autisme et etoile jaune

[Franck Derrien]

bonjour

maman m'a dit plusieurs fois que la personne qui m'avait dit que j'etais autiste asperger a l'ecole m'avait mis une etoile jaune

des projets de mettre un signe distinctif sur toutes les personnes ayant un handicap mental ( comme une etoile jaune ) pour les exclure de certains metiers ont ils deja ete proposes ? cela fait un peu peur comme idee je trouve

bonne journee

franck derrien

[Liane]

Non Franck, il n'y a pas de projets de ce genre. Mais tu as raison ça fait peur !

Ta mère parlait ( maladroitement) au second degré. C'est du même genre que l'expression " coller une étiquette à quelqu'un" .

[Benoit]

Historiquement, l'étoile jaune à une signification très spécifique et ce n'est pas l'autisme ni le handicap "mental" avec lequel certains imbéciles font le rapprochement...

Au pire, je suppose que dans les porteurs du Triangle Noir il a dû y avoir des autistes.

Mettre sur quelqu'un une étoile jaune en France est à mon avis passible d'une peine très lourde, je suppose qu'il y a tout de même une durée de prescription dans ce cas.

[omega]

Mouais, c'est une image probablement, et de bien mauvais goût.

[Liane]

C'est une image de très mauvais goût et qui montre que la relation et la communication entre toi et tes parents ne fonctionnent pas pour le moment,Franck, puisqu'ils sont capable de dire des choses pareilles

Mais au sujet de la recherche d'un travail ça reste une image. Ce n'est pas la réalité.

[Franck Derrien]

bonjour

je comprends pas trop pourquoi utiliser une image et pas dire directement la verite dans ce cas

bonne journee

franck derrien

[Liane]

Tu as raison, c'est une mauvaise habitude de parler en images.
On ne fait jamais assez attention aux mots que l'on prononce et qui peuvent rester longtemps en mémoire chez celui à qui ont les dit.
Utiliser une image sans s'assurer que l'autre personne a bien compris ce que l'on veut dire, c'est un manque de respect.

Je ne connais pas ta maman mais je pense qu'elle a des difficultés à parler de la réalité car elle ne comprends pas ce que tu vis.

Elle devait sans doute être très en colère ou très triste pour utiliser une image comme celle de l'étoile jaune. Quand on a trop d'émotions on dit n'importe quoi et on s'éloigne aussi de la réalité

[snip]

Du point de vue symbolique l'image peut avoir quelque sens, hormis l'holocauste.

Je connais des adultes autistes qui ont pu évoluer dans de bien meilleures conditions que des autistes du même type pour la simple raison que leurs parents ont passé leur temps à dissimuler que leur enfant était autiste alors qu'ils en étaient informés. Ces autistes ont pu suivre une scolarité très difficilement mais cela les a sauvé surtout si on compare avec les autistes de la même génération.

De fait ils ne sont jamais passé par un HP un IME ( peut être un peu dans un Camsp ) et ils n'ont connu que l'école pas facilement mais le résultat est probant.

Alors qu'on puisse imaginer en considérant que se sont des rescapés parce qu'ils n'ont pas été étiquetés autistes çà ne parait pas outrancier.

De mémoire lointaine je crois me souvenir Temple Grandin avoir abordé ce problème d'être étiqueté autiste.

A y réfléchir l'exemple du rescapé des Camsp me laisse assez interrogatif.

[Liane]

Dans les cas dont tu parles Snip je suppose que les parents ont tout fait pour soutenir leur enfant et l'aider à s'insérer . Ils connaissaient le diagnostic ou du moins avaient conscience des troubles, mais ne voulaient pas que cela se sache à l'extérieur. C'est un point de vue qui se défend bien sûr.
D'après ce que dit Franck, je crois que pour ses parents il y a actuellement un refus de prise de conscience. Je comprends qu'ils aient peur d'un terme et peur que cela le bloque pour l'avenir. Mais je pense que surtout ils ne voient pas leur fils tel qu'il est.
Enfin c'est Franck qui sait.
J'espère que tu vas nous donner des nouvelles, Franck !

[Jonquille57]

Je connais un jeune homme dont les parents ont toujours caché l'autisme de leur enfant, même si il l'ont connu très tôt. Ce jeune en a beaucoup souffert. Donc, chaque cas est particulier.

