Je suis autiste ou Asperger, j'aimerais partager mon expérience. Je ne suis ni autiste ni Asperger, mais j'aimerais comprendre comment ils fonctionnent en le leur demandant.
Shana2 a écrit : ↑vendredi 19 juillet 2024 à 16:20
J'ai réussi le permis théorique du premier coup.
Ensuite, j'ai pris la version longue concernant l'apprentissage c'est-à-dire trois ans maximum (si mes souvenirs sont bons) et j'ai réussi le permis pratique du premier coup. J'ai eu trois moniteurs différents.
Maintenant, j'avoue, j'aime conduire lorsqu'il n'y a rien sur la route mais je suis stressée lorsqu'il y a d'autres automobilistes, cyclistes, ... J'ai toujours peur d'un accident et pourtant, je n'en n'ai jamais eu jusqu'à présent et j'espère ne jamais en avoir.
Pour ceux qui conduisent, vous avez peur aussi de conduire?
Je n'ai pas peur si ce sont des routes que je connais bien. Si je dois aller à un endroit que je ne connais pas, c'est plus stressant. Je n'aime pas non plus s' il y a beaucoup de circulation comme dans les grosses villes.... j'évite.... et je demande à quelqu'un de conduire à ma.place si c'est possible. Je préfère rouler dans les villages ou petites villes.
En réalité, je déteste conduire. Je passe le volant à mon mari dès qu'il est là. La conduite me fatigue en effet énormément.
Diagnostiquée TSA et HPI en octobre 2023
Mariée et maman de 5 enfants
De mon côté, j'ai remarqué un truc au niveau de ma perception entre l'époque où j'avais conduit pour la première fois de ma vie (sur manuelle) et maintenant.
Quand j'ai commencé à conduire sur boîte manuelle il y a 5 ans, j'avais eu mon code du premier coup environ 1 mois avant de conduire. La pratique me posait beaucoup de soucis, en partie à cause de mes problèmes de coordination et visuo-spatiaux + douleurs en conduisant même avec installation au poste de conduite rectifiée plusieurs fois + troubles qui à l'époque n'étaient pas diagnostiqué du tout. Il y a aussi eu le fait que je n'étais pas du tout à fond mentalement et que je négligeais beaucoup de choses importantes.
Au final, en reprenant la conduite sur boîte automatique 4 ans plus tard, j'ai pu améliorer un truc : C'est qu'entre mes diagnostics et les traitements et prises en charge adaptés, j'ai pu me rendre plus disponible pour me concentrer sur la conduite et donc, j'ai corrigé très rapidement les points qui posaient souci et que je négligeais beaucoup par le passé à l'époque, notamment au niveau du regard et de la concentration. Donc mes problèmes de motricité et neuro sont toujours présents mais ça a fait déjà une sacré différence sur ma façon de conduire.
Sauf qu'entretemps, ba au final, le code, il commençait à dater un peu... Donc je l'avais toujours en tête mais des fragments par ci et des fragments par là... Donc ensuite, comme certains le savent, j'ai fini par arrêter la conduite sur automatique, j'ai laissé périmer mon code...
En le repassant la semaine dernière (l'épreuve théorique, donc) et en ayant déjà eu une expérience de quasi 30h de conduite (donc la pratique), j'ai réalisé quand même qu'au final, un de mes gros soucis, c'était de pas réussir à faire la transition de la théorie à la pratique. C'est à dire que j'avais progressé sur les éléments essentiels comme précisé ci-dessus (regard, attention, concentration même si ça restait toujours très énergivore) mais en fait, ça me servait plus à rien parce que je ne savais pas où conduire en fait.
Quand je dis que je ne savais pas où conduire, c'est qu'en fait, il m'était impossible de réussir à respecter le code en pratique à la lettre pour un certain nombre de situations... Comment prendre un giratoire, une intersection, s'insérer sur une voie de stockage, rentrer et sortir d'un parking... Parce qu'en fait, je ne savais pas où me placer. En fait, j'avais pas encore ce raisonnement de lier la théorie à la pratique pour l'acte de la conduite qui était déjà compliqué par mes troubles.
Et j'ai réalisé qu'en repassant mon code, tout ça avait son importance mais j'ai pu le comprendre qu'après avoir conduit un certain temps au final...
