Cherchez la mère de .. Christophe Lemaitre

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Rem 82
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Re: Cherchez la mère de .. Christophe Lemaitre

Message par Rem 82 »

freeshost a écrit :"The uploader has not made this video available in your country."

" :lol: "
Chez moi ça marche ! :)

Pas en Suisse apparemment... :roll:
Aspi.

Je pars d'ici :arrow:
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freeshost
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Re: Cherchez la mère de .. Christophe Lemaitre

Message par freeshost »

Sus aux frontières du partage ! L'internet devrait se libérer de toutes ces frontières politiques.
Pardon, humilité, humour, hasard, confiance, humanisme, partage, curiosité et diversité sont des gros piliers de la liberté et de la sérénité.

Diagnostiqué autiste en l'été 2014 :)
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Jean
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Re: Cherchez la mère de .. Christophe Lemaitre

Message par Jean »

JO 2016 - athlétisme : la résurrection de Christophe Lemaitre
LE MONDE | 19.08.2016 | Par Yann Bouchez (Rio de Janeiro, envoyé spécial) et Anthony Hernandez (Rio de Janeiro, envoyé spécial)

Image
Christophe Lemaitre, jeudi 18 août, au stade olympique de Rio.

Christophe Lemaitre est seul. La scène se passe au Club France, mercredi 10 août, à Rio de Janeiro, où certains membres de l’équipe d’athlétisme sont venus répondre aux sollicitations de la presse. Le sprinteur d’Aix-les-Bains, en Savoie, après avoir répondu à quelques questions, est laissé de côté. Son comparse Jimmy Vicaut, le recordman de France et d’Europe du 100 m, aimante les micros. L’image est cruelle pour l’ancienne coqueluche du sprint tricolore du début des années 2010. Si ce manque d’intérêt l’a dérangé, il n’en a rien laissé paraître. A 26 ans, Christophe ­Lemaitre est un garçon bien élevé, pas du genre à bouder lorsque les éléments sont contraires.

Le Français boude encore moins son plaisir quand le balancier se décide enfin à osciller en sa faveur. Alors, jeudi 18 août à Rio, au terme d’une finale du 200 m remportée par l’inévitable Jamaïcain Usain Bolt (19’’78), désormais ­octuple champion olympique et en course pour un neuvième titre avec le 4 × 100 m ­samedi, devant le Canadien Andre De Grasse (20’’02), il a savouré son inespérée troisième place (20’’12). Un podium arraché de haute lutte, grâce à un cassé époustouflant qui lui a permis de souffler trois millièmes de seconde au Britannique Adam Gemili.

« Juste incroyable »


Christophe Lemaitre a apprécié avec la satisfaction de celui qui en a longtemps bavé sans trop se plaindre. « Je pense qu’à part Bolt, qui ­serait dégoûté d’être en argent, tout le monde serait content d’avoir une médaille olympique, déclare-t-il à tous ces micros qui soudain se tournent de nouveau vers lui. C’est juste ­incroyable. » Il est le premier sprinteur tricolore à monter sur un podium olympique individuel depuis le bronze d’Abdoulaye Seye. C’était aux Jeux de Rome, en 1960, déjà sur le demi-tour de piste. C’est dire la performance du sprinteur d’Aix-les-Bains.

Pour être honnête, la probabilité avant le ­début des Jeux de Rio que le Français monte sur le podium du 200 m semblait aussi élevée que celle de Bolt de se contenter de l’argent. Et pourtant. Une demi-finale très convaincante, mercredi 17 août, avait esquissé certains espoirs. L’élimination surprise de l’Américain Justin Gatlin, vice-champion olympique sur 100 m à Rio, vice-champion du monde en titre et deuxième meilleure performance de l’année sur 200 m avant d’arriver aux Jeux, en a nourri davantage.
« Il faut d’abord courir pour soi, pour s’amuser. Et ce soir, je me suis bien amusé »

