Qu'est-ce que rendre l'autisme glamour ?

[Meddio]

@Lulumae : j'ai toujours vu les relations sociales comme des rôles à jouer et ai toujours été bien conscient de ce que je cachais et des masques portés. Du coup, pour moi, la classe est un endroit où je joue un rôle plus codifié (le rôle professeur et le rôle élève existent indépendamment de moi), plus encadré, plus maîtrisé, et donc plus simple. A ce titre, je trouve que le rapport à une classe est bien plus aisé que celui avec mes collègues dans la salle des professeurs, ou avec n'importe quelle autre personne. J'ai une légitimité à y être, je parle de quelque chose que je maîtrise, j'écris moi-même le script et je contrôle complètement leur parole. En entreprise, par exemple, vu comment je suis intégré en salle des profs, et comment j'ai pu mal me faire voir du principal (qui m'a menacé de me faire un rapport parce que je lui disais ouvertement ce que personne ne disait en face, ce qui est insensé car ça n'aide pas à régler les problèmes de ruminer quelque chose dans le dos de quelqu'un), je ne ferais pas long feu.

Après, il faut, je pense, que chacun aille où c'est le plus simple pour lui et le moins coûteux en terme d'énergie et de santé mentale. C'est encore un compromis entre "ce que je dépense/ce que ça me rapporte".

[Alceste]

@lulamae

Il faut du temps ...

Je suis (presque) comme toi.

Je n'ai pas (encore) de solution à long terme.

Pensée positive (le verre à moitié plein), réduction (autant que possible) des besoins financiers, réalisme (la vie est dure, typique ou atypique), penser "out of the box" ... et échanger.

Il y a une place pour tous, pas toujours celle dont on rêve, il ne faut pas la chercher, il faut la construire.
Pas facile, mais possible.

Courage !!

[lulamae]

@Meddio : c'est ce que j'admire, ce détachement à accepter de jouer ce rôle. J'en suis incapable, même si avec les élèves je ne me montre pas "à nu", au contraire, je ne raconte jamais ma vie, mais quand je suis fâchée ou que je plaisante ou les taquine, c'est moi, et si je rencontre une incompréhension, c'est moi qui me sens remise en cause, intégralement et non en tant que représentante d'une fonction. C'est devenu trop casse-gueule pour moi.

@Alceste : je suis d'accord sur le fait que la place à trouver n'est peut-être pas idéale, mais qu'elle existe, et je vais m'employer à faire mon trou de souris (rat de bibliothèque, j'aimerais bien ! ) où je pourrai rester tranquille pour les années qui me restent, sans exigences abusives, sans "rêves de grandeur". Et m'employer à réduire mes besoins financiers, pour le cas où mon niveau de vie baisserait (sauf que j'ai deux enfants qui vont bientôt envisager des études supérieures)...

[Siobhan]

@tous

Je suis d'accord avec tout ce qui se dit et les nuances présentées.



Une autre chose qui a beaucoup pesé dans ma décision d'entamer des démarches diagnostiques : j'ai aussi fait tout ça dans une démarche militante.
En effet j'ai cotoyé, comme probablement une bonne partie d'entre vous, grand nombre de personnes dans de grandes détresses psychologiques, été dans l'entourage d'un suicidé dont le diagnostic était très flou, et suis dans l'entourage d'un grand nombre de personnes ayant tenté de se suicider, et qui me ressemblent.
Sans parler de mon histoire personnelle.

Donc j'ai voulu savoir en faisant faire les recherches diagnostiques, en ayant bien sûr la trouille au ventre quant au résultat.

Et aussi parce que j'ai eu de plus en plus envie de cracher (métaphoriquement) à la figure des gens (je parle de professionnels des soins psychiatriques et éducatifs, pas de piliers de comptoir lambda) me disant en somme "Mais maintenant que vous avez fait vos preuves en ayant votre diplôme et en prouvant que vous êtes normal, pourquoi donc voudriez-vous devenir autiste ?". J'exagère à peine. À peine... Voire pas du tout.

[hazufel]

Je te rejoins sur le fait de comprendre aussi un passé familial fracturé et dramatique, par rapport à soi, et remettre des pièces de puzzle à leurs places au vu des diagnostics psychiatriques posés il y a 40 ans....

[lulamae]

Je te rejoins sur le fait de comprendre aussi un passé familial fracturé et dramatique, par rapport à soi, et remettre des pièces de puzzle à leurs places au vu des diagnostics psychiatriques posés il y a 40 ans....

Pareil pour moi, même si c'est trop tôt pour l'affirmer.

[Meddio]

Pendant la magnifique nuit que j'ai passée, j'ai trouvé* cet article.
Je ne savais pas trop où le mettre et j'avais envie de le partager, je pense qu'il aurait sa place ici.
Il s'intitule "Non, le syndrome d'Asperger n'est pas une mode"

http://blogs.lexpress.fr/the-autist/201 ... -une-mode/






*sans grand mérite, ma trouvaille a consisté à taper "asperger" dans google actualités

[Benoit]

Il y a un thread sur les autistes "connus" qui discute de tous ces cas.
D'ailleurs, 'Alice' le mentionne pour Tajiri.
Dommage qu'elle balaie la réponse du poids culturel, parce que c'était la bonne réponse.

