Solitude, volonté d'indépendance, sociabilisation

[freeshost]

En tout cas, tu discutes beaucoup avec nous sur ce forum.

[Chatnoir]

Coucou Lou Morgan
J'ai 34 ans et j'ai un peu de mal avec le concept "amitié". J'ai des interactions plus ou moins durables avec des personnes que j'apprécie. Plus ou moins durable car je ne sais pas vraiment les entretenir, les faire durer. Le pire c'est que parfois je m'attache vite au gens, tout comme je me détache aussi vite.
Et puis je considère que je n'ai pas vraiment "d'amis" car le mot "amis" implique pour moi une proximité/intimité que je ne ressens quasiment jamais. Mes amis sont mon S(mon ami), ma soeur, peut être une amie que j'ai connu au collège et que je revois régulièrement tous les 3/4 ans lol. Et puis une collègue de boulot (une vieille). Enfin je crois.
Le concept de "meilleure ami(e)" m'est complètement étranger, le côté fusion/exclusivité me fait flipper.
Les autres connaissance que j'ai sont des "copains, copines" qui au départ sont ceux de S. Quand j'étais plus jeune, c'était sur les relations de ma soeur ou d'une copine d'école que je me greffais. Ces copains, copines je les aime bien ^^.Mais s'ils venaient à quitter mon entourage (éloignement géographique, manque d'intérêt de leur part), ben....je serais déçue, c'est sûr, mais je m'en remettrais. J'ai appris à le faire.

Fondamentalement, je dis que je n'ai pas d'amis en rigolant (en riant jaune, mais en même temps parfois je le pense), et même entourée, je me sens seule. Parfois même avec S. je me sens seule.

Voili voilou

[freeshost]

Un peu comme Chatnoir, je me détache aisément.

En plus, je n'hésite pas à couper les ponts si quelque chose ne me convient vraiment pas.

Pas d'amis comme toi !

[Chatnoir]

Certes ^^
Mais des fois c'est pénible/douloureux de se sentir seul(e), ce qui est un peu paradoxal me concernant

[freeshost]

Tous les garçons et les filles... ressentent... de... la solitudine... non è possibile...

[Chatnoir]

(lol freeshost arrête de polluer ce fil avec des citations musicales qui sont , comment dire sans être trop vexantes, bien ringards selon mes goûts. Quand même, Laura Pausini quoi huhu ^^)

[freeshost]

Bon, c'est en rapport avec le sujet, parlant de solitude.

[KoaKao]

J'ai pas eu le courage de tout lire ce topic mais j'y vois le sujet global.

Je n'ai pas beaucoup d'amis non plus comme beaucoup ici, et je n'ai pas de compagne. Pour l'instant ça va, peut être viendra un jour ou je ressentirais de la solitude comme toi, à vrai dire c'est normal ça prouve bien que t'ais humaine après tout... Je suis pas un as du reconfortage (oui je viens de l'inventer ) mais en tout cas courage ça viendra surement un jour, il faut pas trop y pensé c'est souvent comme ça que ça arrive.

[Tugdual]

[...] j'ai un peu de mal avec le concept "amitié". J'ai des interactions plus ou moins durables avec des personnes que j'apprécie. Plus ou moins durable car je ne sais pas vraiment les entretenir, les faire durer. Le pire c'est que parfois je m'attache vite au gens, tout comme je me détache aussi vite.

Voilà qui me parle ...

Je n'ai jamais fait semblant d'être quelqu'un d'autre quand ça concernait les liens amicaux. J'ai toujours été vrai avec eux.
Je ne dis pas oui à tout, je n'essaye pas à tout prix à leur plaire, j'ai des valeurs trop forte pour ça.

Ok. Alors je pense que c'est plutôt bon signe,
et que lorsque tu côtoieras les bonnes personnes,
cette amitié devrait pointer le bout de son nez ...

Moi je peux dire que j'ai fait semblant.

