thoustralala a écrit :Le problème c’est qu’on a beau être informé, des fois l’enfant ressemble vraiment à un enfant capricieux et donc sans véritable diagnostic on se dit toujours : ça se trouve mon enfant est pas asperger et on fait fausse route depuis des années, quel impact cela va avoir sur son caractère? Est-ce que ce n’est pas à cause de cela qu’il est difficile? (On n’était pas suivis, pas de spécialistes, enfant pas à l’école, pas d’éducateurs, juste un CMP qui nous faisait blablater sur les événements de la semaine devant elle grrr) D’autant qu’avec elle ce qui était flagrant c’est qu’à chaque fois qu’on se retrouvait chez un psy ou parlait de ses problèmes il y avait une recrudescence des comportements atypiques qui donnait l’impression que là tout d’un coup elle faisait exprès de « jouer un rôle »..
Ah ? Elle n'est pas officiellement diagnostiquée ? Ce serait bien d'entamer un parcours de diagnostic :
- pour lever les doutes,
- pour préciser le diagnostic,
- pour une prise en charge adaptée,
- pour en apprendre plus sur les troubles du spectre autistique,
- pour développer votre réseau de personnes concernées par les troubles du spectre autistiques (personnes autistes, familles, amis, enseignants, logopédistes, psychologues, psychiatres, AVS, psychomotriciens, etc.)
En plus, un diagnostic, ça peut prendre pas mal de temps. Contacter le CRA de la région n'est pas inutile.
On peut se poser les mêmes questions qu'on se pose quant aux critiques de la méthode ABA qui accusent le fait de vouloir faire transformer les personnes autistes en personnes non autistes ou qui y ressemblent. Il y a tout un spectre de positions et, à mon sens, chaque personne autiste devrait décider par elle-même de ses buts. C'est très contre-productif voire éthiquement questionnable de vouloir faire entre une personne dans un moule auquel elle ne s'identifie pas, de forcer une personne à s'intégrer dans un groupe dont elle n'adhère pas aux normes.
Il y a aussi le risque que des parents [enseignants] veulent que leur enfant [élève] soit à leur image ou soit une compensation (à ce qu'ils interprètent comme des échecs personnels). [Exemples : les parents pianistes qui veulent que leur enfant devienne aussi pianiste ; l'enseignant de mathématique qui s'énerve quand son élève n'arrive pas à résoudre une équation ; etc.]
Des conseils que pour garder son calme :
- Priorité : accepter que toute autre personne (y compris les enfants) ne soit pas comme vous voulez ; laisser la personne elle-même décider de son propre mode de vie, et l'y aider. La diversité est bien plus riche que l'homogénéité.
On peut repenser à la citation "Donnez-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne puis changer, le courage de changer les choses que je peux, et la sagesse d'en connaître la différence.
- Au quotidien : À chaque jour suffit sa peine. Faire de preuve de patience envers autrui comme envers soi-même. Accepter que l'autre n'aille pas au même rythme que la norme (l'école publique, par exemple).
- Du lâcher-prise : accepter les imperfections ("la médiocrité"), les accidents, toutes les choses qu'on ne peut pas contrôler, prévoir ; prendre l'habitude de
pardonner, accepter les erreurs, les maladresses, les inhabiletés sociales, les oublis ; essayer de faire abstraction des jugements extérieurs.
Se rappeler que, pour une personne autiste, les interactions sociales resteront toujours fatigantes, même avec l'expérience, que les personnes autistes auront souvent moins besoin d'interactions sociales, que la solitude n'est pas forcément une souffrance pour elles. D'ailleurs, beaucoup n'aiment pas vraiment les sollicitations, être au centre des attentions, et préfèreront en général passer la grande partie de leur temps dans la discrétion. Mais comme chaque personne autiste est unique, en discuter avec elle continuellement, dans le calme et l'écoute, pour mieux la connaître (telle qu'elle est, et non telle qu'on voudrait la voir).
Sinon, truc aussi très important (et que vous répèteront les spécialistes de l'autisme, les personnes s'étant occupées de personnes autistes) : ne pas priver la personne autiste de ses intérêts spécifiques. C'est là un des seuls contextes où il peut s'épanouir, s'évader, se développer. Ce sera souvent là une de ses richesses. Et tant mieux (pas "tant pis") si c'est une occupation atypique, différente de celles des autres enfants ou des attentes de la société (normes sociales, stéréotypes, préjugés, etc.). Dinosaures ou horaires, tardigrades ou Rubik's cube, chèvres, chats, chiens, etc.
Autrement, de bons livres (parmi tant d'autres) :
- Autisme, ce sont les familles qui en parlent le mieux, présenté par Églanté Éméyé, [Il me semble bien résumer différentes méthodes (pas toutes). Bon, ce n'est qu'un résumé.]
- Le guide complet du syndrome d'Asperger, de Tony Attwood, [Bonne introduction assez exhaustive du syndrome d'Asperger, mais ne pas s'en contenter, lire les livres de Peter Vermeulen, Laurent Mottron, Lorna Wing, Donna Williams, etc.]
- etc.
Autre truc très important :
- accepter l'aide de spécialistes de l'autisme ; ne pas "porter le poids du monde" juste sur vos dos. Qu'il s'agisse d'un piano ou d'une feuille d'eucalyptus, c'est moins lourd de porter à plusieurs que seul.
Surtout quand je lis :
thoustralala a écrit :La seule solution que j'aie trouvée jusqu'ici c'est d'alléger autour : j'ai abandonné mes etude, j'ai lâché une partie de mes élèves, je me suis dit déjà il faut enlever tout le reste. Mais même là c'est trop.
Quant aux méthodes, essayer diverses, les adapter. L'idée n'est pas de dire que telles sont bonnes, d'autres mauvaises. Ça varie d'une personne autiste à l'autre.
Mais bon, quand je parlais de psychologues, de psychiatres, d'AVS, etc., il s'agit de chercher des psychologues, de psychiatres, d'AVS qui s'y connaissent en troubles du spectre autistique. Il y a déjà eu plusieurs témoignages de mauvaises expériences similaires (de personnes trouvant des professionnels non formés à l'autisme et ne voulant pas en entendre parler). Et bien sûr, éviter ceux d'obédience psychanalytique.
Pas toujours facile de trouver des professionnels s'y connaissant en troubles du spectre autistique selon la région où vous vivez. Peut-être que d'autres personnes de ce forum pourront vous donner des contacts (en messages privés).
D'ailleurs, faudrait peut-être préciser la région dans la signature et, tout au moins, préciser le statut de votre fille (si elle est diagnostiquée officiellement ou en cours ou pas encore commencé les démarches).
Ouais, si on peut éviter l'internement en hôpital psychiatrique, c'est tant mieux. Diverses autres personnes de ce forum y ont passé de mauvais séjours (ou encore Josef Schovanec, mais je ne suis pas sûr qu'il soit inscrit sur le forum

