Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatible ?

Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
Aeryn
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Re: Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatibl

Message par Aeryn »

nala_radenne a écrit :@Aeryn, à ce propos, pas trop dur le rythme et la pression en etude de medecine ?
Vaste question, il y aurait tant à dire ...

En ce qui concerne la pression, tout dépend de ce à quoi tu penses. S'il s'agit des concours, il y en a un en fin de première année (pour accéder à la deuxième année de médecine) et un en fin de sixième année (pour choisir ta spécialité et la région à laquelle tu es affecté pour ton internat).
Ces deux concours engendrent une pression certaine, ils sont difficiles, mais honnêtement je n'ai jamais réussi à l'expliquer convenablement à quelqu'un pour qu'il se rende vraiment compte de ce que c'est. Même à mes parents, je n'ai pas réussi à le leur expliquer, il n'ont jamais vraiment saisi ce que c'était, en quoi c'était difficile (ceci dit ça ne les a pas empêché de me soutenir). Je crois qu'il faut être passé par ces études pour se rendre compte.

En ce qui concerne le rythme, c'est comparable à d'autres situations. Parfois tu fais quelque chose de difficile, tu es à fond dedans, tu trouves que c'est effectivement difficile mais tu le fais sans avoir de recul. Et une fois que tu as fini et que tu regardes en arrière, tu prends conscience de ce que tu as réussi à accomplir et tu te demandes comment tu as pu réussir à faire ça. Tu te dis que si c'était à refaire en sachant ce qui t'attends, tu ne le referai pas.
C'est surtout valable pour les 6 premières années. Une fois que tu es interne, tu travailles à temps complet à l'hôpital et tu n'as plus de cours à bachoter dès que tu n'es plus ni à la fac ni à l'hôpital. Les choses sont différentes.
Pour moi c'est difficile parce que le passage au statut d'interne est venu avec un accroissement considérable des attentes sociales et relationnelles au travail, desquelles j'étais finalement plutôt préservée avant, et je n'avais pas anticipé le changement. Mais la majorité des internes trouve l'internat beaucoup moins dur que les périodes qui précèdent en terme de rythme et de travail "scolaire" à fournir. C'est différent. Le rythme de travail quand tu es interne peut être très intense (je suis passée dans des stages où on pouvait faire des semaines de plus de 80 heures), mais c'est moins dur de travailler auprès des patients que d'apprendre des cours par coeur.
Ce qui peut être dur pour certains internes, c'est le niveau de responsabilité que tu as avec ce statut. Tu es amené à travailler sans supervision à certains moments (en théorie tu es toujours sous la supervision d'un médecin sénior, en pratique quand tu es de garde et que ton chef est parti se coucher, c'est à toi de gérer les patients et tu ne peux pas l'appeler pour tout et n'importe quoi). Mais je n'en dirai pas plus, ça ne m'a pas vraiment posé de problème jusqu'à maintenant. Mes chefs ont toujours su trouver le juste milieu entre l'autonomisation et le fait de rester disponible (et nous le faire savoir) pour nous aider à gérer les choses difficiles.
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Flower
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Re: Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatibl

Message par Flower »

Pour le métier d'infirmière plus précisément, je ne sais pas à quel point il y a des "obligations" pour travailler dans certains services après la fin des études. Si on ne risque pas trop de se retrouver dans un service difficile "par défaut", ce n'est pas nécessairement indispensable de tester le plus "dur", j'imagine. Mais de manière générale, c'est toujours positif de faire des stages un peu variés pour découvrir tous les aspects du métier. ;)
Détectée HQI dans l'enfance, diagnostiquée TSA de type syndrome d'Asperger en juillet 2015.
Aeryn
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Re: Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatibl

Message par Aeryn »

Les IDE ont quand même la possibilité de travailler dans un service qui leur plaît un minimum, de partir en libéral si le travail d'équipe (dans un service) ne convient pas ..

