Les aspies et le rapport au temps
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Re: Les aspies et le rapport au temps
Saint Augustin a dit : Le temps, je sais ce qu'il est, mais sitôt qu'on me demande de l'expliquer, je ne le sais plus.
En effet nous ne pouvons l'expliquer car pour expliquer quelque chose, il faut le globaliser, l'envelopper dans un concept plus absolu que lui-même, mais le temps est l'absolu le plus absolu qui puisse être..
C'est la manière dont nous parlons du temps qui détermine notre manière de le pensée ; pour nous "le temps passe", il est donc linéaire et peut être représenté par une flèche de gauche à droite (depuis la mathématisation du temps par Galilée), pour d'autres il est cyclique.
Il est un concept dont nous nous servons chaque jour, mais a-t-il une réalité propre ?
Nous avons coutumes de dire "le temps passe", mais s'il passe, il passe dans quelque chose qui, lui, est fixe. Dans quoi passe-t-il ?
Encore une fois, les mots formatent notre manière de penser, nous disons "le temps passe plus/moins vite", mais le temps n'a pas de vitesse non plus, dire "en relativité, quand on change de vitesse le temps passe moins vite" est une absurdité.
L'ouvrage de Klein dont vous parliez est "les tactiques de Chronos". Il y est question du temps philosophique, physique, mathématique. un très bon ouvrage de vulgarisation (sans être gnangnan) qui a le mérite de poser les bonnes questions et de les retourner sous toutes les coutures.
Le temps, existe-t-il réellement ? Au final personne ne l'a jamais vu. Nous voyons ce que nous appelons ses effets sur les choses : le principe de causalité, l'entropie..
Parfois j'imagine que le temps est cyclique et que nous revivons, sans nous en rendre compte, toujours les mêmes événements. Car si nous revivons précisément les mêmes choses qu'à un moment donné, il nous serait impossible de nous en rendre compte (si nous nous en rendions compte, alors nous ne serions pas réellement retourné dans le passé). Après tout, comment savoir ?
Je m'égare.
Klein conclue par une métaphore illustrant ce qu'est le temps : Il est une prison à roulettes ; prison parce qu'à cause de la causalité nous sommes bloqués dans le présent, à roulettes parce que "ça" avance.
La question qui reste en suspend est : qu'est-ce qui pousse ?
Horloge, Dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit "souviens-toi".
Le Temps, finalement, est peut-être ce Dieu qui a réussi ? Car tout le monde y croit, tout le monde agit selon lui, et pourtant personne ne l'a jamais vu.
En effet nous ne pouvons l'expliquer car pour expliquer quelque chose, il faut le globaliser, l'envelopper dans un concept plus absolu que lui-même, mais le temps est l'absolu le plus absolu qui puisse être..
C'est la manière dont nous parlons du temps qui détermine notre manière de le pensée ; pour nous "le temps passe", il est donc linéaire et peut être représenté par une flèche de gauche à droite (depuis la mathématisation du temps par Galilée), pour d'autres il est cyclique.
Il est un concept dont nous nous servons chaque jour, mais a-t-il une réalité propre ?
Nous avons coutumes de dire "le temps passe", mais s'il passe, il passe dans quelque chose qui, lui, est fixe. Dans quoi passe-t-il ?
Encore une fois, les mots formatent notre manière de penser, nous disons "le temps passe plus/moins vite", mais le temps n'a pas de vitesse non plus, dire "en relativité, quand on change de vitesse le temps passe moins vite" est une absurdité.
L'ouvrage de Klein dont vous parliez est "les tactiques de Chronos". Il y est question du temps philosophique, physique, mathématique. un très bon ouvrage de vulgarisation (sans être gnangnan) qui a le mérite de poser les bonnes questions et de les retourner sous toutes les coutures.
Le temps, existe-t-il réellement ? Au final personne ne l'a jamais vu. Nous voyons ce que nous appelons ses effets sur les choses : le principe de causalité, l'entropie..