[Meddio]

En effet, elle le mentionne sans s'y attarder. C'est vrai qu'à partir du moment où il y a des difficultés sociales et que les règles sociales sont relatives aux différentes cultures, il est délicat, n'appartenant pas, ou méconnaissant la culture d'une personne, de juger de son niveau d'adaptation*.

J'ai croisé ce thème il me semble mais ne m'y étais pas arrêté.

Il est toutefois intéressant de remarquer que les deux (le glamour et les "autistes" célèbres) sont intimement liés. C'est même un des ressorts de la mercatique à partir d'un sophisme syllogisme simple :

Telle personne incarne la réussite, est désirable
Telle personne utilise ce produit
= Tel produit incarne la réussite, est désirable

Pour le transcrire avec l'exemple qui nous intéresse :

La vie de telle personne est désirable/glamour
Telle personne est autiste
= Être autiste est désirable/glamour

*Je m'étais d'ailleurs posé la question de l'influence entre une ascendance "étrangère" et le SA

[Benoit]

Ou alors ces personnes sont vraiment autistes (je parle exclusivement des contemporains vivants) et effectivement la société empêche de le dire.

[Meddio]

Tu voudrais dire par une forme de tabou (c'est évoqué dans l'article aussi) ?

Je pense que si ces personnes sont vraiment autistes et qu'il existe vraiment un "autisme glamour", certains l'auraient exploité pour leur image de marque.

ou alors

Si ces personnes sont vraiment autistes et que "l'autisme glamour" n'existe pas (on s'imagine juste que certains le voient comme ça alors que c'est faux), on peut comprendre que ce soit caché.

Du coup c'est très paradoxal puisqu'il me semble que peut être admis tout en même temps que l'autisme bénéficie d'une sorte d'image fantasmée grand public mais à la fois d'une forme d'image stigmatisante et péjorative grand public également

[Benoit]

L'autisme est par essence l'antithèse du glamour. Plutôt le contraire, une combinaison de logique et de pragmatisme.
Communiquer autour de l'autisme sur ce thème, ce serait totalement contre productif.
Les autistes s'en foutent du glamour.

Qu'une boite comme Microsoft ("mais qui donc est son fondateur ?") cherche part tout les moyens à recruter des Aspies, ça vaut plus qu'un long discours.

[lulamae]

J'ai lu tout l'article, et relié le contenu à cette discussion sur les personnes célèbres, de même que la remarque "on est tous un peu autistes" (développée par Julie Dachez dans une vidéo), qui en fait le pendant.
J'aime bien la remarque sur Einstein, récupéré tant par des communautés autistes (??) que bipolaires...

Petite remarque : si je suis effectivement diagnostiquée autiste, je préférerai dire "je suis autiste" à "je suis asperger".

[Meddio]

Oui mais dans ce fil, il me semble qu'il ne s'agissait pas discuter de ce qu'était l'autisme par essence. Je pense que tout le monde est d'accord là-dessus : malgré la présence parfois de certaines facilités sur des points précis, c'est surtout synonyme de grandes difficultés (voire plus important encore). Il m'a semblé que ce qui était discuté c'est :

1) Comment une vision populaire (type lieu commun) avait une image étriquée de ce qu'était l'autisme - image fantasmée dite glamour
2) Comment certains autistes - ayant souvent été victimes de rejets - préfèrent taire leurs difficultés pour plutôt mettre en avant les points où ils ne s'en sortent pas trop mal

Le deuxième point est peut-être le plus problématique et, tel que je le comprends, est lié au premier.

Prenons l'exemple d'un autiste passionné d'informatique :
- Il ne va prendre la parole/écrire que pour parler d'informatique où il excelle et va apparaître très performant (ex : participation type recherche ou article, médias, autre)
-Il ne va pas parler de ses difficultés (hors sujet, mais aussi peur qu'on abuse de lui, que l'histoire ne se répète, d'être rejeté, de subir des violences, etc.)
- Du coup, la personne qui l'écoute/le lit et qui n'y connaît rien et qui se contentera de ce qu'on lui donne sans aller chercher plus loin, n'aura accès à l'autisme que par le prisme "génie de l'informatique" et pourra trouver ça glamour


D'ailleurs, pour revenir sur la logique et le pragmatisme, il me semble qu'elle est présente également dans les systèmes de communication qui suivent une certaine logique et qui ne sont pas là pour rien - cf l'exemple de la mercatique plus haut, mais aussi le fait que les médias ne s'attardent que sur ce qui est le plus vendeur d'une façon très pragmatique finalement.

En dehors de ça, je ne suis pas sûr que les autistes s'en foutent du glamour si celui-ci conduit à être acceptés et non plus rejetés* - je ne parle pas pour les autistes ni même pour moi, j'émets un doute, et c'est un sujet qui mérite réflexion.

La où ça pose problème c'est quand seul l'aspect glamour est accepté du type "ok je te parle parce que tu es un pro de l'informatique, mais je saurais te renvoyer en pleine face ton moindre écart social".

*Il me semble que certains œuvrent même dans ce sens tels qu'Hugo Horiot qui veut faire de l'autisme un atout, une chose désirable pour la société et le glamour c'est cette désirabilité.

[Benoit]

Je suis sûrement trop con pour comprendre, mais je ne vois pas le rapport entre ça et le terme "glamour".