Pour les stages, je pense que de toute façon ça donnera une idée plus "négative" de la manière dont ça peut se passer avec l'équipe que ce que ce sera réellement dans un travail à plus long temps.
Personnellement, le début de mes stages est toujours la période la plus difficile : plein de nouvelles personnes avec qui tu ne sais pas communiquer. En fin de stage tu as appris un peu à connaître les personnes donc c'est souvent un peu plus facile.
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Milinou
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Re: Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatibl

Message par Milinou »

Nala Radenne,

Merci pour ton message. Je vais aller droit au but: je ne suis pas infirmiere mais trois de mes tantes le sont, ainsi qu'une de leurs filles. Elles travaillent toutes en hopital. Je vois deux problemes avec un profil Asperger: 1)le peu de temps pour traiter un patient, elles ont toujours la pression pour accomplir des actes de plus en plus rapidement, sans prendre le temps d'avoir une relation avec le patient et 2)les implicites, c'est un metier ou l equipe se connait bien et a cause du manque de temps, les instructions et les passages de flambeau peuvent etre passes rapidement, par des messages pleins d'implicites. Quand c'est un ragot, c'est pas grave mais ca peut parfois etre des contenus importants.
Il y a un troisieme probleme qui depend de tes sensibilites particulieres, ce sont les personnes qui tournent autour de toi qui changent tout le temps: les medecins tournent, les aides-soignantes, les patients...en tout cas a l'hopital. A cause de la cadence elevee, tu auras du mal a obtenir des amenagements pour faire les actes plus lentement, comment le percevra le reste de l'equipe? Elles ont toutes le desir de soigner et de faire les choses bien, en expliquant aux patients, en rassurant...
Dans d'autres milieux, tu peux effectivement avoir plus de liberte, plus d'amenagements: en liberal, en etablissement scolaire...et moins de surprises.

Apres les etudes d'infirmiere, tu peux toujours etudier la psychomotricite ou l'ergotherapie selon ce qui t'interesse le plus et le milieu dans lequel tu veux travailler. Les therapeutes ocupationnels existent en Amerique seulement, je crois.

Bon courage et je croise les doigts pour le concours!
Milinou, maman d'un petit chou trop chou, TSA, diagnostique en juin 2016 a 3 ans et demi, vivant a Valparaiso. Probable Asperger mais retard de langage mais bilingue.
scorame
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Re: Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatibl

Message par scorame »

le système de santé est corrompu par la finance, donc c'est incompatible selon moi , la confiance n'y est pas !! , devenir et faire partie de ces arrivistes pour bcp et d'une médecine non efficiente est une aberration ......
jnnjn
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FidjiTiwi
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Re: Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatibl

Message par FidjiTiwi »

Désolée d'avance, je vais sortir un peu du sujet, mais j'ai lu pas mal de choses qui me parlent et je peux peut-être apporter mon témoignage.

Je ne suis pas dans le milieu médical, mais un peu dans le social puisque je suis prof. J'ai eu 10 ans assez faciles dans mon métier, où je me suis épanouie, j'avais des ambitions et le soutien de mes supérieurs. Et puis j'ai aussi eu 7 ans plus durs, mes 2 années de stage en début de carrière et les 5 dernières années. Maintenant que je suis sur la piste du SA, j'analyse mieux mes difficultés, on retrouve une bonne partie de celles qui ont été évoquées ici.

- les changements d'établissement et l'intégration dans une nouvelle équipe. Là où les collègues vont mettre 2 mois à s'intégrer, il va me falloir 2 ou 3 ans.
- les gros établissements, où il y a beaucoup de collègues et beaucoup de petites équipes avec chacune leurs petites habitudes.
- l'âge des élèves : je ne comprends pas du tout le mode de fonctionnement des lycéens. Les collégiens sont plus simples à comprendre
- le travail en équipe, les réunions : mon cerveau se fige
- la fatigabilité : je n'ai presque jamais pu travailler à temps complet, et comme ça a été évoqué, si je fais des efforts pour le boulot, je deviens ingérable à la maison pour mon conjoint et mes enfants.
- j'adore m'intéresser au fonctionnement des élèves dans leur globalité, mais je n'y arrive pas. Les élèves restent des fragments d'information, que j'ai tendance à mélanger (surtout que j'ai du mal à reconnaître les visages aussi), et en plus je ne sais pas comment aborder avec eux les sujets hors du cours.
- je suis incapable d'organiser une sortie ou de coordonner un projet car ça implique de contacter des gens

