Salicorne a écrit :Le problème, je crois, est que tout dans la vie est continuum. L'être humain crée des catégories parce qu'elles l'aident à penser, qu'il en a besoin pour construire la science. La réalité ne procède pas par bonds, il y a un continuum entre soleil et grain de sable, entre végétal et animal, etc. Aux extrémités, les différences peuvent apparaître criantes, mais il ne semble pas toujours facile de les théoriser de manière exhaustive.
Totalement d’accord
.
Si on imagine (pure vue de l’esprit) un spectre autistique allant de zéro à 100 (imaginez un dégradé du blanc au noir), et un seuil de « diagnostique officiel » mettons à 70, alors la personne ayant 65 va être recalée au diag, pour autant dans son vécu elle se sentira peut-être bien plus proche d’un aspie que d’un NT (sera-t-elle grise ? Ou bien rayée noir et blanc ? Genre « zebrée » ? Une zone zèbre de 50 à 70 ?
).
On peut bien sûr avancer le fait qu’il y a des aspies HPI et des aspies non HPI, ou des NT HPI et non HPI, et donc réfuter la possibilité d’un continuum, perso je me dis que le cerveau est en 3D, que son organisation structurelle peut donc être atypique en 3D, et qu’il faut donc peut-être réfléchir à un continuum en 3 dimensions.
Si on met en abscisse un axe NT <> autiste et en ordonnée un axe LowQI <> HQI, on est déjà en 2D. Mais pour peu qu’il y ait une corrélation entre degré d’autisme et QI (en imaginant que les spécificité de structure cérébrale auraient tendance à affecter les deux), les 2 axes auraient tendance à se rapprocher.
Et il faut voir aussi que faire des connexions, des continuums, c’est un peu le fonctionnement de base d’un esprit HPI… n'en déplaise à Tugdual
Perso j’ai bien aimé ce livre.
Bon c’est clair qu’il est autocentré. Elle ne parle que de son cas (bon ok, elle fait quelques généralités abusives). Mais je suppose qu’il faut le prendre comme ça : un témoignage personnel. Libre à d’autres aspies de faire un livre pour amener d’autres facettes. La BD de Julie Dachez m’avait donné un peu le même feeling : Une bonne part de la BD concerne l’environnement de travail en open space et le diag du CRA, mais pour une personne en questionnement n’ayant jamais été confrontée à cet environnement et n’étant pas encore en démarche diagnostique, de nombreuses pages ne vont pas lui parler, même si les pages « relationnelles » (copain, amis) peuvent parler à tous.
Et il est possible qu’on observe souvent une certaine fierté chez les individus HQI, une facilité de compréhension, une rapidité de réflexion qui pousse vers cette fierté.
L’aspie HQI peut donc trouver dans le HQI une sorte de compensation partielle aux difficultés dues au SA, voir l’intellect comme une sorte de « refuge », un moyen d’avoir — pour une fois — l’ascendant sur les autres.
C’est peut-être aussi parce que ces témoignages sont récents dans le paysage littéraire français. Ceux qui écrivent se décrivent presque comme des « rescapés », aussi bien Alexandra Reynaud vis à vis du psy qui n’avait pas pris sa mère au sérieux (lui évitant à l'époque une prise en charge peut-être plus destructrice que bienfaitrice), que Julie Dachez qui était en galère avant son diag, d’où également pour les 2 une sorte de sacralisation du diag made in CRA.
Le SA gagnant en visibilité (un peu), des associations et groupes de travail se structurant (j'espère), peut-être qu’à l’avenir les aspies diagnostiqués dans l’enfance ou l’adolescence (ou des chercheurs & universitaires) pourront sortir des livres plus « observateurs », plus érudits du SA, moins personnels.
D’une certaine manière, peut-être que ces ouvrages s’adressent plus aux NT qu’aux aspies, ou aux personnes en questionnement qu’aux personnes déjà diagnostiquées.
Un truc que j’aime bien, c’est qu’elle montre que c’est possible (suivant son SA), d’être une mère épanouie. Je ne serais pas étonné que des femmes aient peur de passer le diag (ou de faire la moindre démarche en ce sens) de peur d’être ensuite forcément considérée comme inapte à être mère. J’ai par ailleurs déjà lu un avis d’une femme disant qu’elle n’aurait probablement pas eu d’enfant si elle avait eu connaissance de son SA
.
Je pense aussi que j’ai bien aimé ce livre parce que je trouve que son profil correspond pas mal (le déni en moins) à la nana très probablement aspie que j’avais rencontrée. Ce côté fier, parfois un peu arrogant... Ce paradoxe d'une personne à la fois altruiste et égocentrique, hypersensible et peu empathique.
C’est vrai que ça manque clairement dans ce livre : Les ressentis d’un aspie qui se sait aspie, c’est bien, mais les ressentis et comportements d’un aspie dans l’ignorance ou le déni, c’est autre chose.
Ce que je reproche aussi c’est que comme elle est aspie et HPI, on ne sait jamais si ce qu’elle décrit se rapporte à l’un ou l’autre (par exemple lorsqu’elle décrit — de façon assez arrogante tout en se sentant coupable de ces pensées — les gens au supermarché, enchainant ensuite sur le fait que certains malmènent leurs enfants. Je suis devenu hypersensible depuis que je suis sorti du faux-self et au moindre enfant qui pleure mon esprit part tout seul en boucle en s’imaginant que le gamin est peut-être maltraité, et il me faut 15-30 minutes pour penser à autre chose, au point que j’ai envie de passer le moins de temps possible dans ces lieux publiques, idem l’autre jour dans la salle d’attente du médecin où un père parlait à sa fille sans aucune tendresse perceptible. Je me sens oppressé dans un monde de gros bourrins).
Berdol, j'ai encore fait une thèse...