Parfois j'imagine que le temps est cyclique et que nous revivons, sans nous en rendre compte, toujours les mêmes événements. Car si nous revivons précisément les mêmes choses qu'à un moment donné, il nous serait impossible de nous en rendre compte (si nous nous en rendions compte, alors nous ne serions pas réellement retourné dans le passé). Après tout, comment savoir ?
Je m'égare.
Klein conclue par une métaphore illustrant ce qu'est le temps : Il est une prison à roulettes ; prison parce qu'à cause de la causalité nous sommes bloqués dans le présent, à roulettes parce que "ça" avance.
La question qui reste en suspend est : qu'est-ce qui pousse ?
Horloge, Dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit "souviens-toi".
Le Temps, finalement, est peut-être ce Dieu qui a réussi ? Car tout le monde y croit, tout le monde agit selon lui, et pourtant personne ne l'a jamais vu.
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"Just another brick in the wall."
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Re: Les aspies et le rapport au temps
Merci n°2 pour ce beau texte.
Le livre d'Etienne Klein est en effet "Les tactiques de Chronos" dont je recommande la lecture. C'est facile à lire et je me souviens avoir été assez déconcertée mais aussi enrichie par cette lecture. Son auteur est un excellent vulgarisateur de l'astro-physique.
@ Charles : j'ai aussi ce décalage par rapport à l'âge
Le livre d'Etienne Klein est en effet "Les tactiques de Chronos" dont je recommande la lecture. C'est facile à lire et je me souviens avoir été assez déconcertée mais aussi enrichie par cette lecture. Son auteur est un excellent vulgarisateur de l'astro-physique.
@ Charles : j'ai aussi ce décalage par rapport à l'âge
Neuro pas du tout typique, diagnostiquée hqi, ne souhaite pas faire de diagnostic SA
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Re: Les aspies et le rapport au temps
Merci n°2. Tu m'as donné l'envie de lire, ce qui est un exploit. Faut-il encore que je "trouve le temps"
Très ce cette notion d'aliénation lexicale ! Je la ressens chaque jour. Et les mathématiques ne permettent pas de s'en affranchir suffisamment.
Le temps passe, ... dans la clepsydre, le temps s'écoule ... dans le sablier. Mais il est aussi matérialisé dans cette phrase, dans un mètre, un poids, une vitesse ... Il est là, car nous sommes là et nous sommes là parce qu'il est là. Sommes nous le temps, vit il en nous ?
Le temps est associé à la vie, car il n'existe que parce que l'on nait et que l'on meurt. L'univers serait né il y a 15 milliard d'année. Mais le big-bang me pose problème : le temps lui-même peut-il naitre et mourir ? Comment est-il possible pour un physicien de concevoir un temps T0 ? Moi, je ne peux pas.
Chercher une origine au temps serait chercher le point origine d'un cercle.
Ou alors le temps est-il asymptotique ? Ce qui impliquerait en effet une notion "supérieure" à l'absolu ...
Mais le temps reste un repère et le liant de toute notre société. Sans lui, que deviendrait notre société, Que serait la politique, la finance, la production ?
ce qui est certain pour moi, c'est que ce sujet est chronophage .... est qu'il emporte e rire des enfants, comme dit la chanson.
Très ce cette notion d'aliénation lexicale ! Je la ressens chaque jour. Et les mathématiques ne permettent pas de s'en affranchir suffisamment.
Le temps passe, ... dans la clepsydre, le temps s'écoule ... dans le sablier. Mais il est aussi matérialisé dans cette phrase, dans un mètre, un poids, une vitesse ... Il est là, car nous sommes là et nous sommes là parce qu'il est là. Sommes nous le temps, vit il en nous ?