Donc oui, j'ai réussi à bosser là-dedans, je suis même assez bonne je pense, mais il faut un certain nombre de conditions pour que ça se passe bien, et j'ai des limites par rapport à ce que j'aimerais faire. J'ai dû renoncer à certains pans de mon métier qui m'intéressaient à cause de ces limites. C'est important de bien cerner ses propres limites pour ne pas se mettre la barre trop haute.
Maman de R (20 ans, atypique), N (18 ans, Asperger) et A (8 ans, TSA).
Moi même THPI et Asperger
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Salicorne
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Re: Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatibl

Message par Salicorne »

Bonjour nala_radenne,

Mon diagnostic n'a pas encore été confirmé mais je peux témoigner de mon expérience en tant qu'étudiant en IFSI, si cela t'intéresse.

J'étais extrêmement motivée et passionnée par le secourisme quand je me suis engagée dans cette voie, alors que j'avais déjà un parcours d'étudiant un peu tourmenté derrière moi. Sur le plan purement scolaire, mes résultats étaient plutôt très bons, parmi les meilleurs. En revanche, j'ai énormément souffert pendant les stages, ce qui a entraîné l'arrêt forcé de mes études.

Le plus difficile durant les stages était, d'une part, la très grande fatigue engendrée, et d'autre part la gestion des relations sociales tant avec le personnel qu'avec les patients. Durant mon premier stage, l'un des patients s'était en effet plaint de moi auprès du personnel, ce qui a fait que je n'ai pu valider aucun item de compétence à la fin du stage.

Personnellement, j'ai trouvé les relations avec le personnel et les autres stagiaires beaucoup plus complexes, car l'on est en permanence jugé et pas toujours aidé. Le plus souvent, je ne savais pas comment me comporter : je ne savais pas ce que j'avais le droit de faire ou de ne pas faire, ce n'est pas clairement exprimé et quand ça l'est il peut y avoir des contradictions (par exemple, il m'était interdit d'aller seule voir les patients du service mais on me reprochait de ne pas suffisamment aller leur parler). Je crois que mon plus grand défaut était mon incapacité à prendre des initiatives à cause de ces non-dits. Cela a créé chez moi une anxiété tellement importante que je pouvais dormir des heures en étant toujours aussi épuisée jour après jour. Au bout d'un moment, il ne m'a plus été possible de continuer.

Évidemment il existe de grandes différences de capacité entre individus et nous ne pouvons chacun connaître nos limites qu'à force d'expérience. Ma plus grande erreur a peut-être été de ne pas avoir pris en considération mes expériences précédentes sur le plan social (mon stage BAFA, quelques années avant, avait également été extrêmement difficile).

Mes limites sociales me font beaucoup souffrir, j'aimerais réellement être capable de faire ce que parviennent à faire la plupart des gens : interagir avec d'autres personnes sans être souvent critiqué, sans être sans cesse épuisé. Pour moi le lien social reste quelque chose d'important dans une vie ; je crois toujours que le métier d'infirmier est un beau métier.
Diagnostic TSA confirmé par le CRA
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Anahata
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Re: Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatibl

Message par Anahata »

Je comprends tellement ce que dit salicorne.
J'ai aussi travaillé dans des domaines qui nécessitaient de grandes compétences relationnelles. Que j'ai eu mal ! Ça devrait pas être autorisé de souffrir autant. Tellement de fatigue. Tellement d'angoisses.
Et ce que tu dis sur l'histoire de :ne pas aller voir seule les patients tout en devant leur parler' ça fait penser à des injonctions paradoxales (terme psy). Ils ne sont peut être pas tous franchement clairs dans leur tête. J'ai dit peut être. Malheureusement sans éclaircissement honnête et conscient, difficile de démêler tout ça.
Bref, c'est tellement vrai, il faut tenir à jour un cahier où l'on note ce qui a marché, et ce qui n'a pas marché. Pour ne pas oublier surtout !
:arrow: Diagnostiquée sur le Spectre de l'Autisme :shock: :D :? :cry: :innocent: :wink: :geek: :arrow:
Mafalda
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Re: Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatibl

Message par Mafalda »

J'ai pas tout lu, désolée si il y a des redites. Je vais rajouter mon commentaire car je suis médecin et peut être SA (en tout cas je m'y reconnais pas mal).

