Pour parler du burn-out, venez ici !

[Lilas]

Je relance ce post parce que nous sommes malheureusement trop nombreux en souffrance au travail, parce qu'une recherche du terme burn out sur asperansa prouve que beaucoup en ont été victimes, et que je n'ai rien trouvé de spécifique à l'autisme sur la grande toile à part le burn out des soignants.

Du coup, je vois de nombreuses questions que l'on peut se poser :

- les TSA rendent-ils plus fragiles au risque d'épuisement professionnel ? Quelles en sont les causes ? Comment les prevenir ?

- quels sont les signes d'alerte à reconnaître ? Y a-t-il des spécificités liées à l'autisme ?

- comment réagir ? Comment et auprès de qui requérir de l'aide ? Quelles actions mener pour aller mieux ?

L'idée d'un collectif a été émise sur mon fil de présentation.
Ça m'a d'abord fait sourire, mais finalement je me dis que la proposition mérite d'être prise au sérieux.

A tous ceux qui vont travailler aujourd'hui : bon courage !

[Cryptobiose]

Message supprimé

[freeshost]

Étant donné le traitement différent de l'information (la non-hiérarchisation des informations) et les hypersensibilités qui peuvent s'y ajouter, il me semble que les personnes autistes (dont Asperger) arrivent plus vite à saturation, sont plus vite fatiguées pour une même durée de travail (par rapport à une personne non autiste).

En plus, comme la plupart des activités rémunérées sont remplis d'interactions sociales...

[Et je ne parle même pas de la pensée arborescente à tout-va. ]

Comment réduire la probabilité d'un syndrome d'épuisement professionnel chez les personnes autistes ? Je dirais :

- appliquer les mêmes conseils qu'on prescrit aux personnes non autistes (exprimer sa fatigue et ses désaccords à la première personne ["je"], faire des pauses, faire des métiers qu'on aime, ne pas négliger le sommeil),
- opter pour des métiers à temps partiel (au cas par cas),
- opter pour des métiers avec moins d'interactions sociales,
- opter pour des métiers où le langage non verbal est moins important,
- opter pour des métiers sans trop de responsabilités,
- éviter les métiers qui demandent trop d'adaptation au cas par cas,
- éviter les métiers qui demandent trop de vitesse,
- opter pour des activités dont le silence est la clé du succès,
- faire plus de pauses,
- parler de l'influence du fonctionnement autistique sur la fatigue, aux employeurs et collègues, à la famille, etc., pour susciter la compréhension (et l'empathie ) puis l'adaptation (Et ils parleront moins fort, par exemple.),
- pourquoi pas les casques anti-bruit,
- ou les vestes lestées,
- parler de l'aménagement de l'environnement du travail adapté aux personnes autistes (ces néons et autres luminescences clignotantes, par exemple),
- en parler (en face à face, par écrit, sur des forums, sur des blogs, etc.),
- ...

[astro]

Le collectif c'était de l'humour effectivement, mais oui au fond c'est le moment de s'y intéresser vu qu'on est pas mal dans le cas.

Personnellement je ne saurais pas répondre. Est-ce que c'est ça un burnout ? Mais dans ce cas pourquoi tout le monde n'en fait pas, car ça me semble "normal" d'aller au travail à reculons. Mais en même temps c'est trop "facile" comme excuse pour être arrêté ("Bonjour j'en ai marre. Ok je vous arrête pour X semaines" ).
Est-ce vraiment du au travail ? L'évolution à mon travail se fait en parallèle de la découverte du SA et des TSA, donc difficile de tout démêler. Les difficultés ont toujours été là, mais s'amplifient. Est-ce que c'est moi qui m'en rend plus compte et en supporte moins/commence à saturer, ou est-ce que c'est vraiment le travail qui est plus fatiguant ?

Les seules réactions que je vois c'est d'en parler à son médecin dans un premier temps. Il y a la médecine du travail aussi, mais qu'est-ce qu'elle peut faire ?

Bref beaucoup de questions effectivement ...

Niveau environnement de travail (social, bureaux, etc.), ça reste supportable. Le seul truc qui me va de moins en moins c'est la prise de responsabilité et faire de plus en plus de choses à la fois. Je retournerai bien 3 ou 4 ans en arrière avec faire 1, 2 voire 3 tâches maximum, en restant dans l'aspect technique.

[zad]

qd tu fais une recherche sur le sujet, n'oublie pas que le terme "burn out" est tres à la mode, et n'existait pour ainsi dire pas avant ces dernières années.
ça revient à une dépression (à cause du travail), ce qui est assez courant (toutes professions confondus et toutes pathologies)

[Cryptobiose]

Message supprimé

[Flower]

Si on tape "aspie burnout" ou "Asperger burnout" sur Google, on trouve pas mal de témoignages en anglais sur ce sujet.