Ça ne s'est pas fait volontairement, consciemment.
Je me suis intéressé à ce qui intéressait les autres,
un petit peu, puis un petit peu plus, puis plus encore,
juste pour avoir un sujet de conversation, quelque
chose en commun, de quoi se rapprocher, discuter ...
On m'avait tellement dit de faire des efforts, de me
tourner vers les autres, de m'intéresser à eux ...

Ce fut un lent processus, une spirale dans laquelle
je me suis perdu. Puis un jour j'ai réalisé, et je me suis
demandé qui j'étais réellement, ce que j'aimais ou pas.
Sur bien des points j'étais incapable de me répondre !
Ce fut le début de bien d'autres questionnements ...

[Ixy]

Salut Lou,
Comme d'habitude, je parle avec des raccourcis et j'ai toujours l'impression que les gens vont comprendre le fond de ma pensée, mais souvent il faut que je me fasse mieux comprendre.
Je vais essayer d'être un peu plus clair.

Je ne crois pas non plus à la théorie des "NT" comme une entité bloque qui fonctionne tous pareil, sont tous les mêmes monstres incapable de comprendre. Il y a des aspies que j'ai rencontré et que je n'ai pas supporté, qui m'ont même rebuté par leur discours sectaire et reproduisant ce qu'ils reprochaient au NT. Je ne demande pas ) être admirer (pourquoi d'ailleurs ? Parce que mon cerveau est différent sur certain domaine ? Ben eux aussi donc je dois tous les admirer ?) Il y a des aspies qui ont des amis NT et vive une très belle relation avec eux. C'est se fermer des possibilités et partir sur des préjugés ça. La neurotypie, comme l'autisme, est un spectre fait de plein de variation individuelle.

Moi non plus je ne crois pas à ce que tu décris, et ce n'est pas parce que je te demandais si tu avais essayé de rencontrer des aspies que je te disais de ne rien tenter avec une personne non aspie. De toute façon pour moi c'est absurde puisque non diagnostiqué, je ne peux pas me mettre moi-même dans une catégorie. Et la meilleure amie dont je parle dans mon post n'a aucun lien de près ou de loin avec l'autisme, seulement elle aime les gens « intéressants » comme elle le dit elle-même, ce qui en fait une personne très ouverte et on a une très bonne relation même si on fonctionne pas du tout pareil. Mais je ne pourrais sans doute pas m'amuser ou sortir en soirée avec elle en étant en parfaite connivence, c'est impossible. Ce qui m'amenait à dire qu'il faut laisser de côté un peu ce que j'ai appelé la vision « NT » de l'amitié, mais tu peux remplacer le mot NT par whatever :

De ce fait, la vision NT de l'amitié n'existe pas. Chacun à sa propre vision de l'amitié dépendant pas uniquement de sa neurologie mais de son vécu, de sa personnalité profonde et de ses autres problèmes. Le SA explique certaine chose mais pas tout. Je suis bel et bien autiste asperger, en tout cas selon mon diagnostic, et pourtant j'aime, j'adore, j'exalte de discuter toute la nuit avec quelqu'un. Pourquoi je devrais m'en privé soi disant parce que c'est NT et pas SA ? On peut pas catégorisé des activités ou des passions comme étant SA et d'autre NT, c'est faux. La seule différence c'est dans le temps, l'obsession et la qualité consacré à ces activités. (il y a des SA dont le centre d’intérêt est les interactions sociales est-ce que du coup il est mon SA que ceux fan de train ou de boulon ?). Enfin bref, on est pas tous pareil, on est pas fait en série.