Mon avis est que être porteur de SA n'est pas une contre indication à travailler en milieu médical.

Ce que personnellement je trouve difficile :
- les horaires décalés : physiquement c'est difficile, vraiment, et je pense que c'est particulièrement difficile pour une personne avec une maladie chronique SA ou autre au final.
- je trouve les relations avec les patients moins difficiles que celles avec les collègues. Avec les patients tu es dans un rôle donc les contours sont définis socialement et par ce que tu apprends, ce n'est pas trop dur d'endosser le rôle. C'est plus dur avec les collègues, car là il n'y a aucun code qu'on peut apprendre dans un livre. Et le monde hospitalier est assez hostile et difficile (je trouve). Personnellement c'est là où j'ai rencontré le plus de difficultés. Encore maintenant et sûrement toujours.
- ce qui est difficile c'est de se protéger de la souffrance, de la maladie et de la mort. J'ai eu bcp de mal à trouver la bonne distance, on me l'a souvent reproché car cela pouvait influencer les prises en charge, j'avais du mal à faire la distinction entre le patient et moi- même. J'ai eu bcp de souffrance. Et malgré les idées reçues on se bat bcp seule avec ses ressentis, le soutien collectif est peu présent (ou alors je ne savais pas le solliciter, je ne sais pas).

Ce qui est un avantage, enfin je crois :
- on a je pense la capacité de se détacher de la vision dominante et univoque qui prédomine en milieu de soin et on peut apporter autre chose, et dieu sait que ce monde en a besoin !!! Le risque ; être trop à contre courant, lutter contre des moulins à vent et s'épuiser.
- contrairement à ce qu'on peut penser je pense qu'on peut vraiment être en empathie et aider les gens de façon différente et je crois que la ce sera plus facile en tant qu'infirmiere qu'en tant que medecin.

Il faut aussi savoir que les voies d'exercice sont nombreuses dont certaines que tu n'imagines même pas actuellement, il y en a pour tous les profils, tu peux même être à ton compte et adapter ton rythme à tes besoins (si tu sais gérer la fatigue liée aux déplacements).

Au final après beaucoup de tergiversations, d'erreur de souffrance et de trebuchements j'ai fini sur un exercice très technique et pointu et sans contact direct avec les patients ? et cela me convient parfaitement bien ! J'ai l'intellect avec un sujet d'expertise qui m'éclate et aucune prise avec les difficultés de mise en œuvre sur le terrain (le bon sens est important et je n'en ai aucun, ça aussi c'était gênant). Le fait de ne pas voir de patient est un soulagement (il y a de tels postes pour des infirmiers aussi).

Voilà, en espérant avoir pu t'aider.
HQI
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Mafalda
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Re: Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatibl

Message par Mafalda »

J'ai oublié de parler du "toucher" : très compliqué ça aussi, mais pas insurmontable. Pareil, quand la séquence des gestes est intégré ça se fait bien.
Par contre la première fois que j'ai été en contact avec des odeurs très fortes j'ai perdu connaissance ?
Sur ces deux derniers points j'ai réussi à m'adapter.
Et je pouvais diagnostiquer certains problèmes à l'odorat, assez intéressant ?
HQI
En questionnement sur le TSA
Mafalda
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Re: Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatibl

Message par Mafalda »

Salicorne a écrit :Bonjour nala_radenne,

Mon diagnostic n'a pas encore été confirmé mais je peux témoigner de mon expérience en tant qu'étudiant en IFSI, si cela t'intéresse.

J'étais extrêmement motivée et passionnée par le secourisme quand je me suis engagée dans cette voie, alors que j'avais déjà un parcours d'étudiant un peu tourmenté derrière moi. Sur le plan purement scolaire, mes résultats étaient plutôt très bons, parmi les meilleurs. En revanche, j'ai énormément souffert pendant les stages, ce qui a entraîné l'arrêt forcé de mes études.