Reste qu’en finale, Christophe Lemaitre a dû « se déchirer jusqu’à la fin ». Il lui a fallu faire avec les moyens du bord. Avec un Bolt dans le couloir d’à côté qui l’a largué d’entrée : « Ça m’a tué. Je vois qu’il me dépasse très vite dans le virage. Je me dis : “Punaise, ça pue, ça pue”. Je vois que je n’arrive pas à rattraper [le Néerlandais] Churandy Martina aussi vite que je l’espérais. Il fallait que je me libère si je voulais y arriver. » La libération vient dans l’ultime ­ligne droite, non sans effort. « Les jambes avaient du mal à enchaîner, j’avais du mal à les garder hautes. J’ai senti que j’étais moins fluide. J’ai dû batailler sur ça. » Jusqu’à ce cassé salvateur, donc.

Une dernière ligne droite ébouriffante que le décathlonien Kévin Mayer, médaillé d’argent quelques minutes plus tôt, a suivi à la télévision, alors qu’il répondait aux questions d’une chaîne cryptée. « J’ai crié parce que j’ai vu en ­direct qu’il remontait, explique Kévin Mayer. Christophe, ça faisait longtemps qu’on disait qu’il n’avait plus son finish exceptionnel d’avant, qu’il était fini. J’y ai toujours cru. Ça fait plaisir, ça va clouer le bec à énormément de personnes. C’est un bon type. Tout ce qui lui arrive là, il le mérite. Et ce n’est pas fini, pour lui aussi. »

Conforté dans ses choix


Un goût de revanche ? Christophe Lemaitre réfute le terme. Il préfère évoquer « une ­renaissance ». Et espère que ce ne sera « pas un one shot ». « Une résurrection » qui lui a rappelé son triplé (100 m, 200 m, 4 × 100 m) aux championnats d’Europe de Barcelone en 2010, à tout juste 20 ans. Ou sa médaille de bronze déjà sur le demi-tour de piste aux Mondiaux de Daegu (Corée du Sud) en 2011. Le temps des victoires, de l’insouciance et de la jeunesse. Précoce, Christophe Lemaitre a ensuite semblé vieillir plus vite que les autres. Quand sa foulée s’est crispée, les doutes ont commencé à l’envahir.

Ces deux dernières années, l’élève de Pierre Carraz n’arrivait plus à dominer la scène ­continentale qu’il survolait naguère de sa longue foulée. Aux Mondiaux de Pékin, en 2015, il avait été éliminé dès les demi-finales du 100 m et du 200 m. « L’année dernière, je voulais prouver aux autres que je pouvais être là et que je pouvais faire de grandes choses. Mais j’ai compris que ça ne servait à rien. Il faut d’abord courir pour soi, pour s’amuser. Et ce soir, je me suis bien amusé ! » Les membres de la délégation tricolore aussi, eux qui récoltent leur sixième médaille depuis le début des Jeux, le meilleur total en athlétisme depuis les JO de Londres, mais ceux de 1948 où Micheline ­Ostermeyer et ses condisciples étaient montés sur huit podiums.
« Courir pour ma gueule et pas pour les autres, c’est ça qui m’a réussi dans ce championnat »

La médaille de bronze de Christophe Lemaitre conforte le sprinteur dans ses choix, comme par exemple celui de rester avec le même entraîneur, Pierre Carraz. Combien de fois a-t-il reçu des conseils plus ou moins avisés lui suggérant de prendre un coach plus huppé, de quitter son cocon savoyard pour franchir un palier ? « Quand on est compétiteur, qu’on fait des contre-performances et qu’en plus on reçoit des critiques des gens, ça touche l’orgueil, reconnaît Christophe ­Lemaitre. Courir pour ma gueule et pas pour les autres, c’est ça qui m’a réussi dans ce championnat. »

« Courir pour sa gueule », peut-être, mais après la finale, le Français est venu consoler son concurrent britannique Gemili. « Si ça avait été moi, je serais dévasté. Je pense à la douleur qu’il doit ressentir. Ça doit être dur. » Dans les bons ou les mauvais moments, Christophe Lemaitre est décidément un garçon bien élevé.

http://www.lemonde.fr/jeux-olympiques-r ... 10444.html
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Re: Cherchez la mère de .. Christophe Lemaitre

Message par nouvo »

très content pour lui,
c'est une grande victoire de 3ème place :bravo:

ses interviews et certaines attitudes / commentaires de journalistes me mirent mal à l'aise

espérant - souvent - que tout se passe au mieux pour lui dans ces situations.

