L'article décrit le processus d’information, qui va des recherches publiées (1ère étape) à une conférence entre chercheurs (deuxième étape), puis à un éditorial (3ème), un communiqué de presse (4ème), de nouveaux articles (5ème) et la réaction des lecteurs (6ème).
Ci-dessous une traduction partielle (3ème et 4èmes étapes) :
Troisième étape: L'éditorial
Ensuite, un groupe qui travaille sur les risques environnementaux pour les enfants publie un document. Pas une étude de recherche, mais un éditorial dans un journal avec révision par les pairs . Dans cet édito, ils examinent la conférence [dont il était question dans la deuxième étape] et encouragent l'étude des facteurs environnementaux et de leur relation avec les troubles du développement neurologique. L'autisme est l'un des nombreux troubles neurodéveloppementaux et est mentionné par son nom dans l'article et son titre. Ce n'est pas clair pour moi pourquoi ils identifient l'autisme - ils ont un vague couple de preuves qui sont spécifiques à l'autisme, mais pour la grande majorité de ce qu'ils cherchent il n'a jamais été démontré une quelconque relation à l'autisme, même pas une corrélation.
Le Problème n ° 1 est la mention inutile de l'autisme . Le Problème n ° 2 est bien pire, c'est la liste des 10 produits chimiques qu'ils suggèrent pour une étude future. La liste elle-même n'est pas une mauvaise idée, je pense. Ils suggèrent des endroits pour une recherche potentielle, ce qui doit certainement être fait. Mais cela rend un parfum un peu du genre des magazines, vous savez ce que je veux dire, « 10 façons d'obtenir que votre Mec Vous Enflamme! » etc. Quand même c'est leur prérogative.
Donc, examinons leurs preuves pour ces suggestions. Ils citent au moins un article pour chacun de ces produits chimiques. Je les ai tous vérifiés. La grande majorité d'entre eux n'ont jamais montré aucun lien avec l'autisme (ou même le TDAH, un autre diagnostic, qu'ils mentionnent). En fait, beaucoup d'entre eux montrent que l'exposition à ces produits chimiques, les écarts de résultats entre l'exposition et la non-exposition est de cinq points de QI.
CINQ POINTS DE QI. Statistiquement significatif? Peut-être. Important pratiquement pour un parent? Non.
Le QI lui-même est une chose étrange et vague. Et cinq points ne vont pas déplacer votre super-génie au niveau d'une personne typique. Ils auront toujours un super-génie. Et ajouter cinq points à quelqu'un à l'extrémité opposée de l'échelle ne va pas le rendre typique, non plus. Il est difficile d'imaginer quelle différence vous voyez entre deux personnes dont les QI sont différents de cinq points.
Ces différences statistiques pourraient bien être un signe pour justifier une étude plus approfondie. Et ils peuvent être un signe que ces produits chimiques affectent le développement neurologique. Mais c'est aller très en avant que de nous dire qu'ils sont soupçonnés d'être liés à l'autisme. Beaucoup de ces documents sont rédigés dans des domaines de recherche qui commencent tout juste. Beaucoup d'entre eux concernent des groupes homogènes (par exemple, tous les participants sont des travailleurs migrants d'origine mexicaine-américaine) qui rend les questions de génétique et d'hérédité très difficiles à justifier. Beaucoup impliquent des auto-déclarations des parents en remplissant des sondages plutôt que d'avoir des enfants examinés par des professionnels.
Soyons justes. Ce sont les débuts de la recherche. Vous aurez besoin de faire toutes sortes de tests rigoureux et de considération pour établir des connexions réelles. Bien sûr, plus de recherche est nécessaire. Et il est important que nous le gardions à l'esprit tant que nous progressons.
Quatrième étape: Le communiqué de presse
L'éditorial est sujet à publicité donc c'est le début du problème. Mais il y a pire. Un communiqué de presse vient avec la liste des dix produits chimiques et déjà la déformation commence. Ce sont des produits chimiques proposés pour des recherches plus poussées, mais tout à coup ils deviennent le Top Ten des Produits Chimiques Toxiques Soupçonnés de Produire Autisme et Troubles d'apprentissage. Ceci, sans surprise, est le titre que vous verrez partout sur internet lorsque les agences de presse font une dépêche sur le communiqué de presse. Déjà cela a changé de suggestions pour la recherche en une liste de surveillance.