A mon avis, surtout avoir un TSA non reconnu ou récemment diagnostiqué doit fortement augmenter les risques de burnout, vu qu'on essaie de compenser ses difficultés dans un environnement pas adapté. Donc la solution sera probablement de tenir compte de ces difficultés et de trouver au cas par cas les adaptations qu'il faut pour éviter que la personne s'épuise.

Je ne sais pas si je suis en "burnout", même si certains ont mentionné ce terme. En revanche, j'ai compris qu'il était effectivement impératif que je m'arrête, comme le disait mon psy, parce que c'était en train de lâcher de tous les côtés.

[freeshost]

Ouais, toute élasticité est finie, donc ne tirons pas toujours plus fort sur la corde.

[Arrêtons de croire à une croissance infinie. Le monde est fini. Et nous ne sommes pas des machines. ]

[Ixy]

J'ai du mal à savoir si burn out est quelque chose de bien défini ou pas.

Personnellement, j'ai connu une période de ralentissement et une grande difficulté à effectuer des tâches quotidiennes au travail après une période de travail intense. Quant à dire si c'est un burn out, je ne sais pas. Selon moi, c'était une étape nécessaire pour remettre les choses à plat et repartir sur des bases saines, même si j'ai l'impression d'avoir perdu du temps.

Mais petit à petit je redémarre et je prends du plaisir pour les tâches même les plus simples

Pour moi il est plus facile d'entrer en burn out qu'une autre personne à cause :
- d'un surinvestissement personnel
- d'une fatigabilité en présence des autres ou pour certaines tâches
- une difficulté à se ressourcer et de profiter du soutien des autres
- la volonté de vouloir (trop) bien faire son travail
- d'un effet "amplificateur" de la pression au travail

Je différencie le burn out et le stress au travail. Il me semble avoir connu les deux mais c'est très différent. Avec le stress on est capable de faire son travail, on est encore relié à ce qu'on le fait, on continue à puiser et dépenser de l'énergie, par contre le corps peut prendre cher . Le burn out, ça ressemble à la dépression, on est incapable de faire la moindre tâche et on a du mal à mobiliser ses ressources pour effectuer son travail.
Le burn out me semble une façon de se protéger car on ne sait plus travailler sans stress et dans ce sens ça me paraît être quelque chose de sain.
Ensuite il faut savoir repartir .

[LOUNA]

Bonjour,

J'ai été victime de 3 burn-out en 3 ans...
Les causes ont été principalement les suivantes :
La 1ère fois, au travail :
- Charge de travail excessive
- Fragmentation des tâches, interruptions
- Difficulté à réaliser certaines missions : là où d'autres avaient laissé tomber, je continuais à vouloir bien faire alors que mes capacités sont assez réduites dans ce domaine de compétence.
La 2ème fois, en formation :
- TROP de travail en collectif
- Modification intempestive de l'emploi du temps
La 3ème fois, au travail :
- TROP de travail relationnel
- Absence de consignes claires, écrites.

Les conséquences : impossible de dormir, de penser à autre chose, renforcement de la volonté de s'isoler, idées suicidaires...

C'est un phénomène qui peut toucher tout le monde, toutes catégories socio-professionnelles et âges confondus. Mais il existe tout de même un profil psychologique de la victime du burn-out : ce sont surtout les personnes surinvesties, perfectionnistes, introvertis, attachés à des idéaux et présentant une certaine rigidité morale... quelques exemples ici :
http://www.docteurbagot.com/y-a-t-il-un ... -burn-out/
http://www.francetvinfo.fr/sante/psycho ... 73697.html

Je suis persuadée que les personnes qui se trouvent dans le spectre de l'autisme sont particulièrement sujettes au syndrome d'épuisement professionnel. Ces personnes peuvent se donner à fond dans le travail, ont la volonté de bien faire, sont moins capables de dire non.
Et le risque de sombrer est renforcé quand on a certaines incapacités invisibles a priori : par exemple lorsque je disais à mes collègues "je ne sais pas faire dans le relationnel", ils ne comprenaient pas et répondaient "ça s'apprend" (j'apprends depuis tellement d'années que je pourrais écrire un livre sur la question, pour autant je ne sais toujours pas faire !).

Je ne connais pas d'étude sur l'autisme et le burn-out, mais cette étude fait état de traits de personnalité dont certains sont exacerbés dans les TSA : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01124140/document

On peut faire le lien avec un phénomène proche, le harcèlement moral au travail, qui peut aussi générer de l'épuisement. Marie-José Cordeau, autiste asperger diagnostiquée tardivement, a écrit un ouvrage réputé sur le sujet en 2004 (Le harcèlement psychologique au travail). Depuis qu'elle a connaissance de son autisme, elle estime que le SA a largement contribué au phénomène dont elle a été victime.