Je suis bien d'accord encore une fois mais voilà au delà de ça il y a une évidence, les personnes aspies à mon avis souffrent de l'image que l'on a tous de la réussite sociale, plein d'amis, plein de discussions riches, faire plein de trucs géniaux tout ça... qui ne peuvent pas correspondre au fonctionnement aspie. j'estime qu'il faut se détacher de cette image là et affirmer ses propres amitiés/son propre fonctionnement social. Tu peux tout à fait aimer parler avec une personne toute la nuit, c'était juste le partage de mon expérience qui est que ce que je croyais que j'aimais bien (parler avec ma copine toute la nuit par ex) et bien en fait j'aimais pas ça je prenais trop sur moi, et à bien chercher il n y avait pas d'autre alternative !! Et ça n'a pas été évident de se dire "ce n'est pas pour moi". "La seule différence c'est dans le temps, l'obsession et la qualité consacré à ces activités" oui mais si t'y penses ça fait déjà beaucoup de différences et à mon avis une relation aspie-NT ou aspie-aspie ne peut pas se construire de la même façon que pour d'autres personnes.

Voilà, et pour aller plus loin dans mon conseil, si tu vois une possibilité de relation avec les gens que tu as rencontré à Grenoble et ben insiste un peu, ne laisse pas passer l'occasion.

[Lupine]

Moi je peux dire que j'ai fait semblant.

Ça ne s'est pas fait volontairement, consciemment.
Je me suis intéressé à ce qui intéressait les autres,
un petit peu, puis un petit peu plus, puis plus encore,
juste pour avoir un sujet de conversation, quelque
chose en commun, de quoi se rapprocher, discuter ...
On m'avait tellement dit de faire des efforts, de me
tourner vers les autres, de m'intéresser à eux ...

Ce fut un lent processus, une spirale dans laquelle
je me suis perdu. Puis un jour j'ai réalisé, et je me suis
demandé qui j'étais réellement, ce que j'aimais ou pas.
Sur bien des points j'étais incapable de me répondre !
Ce fut le début de bien d'autres questionnements ...

Je pense comprendre ce que tu exprimes car moi aussi (et surtout pendant mon diagnostic) j'ai été perdu et je savais plus ce qui venait de moi et ce que je m'étais imposé. Mais c'est plus dans les relations de va et viens que vous décrivez avec chatnoir, que je vis aussi, mais qui ne me conviennent pas. (ça dépend les moments). Mais dès qu'une personne me donnait envie et l'impression que l'envie était partagé de son côté, je me suis toujours abstenus de "faire semblant". Je ne pense pas que de s'intéresser au centre d’intérêt des autres soit une manière de se renier, ça permet de s'ouvrir, de développer ses connaissances et ses compétences, peut-être qu'on ne le ressens pas tous de la même manière ou alors c'est le manque de réciprocité dans cette ouverture qui crée cette impression de se renier ou même simplement notre facilité à aller trop loin dans nos efforts au point de s'y perdre. Néanmoins, dans mon cas, j'ai toujours su qui j'étais au plus profond de moi, quels étaient mes passions personnelles, mais comme c'est enfantin et honteux, je les avais mises de côté. (d'où mon sentiment de perte de moi-même)

Je crois que je recherche la même relation d'amitié que celle que j'avais avec mon frère quand j'étais plus jeune. Sauf qu'on a parfaitement les mêmes centres d’intérêts, mais qu'il est fiancé et qu'on a eu des gros différents (passé de l'amour fusionnelle et protecteur à une haine et un rejet aussi puissante ce qui m'a fait fuir de chez moi et vivre à la rue) ce qui, même si notre relation va mieux, a brisé quelque chose. Puis il est devenu adulte (vous savez les grandes personnes qui font des trucs sérieux).

J'ai eu l'impression de vivre une relation similaire avec C., sauf qu'un jour, il m'a clairement dit qu'il ne voulait plus me voir, qu'il ne voulait plus aucun contact avec moi, que je l'avais déçu, je n'ai jamais réussi à savoir pourquoi, surtout que c'était pile dans un extrême moment de détresse affective (mon copain de l'époque m'avait quitté après m'avoir trompé et voulait m'envoyer en hôpital psychiatrique pour me faire interner), ça m'a provoqué un burnout et une dépression morbide avec tentative de suicide, isolement totale dans ma chambre (je ne sortais que pour aller au toilette ou me doucher) et anorexie pendant 1 an.

