Problème pour le certificat : mon médecin ne me connait pas

[Riji]

Bonjour Thomiste,

Merci pour ton message. Si j'avais eu le budget, je me serais en effet orientée vers le privé pour passer les tests.

Mais ce n'est pas tout à fait exclu, à vrai dire, même si je dois vider complètement ma tirelire...

C'est ce que ma soeur a fini par faire, des années après avoir lu par hasard dans le bilan CRA de sa fille, "la mère présente une triade autistique". C'était là, dans ce dossier, et personne ne lui en a parlé.

Elle aura mis 6 ans au total pour que ses difficultés soient entendues, ayant comme moi commencé par le CEAA de Niort, puis ensuite être passée par un diag de bipolarité. Sa seconde fille vient d'être elle aussi reconnue sur le spectre par le CRA de Bordeaux. Mais là encore, après avoir été étiquetée bipolaire pendant des années, avec traitements antidépresseurs, lithium, xanax et autres chimies de synthèse prescrites contre la schizophrénie. Aujourd'hui elle est en hôpital de jour, toujours sous traitement, avec TOC envahissants agrémentés de quelques hallucinations. La gamine vient de fêter ses 26 ans...

Tout ça pour dire que je rejoins mille fois ton analyse sur l'état de l'offre diagnostic en France. Merci de l'avoir exposée si justement et avec intelligence.

Oui les CRA ont des objectifs liés à leur dotation en subventions. Ce n'est pas une polémique, c'est un fait. N'importe quel rapport indépendant sur la politique du service public de la santé depuis ces 30 dernières années l'expose en détails.

En tous les cas, je suis contente d'avoir livré ici mes interrogations. Je me sentais seule et désarmée.

Et puis hier je suis allée retirer un dossier MDPH, et chose que j'ignorais, le certificat médical peut être rempli par tout professionnel-le en charge d'un suivi, y compris les psychologues. On peut également joindre plusieurs certificats.

Dans la foulée, j'ai contacté mon CMP. Après tout, c'est là bas que toute ma démarche a commencé.

En fait, dans l'idéal j'aurais besoin d'un spécialiste qui m'aborde dans ma globalité. Mais c'est oublier que la médecine conventionnelle segmente tout et envisage l'individu en portions distinctes. Je vais donc devoir exposer mes maux physiologiques à mon médecin, mes blocages à ma psychologue, mes traumas à un psychiatre... Si je réussis à en voir un... Et après, peut-être, pouvoir exposer mes besoins à la MDPH avec des éléments tangibles dans mon dossier.

J'en ai encore pour deux ou trois ans, avec le sentiment extrêmement désagréable pour moi, que ma différence ne peut être envisagée autrement que médicalisée.

[Thomise]

Bonjour Riji,
je suis tellement triste quand je lis le parcours qu'ont dû endurer ta sœur et ta nièce... Je trouve cela indigne d'une société qui se dit "moderne". Je suis sure que dans les sociétés dites "primitives" ce genre de maltraitance (faire prendre des traitements inadaptés aux effets secondaires conséquents, imposer des consultations où il faut déballer ses difficultés intimes alors que c'est si difficile et souvent traumatisant devant la dureté des professionnels de santé, etc.).
Bref, même "s'il paraît selon certains " que les personnes TSA "n'auraient pas" d'empathie, sache que toute ma compassion et ma sympathie vont à ta famille.

En fait, dans l'idéal j'aurais besoin d'un spécialiste qui m'aborde dans ma globalité. Mais c'est oublier que la médecine conventionnelle segmente tout et envisage l'individu en portions distinctes.

C'est en effet le drame absolu de la déviance, qui ne fait que s'aggraver d'années en années de la médecine. De nos jours, on ne soigne plus des personnes mais : des poumons, des intestins, des psychés, des ligaments, des cellules sanguines... Là encore, je trouve cela d'une absolue tristesse.

Je vais donc devoir exposer mes maux physiologiques à mon médecin, mes blocages à ma psychologue, mes traumas à un psychiatre...

En effet, je crains que tu doives en passer par là. Quelle violence que de t'imposer cela alors que tu es déjà en souffrance et en difficulté. Je trouve que c'est la double (triple?) peine. Comme si c'était facile de devoir exposer sa vie, ses maux, ses traumatismes... Ceux qui ont eu la chance de n'avoir jamais à connaître ça ignore tout de la douleur et de l'épreuve que cela représente. C'est un peu comme quand dans un tribunal on demande encore et encore à une victime de crime (viol, acte de barbarie...etc) de devoir raconter ce qu'elle a subie, le tout devant un public médusé qui ne mesure pas l'intensité de la souffrance interne de la personne. Sans compter les nuits, et les jours d'angoisse qui suivent pour la victime alors que les autres vivent leur vie et ont déjà tout oublié ou presque...
Cela me choquera et me révoltera toujours je pense.

En tout ça, j'espère vraiment que tu trouveras des personnes humaines et respectueuses à ton égard, et que tu auras dans ton entourage personnel tout le soutien nécessaire dans ces moments difficiles.

Bien à toi.
Thomise.

[Riji]

C'est très gentil, Thomise, merci beaucoup.

Tu sais, je suis en recherche active d'un nouveau logement en ce moment (une aventure encore perdue d'avance mais il va bien falloir que cette vie domestique obligatoirement équipée H24 d'un casque anti-bruit étant donné que cette société ne sait qu'exister à travers et par le bruit... bref) et bien je peux te dire qu'en haut du top 184 des individus dépourvus d'empathie, il y a les propriétaires offrant leur bien à la location...

Très belle soirée à toi.

[Riji]

Petite suite de ma démarche après rdv avec mon médecin puis au CMP.

Le premier accepte de soutenir ma demande auprès de la MDPH étant donné l'impact de mes difficultés dans ma vie professionnelle ; on a prévu de se revoir quand j'aurais rassemblé le plus d'éléments possibles à joindre à son certificat, notamment l'avis d'un oto-rhino sur mes problèmes de voix.

Le second au CMP a été une impasse totale.
Alors que j'y ai obtenu un courrier d'adressage après consultations d'un interne afin de déposer une demande au CEAA il y a 4 ans, aucune trace de moi dans leur base de données. Il a d'ailleurs fallu au cours de l'entretien avec l'infirmière expliquer ce qu'était le CEAA, mais aussi un TSA, et une RQTH... Elle a avoué n'avoir plus droit à aucune formation, et apprendre maintenant des choses des personnes qu'elle reçoit. À la question souhaitez-vous un suivi, j'ai répondu oui, mais en commission clinique il a été décidé que je n'en avais pas demandé, considérant que mon HPI était un "diagnostic déjà posé".

Voilà, donc pour rigoler encore un peu, j'ai envoyé mon bilan psy qui "fait l’hypothèse diagnostic d’un Trouble du Spectre Autistique" au CEAA (en soulignant l'exploration à venir de la dysphonie, l'alexithymie et le TAG comme éléments complexifiant une anamnèse) celui-ci ayant toujours clos gentiment ses e-mails par des "N’hésitez pas à revenir vers nous pour toute autre demande, nous restons à votre disposition".

Je rigole à moitié, car chacun de ces rdv sont pour moi l'occasion de fondre en larmes et de finir épuisée.

Prochaine étape, obtenir mon dossier d'un précédent suivi psy dans une vie antérieure... déposer une nouvelle demande au CRA de Bordeaux.
J'en ai pour au moins deux ans d'attente...