[Lilas]

Personnellement, j'ai connu une période de ralentissement et une grande difficulté à effectuer des tâches quotidiennes au travail après une période de travail intense. Quant à dire si c'est un burn out, je ne sais pas. Selon moi, c'était une étape nécessaire pour remettre les choses à plat et repartir sur des bases saines, même si j'ai l'impression d'avoir perdu du temps.

Je vis aussi souvent cet effet de relâchement après une période de travail intense, mais c'est selon moi quelque chose de très différent du burn out.

Pour ma part, et j'analyse ça comme des signes fort d'alerte, j'en suis à :
- multiplier les crises d'angoisse, sur mon lieu de travail, ou simplement à évoquer le travail
- être très irritable, envoyer bouler les gens hors de propos
- faire des erreurs très grossières, bloquer sur des problèmes que je devrais pourtant maîtriser, m'interrompre en pleine phrase car je n'arrive plus à trouver les mots, me tromper dans des dates de rendez-vous
- me réveiller en pleine nuit et penser au travail
- être au bord des larmes pour des broutilles

Sinon, je suis d'accord pour le reste .

Je vais essayer de monter un petit dossier (style webdoc) à base d'informations pratiques et de nos témoignages sur le sujet.
En espérant que cela puisse aider ceux qui sont en difficulté au travail.

[Ixy]

A mon avis, tu es en phase pré burn-out, fais attention à toi, surtour parles-en autour de toi (y compris à ton patron ?)

On distingue quatre phases dans le burn-out :

la phase d'alarme, qui est une manifestation du stress ;
la phase de résistance, durant laquelle le métabolisme s'adapte aux sensations de stress, le corps devient plus résistant ;
la phase de rupture, qui enclenche la réapparition des réactions caractéristiques au stress de la phase d'alarme, mais ces réactions sont alors irréversibles ;
la phase d'épuisement, qui se traduit par une perte des défenses psychologiques et une angoisse constante.

[misty]

ça revient à une dépression (à cause du travail),

Le burn out, ça ressemble à la dépression, on est incapable de faire la moindre tâche

Je n'associe pas du tout burn-out et dépression. Moi, chaque fois, c'est l'anxiété qui me bloque complètement, et ça se traduit au niveau physique. Je ne pense pas avoir déjà été dépressive.
Et "incapable de faire la moindre tâche", non plus.
En général c'est l'environnement de travail et les gens que je ne supporte plus du tout. Je reste capable d'accomplir des trucs à ma façon de mon côté (même s'il m'arrive d'être épuisée et moins "productive")

Mais il existe tout de même un profil psychologique de la victime du burn-out : ce sont surtout les personnes surinvesties, perfectionnistes, introvertis, attachés à des idéaux et présentant une certaine rigidité morale...

D'après mes psy, c'est pour ça que je suis la candidate idéale, effectivement. Ma rigidité est un gros problème, et au niveau relationnel c'est une catastrophe.

Je vais essayer de monter un petit dossier (style webdoc) à base d'informations pratiques et de nos témoignages sur le sujet.
En espérant que cela puisse aider ceux qui sont en difficulté au travail.

Très très bonne idée, ça!

[Flower]

Très bonne idée de faire un webdoc, Lilas!
Et je rejoins Ixy, fais attention à toi, ce que tu décris a vraiment l'air inquiétant.

[Ixy]

Bon on voit qu'on est pas d'accord sur ce qu'est le burn out C'est le problème avec ce genre de mots qui prennent plusieurs sens.

Pour moi le burn out, c'est ça :

Le syndrome du burnout se caractérise par un état d’épuisement général, à la fois psychique, émotionnel et mental; les «batteries sont vides» et le sujet n’est plus capable de récupérer sur de courtes durées. Ce syndrome d’épuisement s’accompagne d’une série de symptômes.
[...]
Etat d’épuisement général et de dépression sur une période prolongée.
Epuisement à prédominance matinale: le sujet n’est pratiquement pas capable de se lever et souhaiterait dormir toute la journée.
Lassitude générale, qui touche les loisirs, la famille et le partenaire.


Symptômes somatiques

Céphalées, insomnies, troubles digestifs.
Contractures musculaires, douleurs articulaires.
Etat fébrile (frissons, malaise général)
Troubles du sommeil (insomnie ou besoin accru de sommeil)
Photophobie
Troubles cognitifs et difficultés de concentration, troubles de la mémoire
Irritabilité
Etats de confusion

Une des principales caractéristiques du syndrome de burnout est que les symptômes se développent sur une période prolongée et que le sujet n’est pratiquement plus capable de récupérer. Ainsi, même pendant les jours fériés et les vacances, les symptômes ne s’améliorent pas. Même après des efforts de faible intensité, le sujet ne parvient pas à récupérer.