Le temps est associé à la vie, car il n'existe que parce que l'on nait et que l'on meurt. L'univers serait né il y a 15 milliard d'année. Mais le big-bang me pose problème : le temps lui-même peut-il naitre et mourir ? Comment est-il possible pour un physicien de concevoir un temps T0 ? Moi, je ne peux pas.
Chercher une origine au temps serait chercher le point origine d'un cercle.
Ou alors le temps est-il asymptotique ? Ce qui impliquerait en effet une notion "supérieure" à l'absolu ...
Mais le temps reste un repère et le liant de toute notre société. Sans lui, que deviendrait notre société, Que serait la politique, la finance, la production ?
ce qui est certain pour moi, c'est que ce sujet est chronophage .... est qu'il emporte e rire des enfants, comme dit la chanson.
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Re: Les aspies et le rapport au temps
Tant mieux Charles : )
Oui nous représentons toujours le temps en un mouvement dans l'espace, le sable qui s'écoule, l'aiguille des secondes qui avance.. Il me semble d'ailleurs que dans la grèce antique, les philosophes considéraient le temps comme une succession de mouvements dans l'espace.
Le temps vit-il en nous ? Kant a plus ou moins répondu à cette question (l'espace et le temps comme concept nécessaire et a priori) de manière remarquablement logique, comme à son habitude.
Le temps et l'espace sont des formes intuitives et a priori (non empirique) ; elles sont les conditions a priori de toute donation de quelque chose pour nous.
Le temps est a priori
1er argument : la perception de simultanéité et de succession serait impossible si nous n'avions pas déjà l'idée de la simultanéité et de la successivité.
2eme argument :. Ce qui est nécessaire est a priori. La temporalité est nécessaire (et ainsi non contingente) puisque nous ne pouvons nous représenter les choses que spatio-temporellement), le temps est donc a priori (et non pas empirique).
Et il en est de même pour l'espace.
la thèse de l'a posteriorité de l'espace supposerait que l'on tire la représentation de l'extériorité de l'expérience d'un extérieur. Mais on rencontre quelque chose d'extérieure seulement si l'on dispose déjà de la représentation de l'extérieur. La spatialité précède donc la rencontre de quelque chose d'extérieure.
Affirmer que l'espace est empirique est intenable car sa conséquence serait qu'on ne rencontre jamais rien d'extérieur, c'est impossible.
Oui nous représentons toujours le temps en un mouvement dans l'espace, le sable qui s'écoule, l'aiguille des secondes qui avance.. Il me semble d'ailleurs que dans la grèce antique, les philosophes considéraient le temps comme une succession de mouvements dans l'espace.
Le temps vit-il en nous ? Kant a plus ou moins répondu à cette question (l'espace et le temps comme concept nécessaire et a priori) de manière remarquablement logique, comme à son habitude.
Le temps et l'espace sont des formes intuitives et a priori (non empirique) ; elles sont les conditions a priori de toute donation de quelque chose pour nous.
Le temps est a priori
1er argument : la perception de simultanéité et de succession serait impossible si nous n'avions pas déjà l'idée de la simultanéité et de la successivité.
2eme argument :. Ce qui est nécessaire est a priori. La temporalité est nécessaire (et ainsi non contingente) puisque nous ne pouvons nous représenter les choses que spatio-temporellement), le temps est donc a priori (et non pas empirique).
Et il en est de même pour l'espace.
la thèse de l'a posteriorité de l'espace supposerait que l'on tire la représentation de l'extériorité de l'expérience d'un extérieur. Mais on rencontre quelque chose d'extérieure seulement si l'on dispose déjà de la représentation de l'extérieur. La spatialité précède donc la rencontre de quelque chose d'extérieure.
Affirmer que l'espace est empirique est intenable car sa conséquence serait qu'on ne rencontre jamais rien d'extérieur, c'est impossible.
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Re: Les aspies et le rapport au temps
".. et les Mistral gagnants" même génération, toi et moi, Charles (une de mes références temporelles, les chansons )
Mère absolument atypique (mais à quel niveau ?) d'une petite atypique de 5 ans dont le diagnostic est enfin en route..