Après de très grands résultats (précoces) il était sur une baisse régulière en terme de performances et aussi d'importance pour lui.

Bref, il ne semblait plus dans le coup. Je suis ravi qu'il est fait de beaux JO matérialisés par cette médaille olympique.

--

quant au sujet de l'autisme, ma fois, not impossible.
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Jean
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Re: Cherchez la mère de .. Christophe Lemaitre

Message par Jean »

Le JDD du 5/08/2012
Les mondes parallèles de Christophe Lemaitre
Adolescent mutique et solitaire, le Savoyard s’est ouvert grâce au sprint. Tout en gardant son côté secret.
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On ne pénètre pas comme ça dans le monde de Christophe Lemaitre, 22 ans. Quiconque s’en approche voit s’ériger les barbelés : mots comptés, soupirs assumés, regard en fuite… Si avenant et démonstratif sur la piste, le sprinter s’efface en dehors. Son for intérieur? Insondable. Marithé, la mère, comprend qu’on tente de percer le mystère. Mais prévient d’emblée les excès, colère à peine rentrée : "Certains ont dit qu’il y avait quelque chose de pathologique chez Christophe. Un journaliste, à la radio, a même parlé d’autisme. C’est n’importe quoi! Je suis infirmière psychiatrique, je sais de quoi je parle. Mon fils est juste très timide."

Loin du stade et de son effervescence, le sourire ne se donne plus qu’aux proches. Et l’exercice médiatique se transforme en "cauchemar", dit-il. Il vient à peine de s’asseoir qu’on perçoit déjà son envie de repartir. Pas de faux-semblant : "Oui, ça m’emmerde de répondre aux questions. Parler, ce n’est pas mon truc. Parler de moi encore moins." Alors il se force un peu. Consent à esquisser la "bulle" dans laquelle il aime se réfugier. "Dedans, il y a juste le nécessaire : ma vie privée, ma famille, la compétition et un quotidien normal d’étudiant." Précisément à l’IUT d’Annecy (DUT en génie électrique), à 30 km de son appartement d’Aix-les- Bains, acheté l’an passé.

"Je n’arrivais pas à me fondre dans le collectif"

Si Lemaitre n’accorde pas facilement sa confiance, c’est qu’il a mis du temps à la trouver. Avant de le révéler au monde, l’athlétisme l’a révélé à lui-même. L’adolescent replié y a trouvé un terrain d’expression. "J’étais solitaire, du genre à rester des heures dans ma chambre. Mes parents m’ont poussé vers différents sports, foot, rugby, hand… pour me faire sortir, découvrir des gens. Mais je n’arrivais pas à me fondre dans le collectif."

L’initiation à l’athlétisme, le 10 septembre 2005, à la Fête du sport de Belley (Ain), a valeur d’acte fondateur. L’entraîneur Jean-Pierre Nehr en fut le premier témoin : "Christophe était couvé, ses parents ne le lâchaient pas d’une semelle. Je ne savais pas trop ce qu’il ressentait. Mais il était assidu aux séances." Pierre Carraz, timonier de l’Athlétique Club aixois, a pris la relève. Dans sa bouche revient le mot qui fâche sa mère : "Au début, j’ai cru qu’il était limite autiste. Mais en le voyant à l’aise avec les autres, j’ai compris qu’il n’y avait pas de souci." Les autres, ce sont les athlètes. Tous ses amis, et il en a "très peu", sont des camarades d’entraînement. Sa petite amie aussi. Mais il n’a "pas de vrai confident", simplement parce qu’il n’a "pas envie de tout dire sur [lui]."

