Rudy a écrit :Bref, que je m'en foutais. J'ai donc expliqué ma façon de fonctionner ainsi que les efforts mis en œuvre. J'ai défini de nouveaux efforts là où ils me manquaient encore des compensations (j'avais préalablement demandé où ça bloquait, ce que je ne faisais pas). Plusieurs mois plus tard, le discours reste le même: le reproche de ne pas montrer que j'étais intéressée par la personne etc... Alors que les efforts ont été verbalisé, et mon fonctionnement expliqué.
Les premières impressions sont tenaces.
Tu dis que les efforts ont été verbalisés, exprimés de manière verbale. Peut-être que les personnes non autistes auraient besoin d'expressions non verbales pour être plus convaincus.
Rudy a écrit :Ce qui décourage davantage que des efforts non verbalisés par les autres, c'est de noter soi-même les efforts qu'on a fait pour tendre vers un but, penser l'avoir atteint, et de se voir reprocher le contraire.
Certes, une personne est en général content que les autres comprennent qu'elle fait des efforts. Mais fait-elle ces efforts juste pour qu'on remarque ces efforts ? Est-ce si grave si les autres personnes ne s'en rendent pas compte. Après tout, l'important est que la personne elle-même se rende compte de ses efforts, et de ses avancées.
Ça me semble avoir un point commun avec la gratitude et les félicitations (entre autres) : ce sont des réponses qui nous réjouissent le plus quand on ne les attend pas, quand elles ne sont pas dans nos attentes avant la communication (la demande ; la situation d'échange). [The more you except, the more it becomes Godot. Plus tes attentes sont grandes, plus elles ressemblent à Godot, qui ne viendra pas.
]
Une stratégie "de stabilité" est que notre satisfaction dépende peu des réactions des autres (hormis du public dans les arts sur scène, dans les actions où l'effet recherché (le but) est une émotion chez le public).
Il est vrai que pas mal de personnes ne voient pas les efforts. Dans le cas où tu veux vraiment les montrer, montre-les.
Montres-en des traces observables.
Dans le cas du handicap invisible et, de surcroît, méconnu, encore moins de personnes se rendent compte des efforts fournis / à fournir car les difficultés (le handicap) sont invisibles (pas directement observables par les cinq sens et interprétables sans une certaine abstraction et réflexion). Car... pour des personnes non autistes, ces actions seront des efforts moins fatigants, voire plus évidentes, acquises et automatisées sans même trop y penser. Donc, pour rendre saillants ces efforts dans l'esprit des personnes qui ne sont pas au fait de l'autisme, il me semble nécessaire de montrer les obstacles, les difficultés.
1. Pendant longtemps, on disait de Jean qu'il ne faisait pas d'efforts pour écrire proprement de la main droite ses textes. Ce n'est bien plus tard que l'on apprit qu'il était gaucher.
2. Cet homme parle bizarrement. Il marmonne des sons incompréhensibles. En fait, il est sourd. Il n'entend donc pas les sons qui émanent de son appareil vocal (manque de rétroaction). Il ne peut donc pas adapter son élocution physiologiquement puisqu'il n'en perçoit pas les effets. La surdité est aussi un handicap peu visible.
Toutes ces actions invisibles seront rendues plus visibles si l'on fait connaître le handicap invisible (l'autisme, en l'occurrence). Si l'on en parle, les personnes prendront petit à petit acte de ces difficultés liées à l'autisme, puis des efforts supplémentaires à fournir, enfin de la fatigue qu'ils induisent. Le cas échéant, ils s'adapteront probablement (par exemple en étant moins exigeants ; en étant plus tolérants envers les personnes qui resteraient relativement éloignées de certaines normes sociales).
Intéressant, Brené Brown, je ne connaissais pas. Je vais télécharger.
Ixy a écrit :Allez il faut se réconforter en se disant que les efforts c'est pour soi qu'on les fait
On a pas besoin de médaille
Bien résumé.
On le fait pour soi en priorité (et un petit peu pour les autres, enfin... surtout pour nous ensemble).
Et il y aurait le revers de cette médaille : la jalousie émanant des personnes n'ayant pas obtenu ces médailles. En plus, quand on est médaillé, on est beaucoup plus achalé par les fans, les journalistes, etc. La renommée positive va provoquer des interactions sociales. Personnes autistes, voulez-vous vraiment de toutes ces interactions sociales ?
Penseriez-vous que ce serait agir pour leur bien que de transformer des personnes en fans aveuglés et qui vous prennent démesurément pour des héros ?