne parle pas ce soir, ce serait trop long, de toutes les fois où j'ai eu très, très peur : l'impression que notre petit bonhomme entrait dans la folie et nous y entraînait.
Pourtant, avec un peu de recul et à vous lire tous, cet ensemble de pathologies me semblent bien plus être du ressort de la neurologie que de la psychiatrie.
Il faut travailler de manière " pluri -disciplinaire" ( gros mot qui veut dire que chaque spécialiste arrête de tirer la couverture à lui en abreuvant l'autre de mots d'oiseaux, et que chacun fait au mieux et en association, pour le bien-être du patient).
Toutes les bonnes volontés, bien informées, sont utiles.
Nous avons d'ailleurs bénéficié d'une psychologue qui au prix de plusieurs années de rencontres hebdomadaires a permis à Titou de faire le tri entre toutes les idées qui lui traversaient la tête.
Il ne faut pas juger, pas interpréter, pas paniquer, pas essayer de faire rentrer de force dans la réalité.
(hum... je peux le dire maintenant que nous sommes dans une phase meilleure!).

Tout évolue, tout change et tout particulièrement le cerveau d'un jeune enfant! Il ne restera pas toute sa vie bloqué sur ses idées étranges, extra-terrestre et compagnie.
"Relax", patience...( facile à dire, des années plus tard, hein !!)

Voilà un peu de mes souvenirs.
De tout coeur avec vous. Bien le bonjour à tous vos petits ou grands farceurs.

Liane