Le plus difficile durant les stages était, d'une part, la très grande fatigue engendrée, et d'autre part la gestion des relations sociales tant avec le personnel qu'avec les patients. Durant mon premier stage, l'un des patients s'était en effet plaint de moi auprès du personnel, ce qui a fait que je n'ai pu valider aucun item de compétence à la fin du stage.

Personnellement, j'ai trouvé les relations avec le personnel et les autres stagiaires beaucoup plus complexes, car l'on est en permanence jugé et pas toujours aidé. Le plus souvent, je ne savais pas comment me comporter : je ne savais pas ce que j'avais le droit de faire ou de ne pas faire, ce n'est pas clairement exprimé et quand ça l'est il peut y avoir des contradictions (par exemple, il m'était interdit d'aller seule voir les patients du service mais on me reprochait de ne pas suffisamment aller leur parler). Je crois que mon plus grand défaut était mon incapacité à prendre des initiatives à cause de ces non-dits. Cela a créé chez moi une anxiété tellement importante que je pouvais dormir des heures en étant toujours aussi épuisée jour après jour. Au bout d'un moment, il ne m'a plus été possible de continuer.

Évidemment il existe de grandes différences de capacité entre individus et nous ne pouvons chacun connaître nos limites qu'à force d'expérience. Ma plus grande erreur a peut-être été de ne pas avoir pris en considération mes expériences précédentes sur le plan social (mon stage BAFA, quelques années avant, avait également été extrêmement difficile).

Mes limites sociales me font beaucoup souffrir, j'aimerais réellement être capable de faire ce que parviennent à faire la plupart des gens : interagir avec d'autres personnes sans être souvent critiqué, sans être sans cesse épuisé. Pour moi le lien social reste quelque chose d'important dans une vie ; je crois toujours que le métier d'infirmier est un beau métier.
Très touchant témoignage ?
Je comprends tellement ce que tu écris, pour l'avoir vécu, j'ai redoublé et eu de nombreux problèmes en stage.
Peut être qu'après une pause tu pourrais reprendre ? Un poste où tu pourrais te plaire t'attend peut être au bout du chemin ... ?

Je ne suis pas certaine que j'aurais réussi en IFSI, la complaisance était de mise dans ma fac de médecine : les chefs nous validaient si ça se passait mal pour ne pas nous voir revenir ? (on devait revenir faire le stage dans leur service). J'ai ainsi validé mon stage en anesthésie alors que sur 2 mois j'ai du y aller même pas la moitié du temps (le bloc opératoire était angoissant au dessus de mes forces - ne voir que les yeux des gens m'était insupportable, je n'entendais pas, ne reconnaissais pas les gens et ne comprenais rien à rien, le médecin m'a tellement crié dessus comme quoi j'étais nulle et empotée que j'ai cessé d'y aller car j'en étais incapable ... Et j'ai été validée. Par la suite j'ai tout fait pour ne plus remettre les pieds dans un bloc de ma vie).
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PoissonFa
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Réorientation infirmière, bonne idée pour personne SA ?

Message par PoissonFa »

Modération (Lepton) : Fusion des sujets.

Bonjour,
Je suis diagnostiquée autiste asperger depuis peu et j'ai 36 ans. Mon parcours professionnel est très cahotique.

J'étais douée à l'école et mes parents n'ont pas su me conseiller, d'autant qu'ils ne voulaient pas mettre cher dans mes études. Toutes mes idées ont été rejetées. J'ai choisi ma voie par défaut. J'ai fait un BTS assistant de gestion que j'ai eu haut la main, puis une année de licence en secteur sanitaire et social, dépourvue de contenu réel et ne débouchant sur aucun emploi existant. Après avoir travaillé 8 mois à la Poste (selon le chef présent les problèmes relationnels étaient là ou pas) j'ai enfin trouvé un job dans une asso de médiation sociale où j'étais assistante ressources humaines avec une paie de standardiste. Les ennuis ont commencé. J'y suis restée 2 ans et demi. J'ai été remerciée suite à harcèlement sexuel et moral de la part de deux personnes. J'avais 24 ans. Je ne comprenais vraiment pas où était le problème. Je trouvais que les gens étaient tordus pour certains. J'étais très naïve et mes intentions étaient souvent mal interprêtées. Pourtant il n'y a jamais rien eu à redire sur mon travail.