Dans le cas de Franck, sa maman n'arrive pas à accepter la réalité et c'est ce qui rend ses propos et son comportement vis à vis de Franck aussi cruels. J'espère qu'avec le temps, elle révisera son jugement...

[manu]

maman m'a dit plusieurs fois que la personne qui m'avait dit que j'etais autiste asperger a l'ecole m'avait mis une etoile jaune

D'après ce que tu dis aussi ici ça correspond au fait que elle ne peut pas supporter de le voir. C'est là qu'il y a un problème grave.
Elle voudrait que ça n'existe pas, que tu ne soit pas ce que tu es, ou que ça reste caché, alors elle fait un parallèle avec une chose insupportable, par ce que elle ne le supporte pas.

C'est injuste de sa part a elle, car ce que tu es n'a pas été créé par la personne qui t'as dit autiste asperger.
Ce n'est pas le mot qui crée l'autisme, ni ces difficulté de vie, c'est un mensonge de le laisser croire.
Ce que tu es a le droit d'exister, y compris parmi les autre, y compris au yeux des autres, et la faute grave serrait de vouloir faire comme si ça n'existait pas. C'est ça qui reviens a t'interdire de vivre comme tout les autres, car les autre, eux, ont le droit d'être vue pour ce qu'ils sont.

[Etienne]

Franck Derrien a écrit:
maman m'a dit plusieurs fois que la personne qui m'avait dit que j'etais autiste asperger a l'ecole m'avait mis une etoile jaune

Dans un lointain passé,les nazis ont mis des étoiles jaunes aux juifs.Y'en avait une spéciale pour les handicapés.

D'après ce que tu dis aussi ici ça correspond au fait que elle ne peut pas supporter de le voir. C'est là qu'il y a un problème grave.
Elle voudrait que ça n'existe pas, que tu ne soit pas ce que tu es, ou que ça reste caché, alors elle fait un parallèle avec une chose insupportable, par ce que elle ne le supporte pas.

Une forme d'eugenisme.Typiquement la même logique que les anciens criminels de guerre à Nuremberg...

des projets de mettre un signe distinctif sur toutes les personnes ayant un handicap mental ( comme une etoile jaune ) pour les exclure de certains metiers ont ils deja ete proposes ? cela fait un peu peur comme idee je trouve

Les nazis l'ont fait avec leur projet t4.Ils ont tués beaucoup d'handicapés,bref tout ce qui était pas conforme aux blond aux yeux bleus....

Peter Block ,sous ordre d'heimerich Himler,a fait executer 5000 handicapés menetaux en autriche au chateau d'hantzimmer.


Sous vichy,en 1942,on a laisser périr 40000 handicapés menetaux dans nos hopitaux...

LE CDH DEMANDE QUE L'ON REINTEGRE DANS LA MEMOIRE COLLECTIVE NATIONALE LE GENOCIDE DES PERSONNES HANDICAPEES PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE.
« Nulle part il n'est fait allusion à l'extermination des personnes handicapées ! »

En effet, qui sait que 40 000 personnes handicapées mentales sont mortes de faim, de froid et de maltraitance dans nos hôpitaux psychiatriques ? Un jeune historien, Samuel Odier, a retrouvé un échange de courrier du printemps 1942 entre des médecins de l'hôpital psychiatrique de Saint - Egrève ( Isère ) et un fonctionnaire du Secrétariat d'Etat à la Santé ( 23ème région sanitaire ).

A la demande de suppléments alimentaires ( matières grasses, lait, etc... ) de l'établissement, le fonctionnaire répondit au directeur, à propos de suppléments susceptibles d'être alloués : « Demandez à vos médecins de désigner les bénéficiaires par classement basé sur la distinction ci-après : les malades récupérables, c'est à dire ceux qui, par un traitement approprié et un séjour de courte durée dans votre hôpital, pourront être rendus à la liberté et reprendre leur place dans la société et leur activité antérieure : ce sont ceux-là qu'il convient de réalimenter » ( in « Le train des fous » de P. Durand, Éditions Syllepse ; « L'extermination douce » de M. Laffont, Éditions Le Bord de l'Eau ).

Certains historiens d'aujourd'hui continuent à nier que Vichy a condamné à mort 40 000 personnes handicapées mentales, en déclarant pour l'un « que le placard vichyste est déjà bien encombré sans qu'il soit besoin de l'enrichir de nouveaux cadavres « . Est-ce parce qu'un historien estime les placards pleins qu'il faut arrêter d'écrire l'histoire, notre histoire ?

