lepton a écrit :Pour revenir à la question, la vision "glamour" de certaines formes d'autisme vient à mon avis d'une méconnaissance de l'autisme dans le grand public.
C'est clair, et le souci pour moi c'est que cette tendance à glamouriser ces conditions autistiques est entretenue voire pire par certaines personnes qui se réclament de l'autisme. J'ai parfois eu l'impression d'un certain complexe de supériorité, notamment au niveau intellectuel, à la lecture de certaines choses.
Je pense qu'il est question aussi d'un certain côté vu comme "excentrique cool" qui à titre perso m'a fait beaucoup de mal. Même sans parler d'autisme, plein de gens projettent des choses sur des comportements ou attitudes qu'ils trouvent originales/anticonformistes, sauf que ça tourne avec le vent et que tu peux avoir l'impression d'être accepté comme tu es alors que 20 minutes plus tard tu te prends un retour de manivelle monstre car la personne a décidé que ça suffisait comme ça et que franchement tu pourrais faire des efforts.
J'ai pas mal vécu ça dans le milieu artistique et quelque part je trouve plus simple d'être rejetée dès le départ.
C'est pareil avec l'autisme, à cause de ce que je nommerais le "syndrome Luna Lovegood": les gens sont tout sourire avec toi, tu es super original(e) et ça c'est trop cool, tu t'en fous de ce que les autres pensent (ce qui s'apparente en réalité plus à un déficit, mais que eux considèrent comme positif), tu fais "tes trucs" dans ton coin et whaou, ça c'est super, tout est whaou, tout est super, on vient te complimenter sur tout et surtout sur rien à tel point que tu captes z... Et tout d'un coup tu ne sais ni d'où ça arrive ni comment, mais les mêmes personnes viennent te reprocher de ne pas être un peu plus normale.
Pour cette raison, je trouve ça traitre certaines représentations très stéréotypées de l'autisme et comportements approchants. Tu as l'impression que les gens acceptent une partie de ton autisme (celle qu'ils trouvent cool) et du coup tu ne vois pas venir le rejet massif de tout ce qui ne leur convient pas. Moi en tout cas je ne le vois jamais venir, et pour cette raison j'aimerais bien en finir avec "l'excentricité cool" et tout ce qui va avec.
Dans le cadre de ma thérapie j'ai aussi appris que beaucoup de gens voudraient accorder moins d'importance à la validation sociale (sujet abordé de façon très pertinente par J.Schovanec dans son dernier livre), et que du coup il leur arrive, d'une certaine façon, d'envier les autistes. Plusieurs non-autistes m'ont déjà avoué une certaine forme de jalousie à ce sujet.
Je crois que ça peut participer à ce que je considère comme un malentendu, car c'est une vision partielle et biaisée.
Une autre chose qui peut agacer, c'est ce fameux mythe du "club des gens spéciaux". J'ai passé une grande partie de ma vie à me voir reprocher de ne jamais rien faire comme tout le monde, et le jour où enfin après une bataille interminable j'ai pu comprendre l'origine de tout ça, je me suis vue accusée de "chercher à être spéciale". Quand je vois quelqu'un débarquer dans cet état d'esprit de "club élitiste", j'ai vraiment du mal, parce que je ne suis pas comme ça du tout et pourtant j'ai pris et je continue de prendre pour tous ceux qui le sont (et tous ne sont pas autistes, loin s'en faut). J'ai le même souci avec ceux qui sont assez autistes pour être différents et spéciaux mais pas assez pour être handicapés.
Tout le monde est spécial d'une façon ou d'une autre, certains le sont sûrement plus que d'autres mais il n'y a aucun "club de gens spéciaux", et l'autisme reste un handicap. D'un côté il y a la vision qui brille avec connaissances pointues et cette fameuse "excentricité cool", entre autres, et de l'autre il y a la vision qui ne brille pas du tout quand régulièrement en cas de crise je trouve quelqu'un pour me demander si je suis sourde ou débile (devant plein de gens, si possible).
Pour ce qui est d'être diagnostiqué ou pas, je ne juge pas quelqu'un à son diagnostic ou absence de diagnostic; et je suis contre les catégories et sous-forums sur ce sujet puisque le but c'est d'échanger et que c'est précisément avant ou lors du diag que ce besoin est maximum.