J'avais un crédit à payer. Dans l'urgence je me suis réorientée. J'ai repensé à ma spécialisation dans le domaine sanitaire et social et je me suis souvenue que j'avais trouvé les aides-soignantes très courageuses. J'ai donc entamé la formation qui me semblait plus qu'accessible avec mon niveau et aussi abordable financièrement, bien que me mettant un peu sur la paille. Cela résolvait la difficulté de trouver un emploi. Les études étaient très faciles, et le contact avec les élèves ne m'a pas posé de problème majeur. Par contre, dès le premier stage j'ai eu envie d'arrêter. Je ne peux même pas dire si le travail me plaisait. Je crois que oui. Mais l'aspect social m'a tellement stressé que c'était le cauchemar. Je ne comprenais pas ce qu'on attendait de moi. On me disait de prendre des initiatives mais on me reprochait d'être trop à l'aise (ce qui était loin d'être le cas !). Je m'enfermais régulièrement dans les toilettes pour reprendre mon souffle. Je dormais très mal. On m'a poussée à continuer. Certains autres stages ont été anxiogènes, deux ont été agréables car les équipes étaient bienveillantes. Je suis sortie major de ma promo. Puis j'ai exercé deux mois. Dans deux structures différentes. Ils voulaient me garder à chaque fois car ils trouvaient que je travaillais bien. Mais je n'arrivais pas à me concentrer et j'étais trop stressée. Pourtant les équipes étaient sympas, mais j'avais des problèmes personnels qui m'angoissaient et je n'arrivais pas à gérer le fait qu'on me demandait d'aller toujours plus vite.

Bref, j'ai décroché. J'ai erré. Puis j'ai repostulé à la Poste. J'ai galéré car on m'a mise sur une double tournée sans formation, avec un plan. Je me suis cassé le dos. Un jour j'ai poussé la porte d'une boutique qui me plaisait et j'ai postulé. Je suis devenue vendeuse. Ca me plaisait. Je travaillais seule avec mon patron et je faisais des tâches très variées. J'arrivais à laisser mes gros problèmes personnels à la porte ce qui me semblait être une grosse victoire personnelle. Mon patron se montrait très humain et indulgent avec mes variations de rythme.

Aujourd'hui nous sommes mariés et avons un enfant. La boutique est fermée mais nous avons monté un atelier et exercons un métier d'art. Malheureusement nous avons du mal à en vivre. J'ai beaucoup évolué sur le plan social et j'ai appris beaucoup de choses. Je me sens moins nulle, et surtout peu repérable par rapport à mon SA. Cependant je ne sais pas ce que cela donnerait si je revenais dans une équipe médicale. Je vais peut-être devoir trouver un boulot et je n'ai pas envie de galérer, de faire des petits boulots ou de mettre des mois pour en trouver. J'avais pensé revenir comme AS pour voir, mais je crois que ce boulot ne me correspond pas totalement. J'ai l'impression que c'est trop exécutif. J'ai besoin de sentir que j'ai un peu plus de responsabilités. Quand j'étais plus jeune, j'aurais voulu être médecin généraliste. Exercer en cabinet me plairait. Mais c'est trop tard, je n'ai pas les moyens. J'ai l'impression à 36 d'avoir enfin le bagage peut-être nécessaire, socialement, à accomplir ce que je souhaiterais. J'ai alors pensé à Infirmière, mais je ne sais pas si j'ai les moyens financiers pour le faire. Et surtout, je me pose pas mal de questions qui m'empêchent de dormir : serais-je capable de travailler en équipe ? Arriverais-je à gérer mon stress ?

Peut-être ai-je de moi une vision faussée. Mes capacités d'apprentissage n'ont rien à voir avec celles qui concernent la gestion des émotions. Je suis plutôt à zéro sur ce point. Et j'ai peur de tout décharger sur ma famille ou de ne plus être capable de rien en rentrant chez moi après le boulot... Bref.