Bref, rien d'exceptionnel mais j'imagine que dans le TSA, ça a quand même son importance cette sorte de transition entre la théorie et la pratique, le passage au concret, en situation réelle.
EDIT : Pour préciser le passage du "Je ne savais pas où conduire", c'était vraiment en gros : "Ok, en théorie je sais ça, ça et ça..." mais mon cerveau n'était absolument pas du tout dans le "Comment je peux mettre cette théorie en application en situation réelle sur la route ?". Comme si c'était des connaissances apprises par coeur mais rien de plus, impossible à réexploiter en pratique.
TSA sans déficience intellectuelle et sans altération du langage + trouble anxiodépressif associé - CRA régional (2021)
Ce n'est qu'en essayant continuellement que l'on finit par réussir.
Plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. ~ Les Shadoks
Shana2 a écrit : ↑vendredi 19 juillet 2024 à 16:20
Pour ceux qui conduisent, vous avez peur aussi de conduire?
Pour ma part, cela me détend. Je sais qu'un risque existe, mais je n'y pense pas en tant que tel, pas plus que dans n'importe quelle action m'exposant à un risque. Mais j'ai aimé d'emblée.
J'aime beaucoup conduire !
Même si ça avait été très difficile au tout début... les 2 ans de conduite accompagnée avec mon père n'étaient pas agréable. Mais j'ai réussi à avoir mon permis en une fois. Reprendre avec la monitrice d'auto école vers la fin m'avait redonnée confiance !
Juste après, c'est la sensation de liberté qui m'a marquée. Les voyages en voiture me permettaient de m'extraire de la vie familiale assez lourde (surtout avant mon déménagement en appartement seule). J'ai conduit pas mal de voitures différentes (mon père aimait bien en acheter à l'occasion et revendre l'ancienne) et pourtant, je me suis toujours débrouillée pour les différents gabarits. Comme une évidence.
Par contre, j'ai dû mal avec les autres conducteurs/piétons qui peuvent faire n'importe quoi ! Le code de la route...
J'ai eu une période d'interdiction de conduire (2015 à 2023) dû à mon épilepsie donc j'ai repris depuis 1 an à peu près.
Maintenant, c'est plus compliqué, j'ai dû mal à tenir 20 minutes de suite malgré le plaisir que j'ai toujours à conduire. Je ne sais expliquer le pourquoi je ne peux plus conduire autant qu'avant, ça me fruste ! Les gênes sensorielles me sont plus désagréables aussi : clignotement de lumière, bruit du moteur lors d'une accélération... j'avais cette sensation de détente que je n'ai plus trop car la concentration se consomme plus rapidement. Il y a des jours où je laisse mon mari conduire et d'autres où je conduis moi même mais seulement sur de petits trajets.
A voir si le bilan neuropsy pourrait être éclairant par la suite, je me demande bien si l'épilepsie n'y est pas pour quelque chose...
Diagnostiquée TSA en octobre 2021 et épileptique depuis l'âge de 16 ans.
Mari diagnostiqué TSA en 2016.
En ce qui concerne la peur de conduire, moi, ouais. Beaucoup.
Mais c'est assez général et lié à la peur de mal faire d'un côté mais aussi par rapport au caractère dangereux que peut représenter la conduite et aussi parce que j'ai vraiment pas été épargnée par mes anciens moniteurs.
Après, c'est un peu comme les parents qui ont du mal à se servir de l'ordinateur de nos jours : Ils ont peur de tout le temps faire une fausse manipulation parce que ne connaissant pas la machine, ils ont peur que cela soit irréversible.
Je pense que de mon côté, y a eu un peu de ça avec la conduite au début. La peur d'accélérer aussi.
TSA sans déficience intellectuelle et sans altération du langage + trouble anxiodépressif associé - CRA régional (2021)
Ce n'est qu'en essayant continuellement que l'on finit par réussir.
Plus ça rate, plus on a de chances que ça marche. ~ Les Shadoks
Kumi_44 a écrit : ↑samedi 20 juillet 2024 à 22:44
Je ne sais expliquer le pourquoi je ne peux plus conduire autant qu'avant, ça me fruste ! Les gênes sensorielles me sont plus désagréables aussi : clignotement de lumière, bruit du moteur lors d'une accélération... j'avais cette sensation de détente que je n'ai plus trop car la concentration se consomme plus rapidement. Il y a des jours où je laisse mon mari conduire et d'autres où je conduis moi même mais seulement sur de petits trajets.