Mais il y a pire. Le communiqué de presse a ce deuxième titre:
L'éditorial a été publié aux côtés de quatre autres documents - chacun suggérant un lien entre les produits chimiques toxiques et l'autisme.
Non, en fait ce n'est pas du tout exact.
Commençons par le premier document, qui examine la possibilité d'un lien entre le tabagisme maternel et l'autisme. Quelle est sa conclusion?
Les analyses primaires ont indiqué une association inverse avec un peu tous les TSA [.]
Qu'est-ce que ça veut dire? Chez les enfants autistes par rapport aux enfants non-autistes, il y avait effectivement moins de tabagisme maternel dans le groupe d'autisme. L'article souligne que quand il s'agit de "sous-groupes», par exemple TSA sans déficience intellectuelle ou syndrome d'Asperger, il peut y avoir une relation éventuellement positive Mais il y a tellement de mises en garde, je ne peux même pas arriver à les citer toutes. Prenons simplement celle-ci:
Les variables de sous-groupes TSA étaient imparfaites, en s'appuyant sur l'accès de l'enfant aux services d'évaluation et à la documentation par une myriade de fournisseurs de services communautaires, plutôt que directement par l'observation clinique.
Cela signifie que lorsque qu'ils disent que certains groupes d'enfants TSA peuvent avoir cette relation, ils n'ont pas fait classer ces enfants. Ils n'ont jamais vu ces enfants. Ils s'appuient sur des données recueillies par d'autres personnes. Pas même par un ensemble cohérent de personnes. Cela vient de onze Etats différents et qui sait combien de fournisseurs. Qui sait quel degré de précision. Et qui sait si ces enfants sont correctement classés à leur place particulière dans le spectre.
Alors, prenez tout cela avec un plein bocal de sel et vous vérifiez l'ensemble, aucun lien avec le tabagisme. S'il y a quoi que ce soit, les données semblent indiquer que le tabagisme a moins d'autisme plutôt que plus.
Après cela, il y a deux articles sur le même produit chimique. L'un d'eux ne contient nulle part le mot "autisme". (Un de ses références l'a, mais nulle part il n'apparait dans le texte de leur communication.) Le deuxième article est meilleur. Il met l'accent sur les effets du produit chimique dans des processus particuliers qui ont été reliés à l'autisme. Ceci est une science à très petite échelle, il n'y a pas de personnes impliquées, seulement des cellules et des produits chimiques. C'est une recherche importante, mais il y a une longue étendue entre les interactions cellulaires et le diagnostic d'une personne. Il ne comportait aucune analyse avec des personnes autistes. C'est certainement l'article le plus utile du paquet sur un plan général, mais il prépare simplement la voie pour des recherches plus poussées.
Le quatrième document est une revue. Cela signifie qu'il ne fait valoir aucune nouvelle information, mais qu'il résume la recherche sur une question particulière, en particulier les pesticides et l'autisme. Techniquement, je suppose que il défend un lien, mais rien de tout cela n'est une information nouvelle.
Donc, je pense que nous avons à peu près démoli le titre dans ce communiqué de presse. Il n'y avait pas quatre articles suggérant un lien entre les produits chimiques et l'autisme.
Est-il probable que les rédacteurs qui s'emparent de ce communiqué de presse et écrivent des articles sur lui vont lire les articles qu'il cite? Vont-ils se rendre compte que ce qu'ils disent n'est pas vrai? Ils le devraient. Bien sûr, ils le devraient. Mais ils ne le font pas.
Cette liste a des produits chimiques suspectés d'être liés au développement neurologique. Et nous devrions en rester là. Ce n'est pas qu'ils ne devraient pas être étudiés. Ils le devraient. Mais nous ne devrions pas être balancer des mots à la mode comme TDAH et autisme lorsque la recherche ne montre pas de données solides.