Je peux très bien vivre sans être constamment coller au basque de quelqu'un, parfois j'ai même besoin d'être seule, mais j'ai besoin de savoir que c'est un choix et non pas une fatalité. J'ai besoin de sentir que quelqu'un pense à moi, m'aime et que j'existe pour elle dans mon intégrité, c'est même plus que ça, les mots sont pas assez riche pour décrire ce besoin vitale de ressentir de l'amitié, quand on parle d'âme-soeur, je crois qu'en effet ça se place à ce niveau, je sens que je manque de quelqu'un avec qui partager des choses profondes, fortes, uniques, entières peut importe la distance physique ou temporel. J'ai besoin d'offrir à quelqu'un le maximum de chose le plus intégralement possible et de recevoir autant de choses possibles de celle-ci. J'ai besoin de savoir que cette personne existe quelque part.

La notion d'amitié est compliqué pour moi aussi car elle ne se décrit pas simplement par des mots, qu'au quotidien elle ne brille pas de sa présence et que celle que j'ai "théorisé" peut paraitre utopiste, mais je ne peux pas m'en défaire. C'est comme d'avoir la sensation profonde, animale, inné d'avoir un lieu qui nous attend, sauf que dans mon cas, c'est une personne ou peut-être plusieurs, mais je le ressens par chaque pores de ma peau. Enfin bref, c'est viscérale, ce n'est pas pour rien que depuis toute petite, je me suis crée un monde intérieur riche, foisonnant de personnage, que je vis des amitiés par procuration à travers des dessins-animés ou en observant les gens complices, en dessinant ou écrivant des histoires. Les animaux sont le seul palliatif car je peux ressentir cette connexion profonde, mais quoiqu'il en soit, je ressens un besoin (et non pas une envie) de vivre cela avec au moins un de mes pairs.

Bon j'arrête là.

[Lupine]

à mon avis une relation aspie-NT ou aspie-aspie ne peut pas se construire de la même façon que pour d'autres personnes.

A mon avis, aucune relation ne peut se construire de la même façon et ça n'a pas de lien direct avec une construction neurologique, plus sur une capacité personnel à être attentif et ouvert à l'autre mais aussi à la capacité personnel de chacun à offrir sa différence qui le rend unique tout en acceptant celle de l'autre pour s'harmoniser.

Merci pour ton conseil.

[Herlock Martin]

Lou Morgan,
(tu ne viendras plus sur mon fil, mais tu ne m'as pas interdis le tien.)
Si je n'ai pas tout faux, c'est aujourd'hui ton anniversaire, accepte en cadeau, tout du moins en humble attention, ce petit texte que j'avais écris en 2001, le sujet en est justement le vœux d'une amitié, un rapprochement platonique et sincère, là où on avait cru à une cour (car je crois que SA et/ou NT peuvent parfois avoir peur de la racine "amare" que l'on retrouve dans amitié et dans amour, allant parfois jusqu'à la confusion...)...je te souhaite de connaitre selon tes espérances, quelque chose de la teneur de cette description.

Glisse
De la peur à l'engagement
Du ressenti au sentiment

A moins
Qu'il y ait tant à perdre
A partager un peu de tendresse

Ne reste alors
Qu'à chasser ces fantasmagories
Qui occupent nos nuits

A la ferveur de ma flamme
Ne puis je donc pas
Te réchauffer un peu...

(création divagatoire d'un M. tanuki du soir)

[Baobab]

Bravo Herlock, joli texte... et douce attention

...Lou, j'ai moi aussi en ce jour particulier de petites pensées amicales ...

[Ixy]

Bon anniversaire Lou Tu n es pas seule sur ce forum dans tous les cas