L’athlé, il le voit comme "une bénédiction". Sa mère comme "une revanche". Revanche sur les railleries de cour de récréation. Au collège, son mutisme et son cheveu sur la langue en faisaient une proie facile. Il ne répliquait jamais. "J’aurais voulu mais ça ne sortait pas. Je le vivais mal."

"En course, quand il remonte les autres, il est en colère"

Aujourd’hui, il lui arrive de croiser des anciens élèves de sa classe. Ils viennent le saluer avec respect, lui ne s’attarde pas, sourit intérieurement. "Il était méprisé par les autres, c’est vrai, se souvient Florence Denis, sa prof d’histoire-géo au collège de Culoz. À l’adolescence, tout le monde se sent nul ou moche. Christophe refusait simplement de tricher avec ça en faisant le m’as-tu-vu ou en entrant dans le rapport de force. Les autres le lui faisaient payer."

Les blessures juvéniles sont peut-être le creuset de sa force aujourd’hui. Bilel Belmahdi, un de ses proches, à la fois voisin, condisciple à l’université et à l’ACA, en est persuadé : "Je sais que ses silences lui servent à se protéger, mais qu’il écoute tout. Et je sais aussi qu’une fois sur la piste, Christophe fait ressortir toute cette haine accumulée. En course, quand il remonte les autres, il est en colère. C’est un exemple pour beaucoup de jeunes qui se sont fait marcher sur les pieds. Pour ça, il est quelqu’un de rare."

En histoire-géo, "ses copies respiraient l’intelligence"

Au point que Pierre Carraz soulève l’hypothèse du surdoué : "Christophe, je l’ai déjà vu jouer au poker, lire et pianoter sur son téléphone en même temps. La partie de poker, c’est lui qui la gagnait. Oui, j’ai déjà songé que ses problèmes relationnels étaient ceux que rencontrent les surdoués." Ses obsessions en porteraient aussi la trace : "Il n’a jamais compris l’échec. Petit, les manettes de jeux vidéos volaient quand il perdait", explique Christian Lemaitre, le paternel. Son épouse renchérit : "Jusqu’à ses 8 ans, on le laissait gagner à tout pour éviter ses colères. Je me souviens qu’il s’obstinait aux échecs sur l’ordinateur. On lui expliquait que la machine s’adapterait toujours pour le battre. Il a insisté, jusqu’à faire match nul."

Banal, son parcours scolaire ne témoigne d’aucun don singulier. Mais d’après Florence Denis, ses soucis de communication ont masqué une vivacité d’esprit peu commune : "Contrairement aux autres copies moyennes, j’adorais lire les siennes, tant elles respiraient l’intelligence. Il comprenait toutes les subtilités que je voulais faire passer. Il fallait juste aller le chercher dans son texte. Alors avec le temps, je sais qu’il effacera ses difficultés d’expression."

Quand Lemaitre se voit parler à la télé, il zappe. Quand il se voit courir, il reste. Et quand il court, il ne pense plus à grand chose, si ce n’est au plaisir de l’instant. La pression, connaît pas. La fameuse bulle est imperméable. "Le regard d’un stade sur moi ne m’intimide pas du tout. Pas de trac, pas de boule au ventre. Je n’ai que la course en tête, je suis juste content d’être là." Le vrai secret finalement? "Contrairement à d’autres, observe Carraz, ce détachement, cette résistance au stress, lui permettent de battre ses meilleurs temps dans les grands rendez- vous. Son monde à part est un atout précieux."

En piste dès mardi. Début des séries du 200 m à 12 h 50.

Damien Burnier et Stéphane Colineau, à Aix-les-Bains - Le Journal du Dimanche
dimanche 05 août 2012
père autiste d'une fille autiste "Asperger" de 41 ans