LIMOUSIN > HAUTE-VIENNE > LIMOGES 16/11/13 - Le Populaire
Semaine pour l’emploi des personnes handicapées du 18 au 23 novembre en Limousin
L’étudiant en comptabilité et contrôle de gestion à Limoges, atteint du syndrome d’Asperger, estime que les chefs d’entreprises, qui ont souvent des préjugés sur les personnes handicapées, se privent d’un vivier de compétences qui finissent par s’expatrier.? - photo stéphane Lefèvre
Onze actions seront déclinées en Limousin dès lundi dans le cadre de la semaine pour l’emploi des personnes handicapées.
Démontrer que handicap et emploi sont compatibles et que des solutions existent : c'est l'objectif que se sont fixé les différents acteurs et associations qui vont se mobiliser à partir de lundi dans le cadre de la 17 e semaine nationale pour l'emploi des personnes handicapées.
Casser les stéréotypes
Onze actions seront déclinées dans la région ( lire ci-dessous) à destination de différentes cibles : les personnes en situation de handicap, les employeurs et les partenaires ou les professionnels 'uvrant dans le secteur du handicap.
« La représentation du handicap est souvent réduite à des stéréotypes, explique Jean Authier, du centre régional d'études et d'actions pour les handicaps et les inadaptations en Limousin (CREAHIL) qui porte la coordination technique du plan régional d'insertion des travailleurs handicapés (PRITH). La réalité est tout autre : la majorité des personnes en situation de handicap ont des restrictions d'aptitudes qui s'avèrent légères et moyennes sans pour autant nécessiter de travaux d'accessibilité ou d'aménagement techniques. »
Certaines restrictions d'aptitudes peuvent constituer une incompatibilité à certains métiers et non à d'autres. Par exemple, dans certaines professions, une affection ou une déficience constituera un handicap, dans d'autres elle n'aura aucune incidence.
Utiliser le "job coaching"
Ces préjugés, Etienne Blinet, 24 ans, les connaît bien. Il souffre du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme. « Administrativement, nous sommes classifiés parmi les handicaps mentaux, confie-t-il, implicitement, nous sommes considérés comme des idiots. Nous sommes donc obligés de cacher notre handicap pour pouvoir travailler. »
Assistant comptable, il vient de terminer son année en alternance à la Banque de France à Limoges. Au mois d'octobre, lors de la 3 e édition de "Handicap et vol" organisé par l'Agefiph, la CGPME et l'aéroclub du Limousin, il témoignait sur la façon dont son arrivée avait été préparée : « quand je suis arrivé à la Banque de France, en octobre 2012, j'ai bénéficié de ce qu'on appelle un "job coaching" par l'intermédiaire du docteur Moreau de l'AIST ( Association Interprofessionnelle pour la Santé au Travail). Au préalable, il y avait eu une sensibilisation de la hiérarchie et des discussions avec mes futurs collaborateurs. Cela nous a permis de mieux nous connaître mutuellement. »
Un gâchis de compétences
Cette prise de contact et ces échanges avant la prise de fonction du poste est pour Etienne Blinet essentielle : « lorsque le recruteur n'est pas sensibilisé au handicap, il ne peut pas voir en face de lui que le candidat a vraiment un potentiel pour son entreprise. » Ce potentiel, le jeune étudiant aimerait qu'il soit plus utilisé par les chefs d'entreprise. « Pour un handicapé, le meilleur médicament, c'est le travail, confie-t-il. Si l'on sait par exemple coacher des personnes atteintes du syndrome d'Asperger, on peut en tirer des capacités supérieures à des ingénieurs. L'intelligence, si on ne s'en sert pas, elle s'expatrie. C'est dommage, c'est un gâchis de compétences. Mais encore une fois, on peut l'éviter en travaillant ensemble, en dépassant les préjugés des uns et des autres. »
Pour aller plus loin. Dépasser ces préjugés, ce sera justement l'objectif de cette semaine du handicap pour, notamment, faire progresser les recrutements des personnes handicapées. En Limousin, 28.000 personnes de 15 à 64 ans, ont un handicap reconnu. Fin septembre, la région comptait 5.181 bénéficiaires de l'obligation d'emploi (BOE) inscrits au chômage dans les catégories A, B, C (*). Cela représente 10 % de la demande d'emploi en Limousin contre 8 % au niveau national.
(*) A : sans emploi. B : qui exerce une activité réduite courte. C : qui exerce une activité réduite longue, plus de 78 heures au cours du mois.
Anne-Sophie Pédegert
anne-sophie.pedegert@centrefrance.com