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Re: Les aspies et le rapport au temps
Scusez moi d'avance.
Pour moi le temps, ce n'était rien d'autre que du découpage d'une journée "jour/nuit", de façon à peu près équilibrée, qui nous permettait de hierarchiser les temps de sommeil, de boulot, de loisirs ou le reste. Je ne visualise pas ça comme un cercle par exemple.
Pour moi le temps, ce n'était rien d'autre que du découpage d'une journée "jour/nuit", de façon à peu près équilibrée, qui nous permettait de hierarchiser les temps de sommeil, de boulot, de loisirs ou le reste. Je ne visualise pas ça comme un cercle par exemple.
Maman d'un enfant TED diagnostiqué au CRA de Reims.
Je ne suis pas très typique, sans avoir pourtant creusé la question d'une façon ou d'une autre.
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Re: Les aspies et le rapport au temps
Je ne dirais qu'une chose :
Vous n’avez pas les permissions nécessaires pour voir les fichiers joints à ce message.
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Les aspies et le rapport au temps
@Tugdual :
Et moi je dirais une autre chose : existe t-il autre chose que maintenant ?
Et moi je dirais une autre chose : existe t-il autre chose que maintenant ?
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Re: Les aspies et le rapport au temps
Côté perception, le passé comme le futur,Astragale a écrit :Et moi je dirais une autre chose : existe t-il autre chose que maintenant ?
c'est peanuts, roupies et sansonnets !
Aux dernières nouvelles, le passé (souvenirs)
et le futur (imagination) sont gérés par les
mêmes circuits cérébraux, et tous deux
fabriqués à partir d'éléments disparates.
Mais on s'écarte du rapport au temps ...
TCS = trouble de la communication sociale (24/09/2014).
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Re: Les aspies et le rapport au temps
Tugdual a écrit :Je ne dirais qu'une chose :
J'aime beaucoup !
Maman d'un enfant TED diagnostiqué au CRA de Reims.
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Je ne suis pas très typique, sans avoir pourtant creusé la question d'une façon ou d'une autre.
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Re: Les aspies et le rapport au temps
Astragale, voire : maintenant existe-t-il vraiment ?
Puisque sitôt que je le pense il appartient déjà au passé...
Puisque sitôt que je le pense il appartient déjà au passé...
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Re: Les aspies et le rapport au temps
Exact !evolution650HBn°2 a écrit :Astragale, voire : maintenant existe-t-il vraiment ?
Puisque sitôt que je le pense il appartient déjà au passé...
Seul existe le moment présent avant la pensée.
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Re: Les aspies et le rapport au temps
C'est étonnant, je trouve qu'il y a de plus en plus de jeunes
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Re: Les aspies et le rapport au temps
Je vois le présent comme un point de discontinuité entre le passé et le futur.Astragale a écrit :Exact !evolution650HBn°2 a écrit :Astragale, voire : maintenant existe-t-il vraiment ?
Puisque sitôt que je le pense il appartient déjà au passé...
Seul existe le moment présent avant la pensée.
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Re: Les aspies et le rapport au temps
j'ai toujours pensé qu'il n'y a de présent que ce que l'ont ressent, tout ce que l'on voit ou entend fait parti du passé puisqu'ils ont tous les deux une vitesse, certes les vitesses sont élevés donc le décalage n'est pas perceptible pour la lumière 300 000kms trop rapide mais pour le son elle est perceptible, 340 mètres par seconde, un objet visuel et sonore situé à environ 1 km (feu d'artifice) il y aura un décalage d'environ 3 secondes entre l'explosion et le son de l'explosion.
Plus on regarde loin plus on regarde le passé, à un mètre c'est déjà le passé
Plus on regarde loin plus on regarde le passé, à un mètre c'est déjà le passé
Đī@gnőstįqué TSA