A voir si le bilan neuropsy pourrait être éclairant par la suite, je me demande bien si l'épilepsie n'y est pas pour quelque chose...
Je suis très sensible aussi au clignotement de lumière, aux sirènes sur la route, aux Klaxons et je stress lorsqu'on me colle de trop près. Je préfère les petits trajets mais je comprends aussi quand vous dites que ça vous détend. j'aime conduire lorsqu'il n'y a pas grand chose, ça me détend aussi. J'aime voir du paysage, m'arrêter sur un parking et me promener un peu.
Diagnostiquée TDAH fin 2022
Diagnostiquée TSA (anciennement Asperger) avec anxiété en mai 2023
Ce que je peux donner comme conseil aux personnes autistes qui envisagent d'avoir le permis:
-Si vous pouvez, passez l'automatique plutôt que le manuel. Ca c'est vraiment le truc qui peut tout changer, perso ça a été mon cas, si l'automatique était pas devenu aussi accessible aujourd'hui je pense que je n'aurais jamais eu mon permis.
-N'hésitez pas à changer de moniteur/auto école si besoin.
-N'oubliez pas que le moniteur n'est pas exigeant pour vous nuire, il forme des dizaines d'élèves par an (parfois vraiment super nuls) et n'a rien contre vous en particulier.
-Si vraiment vous n'arrivez pas à gérer le stress, même si c'est normalement interdit, des anxiolytiques à légère dose peuvent aider. Surtout pour le sommeil, si vous dormez mal vous aurez beaucoup plus de difficultés.
-Pas mal de neurotypiques sont nuls à la conduite et n'y seront jamais bon, certains n'y arriveront jamais. Etre autiste ne vous disqualifie pas, même si ça peut ajouter de la difficulté.
-Parfois le problème vient de votre position dans la voiture, de vos chaussures ou carrément de la voiture elle-même! C'est bien d'essayer différentes combinaisons pour voir ce qui ne va pas.
Et finalement, tout le monde n'est pas fait pour conduire (autiste ou pas). Si vraiment c'est un besoin vital et que vous avez tout tenté, il y a les voitures sans permis et il n'y a aucune honte à ça.
TSA et comorbidités (TAG, PTSD, ...) diagnostiqués à 28 ans dans un CRA. Suspicion TDAH, QI hétérogène.
Passer le permis de conduire quand on est autiste : mon douloureux retour d’expérience
Je souhaite aborder aujourd’hui un sujet peu évoqué : les difficultés que rencontrent de nombreuses personnes autistes pour passer le permis de conduire (ce qui les prive non seulement d’autonomie mais également d’accès à de nombreux emplois ).
Je joins ci-dessous un court passage de mon livre “Autiste Asperger à 50 ans”, dans lequel j’identifie et analyse 2 de mes difficultés majeures dans l’apprentissage de la conduite
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Pré-diagnostic TSA asperger, de niveau faible à modéré, par psychologue clinicien en 03/2019
Confirmation par psychiatre en 04/2019, à 51 ans
Juin 2020 : tests du bilan diagnostic réalisés dans le privé - QI hétérogène
Je suis parvenue, avec énormément de difficultés pour la conduite à obtenir le permis de conduire à la quatrième fois.
J'ai dû changer d'auto-école à cause de la maltraitance subie dans la 1ère du fait du moniteur qui m'a traumatisée...
J'avais alors 19 ans. J'ai été diagnostiquée à 51 ans.
Toutes mes lectures, depuis mon diagnostic, m'ont permis de comprendre pourquoi :
. cela avait été aussi difficile pour moi ;
. les raisons pour lesquelles, à plusieurs reprises, avec des niveaux de gravité + ou - importants, j'ai abîmé mes voitures.
J'ai bcp conduit, sur des grandes distances. Je conduis bcp moins du fait de ma fatigabilité qui s'accroît avec l'âge : je ne peux plus conduire sur de si longs parcours et la conduite de nuit est devenue très/trop difficile.
Pré-diagnostic TSA asperger, de niveau faible à modéré, par psychologue clinicien en 03/2019
Confirmation par psychiatre en 04/2019, à 51 ans
Juin 2020 : tests du bilan diagnostic réalisés dans le privé - QI hétérogène