Les critiques "divergentes" :
Sur Critikart :
film hors normes, les cahiers du cinéma et les inrockuptibles (accès abonnés pour les deux) ne sont pas du côté du film non plus.
Critikat.com
par Josué Morel
Malgré l'intérêt de ce qui se joue autour des acteurs, le film bute sur une contradiction qui le limite, au-delà de son dénouement sirupeux et de ses velléités hagiographiques.
La critique complète est disponible sur le site Critikat.com
Cahiers du Cinéma
par Jean-Sébastien Chauvin
À vouloir distribuer des câlins à tout le monde, les réalisateurs ont oublié d’observer le monde des autistes et de les laisser exister.
Les Inrockuptibles
par Emily Barnett
En répartissant ainsi les rôles, le duo donne le sentiment d’être passé du côté obscur de la force, celle qui consiste à instrumentaliser un handicap comme faire-valoir invisible d’acteurs surpuissants, déroulant leurs numéros pétris de discours moraux, de préférence en hurlant. Rien de hors norme à cela : on est bien dans les clous du cinéma de marché.
Olivia Cattan Hugo Horiot Sophie Robert
Et une autre critique d’un parent d’autiste sévère lue ailleurs :
« Bien que le film soit très émouvant, les acteurs et la mise en scène excellents, j’en suis sorti avec une sensation de malaise profond.
Je ne connais pas les associations dont il est question, elles ont l’air de faire un boulot, non pas excellent, - car pour cela il faudrait avoir été formé au moins sur les techniques d’accompagnement et d’éducation des personnes autistes, mais ces éducateurs « free lance » semblent au moins être remplis de bonne volonté. L’idée des deux associations qui travaillent ensemble est d’utiliser des « cabossés » de la société pour en aider d’autres.
Il font du palliatif, ils récupèrent ceux que tous les établissement médico-sociaux rejettent. Ils font ce qu’ils peuvent en faisant prendre des risques incroyables aux bénéficiaires de leurs accompagnements. Ils y a des moments terrifiants dans ce film, d’autres qui font sourire. Toledano et Nakache savent jouer avec nos émotions, c’est leur marque de fabrique et leur « fond de commerce ».
Hélas ! ils ne sont pas Ken Loach. Ce film montre, mais aucun moment ne s’engage, jamais il ne dit clairement que c’est à cause de choix de société, de choix « thérapeutiques » ou d’éducation désastreux et de négation de la différence que la France en est là : déléguer à des associations de parents ou religieuses de pallier à ses carences. Et pire : déléguer au monde associatif et à celui de la charité, la réparation et la gestion des dégâts d’un système éducatif inadapté aux différences.
Est-ce que le film interpelle les pouvoirs publics ? Que nenni ! Les producteurs vont donner 5 % des bénéfices au financement des deux associations qui ont inspiré le film ! La belle affaire ! Je suis content pour elles et leurs salariés qui sûrement font de leur mieux. Et après ? On continue comme ça encore combien de temps ? N’y a t’il des autistes adolescents et adultes qu’en région parisienne ?
Est-ce que le film dit ou évoque une seule fois que dans certains pays, les autistes adultes qui n’ont pas pu être adaptés à notre monde normatif sont aussi encadrés et accompagnés sans avoir besoins de « solutions d’urgence » ?
Non, il entérine la « solution » charitable, comme quand, jadis, faute d’écoles et d’hôpitaux pour les « pauvres » c’étaient des fondations religieuses qui se chargeaient de leur éducation et de leurs soins.
Je suis le père d’un enfant autiste dit « sévère » ce n’est pas du tout ce dont j’ai envie pour son avenir : l’alternative entre l’établissement médicalisé avec les psychotropes pour atténuer les troubles du comportement ou l’accueil précaire dans des associations qui font « ce qu’elles peuvent ».
Sommes-nous citoyens d’un pays du tiers monde ? (Ceci dit sans aucun mépris, certains font mieux que nous en terme d’inclusion sociale de la différence !)
J’ai eu certes la larme à l’œil devant ce film, mais les émotions, ça n’est pas la raison. « Oh ! les pauvres ! » Qui a envie d’être plaint ? Quand ce pays mettra t’il enfin les moyens pour que toute sa population ait le droit à une éducation adaptée à sa diversité ?
Quand verra-ton un film qui ne soit pas compassionnel envers les autistes mais qui les montre avec leur diversité, avec ou sans talent particulier, comme le reste de leurs congénères, juste différents. »
Personnellement je n’ai pas vu le film. N’ayant pas vu
Intouchables pour les raisons évoquées plus haut par Tugdual et d’autres, je n’ai pas spécialement envie de le voir, au vu de ce que je lis.
Je pense qu’il risque d’avantage de me révolter un peu plus encore sur le système qui ne fait pas souvent de choses cohérentes pour les autistes dits sévères...