Ce silence pèse encore sur notre mémoire collective occultant le destin des personnes handicapées. Le régime hitlérien a commencé par exterminer des personnes handicapées ( 250 000 ). Qui à l'époque s'est soulevé contre cela ? Peu sinon personne ! Qui en parle aujourd'hui ?

Le CDH propose que l'Etat, en partenariat avec les élus locaux, édifie une stèle commémorative dédiée aux 40 000 personnes handicapées françaises mortes de faim et de froid dans les hôpitaux psychiatriques durant la seconde guerre mondiale et aux milliers de victimes handicapées exterminées en raison de leur différence. Ce devoir de mémoire pourrait se faire avec le concours d'artistes handicapés.

Table-ronde sur les politiques eugénistes criminelles sous le IIIème Reich
Le vendredi 13 janvier 2006, à l'Auditorium de la Mairie de Paris, une table-ronde sur les politiques eugénistes criminelles sous le IIIème Reich était organisée par l'association Retour d'image, dans le prolongement de son festival 2005.

A 11 heures, était projeté le film " Témoins sourds, Témoins silencieux " de Brigitte Lemaine et Stéphane Gatti. Témoignages de survivants sourds des programmes eugéniques nazis et de la déportation, en Allemagne et en France ( en présence de la réalisatrice Brigitte Lemaine ).

De 14 h à 17 h, débats sur les politiques eugénistes criminelles sous le IIIème Reich, en collaboration avec le CDH, avec l'appui des associations GFPH, FDFA, STNT, Voir Ensemble, APF délégation parisienne.

Les interventions étaient introduites par Jean-Christophe Parisot, président du Collectif des Démocrates Handicapés, diplômé de Sciences Po Paris.

Introduction de Jean-Christophe Parisot

Madame l'adjointe au Maire, mesdames, messieurs les organisateurs, chers amis,

Je voudrais tout d'abord féliciter Diane Maroger pour sa ténacité dans un combat lumineux sur un sujet aussi ténébreux.

Je suis petit-fils d'un résistant mort en déportation. J'ai rencontré beaucoup de personnes handicapées et j'ai vu dans leurs yeux ce besoin de faire mémoire. Nous avons des informations trop parcellaires. Nous sommes victimes d'une amnésie collective. Nous avons besoin que cela revienne à la surface.

Certains ont découvert ce sujet terrible avec inquiétude et angoisse. Nous avons besoin de dénoncer l'immonde, l'abject.

Ce colloque est pour nous à la fois une thérapie, une réparation, un défi et un début.

D'abord une thérapie : en effet, il y a 60 ans, en Europe, et pas seulement en Allemagne, des adultes, des adolescents, des enfants ont été privés de soins, de nourriture, ont été abandonnés parce qu'ils étaient malades, donc différents, ils devaient mourir.

C'est le pire cauchemar qui peut arriver lorsqu'on est dépendant.

Le film de ce matin a bien relaté combien l'horreur a pu toucher notre chair : des avortements, des opérations sans anesthésie, etc.

Cette cruauté a laissé bizarrement, je dis bien bizarrement, très peu de traces dans nos livres d'histoire.

Pourquoi la médecine est-elle devenue l'auxiliaire du crime ?
Comment en est-on arrivé là ?

Les personnes handicapées ont été assassinées deux fois : par les nazis, puis par l'absence d'écrits sur le sujet.

Les cris qui sortaient des laboratoires d'expérimentation envahissaient tous les camps de concentration, on ne le dit pas assez.

Cet assassinat collectif a eu lieu une seconde fois par le silence : sait-on qu'à Nuremberg, les coupables ont bénéficié de deux fois plus d'indulgence que d'autres criminels. Certains ont pu retravailler !

Une civilisation a fait de l'homme valide un dieu tout puissant. Les tribunaux de santé héréditaire ont permis le fonctionnement de 30 centres de mise à mort des malades ( infection pulmonaire, cobayes vaccins, faim, overdose ) Cet assassinat des inadaptés et indignes a eu lieu hier et leurs auteurs sont souvent encore en vie.