).
Autrement :
-
L'Asperger au féminin,
-
Apprendre aux enfants autistes à comprendre la pensée des autres,
-
Scolariser des élèves avec autismes et TED,
- etc.
Ah ! Et je viens de lire :
thoustralala a écrit :Qu'est ce que vous entendez par avoir du mal à ressentir cette émotion, vous avez du mal à la reconnaître, vous ne savez pas du tout ce qu'il se passe à l'intérieur de la personne parce que vous n'avez jamais ressenti de colère ou d'énervement, est ce que si quelqu'un se met en colère vous ne le comprenez pas et d'un coup ça grimpe et vous êtes surprise?? Comment se passe les choses par exemple comment cela se passait si votre maman se mettait en colère ? Je ne m'imaginais pas que ça puisse être ça en fait..
Castiel fait partie des personnes autistes. Et il y a aussi pas mal de différences quant aux émotions chez les personnes autistes, ou, de manière générale, quant au langage non verbal :
De manière générale, les personnes autistes ne comprennent pas spontanément le langage non verbal (mimique, ton, gestuelle, posture, etc.) et vont, par conséquent, peu voire pas du tout l'utiliser. Les enfants non autistes vont apprendre le langage non verbal sans s'en rendre compte, et celui-ci occupera la grande partie de leur communication. Chez les personnes autistes, c'est le langage verbal seul qui va occuper la grande partie de la communication. Bien sûr, certaines personnes autistes ont la chance (rare) d'apprendre le langage non verbal (au travers de livres, d'expériences, de personnes le leur expliquant). Mais il ne sera jamais spontané, toujours réfléchi et fatigant. Toute nouvelle situation pourra déboussoler la personne autiste.
En plus, dans la communication, divers aspects posent des difficultés aux personnes autistes : difficulté à reconnaître l'ironie, les sous-entendus, l'implicite, les allusions, les aspects contextuels, diverses tropes (notamment les métaphores).
Autrement, l'oculométrie (eye-tracking) nous montre que les personnes autistes regardent bien moins souvent dans les yeux (sauf s'ils ont appris) mais plus souvent autour (notamment la bouche). [Et je ne parle même pas des personnes qui voient leurs troubles du spectre autistique accompagnés par la prosopagnosie.

]
Et discuter sur un forum et différent de discuter en face à face. Bon, les smileys peuvent pallier partiellement à ce peu de langage non verbal sur un forum.

[Mais ils ne pallieront pas complètement aux problèmes des figures de style.]
De plus, certaines personnes autistes ont de l'alexithymie, la difficulté à reconnaître les émotions (joie, tristesse, colère, peur).
[Effectivement, parler à la première personne permet d'exprimer son ressenti dans toute sa subjectivité. Parler à la deuxième personne peut mettre l'interlocuteur sur la défensive, surtout si les messages sont des jugements, des insultes, des attaques, des menaces, des ordres, de la dévalorisation, de la culpabilisation, de l'intimidation, etc.]