Certains d'entre-vous (avec SA) ont-ils choisi ce métier ? Comment vivez-vous le travail d'équipe ?
Certains d'entre-vous ont-ils choisi de retourner dans un secteur où ils ont échoué après avoir pu développer leurs aptitudes sociales ?
Merci pour vos réponses.
Mon seul atout en plus est effectivement qu'à 25 ans j'étais vraiment très immature émotionnellement et que j'ai beaucoup progessé socialement depuis, mais je m'effondre encore très facilement (surtout avec mon fils de 4 ans).
Femme avec SA (diagnostic établi en septembre 2019).
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Alpha
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Re: Réorientation infirmière, bonne idée pour personne SA ?

Message par Alpha »

PoissonFa a écrit : vendredi 10 janvier 2020 à 4:30 Modération (Lepton) : Fusion des sujets.
J'ai alors pensé à Infirmière, mais je ne sais pas si j'ai les moyens financiers pour le faire.
Bonjour

Je n'ai pas la réponse à tes questions et je ne travaille pas dans ce secteur (bien que je songe fortement à une reconversion dans celui-ci aussi).
Néanmoins je tenais à te dire qu'il est possible de faire l'école d'IDE en alternance. Il me semble que tu signes un contrat avec un hôpital ou une clinique et qu'à l'issue de ton diplôme, tu lui dois des heures. Mais cela te permet d'être rémunérée pendant toute la durée de tes études.

Bon courage
Diag TSA
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PoissonFa
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Re: Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatible ?

Message par PoissonFa »

Bonjour,
On m'a déjà parlé de cela et je devrais contacter l'hôpital en direct. Cependant je ne sais pas si c'est toujours d'actualité ou si il s'agit aussi de formation en interne pour les personnes déjà en service.
Femme avec SA (diagnostic établi en septembre 2019).
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Morgane26
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Re: Devenir professionnel de Santé : possible ou incompatible ?

Message par Morgane26 »

Bonsoir,
C'est une très bonne question, que j'ai d'ailleurs expliqué dans un article ici "études paramédicale et syndrome asperger". Pour ma part, j'ai été en filière administrative avant de me réorienter vers ce secteur en 1e puis terminale bac pro ASSP(Accomapgnement soins et services à la personne). J'ai certes mis un peu plus longtemps que les autres(BEP Métiers des services administratifs en 2014 à 20 ans) et bac pro ASSP à 26 ans mais j'ai eu mes premiers diplômes. Là, je m'apprête à faire ma rentrée en institut de formation d'aide soignante donc future professionnelle de la santé.

J'ai passé la visite médicale d'aptitude physique et psychologique et pour lui(le médecin), y a aucune contre indication car l'autisme n'est pas un problème d ordre psychiatrique ou psychologique. Il suffira après d'aménager le poste de travail(peut être avoir une pause supplémentaire, pas de travail de nuit, mi temps) mais bon.
De toute façon, le milieu hospitalier est un milieu très polyvalent, avec beaucoup de techniques et protocoles à apprendre, cadré donc ayant besoin d'être encadrée, ce milieu va me correspondre je pense vu son aspect. Je vais faire mes preuves, le temps qu'il faudra et après, je verrai bien. J'ai un an de formation. La prise d'initiatives est très naturelle chez moi, voir instinctive quand je m'occupe des patients.

On m'a toujours dit "tu n'y arriveras pas aide soignante, infirmière non plus, mieux vaut que tu sois dans un bureau ou une bibliothèque". NOn mais sérieux, on croit encore les asperger comme des génies en lecture etc. faut arrêter un peu.
Je laisse passer l'année.
Mais pour répondre à ta question, je pense que c est possible sous réserve de bien te connaitre avec des aptitudes mais aussi difficultés engendrées.
Perso, je raisonne par la formule "marche après marche" c'est à dire que je dois réaliser une chose à la fois sinon je suis submergée d'angoisse et n'arrive pas à tout gérer en même temps. Qu'en penses-tu?
Diagnostiquée:- Autiste Asperger- en Juillet 2019 + HPI, par le CRA de Limoges.
-Epileptique
- dyspraxique
Poursuite d'études: BTS SP3S 2e année