Cet assassinat a eu lieu une deuxième fois : au tribunal de Nuremberg, les assassins des personnes handicapées ont eu des peines inférieures aux autres. Sait-on que les médecins d'Hadamar ont exercé jusqu'à leur retraite ?
Alexis Carrel, Président de la Fondation Française pour l'étude des problèmes humains a reçu des faveurs de Vichy…Il a encore son nom dans nos rues : le médecin eugéniste est honoré à Clermont-Ferrand, Lourdes et Tarbes, Mimizan, Meaux et Le Mée-sur-Seine, Villemomble, Buc, La Queue-en- Brie, Rennes, Cholet, Ancenis, Landivisiau et Le Relerq-Kerhuon, Chalon-sur-Saône, Verdun et Orange ( mais là ce n'est pas étonnant )…

Ce colloque est pour nous un défi intellectuel.

A plusieurs reprises, on a fait référence au danger de l'anachronisme. En effet, les personnes handicapées n'existaient pas en soi, car le terme n'existait pas. Il s'agissait de malades, malades mentaux, « la pourriture sociale » selon la terminologie nazie.

Ma question est : aujourd'hui, notre société risque-t-elle encore une fois d'avoir peur et de proposer la mort de ceux qui sont improductifs ? C'est un avertissement pour 2006.

Je voudrais enfin remercier de tout cœur les organisateurs de ce colloque, les intervenants, les personnes handicapées, dont je sais que quelques-uns dans la salle ont peur que l'on montre des films nazis sur la laideur du handicap. Je voudrais affirmer que la personne handicapée est belle.

Les personnes handicapées sont des veilleurs, des révélateurs de l'humanisme. Il n'y a pas à avoir peur d'être handicapé. C'est un rôle essentiel que vous jouez dans la démocratie.

Je voudrais vous inviter, à chaque fois qu'on culpabilise la personne handicapée d'être coûteuse dans la société, à la rébellion, à ne jamais laisser passer ce message. Nous avons un rôle de veilleurs.

Je vous propose, si vous le désirez, de cosigner une lettre que j'enverrai à Jacques Chirac pour réaliser une stelle commémorative pour ne jamais oublier, et que cela ne recommence jamais.

Merci.

Jean-Christophe Parisot

Débats :

Les intervenants étaient :

¤ Dr. Yves Ternon auteur de Histoire de la médecine SS et L'innocence des victimes au siècle des génocides - définit l'Aktion T4, sa conception et sa mise en oeuvre. Etat des connaissances sur le nombre de victimes supposées des stérilisations coercitives et de l'extermination de personnes handicapées mise en oeuvre par le pouvoir Nazi. Fin de l'Aktion T4 et aboutissement du processus dans l'extermination des juifs.

¤ Robert Nardone auteur du film Biens nés, mal nés : Lois et destinées, un historique de la pensée eugénique et de son application à diverses époques.

¤ Brigitte Lemaine sociologue et coréalisatrice avec Stéphane Gatti du film Témoins sourds, témoins silencieux.

¤ Bernard Truffaut historien sourd réagit, suite à un extrait du film précédemment cité, sur la question des stérilisations et la mémoire de l'eugénisme négatif nazi à l'encontre des sourds, dans la communauté sourde aujourd'hui.

¤ Peter Radtke né en 1942 en Allemagne, auteur, comédien de théâtre, actuellement membre du Conseil National d'Ethique Allemand – intervient sur la mémoire que garde le peuple allemand de ces crimes et en particulier ( son point de vue étant celui d'une personne handicapée visée à sa naissance par les décrets nazis ), sur l'importance d'avoir conscience de ce passé.

Intervention de Max Lafont, auteur de L'extermination douce. ( Le bord de l'eau, 1987 ) : qui furent les responsables de l'abandon de plus de 40 000 malades mentaux et personnes âgées, morts de faim dans les hôpitaux français pendant l'Occupation ?

Conclusion par Henri-Jacques Stiker, historien du handicap.

[robpiso]

Je réponds à Franck.

Ta maman voulait dire que tu as à faire dans ton école, à des gens qui ne comprennent pas les différences.
Les idiots ont toujours eu peur de la différence.

Mais dis-toi que cette différence, comme le dit le Professeur Jeremy K Nicholson (http://bit.ly/Mxs2x1) (malheureusement en anglais), est en train de devenir la norme.

Ne t'inquiètes donc pas pour cela.

Et puis, des types comme Marc Zuckerberg, le fondateur de Facebook, sont Asperger.
Alors, tes copains, ils peuvent toujours te voir comme quelqu'un de différent. L'important c'est que tu saches que cette différence est un plus; et qu'elle t'amenera peut-être à réaliser ce que d'autres n'auraient jamais penser faire.